Le samedi soir arriva très vite. Mitsuki et Itachi se préparaient chacun de leur côté, s'apprêtant le mieux possible pour les beaux yeux de chacun. Aruna et Mikoto s'impliquaient d'ailleurs un peu trop à leur goût, comme s'ils n'avaient attendu que de les voir enfin ensemble tout ce temps.

Mikoto brossait les cheveux de son garçon, le faisant doucement râler, estimant qu'il n'était plus un enfant et pouvait s'en occuper lui-même. Il portait sobrement une tenue traditionnelle à l'effigie de son clan, le rendant très élégant, et à la fois pas très à l'aise, ayant plutôt l'habitude de vêtements amples et décontractés.

De son côté, Mitsuki arborait un long kimono noir, brodées de pétales de cerisiers, choisie expressément par Aruna, qui se régalait de pomponner sa protégée. Les tissus étaient doux et semblaient flotter à chacun de ses mouvements. Il la coiffait lui aussi, ne pouvant s'empêcher de la taquiner sur son cavalier.

L'heure tournait, et Mitsuki sentait son estomac se nouer. C'était ridicule, cela faisait des années qu'ils passaient du temps ensemble, pourquoi cette fois serait-elle différente ? Elle faisait les cents pas dans le salon, sous l'œil amusé d'Aruna qui avait lui-même revêtu une élégante tenue japonaise.

Quand on frappa à la porte, la jeune louve se figea, son cœur battant à tout rompre dans sa poitrine. Aruna lui adressa un sourire confiant, et alla ouvrir la porte à Itachi, qui était accompagné de Mikoto, vêtue elle aussi d'un splendide kimono.

« Bonsoir ! » les salua-t-il, « Tu es délicieuse dans cette tenue Mikoto ! »

La mère d'Itachi gloussa avant de lui retourner le compliment.

« Bien, on vous laisse, les jeunes ! Itachi, prends bien soin de ma Princesse, n'oublie pas que je t'ai à l'œil ! » prévint Aruna en attrapant le bras de Mikoto, devant une Mitsuki estomaquée.

« Mais attends ... Mikoto-san est ta cavalière ?! » s'exclama-t-elle.

« Exactement ! Fugaku est d'astreinte ce soir, et il aurait été dommage de louper une si belle soirée ! Alors nous y allons entre amis.» confirma Mikoto, amusée.

Aruna lui adressa un regard diabolique, de ceux qui veulent dire qu'il avait tout prévu pour que la jeune fille sorte avec Itachi ce soir-là. Elle lui tira la langue alors qu'il disparaissait déjà dans la rue.

Elle s'avança doucement sur le perron, avant de rester bouche bée devant son propre cavalier. Lui-même détourna le regard en rougissant doucement, mais ne mit pas longtemps avant de finalement observer Mitsuki sous toutes les coutures.

« Tu es ... magnifique. » se complimentèrent-ils simultanément, avant de rire aux éclats.

Itachi tendit son bras à son amie, qui l'attrapa avec plaisir. Ils marchèrent dans un silence timide le long des rues, simplement éclairées par des lanternes.

« Tu veux manger quelque chose ? Il y a tout un tas de stands un peu plus bas. » lui proposa Itachi, qui espérait tant bien que mal détendre l'atmosphère.

Mitsuki accepta en souriant, et ils dévorèrent les étals des yeux avant de finalement opter pour des brochettes caramélisées. La pudeur s'estompait peu à peu alors que les discussions allaient à nouveau bon train entre eux, retrouvant leur engouement naturel en la présence l'un de l'autre.

Ils marchèrent le long des allées de cerisiers, admirant les arbres en fleurs et les pétales voletant au travers d'un ciel éclairé par une magnifique pleine lune. Ils ne se lâchèrent pas un instant, savourant ce moment loin du tumulte de leurs vies.

Sous un arbre, Itachi saisit une fleur, qu'il accrocha délicatement dans la chevelure de sa partenaire, la faisant rosir de plaisir. La voir irradier de bonheur l'emplissait de joie, et c'est avec des papillons plein le ventre qu'ils continuèrent d'explorer les rues embellies de Konoha.

« Alors, jeune homme ! Ne tenterais-tu pas ta chance pour gâter ta jolie demoiselle ? » le héla un homme qui tenait un stand de lancer de shurikens.

Mitsuki rit doucement, lâchant momentanément le bras d'Itachi qui accepta le défi, retroussant déjà les manches de son haut. Il se concentra un instant, et d'un geste précis, atteint toutes les cibles qui se présentaient à lui.

Une femme à proximité éclata de rire devant la mine déconfite du tenancier.

« Eh, pardi ! Qu'est-ce qu'il t'a pris de défier Itachi Uchiha ? Tout le monde sait qu'il est un maître dans le lancer d'armes ! Ce garçon te conduirait tout droit à la ruine, s'il n'était pas aussi gentil que doué ! » se moqua-t-elle.

L'homme plissa légèrement les yeux, avant de se frapper le front.

« Quel idiot ! Je ne vous avais pas reconnu sans votre bandeau ! Eh bien, jeune fille, vous avez bien de la chance d'être l'élue d'un soir de ce garçon ! Beaucoup de demoiselles tueraient pour avoir votre place ! Enfin, façon de parler, bien sûr ! Bien, vous avez gagné, que souhaite la demoiselle parmi ces lots ? » s'enquit l'homme.

Itachi choisit pour elle une délicate chaîne argentée avec un pendentif en forme de fleur de cerisier, comme pour lui rappeler chaque jour où il serait loin d'elle cette soirée qu'ils auront savourée ensemble.
Il était par ailleurs parfaitement assorti à sa tenue et ne faisait que la rendre plus belle à ses yeux.

Ils s'enfoncèrent un peu plus dans les rues de Konoha, sous les éclats rires des couples et familles qui, tout comme eux, passaient une bonne soirée.

Une musique entraînante attira leurs oreilles, et ils finirent par découvrir une grande place où la foule dansait sous des airs tantôt vif, tantôt plus doux. Les yeux de Mitsuki brillaient devant tant de jovialité.

Plus loin, ils aperçurent Aruna qui se déhanchait grossièrement devant une Mikoto prise dans un tel fou rire qu'elle se pliait en deux en se tenant le ventre pour ne pas se faire mal. Le son du rire qui s'échappa de la bouche de la jeune louve coupa le souffle de son cavalier. Elle respirait le bonheur, et ne semblait plus se soucier de rien. Mais avant de savourer cette réussite, pris dans un élan d'affection, Itachi glissa sa main dans celle de son amie avant de la conduire sur la piste. Elle le regarda, surprise, tout en le suivant timidement.

« Je ne sais pas danser ... » souffla-t-elle, gênée.

Le garçon lui adressa un sourire chaleureux avant de poser sa main libre sur sa hanche.

« Je te guiderais. » lui assura-t-il avant d'entamer doucement quelques mouvements, dans le but de lui faire gagner en confiance.

Mitsuki déglutit difficilement, regardant vers ses pieds dans la crainte d'écraser ceux du beau brun. Celui-ci rit doucement, avant d'attirer son visage délicatement vers le sien.

« Regarde-moi, et détends-toi, ça va venir tout seul. Vois ça ... comme un entraînement !» lui dit-il, visiblement amusé.

Mitsuki grimaça de frustration devant ce qu'elle pensait être un air moqueur, mais il la coupa dans sa réflexion en déposant un doux baiser sur son front.
Il la fit virevolter tout de suite après, la robe de la belle semblant flotter dans l'air, avant de la plaquer dos à lui, une main sur son ventre, et le visage calé dans son cou. Un soupir s'échappa de la bouche de la louve, bien malgré elle. La respiration du brun sur sa peau l'étoffa de mille frissons, alors qu'il continuait un doux mouvement de balancier.

Il aurait voulu que cet instant dure pour l'éternité. Il se sentait si bien contre elle, sa peau douce, son odeur fleurie, la caresse de ses cheveux sur son visage, ses légers soubresauts à chaque fois qu'il la frôlait et sa fine main tendrement déposée sur la sienne, comme si elle tentait vainement de la recouvrir.

Il ne pouvait plus se mentir, plus se cacher, il aimait tout d'elle, et n'aspirait plus qu'à laisser son corps épouser le sien encore et encore, l'entendre rire, sécher ses larmes quand il ne pouvait pas les empêcher de s'échouer, veiller à son bonheur et tout simplement l'aimer de tout son être.

Itachi sourit dans la chevelure de la louve. Pour une fois, il ne pensait pas à Konoha, pas au clan, pas à ses missions ou cette paix si fragile que maintenait le pays. Non, il était bien loin de tout cela, et il pensait enfin à lui. A lui, et à ce que pourrait être l'avenir aux côtés de celle pour qui son cœur battait depuis toutes ces années. Peut-être auraient-ils des enfants ? Seraient-ils des dignes héritiers du Sharingan, ou bien tiendraient-ils plutôt des Hata ? Auraient-ils les beaux yeux écarlates de leur mère, dans lesquels il aimait tant se plonger ? Ou peut-être le discret sourire de leur père ? Dans tous les cas, il en était sûr, ils seraient promis à un grand avenir, si l'on en croyait la grande puissance que chacun d'entre eux détenait.

Itachi éclata de rire, sous le regard interrogateur de Mitsuki. Il était partit si loin, l'aimait-elle seulement en retour ? Il ferait mieux de déjà se contenter de vivre l'instant présent.

« J'ai fait quelque chose de bizarre ? » s'inquiéta Mitsuki en plongeant ses yeux rouges dans ceux de l'Uchiha.

« Non, tu es parfaite. Je me sens juste bien, avec toi. » lui murmura-t-il à l'oreille, la faisant s'empourprer.

Alors qu'elle détournait le regard, elle croisa celui d'Aruna, puis de Mikoto, assis tous deux au bord de la piste, les observant sans retenue, une lueur d'émotion baignant dans leurs yeux. Mitsuki roula des yeux avant de tirer la langue à son grand frère, qui s'amusa à faire un cœur avec ses mains. Sans prévenir, Mitsuki poussa alors vivement son cavalier dos à leurs familles, dans l'espoir qu'il ne voit pas les gestes embarrassants de son frère. Quel idiot !

La musique changea pour quelque chose de plus rythmé. Itachi se détacha avec regret de sa partenaire, avant de repartir dans une chorégraphie plus appropriée. Mitsuki rit aux éclats alors qu'il la faisait tournoyer dans tous les sens.

« Où as-tu appris à danser ainsi ? » s'étonna-t-elle, essoufflée alors qu'elle le suivait tant bien que mal.

« Ma mère ... Elle voulait s'assurer que je sois un bon cavalier pour toi, ce soir. Elle voulait que l'on passe une bonne soirée. Crois-moi, je suis bien heureux de posséder les Sharingans pour pouvoir enregistrer tout ce qu'elle a voulu m'enseigner ! » lui expliqua Itachi.

« C'est réussi, en tout cas ! » le rassura Mitsuki dans un déhanché.

« Tu te débrouilles très bien aussi, pour quelqu'un qui dit ne pas savoir danser ! » lui retourna Itachi, un brin taquin, mais sincèrement impressionné.

Ils enchaînèrent quelques danses, améliorant toujours plus leur coordination, et suscitant de plus en plus de regards autour d'eux. Même lorsqu'ils se laissaient gagner par l'insouciance, leur complémentarité faisait pâlir de jalousie les plus chevronnés des danseurs.  La musique redevint plus douce, plus intimiste, et alors que Mitsuki reprit son souffle, Itachi, insatiable, posa ses mains sur les hanches de son amie. Elle ne se fit pas plus prier, entourant la nuque du garçon de ses bras, et calant la tête sur son torse.

Elle suivit les lents mouvements de l'Uchiha, les yeux fermés, écoutant son cœur au travers de sa poitrine. C'était si apaisant, si rassurant, qu'elle aurait souhaité y rester toute sa vie. Une aura de bien-être l'enveloppait, alors qu'elle se laissait aller entre les bras du garçon, qui passait tendrement ses mains dans le dos de la louve.

Alors que la musique touchait à sa fin, elle releva le visage vers celui d'Itachi. Celui-ci ne la lâchait pas des yeux. L'une de ses mains était remontée jusqu'à la joue de Mitsuki, caressant du bout des doigts l'angle de son menton, avant de s'arrêter près de ses lèvres.

Mitsuki sentit le cœur du garçon accélérer sous ses mains posées sur sa poitrine. Son visage était si proche qu'elle pouvait sentir son souffle glisser sur le sien. Elle se noyait dans ses yeux onyx, comme paralysée par l'un de ses Genjutsu. Mais elle savait que ce n'était pas cela. Elle entrouvrit légèrement ses lèvres, cherchant l'air qui commençait à lui manquer, quand le regard d'Itachi s'assombrit brutalement.

« Tu m'accorderais bien une petite danse à moi aussi, Itachi-kun ? » réclama Izumi, qui venait de lui tirer sur le bras, l'obligeant à lâcher sa prise sur la petite louve.

« Izumi ... » grommela Itachi, ne cachant pas sa contrariété.

« Oh pardon ... Je ne voulais pas vous déranger... » s'excusa Izumi, sincèrement gênée.

« Je ... Je suis désolée, c'est vrai que je t'ai accaparé jusque là... Ce n'est rien, Itachi, je ... j'ai besoin de m'asseoir un peu de toute façon. » balbutia Mitsuki, mal à l'aise, alors qu'elle s'était écartée de l'Uchiha à l'instant même où Izumi avait brisé leur bulle.

« Tu vois Itachi-kun. Elle est d'accord ! Allez, viens danser avec moi !» s'exclama Izumi, tirant le garçon par le bras pour l'entraîner un peu plus loin.

Itachi jeta un regard attristé vers Mitsuki, mais celle-ci s'était déjà retournée, la tête baissée, et se dirigeait vers l'extérieur de la piste. Il soupira en essayant de maintenir une distance raisonnable avec Izumi, se disant que s'il lui accordait cette fichue danse, elle lui ficherait la paix ensuite.

Mitsuki s'apprêtait à sortir de la piste, quand un bras la rattrapa bien vite, la tirant en arrière. Shisui lui fit brusquement face, un grand sourire illuminant son visage.

« Hors de question que tu restes en touche alors que Don Juan se fait happer par la harpie ! » déclama Shisui en la ramenant presque de force sur la piste.

Mitsuki éclata de rire, avant de lui lancer un regard espiègle. Elle accepta volontiers, s'adonnant à des chorégraphies délirantes aux côtés de son ami qui ne lui laissait aucun répit. Elle ne pouvait cependant pas s'empêcher de jeter des regards d'envie vers l'Uchiha de son cœur, toujours aux prises avec Izumi.

« Tu as l'intention de lui dire un jour ? » demanda Shisui, récupérant instantanément l'attention de la jeune fille.

« Pardon ? » ne comprit pas Mitsuki.

« Oh, ne joue pas les innocentes avec moi. Tu es complètement et irrémédiablement folle de lui. Et ça ne date pas d'aujourd'hui ! » la perça à jour Shisui, décidément bien décidé à jouer les entremetteurs.

La bouche de Mitsuki s'ouvrît et se referma comme celle d'un poisson, alors qu'elle cherchait quelque chose à lui répliquer, mais rien ne venait. Elle vira au rouge écarlate, provoquant les rires de Shisui.

« Allez, ne fait pas cette tête ! Je dois bien avouer que je rêverais de trouver quelqu'un qui me regarde comme tu le regardes lui ! Je suis heureux qu'Itachi ait gagné le cœur d'une fille aussi ... formidable que toi. Mais bon, si tu continues à le regarder de loin, il ne sera bientôt plus libre ... » lui fit-il observer en désignant du menton le duo Itachi/Izumi, qui se pavanait lascivement devant l'aîné de Fugaku, sachant pertinemment qu'Itachi ne ressentait rien de plus qu'une petite amitié pour la demie-Uchiha.

Mitsuki frappa doucement l'épaule de Shisui, avant de lui avouer tristement :

« S'il ne partage pas ce sentiment avec moi, je risque de perdre mon ami le plus cher ... »

« Ma parole, vous êtes tous les deux parmi les êtres les plus talentueux qu'il m'ait été permis de rencontrer, mais vous êtes tout aussi peu perspicace l'un que l'autre ! » râla Shisui sans que Mitsuki ne sembla comprendre.

Ils furent interrompus alors qu'une main se posa sur l'épaule de la louve. Shisui soupira, et Mitsuki tourna son regard plein d'espoir vers celui qui venait de l'interpeller.

« Kakashi ... » dit-elle dans un souffle, surprise et légèrement déçue à la fois.

« Bonsoir, Mitsuki ... Je ... Voudrais-tu bien m'accorder cette danse ? J'aimerais te parler ... » demanda l'ANBU aux cheveux gris, mal à l'aise.

Mitsuki s'étonna de cette demande, d'autant qu'il était en tenue de Shinobi, son inséparable masque couvrant son visage, mais finit par s'excuser auprès de Shisui, qui la laissa à contrecœur.
Kakashi posa maladroitement une main sur la taille de la belle, avant de la serrer un peu trop vivement contre lui. Elle en eut le souffle coupé par la surprise, mais il murmurait déjà à son oreille, feignant de danser doucement avec elle :

« Je ne voulais pas te déranger alors que tu sembles passer une bonne soirée ... Mais je tenais à te prévenir ... Je suis désolé, Mitsuki, crois-moi, mais il semblerait que lorsque tu danses, ou peut-être même simplement entends cette musique, une nouvelle aura émane de toi ... Elle semblait gagner en puissance auprès d'Itachi ... Elle était présente avec Shisui, et elle m'enveloppe aussi désormais. Ce n'est pas désagréable, rassure-toi, bien au contraire même. Elle est chaleureuse et ... douce ... Malheureusement, elle ne passe pas inaperçue, et il y a actuellement une dizaine d'ANBU à l'affût tout autour de la place, n'attendant qu'un pas de travers pour intervenir ... Je viens te demander, pour ton bien ... Soit de maîtriser cette aura si tu en es capable, soit d'interrompre la danse, et particulièrement avec Itachi ... J'aimerais pouvoir faire autrement, mais je ne voudrais pas que tu gardes un mauvais souvenir de cette jolie soirée de festivités ... »

Mitsuki décala son visage pour regarder l'ANBU dans les yeux. Elle pensait à une mauvaise blague, mais il semblait sincère, et réellement inquiet pour elle. Elle lui sourit tristement, alors qu'elle ressentit cette fameuse aura disparaître, qu'elle n'avait pas perçu auparavant, trop absorbée par la bulle de bien-être qui s'était formée entre elle et Itachi. L'héritage des Hata prenait de plus en plus facilement de place ... Elle s'écarta finalement de Kakashi, avant de disparaître sans un mot dans la nuit.

« Que lui as-tu fait ? » lui demanda nerveusement Itachi, alors qu'il était parvenu à se défaire d'Izumi après avoir vu l'ANBU s'accaparer son amie.

« Calme-toi. Je n'ai fait que la protéger. Tu l'as vu, toi aussi, n'est-ce pas ? » lui demanda Kakashi d'une voix égale.

Itachi acquiesça en grimaçant. Bien sûr qu'il avait ressentit ce que dégageait Mitsuki ... Mais elle semblait si heureuse qu'il n'avait pas voulu interrompre cette bulle de bonheur alors qu'elle n'était en aucun cas dangereuse.

Il soupira avant de disparaître à la poursuite de son amie. Il n'avait aucun doute sur sa destination, et c'est effectivement sous le cerisier de la colline qu'il la retrouva.

« Itachi ... » murmura Mitsuki, étonnée qu'il l'ait rejoint si vite.

« Tu ne t'imaginais quand même pas que j'allais te laisser finir cette soirée seule ? J'aurais fait un bien piètre cavalier, et je n'imagine même pas ce que m'aurait fait ma mère ensuite ... » s'esclaffa Itachi, essayant de lui faire oublier l'incident souligné par Kakashi.

« Désolée d'être partie sans te prévenir ... s'excusa la belle brune.

- Ne t'inquiètes pas, j'ai croisé Kakashi...

- Alors ... Tu sais ?

- Oui, Mitsuki-chan, je n'ai pas eu besoin de lui pour le savoir. C'était ... agréable. Je ne pensais pas que cela éveillerait les forces spéciales, je serais intervenu sinon ... Je te demande pardon ...

- Tu t'excuses parce que je suis incapable de maîtriser mon propre corps ?

- Non, parce qu'égoïstement, j'ai laissé les choses se faire ... Tu semblais heureuse, et ... j'étais tellement bien, avec toi ... Je ne voulais pas interrompre ce moment pour une raison aussi futile.

- Je comprends ... Mais j'aurais aussi dû me méfier ... La musique ... Je ne savais pas que je pouvais encore y réagir.

- Laissons ça de côté pour ce soir. J'ai bien l'intention de tenir mon rôle. M'accorderais-tu une nouvelle danse, Mitsuki Hata ?

- Tu ... tu es sûr ? Bafouilla Mitsuki, partagée entre l'envie de se blottir à nouveau contre Itachi et la crainte de se laisser à nouveau submerger par ses émotions.

- Bien sûr. Nous sommes loin de la fête, et de sa musique, et nous serons plus vigilant maintenant, profitons encore un peu, tu veux bien ? » la rassura-t-il en lui tendant la main.

Elle s'en saisit délicatement avant de reposer sa tête tout contre le cœur du garçon. Il s'appliquait à la faire tournoyer en douceur, avant de la ramener à chaque fois plus près de lui. Le sourire regagna timidement le visage de Mitsuki, alors qu'elle ne quittait pas le visage si doux de l'Uchiha.

Quelqu'un qui passerait par là pourrait les prendre pour des fous, à virevolter dans un silence que seuls quelques hululements venaient troubler, mais ils étaient si bien tous les deux que rien d'autre n'aurait pu les arrêter cette fois. Rien d'autre, si ce n'est l'explosion d'un immense feu d'artifice venant soudainement illuminer le ciel.

Ils se stoppèrent net, alors qu'une seconde déflagration venait troubler le ciel dégagé de Konoha. Itachi s'assit au sol en tailleur, invitant sa belle à s'installer entre ses jambes. Il glissa ses mains contre le ventre de la louve, et elle vint doucement les recouvrir des siennes, dans une caresse qui arracha un frisson au garçon.

Le ciel s'illuminait de multiples couleurs, mais Itachi était absorbé par un tout autre spectacle : les yeux écarlates de Mitsuki étaient subjugués par les explosions, chaque teinte se réverbérant à merveille dans ses pupilles éblouies. Il se surprit à glisser ses lèvres sur la peau fraîche du cou de la louve, avant d'y déposer un baiser à peine perceptible. La légère pression que les mains de Mitsuki exercèrent sur les siennes lui confirmèrent tout de même qu'elle l'avait bien senti. Ses joues s'étaient joliment teintées, et il finit par poser le menton contre l'épaule de la jeune fille pour profiter des feux avec elle.

Quand l'obscurité regagna le ciel, ils restèrent ainsi quelques instants, dans un silence léger, ne souhaitant absolument pas l'un comme l'autre mettre fin à ce moment.

Cependant, Itachi surprit un frisson parcourir la peau pâle de son amie, et il dû se faire une raison. La nuit était encore fraîche en cette saison, et il était temps de rentrer. Le même constat avait dû traverser l'esprit de la belle, car elle se mit elle aussi à se mouvoir, avec un certain regret. Il l'aida à se relever, avant d'en faire de même, et la raccompagna devant chez elle, un bras autour de son corps afin de la protéger du froid.

Arrivés devant le porche, ils se firent face un instant, semblant chacun vouloir prolonger une dernière fois le moment. Mitsuki finit par faire le premier pas, se glissant sur la pointe de ses pieds jusqu'à la joue du garçon, avant d'y déposer un baiser des plus doux.

« Merci pour cette soirée, Itachi-kun. » lui glissa-t-elle, rosissant, avant de se hâter de rentrer dans la maison.

Itachi restait figé, surpris, un sourire béat sur les lèvres. Une tape dans le dos le sortit de sa torpeur, et c'est un Aruna tout sourire qui lui lança, taquin :

« Alors, voleur de sœur ? Tu as fini par me ramener ma Princesse ? J'ai bien cru que tu ne la lâcherais plus. »

Il éclata de rire avant de passer à son tour la porte. Ah ça oui, il aurait voulu ne plus la lâcher, il aurait voulu lui dire tout ce qu'il avait sur le cœur, lui avouer tous ces sentiments qui le tourmentaient depuis si longtemps. Et encore une fois, il avait été trop faible, craignant de briser l'amitié qu'ils partageaient ensemble. Mais ce baiser qu'elle lui avait glissé sans qu'il s'y attende ... Elle le rendait fou, s'en rendait-elle seulement compte ?