Chapitre 8 : Première Mission

Quelques semaines après la formation des équipes, le Hokage les convoqua afin de leur délivrer leur toute première mission. Mitsuki, ses compagnons et leur Sensei se rendirent donc tout naturellement dans son bureau. Tomomi était surexcité et s'imaginait mille aventures toutes plus périlleuses les unes que les autres, faisant sourire ses camarades, bien plus raisonnables que lui.

« Je compte sur vous pour mener à bien cette mission, Équipe Maeda. » leur demanda le Sandaime avant de leur donner leur objectif, « Vous allez devoir vous rendre à dans un petit village adjacent à Konoha, afin d'en rapporter une plante très importante du nom de Naggilée. »

« Attendez, Sarutobi-sama, vous voulez dire que vous nous envoyez ... Cueillir des plantes ? On s'entraîne dur depuis des semaines juste pour couper deux ou trois brins d'herbe ? Nous ne sommes pas jardiniers ! » demanda Tomomi, dépité.

« Aucune mission ne doit être prise à la légère, jeune Uchimura. Et ne t'attends pas à ce que quelques brins suffisent ! Il est absolument vital de ne prélever que les spécimens exempts de la moindre rosée, un matin brumeux. » le prévînt sèchement le Hokage.

« Quelle perte de temps ! » râla le jeune Genin en faisant la moue.

« L'une d'entre vous a-t-elle un autre commentaire à faire ? » se détourna le vieillard, un rictus aux lèvres tandis qu'il posait son menton sur ses mains jointes.

Les deux fillettes secouèrent la tête, et Maeda ne tarda pas plus pour récupérer l'ordre de mission. Ils sortirent aussitôt du bâtiment et traversèrent la ville par les toits pour rejoindre au plus vite le lieu de leur mission. Malgré sa déception, Tomomi ne put empêcher l'excitation de le gagner. Si l'objectif ne lui paraissait pas à sa hauteur, il s'en donnerait d'autres ! Il conclura cette mission en un clin d'œil, et ramènerait quantité de cette plante ! Mais ...

« A quoi ressemble la Naggilée Sensei ? » lui coupa l'herbe sous le pied la plus jeune du trio.

Cela l'arrangea bien, il esquissa un sourire goguenard, comme si cette question était des plus idiotes, et par chance, le Sensei daigna répondre par lui-même :

« Eh bien, c'est vert, fin, ça pousse à la verticale et mesure quelques centimètres ... »

« Comme ... Un brin d'herbe ? » tenta Soga, sceptique, sous les rires du troisième.

« C'est à peu près cela. » confirma l'homme en adressant un regard sombre à l'indiscipliné, sans pour autant s'arrêter.

« Dans ce cas, comment les différencier ? » se soucia Mitsuki, songeuse.

« Justement ! C'est facile ! Nous n'aurons qu'à prendre tout ce que nous trouverons, et rentrer aussi vite ! Le vieux n'y verra pas la différence ! » solutionna Tomomi, fier de lui alors que les filles s'offusquaient à l'idée de tricher, « Plus vite on rentre, plus vite on pourra faire une vraie mission ! »

Cette fois, le Sensei se stoppa au milieu d'une clairière sous les arbres. Sous le regard interrogateur de ses disciples, il demanda à Soga :

« N'as-tu pas faim ? Tu es bien pâle. »

Aussi inattendu que cela pouvait être, la jeune fille acquiesça timidement, et Madea ordonna alors :

« Faisons une pause. Mitsuki et Tomomi, allez chercher de la nourriture dans les bois. Soga et moi allons étudier le plan pour trouver le chemin le plus rapide vers notre destination. »

Tomomi voulut protester, mais voyant Mitsuki s'enfoncer dans les cimes sans broncher, il se hâta de partir de son côté pour ne pas faire une nouvelle fois bien pâle figure à côté de la benjamine. Ils revinrent tous deux après quelques instants, et le garçon put se targuer d'amener une grande quantité de vivres en comparaison de sa rivale.

Madea regarda rapidement les bras chargés des enfants, et prit une racine biscornue et peu appétissante du côté de Mitsuki.

« Choisis ce qui te fait plaisir, Soga. Honneur aux femmes. » convia l'homme en essuyant de sa main gantée le tubercule.

« Mais ce ne sont même pas ... ! » contesta le garçon, avant de se voir invité à se taire d'un geste ferme.

Soga épia les vivres, hésitante, et opta finalement pour un fruit d'un rouge éclatant et à l'aspect bien juteux que Tomomi convoitait de toute évidence, puisqu'il grimaça lorsqu'elle lui subtilisa. Mitsuki ouvrit alors la bouche, mais la referma aussitôt quand elle aperçut Madea placer son index devant sa bouche. Que cherchait-il à faire, au juste ? La petite fille imita alors ses congénères, suivit par Tomomi qui se rabattit sur quelques baies par dépit. Mais ce n'était pas la faim qui tenaillait l'estomac de la plus jeune à cet instant, et très vite, le nœud dans son ventre se resserra alors que sa partenaire devenait livide et chancelante.

« Sensei ! » s'écria Mitsuki en la rattrapant de justesse.

Mais l'homme ne semblait pas plus inquiet que cela, et se leva lentement, son kunai à la main.

« Vois, Tomomi Uchimura, ce qui arrive lorsque l'on néglige les pouvoirs des plantes. A cause de ton ignorance, Soga va sombrer dans la folie, à mesure que sa température va grimper. Elle va vivre ses derniers instants dans une illusion où elle pensera que tout ce qui l'entoure ne sera là que pour lui faire du mal. Sais-tu ce qui arrivera alors ? Vous mourrez, tous. Sauf si ... »

« Sauf si ? » répéta le garçon, plein d'espoir tandis que Mitsuki maintenait tant bien que mal sa coéquipière qui se débattait.

« Sauf si vous l'éliminez en premier. »

Mitsuki était abasourdie, il y avait pourtant un autre moyen ! Elle aurait aimé l'avertir, mais se retrouva brusquement à terre quand Soga la repoussa de tout son poids. Les ongles de sa coéquipière lui lacérèrent le visage, cherchant à la tenir à distance.

« Mais Sensei, la dernière fois ... » se remémora Tomomi, déconcerté de se voir contraint d'éliminer Soga pour sauver Mitsuki.

« Réfléchis bien. Il ne lui reste que très peu de temps. » murmura l'homme dans l'indifférence.

Tomomi voulait bien réfléchir, mais se trouva une nouvelle fois dos au mur. Comment choisir ? Pourquoi choisir !

« Mitsuki ! » s'écria-t-il alors que celle-ci essayait de repousser les mains de Soga autour de son cou.

Elle ne pouvait déjà plus reprendre son souffle, mais dans un élan de désespoir, tenta de prononcer ce qu'elle aurait dû apprendre au garçon depuis le début :

« Ra ... cine ... »

Elle essaya de le répéter plusieurs fois, pouvant tout juste bouger les lèvres, mais le garçon ne comprenait pas, croyant qu'elle l'appelait simplement au secours. Alors qu'une larme perlait au coin de ses yeux, le sensei enfourna soudainement un morceau de sa racine dans la bouche de la victime du poison. Celle-ci ne mit que quelques secondes avant de réaliser ce qu'elle était en train de faire, et relâcha immédiatement sa coéquipière.

« Leçon n°2. Ne jamais remettre en cause l'intérêt d'une mission. » déclara Maeda en se relevant en même temps que les filles, toujours sous le choc, « Ne me regardez pas comme cela. Je vous avais prévenus, vous êtes en équipe, dans les bons moments, comme dans la difficulté. Vous me ferez le plaisir d'apprendre les effets de toutes les plantes de la région avant la fin de la semaine. La prochaine fois qu'un tel incident arrive, ne comptez pas sur moi pour intervenir. »

« Parce que vous comptez nous empoisonner à nouveau ?! » s'écria Soga.

« Méfiez-vous avant de répandre de telles accusations. Je n'ai empoisonné personne. Ton coéquipier a ramené ce poison, et tu l'as choisi toi-même. Il semblerait qu'il y en ait au moins une ici qui n'attende pas qu'on lui mâche le travail pour s'améliorer, manque de bol, aucun de vous n'était en mesure de l'entendre lorsqu'elle vous soufflait la réponse. Je réitère donc ma question, quelqu'un d'autre a-t-il une remarque à faire ? »

Les enfants secouèrent tous vivement la tête, trop affectés par ce qu'ils venaient de vivre.

« Bien. Ainsi donc nous allons enfin pouvoir avancer. » conclut l'homme en reprenant la route dans un silence complet.

Sur place, une vieille femme de forte corpulence les accueillit au milieu d'une prairie. Malgré son engouement tandis qu'elle leur expliquait comment reconnaître les brins de Naggilée parmi l'herbe, les jeunes ne retrouvèrent aucunement leur bonne humeur. Mitsuki commença même à se demander si leur Sensei n'était pas un imposteur, mais ne s'avisa surtout pas d'en référer à ses compagnons de route, craignant qu'il ne l'entende. Était-il normal de se comporter aussi dangereusement ? Il y avait sûrement un autre moyen de leur enseigner !

« Dormez, maintenant. Il faudra se lever aux aurores, hors de question de mettre plus d'une matinée à remplir cette mission. Je suppose que pour une fois, tu es d'accord avec moi, Tomomi ? » leur intima Madea, une fois qu'ils aient rejoint leurs couchettes après un délicieux repas.

Le garçon hocha la tête sans un mot, et les trois Genin s'enfoncèrent sur leur matelas de fortune. La brume fraîche du matin leur caressa le visage, et de toute évidence, aucun des enfants n'avait fermé l'œil de la nuit, bien trop effrayé à l'idée de baisser la garde à proximité de leur enseignant. Celui-ci sembla émettre un gloussement rauque en remarquant les cernes noires sous le regard de chacun d'entre eux. Sans un commentaire, ils se levèrent tous sans plus attendre pour se mettre à la recherche de la précieuse herbe. Mitsuki s'appliqua soigneusement, goûtant, et appréciant l'humidité de chaque brin dans l'espoir de dégoter rapidement autant de Naggilée que possible. Soga suivit son exemple, et, étonnamment, Tomomi fut le plus efficace d'entre eux.

Les fagots chargés sur leur dos, l'équipe remercia la vieille dame pour les avoir si bien accueillis, et repartit sur ses pas en direction de Konoha.

« Ne croyez pas que je vous veux le moindre mal, les enfants. Vous sortez tout juste de l'Académie, où vous étiez choyez, chaudement assis sur un banc entre des murs protégés. Le monde est impitoyable. Hier c'était la nature, demain ce seront des Hommes ... Je ne compte pas vous faire de cadeau, pour votre bien. Mais je suis déjà ... satisfait des progrès que vous avez fait. Je ne le répéterai pas deux fois. Et ne vous avisez pas de vous reposer sur vos lauriers ! » les félicita à sa manière Maeda avant de gagner la grande porte.

Les Genin se lancèrent des regards d'incompréhension. Cet homme était décidément difficile à cerner ! Il ne leur fallut que quelques minutes de plus pour atteindre le bureau de l'Hokage, où ils purent fièrement remettre leur récolte.

« Eh bien ! Si je m'attendais à ce que vous m'en rapportiez autant ! Félicitations à vous ! Maintenant, voyons voir si la qualité est au rendez-vous ... » les congratula le vieux dirigeant.

Il attrapa une petite touffe d'herbe, la frotta entre ses doigts, marmonna quelques mots en l'examinant de près, la passa sous son imposant nez, et finalement, la tassa au fond de sa longue pipe avant de l'allumer.

« QUOI ?! On a fait tout ça pour ... pour ... MAIS CA N'A RIEN DE MEDICINAL !!!! » hurla Tomomi en découvrant qu'ils avaient fait tout cela dans l'unique but que de recharger les réserves personnelles de tabac de l'Hokage.

« Oh, eh bien, cela me détend tout de même ! » s'amusa Hiruzen en se délectant d'une bouffée, « Ne néglige jamais l'impact de chacune de tes actions, aussi infime soit-elle ! Aujourd'hui, grâce à toi, je pourrais me concentrer un peu mieux sur ce tas de papier qui m'attend. Ce n'est pas si mal ! »

La mâchoire de Tomomi sembla se décrocher, sous les éclats de rire de ses coéquipières. Personne n'évoqua l'incident précédant l'accomplissement de leur mission, de toute évidence, ils avaient effectivement encore bien des choses à apprendre avant d'escompter faire des missions de plus au rang ! A commencer par un peu de discipline ! Néanmoins, Mitsuki n'était pas décidée à baisser sa garde pour autant. Cela faisait deux fois que le Sensei la poussait dans ses retranchements, cherchait-il à éveiller le monstre en elle ? Il était hors de question qu'elle cède sous la pression, et bien heureusement, le sceau qui y veillait n'avait aucunement faibli jusque-là. Et c'est avec ces tergiversations à l'esprit qu'elle regagna sa maison.

« Que s'est-il passé ? » s'exclama Aruna en voyant le visage griffé de Mitsuki.

« Ce ... Ce n'est rien. J'ai dû me prendre quelques branches sur le chemin. » hésita la jeune fille, grimaçant sous le contact des doigts de son grand frère.

« Ne me mens pas. Ce ne sont pas des traces d'arbre. Rah ... viens t'asseoir, je vais te soigner ça. Ce serait dommage de laisser des cicatrices abîmer ce joli visage ! Je ne te promets rien, il y a bien longtemps que je n'ai pas usé de Jutsu médical !», lui proposa Aruna.

La jeune fille obtempéra et il apposa ses mains sur les blessures, émettant une douce lumière verte. Mitsuki en ressentait la chaleur et après quelques picotements, se sentit rapidement soulagée de la douleur. Les plaies se refermaient, mais il ne parvint pas à retirer toutes les cicatrices.

« Désolé Mitsuki, je ne peux pas faire mieux, tu vas devoir appliquer de la crème quelques temps pour retirer ce qu'il reste, mais ne t'en fait pas, ta peau sera de nouveau lisse dans quelques semaines ! » s'excusa l'homme, « Maintenant, explique-moi ce qui s'est réellement passé. »

« Tu m'apprendras ? » esquiva Mitsuki.

« T'apprendre ? » répéta Aruna.

« Le jutsu médical ... »

« Oh ... ça t'intéresse ? Tu sais je ne connais que les bases, je ne suis pas très bien placé pour te l'apprendre ... Mais Mikoto le maîtrisait très bien avant d'abandonner sa carrière de Jônin ! » lui apprit le sensei.

« Je me dis que ... puisque je ne peux pas combattre efficacement, pour éviter de mettre mes amis en péril je pourrais essayer de développer d'autres compétences utiles ... et peut-être que cela me permettra d'accéder à des rangs plus élevés à l'avenir ... » soupira Mitsuki.

« Ne te lance dans cette voie que si tu le souhaites réellement, petite sœur. Je parlerais de ta volonté à Mikoto, je pense qu'elle sera ravie de t'aider. Et tu verras ensuite si cette ambition te convient.» la rassura Aruna, oubliant complètement ses inquiétudes sous le coup de l'émotion.

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