Chapitre 19 : Déceptions

Les trois Chûnins s'étaient rendus dans le bureau du Hokage à peine rentrés à Konoha. Ils allaient faire leur rapport, mais le Sandaime n'était pas seul dans la pièce. Deux personnes plutôt âgées et un autre homme se tenaient près du bureau, l'air grave et les bras croisés, semblant jauger Mitsuki de son unique œil valide alors qu'elle passait tout juste la porte.

La jeune fille eut comme l'impression que ce n'était pas à cause de son drôle d'accoutrement, et soutenait son regard malgré les sueurs froides qu'il lui inspirait. Cela n'augurait rien de bon.

« Nous vous attendions, Shisui, Itachi, et ... Mitsuki. » déclara Hiruzen en les saluant chacun à leur tour, alors que l'homme au visage si dur ne masqua pas une grimace au moment où le Hokage prononça le prénom de la jeune fille, confirmant malheureusement peu à peu son pressentiment. « La situation est plus préoccupante que nous ne le pensions, ainsi nous nous sommes réunis pour un conseil d'urgence. Laissez-moi vous présenter Homura Mitokado et Koharu Utatane, les deux ainés, conseillers de Konoha, ainsi que Danzô Shimura, le responsable des forces spéciales. »

Bingo ... Mitsuki tressaillit à l'entente de ces noms qu'elle ne connaissait que trop bien, pour les avoir aperçu dans certains rapports la concernant, rarement ceux faisant éloge de ses états de services. Ces trois individus suivaient de très près le moindre de ses faits et gestes, et étaient sans aucun doute à l'origine de l'ordre d'exécution donné aux ANBU au moindre faux pas de sa part. La question était ... Pourquoi se présentaient-ils en chair et en os, ici et maintenant ?

« Dans son message, Itachi évoquait l'implication d'Orochimaru dans les enlèvements à l'orphelinat ... Il y est aussi dit que Mitsuki s'était retrouvée otage à son tour et que vous aviez dû vous rendre dans son repaire pour la sortir de là. Peux-tu nous en dire plus, Shisui ? » résuma le Hokage, portant l'intérêt des anciens sur le plus âgé des deux Uchiha.

« Mitsuki a respecté les consignes que vous nous aviez énoncé. » la défendit d'emblée Shisui, comme s'il sentait que quelque chose n'allait pas tourner en la faveur de la jeune fille, « Elle a pour ainsi dire servi d'appât à l'orphelinat, ce qui a fonctionné, puisqu'elle a très vite été échangée contre de l'argent à Orochimaru par une des surveillante. Malheureusement, le plan qui nous permettait de garder sa trace pour éviter de trop l'exposer au danger a échoué, et nous l'avons perdue de vue pendant de longues heures. Mitsuki n'était pas armée, toujours selon les directives qui lui ont été données, et ne disposait donc d'aucun moyen de défense, surtout face à un tel individu. Nous connaissons tous sa dangerosité et sa facilité à manipuler les personnes. Mitsuki s'est tout de même montrée habile, en nous offrant une piste à suivre, mais quand nous l'avons retrouvée, elle baignait déjà dans l'un des récipients d'étude d'Orochimaru. Nous avons tout fait pour la sortir de là et avons appelé les renforts dès lors que c'eût été possible. »

« Orochimaru s'est donc intéressé à Mademoiselle Hata en tant que sujet d'expérience ? » pointa Danzô, ne semblant absolument pas s'intéresser au reste du récit.

« Il semblait intéressé, oui. Il avait déjà en sa possession plusieurs filles pour ses « expériences » » acquiesça Shisui, soulignant ce dernier point.

« Mais diriez-vous qu'il était plus intéressé par Mademoiselle Hata que par les autres ? » insista l'un des anciens.

Un silence s'abattit. Shisui se sentait mal à l'aise. Pourquoi tant insister sur Mitsuki alors qu'elle n'était pas l'objet de cette mission, et que l'objectif avait été largement accompli ? N'étaient-ils pas censés se concentrer sur les informations au sujet d'Orochimaru, afin de pouvoir l'arrêter au plus vite ?

« Il était plus intéressé par chacun d'entre nous ... » intervint Itachi, comprenant progressivement ce qui se passait.

« A-t-il émis la volonté de la retrouver ? » questionna à nouveau Danzô, son regard perçant semblant les traverser tous les trois.

« Il a dit que l'ON se reverrait ... » insista volontairement Itachi.

« Et savez-vous ce qu'il comptait faire de Mademoiselle Hata ? » continua Danzô.

Cette fois-ci, Itachi blêmit.

« Il nous faut des réponses, Itachi ... Nous ne souhaitons que le bien de chacun d'entre vous. » réclama d'une voix apaisante le Hokage, sentant le trouble monter chez les trois jeunes.

Voyant son cousin chercher ses mots, Shisui intervint, choisissant de finir par dire la vérité :

« Il souhaitait faire de Mitsuki son prochain réceptacle dans un premier temps ... Et quand nous sommes arrivés, il a changé d'avis, et voulait finalement utiliser l'un d'entre nous ... et se servir de Mitsuki comme d'une arme ... contre Konoha. »

Ses paroles tombèrent comme un couperet. Les conseillers et Danzô se regardèrent comme si la sentence était déjà prononcée. Le chef de la Racine reprit la parole sèchement :

« Nous savions qu'il était inconscient de laisser Mademoiselle Hata vaquer comme bon lui semble. Nous lui avons laissé trop de liberté, et cela a bien failli courir à la catastrophe ! Hiruzen, nous avions accepté son retour à Konoha pour l'avoir à l'œil. Et aujourd'hui, c'est une Chûnin ?! Nous lui fournissons chaque jour un peu plus de pouvoirs, un peu plus de force ... Quelle est la prochaine étape ? La libérer de son sceau ?! Si elle ne nous anéantit pas de son propre chef, quelqu'un d'autre l'utilisera pour le faire pour elle. Je demande à ce que nous réétudions son cas, ici et maintenant. Et je reviens sur ce que j'ai déjà dit lors de nos précédentes discussions : Mademoiselle Hata doit rester à Konoha, et cesser immédiatement toute activité en lien avec la voie des Shinobi. »

Alors que les anciens acquiescèrent vivement, Mitsuki sentit sa vue devenir trouble. Elle discernait à peine ce que le Hokage répondit, sous les regards impuissants de ses deux amis :

« Je vous répète à mon tour que vous vous trompez encore une fois d'ennemi, mon cher Danzô. Mitsuki n'a à son actif que de bons résultats lors de ses missions et de très bonnes réussites dans son travail à l'hôpital. Elle est un atout précieux pour Konoha, et nous a prouvé à de multiples reprises qu'elle servait avec une grande loyauté les intérêts de notre village. Il n'y a rien à lui reprocher. En revanche, étant donné la nouvelle situation, et les convoitises d'Orochimaru, je suis d'accord avec le fait de suspendre temporairement ses missions en extérieur, dans le seul but de la protéger, et de protéger par conséquent Konoha. »

« Rien à reprocher ? » répéta Danzô, se levant brutalement en tapant du poing sur la table, « Comment expliquer que peu de temps après sa naissance, tout son clan a littéralement dégénéré ? Sans aucun signe avant-coureur ! Allant même jusqu'à sa propre destruction ? Et comment expliquer que parmi tous les décombres et les cadavres, il ne restait qu'elle ? Cette fille n'est qu'une bombe à retardement ... »

« CELA SUFFIT COMME ÇA, DANZÔ ! » rugit Hiruzen, en se levant si brusquement à son tour, que sa chaise se renversa en arrière.

Un silence pesant se fit immédiatement, tous les regards étaient désormais rivés sur la jeune louve, qui semblait paralysée par ce qu'elle venait d'entendre. Ses pupilles étaient complètement rouges, et une sombre aura se dégageait d'elle. Itachi leva la main vers elle, ne voulant que l'apaiser après ces dures révélations, mais Shisui le retint par le poignet, pressentant que cela ne ferait qu'empirer les choses.

« Regarde-la seulement ! Regarde ses yeux ! Combien de temps comptes-tu la tenir dans l'ignorance, Hiruzen ? Combien de temps vas-tu la laisser n'en faire qu'à sa tête avant de lui avouer ce qu'elle est vraiment ? Le Monstre qui a anéanti son propre clan, sa propre famille, après les avoir dressés contre tout Konoha ? Peut-être qu'en sachant tout ça, comprendra-t-elle enfin qu'elle doit purement et simplement abandonner cette voie qu'elle essaye aveuglément de suivre.» reprit Danzô, insistant sur chaque élément, un rictus cruel aux lèvres.

La respiration de Mitsuki si fit de plus en plus saccadée, elle semblait lutter intérieurement contre un mal invisible. Son aura prenait de l'ampleur, l'enveloppant complètement. Elle perdait le contrôle, et ce, malgré le double sceau.

« Regardez-la, regardez le monstre qu'elle est, imprévisible, incontrôlable ... », persista Danzô.

« J'ai dit ... cela suffit. » l'interrompit à nouveau le Sandaime, d'une voix plus calme.

Danzô se rassit, satisfait du spectacle que donnait la jeune Chûnin. Le Hokage se dirigea face à elle. Elle ne semblait même plus les voir, sombrant peu à peu dans le désespoir et la colère.

« Mitsuki... » l'appela-t-il doucement, essayant de capter son attention.

L'aura qui se dégageait de Mitsuki s'intensifia encore et entoura progressivement le Hokage, sans qu'elle ne fît le moindre geste. Les deux ANBU gardant la porte entrèrent brusquement, armes à la main. Le Sandaime leur indiqua d'un geste de ne plus approcher.

« Mitsuki, je sais que tu m'entends. Je t'en prie, ressaisis-toi. Tu n'es pas le monstre que l'on décrit. Je sais que tu ne ferais jamais de mal à tes amis. Alors reprends le dessus, pour eux. » continua-t-il de parler, gardant un ton calme.

Il devait avoir touché une corde sensible, car les yeux rouges de la belle brune se tournèrent vers les deux Uchiha, avant de reprendre leur forme d'origine, mettant fin par la même occasion à l'aura qui enveloppait totalement le maître Hokage. Des larmes s'écoulèrent sur ses joues, alors que son visage se tordit sous une grimace de douleur.

« Tu n'es pas un monstre, Mitsuki. Nous n'avons aucune preuve de ce qu'avance Danzô. Nous ne savons pas ce qui est arrivé à ta famille, ni pourquoi tu étais la seule survivante ce jour-là. Ce ne sont que des hypothèses. Ce que nous voyons, c'est que tu travailles dur pour passer au-delà des rumeurs qui les entourent. » lui expliqua le Hokage.

« Je croyais qu'ils avaient été exécutés après avoir attaqué le village et être devenu hors de contrôle ... » couina Mitsuki, étouffant sous sa prétendue responsabilité concernant l'histoire de sa famille.

Ainsi, le vieil homme lui avait menti ... Mais le Hokage n'eut pas le temps de répondre qu'un des membres du conseil déclara, sans plus de cérémonie :

« Étant donné la situation, Hiruzen, et ce que nous venons de voir du manque de contrôle de Mademoiselle Hata, nous demandons sa destitution immédiate de son rang de Chûnin. En compromis, nous acceptons qu'elle continue de prodiguer des soins à l'hôpital de Konoha, il serait dommage de se priver de ses talents dans ce domaine, nous devons bien admettre que nous manquons cruellement de médecins. J'ajouterais que jusqu'à nouvel ordre, nous réclamons une interdiction de sortie hors de l'enceinte du village, de même qu'une interdiction de tout usage de tous vos jutsu, en dehors des médicaux. Vous redevenez une simple citoyenne de Konoha, pour votre sécurité, et le bien du village. Que ceux qui sont en accord avec ces nouvelles motions, lèvent la main. »

Danzô leva immédiatement le bras, un rictus toujours figé sur le visage, suivi par les deux conseillers. Le Hokage soupira, et avec un regard navré sur sa protégée annonça :

« Qu'il en soit ainsi ... »

Le cœur de Mitsuki se brisa. Elle détacha maladroitement son bandeau de Shinobi et le laissa tomber à terre, perdant le peu de dignité si durement regagnée au même instant. Elle leva ses yeux larmoyant vers Danzô, qui lui adressa un nouveau sourire suffisant, avant de se précipiter vers la sortie.

Alors que les ANBU allaient lui barrer le chemin, elle se métamorphosa en loup, ignorant pour cette fois les contraintes qui venaient de lui être imposées, sans que le Hokage n'intervienne. Il pouvait bien lui accorder ce dernier geste après ce qu'elle venait de si injustement traverser.

« Maintenant que ce dossier est clos, et que nous sommes dans un cadre un peu plus confidentiel, j'ai une autre proposition à émettre, concernant Itachi Uchiha. » déclara Danzô, comme si rien ne s'était passé.

Dehors, Mitsuki avait repris sa forme humaine. Elle laissa ses sanglots s'échapper. Elle ne comprenait pas tout ce qui avait été dit au sujet de sa famille, était-elle la seule responsable de tous ces meurtres et de la disparition de son clan ? Elle aurait voulu se souvenir de ce soir-là, pouvoir connaître la vérité, mais elle n'était qu'un bébé, et malgré ses efforts, rien ne lui revenait en mémoire. Elle aurait souhaité finalement mourir avec eux, le fardeau qu'elle pensait lié simplement à son nom n'était en fait qu'entièrement lié à ce qu'elle avait fait, elle. Tout prenait sens dans les paroles des habitants de Konoha : elle était LE monstre. Elle était celle qui avait pris tant de vie, qui avait blessé Mikoto et conduit le frère de Fugaku à sa mort. Elle ne méritait que leur haine, et à la place, ils avaient fini par lui laisser une place dans leur famille. Elle voulait fuir, très loin, ne plus jamais avoir à les regarder dans les yeux alors que la culpabilité la rongeait.

Tandis qu'elle courait sans savoir où elle allait, un corbeau se posa sur son passage, la coupant dans son élan. Elle le regarda un instant, avant de murmurer :

« Itachi ... Pardonne-moi ... »

Elle le fit disparaître d'un coup de kunaï avant de se diriger vers les portes du village. Elle s'arrêta devant, essoufflée, mais les choses étaient claires dans sa tête : elle devait disparaître du village. Partir loin, et faire oublier jusqu'à son existence. Elle amorça une nouvelle course jusqu'à la sortie, mais au moment de passer la porte, des bras l'encerclèrent dans une nouvelle nuée de corbeaux. Il l'avait retrouvée, encore. Et cette fois, il était physiquement là.

« Lâche-moi, Itachi ... » l'implora-t-elle.

"Et te laisser disparaître dans la nature ? Jamais de la vie. On se fiche de ce que peut dire ce Danzô. On se fiche aussi de ce qui a bien pu se passer ce maudit jour qui te tourmente continuellement. Tu n'es pas un monstre, Mitsuki. Tu es tout sauf ça." lui souffla-t-il, désespéré, alors qu'elle se débattait vainement.

"Lâche-moi, s'il-te-plaît ... Je n'ai aucun avenir ici..." le supplia-t-elle encore.

Il n'en fit rien, se contentant de poser son visage contre le cou de la kunoïchi. Elle tremblait entre ses bras, prise de sanglots qu'elle ne pouvait plus maîtriser.

"Tu ne comprends pas, Itachi. Tout est fini, je n'ai plus rien à faire ici. Je n'ai plus d'objectif ... Je ... Je pourrais vous blesser, tous autant que vous êtes ... Je pourrais vous ... tuer ... Et je préfère disparaître que de vous faire souffrir à nouveau. Regarde ce qui s'est passé dans le bureau ! Si le Hokage n'avait pas réussi à me sortir de cette ... transe ... qui sait ce qui aurait pu se passer ?"

Mitsuki criait, se débattait, mais le garçon refusait de céder.

"Si le Hokage ne t'avait pas fait revenir à toi, je l'aurais fait moi-même. Et si tu t'en allais, je partirais à ta recherche. Je te suivrais, où que tu ailles. Je te l'ai déjà dit, Mitsuki, je serais toujours là pour toi." lui assura Itachi.

"Et nous serons tous toujours là pour veiller sur toi, Princesse. Tu n'as pas tout perdu. Pas cette fois." prononça la voix d'Aruna.

Mitsuki détourna ses yeux embués vers celui-ci. Sa surprise décupla quand elle le vit, derrière Itachi, entouré de Shisui, Fugaku, Mikoto, Sasuke, Yûki, Shinro, et un grand nombre de personnes qui avaient croisé sa route lors de missions et avaient gagné confiance en elle.

"Shisui est venu nous alerter dès qu'il a pu sortir du bureau ... " expliqua Aruna, alors qu'il enlaça à son tour la petite louve.

"Vous ne devriez pas être là ..." sanglota à nouveau Mitsuki.

"Tous ces gens sont ici pour te prouver que tu comptes bien plus que tu ne le crois au village, Mitsuki. Maintenant, rentrons, tu veux bien ?" lui proposa Aruna en lui tendant la main.

"Je ne suis plus rien, Aruna ... Tout ce que j'ai accompli, tout ce que j'étais ... Il n'y a plus rien ..." bafouilla sa "petite soeur".

"Il y a encore tout l'amour que nous te portons. Chacun d'entre nous est venu à toi parce que tu comptes, Mitsuki, bien plus qu'une simple Chûnin. Tu nous as tellement apporté ces dernières années, personne ne peut te retirer cela." la rassura le Sensei.

"Et pour te rendre la pareille, nous allons faire tout notre possible pour faire entendre raison à ce maudit conseil." lui assura Fugaku.

"N'oublie pas ma promesse ..." lui rappela Itachi.

"Les choses finiront par s'arranger, je te le promets." conclut Shisui.

Ils avaient tous une parole, un regard tendre pour elle, comme pour lui rappeler qu'elle n'était pas seule qu'elle faisait partie d'un clan, même si ce n'était que par adoption.

"Rentrons, nous aurons tout le temps de penser à tout cela après une bonne nuit de sommeil ... Personne ne t'abandonnera cette fois, Mitsuki." lui demanda encore Aruna.

Elle accepta timidement. Elle se sentait brisée, mais à la fois tout ce soutien lui avait réchauffé le cœur.

Le soir-même, alors que Mitsuki s'était endormie aux côtés d'un Sasuke tellement inquiet qu'il avait insisté pour rester avec la jeune fille, une réunion secrète se tint au sein du clan Uchiha. Les derniers agissements de Danzô et du conseil n'étaient pas au goût de tous. Cela s'ajoutait à la colère qui persistait déjà depuis l'attaque du démon renard.

L'accusation dont faisait l'objet Mitsuki n'était qu'une goutte de plus dans le vase trop plein de haine et de sentiment d'injustice, et les renvoyait aux accusations qui les avaient condamnés à vivre en périphérie du village.

Itachi en profita pour parler de la proposition de Danzô. Cela sonnait comme une aubaine pour les Uchiha, et Fugaku l'encouragea à accepter, pour les intérêts du clan et garder un œil sur les activités du responsable des ANBU.

Il décida d'en parler dès le lendemain à son amie, malgré sa fragilité actuelle, sachant pertinemment que cette nouvelle avait peu de chance de lui plaire. La réunion se termina sur un Fugaku tendu. Il comprenait la colère qui rongeait son clan, mais craignait aussi que les choses finissent par dégénérer s'ils n'obtenaient pas très vite de meilleures conditions de vie.

Le lendemain, Itachi alla frapper à la fenêtre de Mitsuki, qui lui ouvrit, les yeux gonflés d'avoir sans doute trop pleuré la nuit.

« Allons faire un tour, tu veux bien ? » l'invita-t-il en lui tendant la main.

Elle accepta timidement, bien qu'elle aurait préféré rester enfermée dans le noir à attendre que le temps passe, mais elle s'avait d'ores et déjà que l'Uchiha ne le permettrait pas. Cependant, lui-même semblait ailleurs. Les traits de son visage étaient tendus et ses yeux onyx restaient ternes malgré le grand sourire rassurant qu'il essaya de lui adresser.

Il la conduisit jusqu'à leur cerisier habituel, et Mitsuki lui demanda sans détour, devinant que quelque chose d'autre que son éviction des Shinobi tracassait le garçon :

« Qu'est-ce que tu as à m'annoncer, Itachi-kun ? »

Le cœur du garçon manqua un battement. Elle avait lu en lui comme dans un livre ouvert, ce qui était très inhabituel pour lui. Il était désarçonné, mais elle le connaissait si bien depuis tout ce temps ...

« J'ai ... Je sais que cela ne va pas te plaire ... et que tu as eu assez de nouvelles difficiles pour le moment ... mais je veux que tu saches que je ne fais ça que pour les intérêts du clan ... Et pour aider à maintenir la paix sur Konoha. » dit-il en cherchant précautionneusement ses mots.

« Itachi, viens-en aux faits , s'il-te-plaît ... Tu m'inquiètes, et franchement, si cela peut t'aider, je ne suis pas sûre que je puisse descendre plus bas dans mes émotions, alors autant en profiter maintenant. » le poussa Mitsuki.

Elle lui saisit néanmoins délicatement sa main, la serrant doucement entre les siennes, comme pour l'encourager à se confier à elle, avant d'ajouter :

« Peu importe ce que tu as à me dire, ou à faire, je serais toujours là pour toi, et je te promets de te soutenir à chaque instant, tu le sais déjà, n'est-ce pas Itachi-kun ? »

Cette attention arracha un demi-sourire à l'Uchiha, cette fois empli de sincérité. Il porta les mains de son amie à ses lèvres, y déposant un délicat baiser, ce qui eut le mérite de faire instantanément reprendre des couleurs aux joues de la jeune louve qui étaient jusque-là plus pâles que d'ordinaire.

« Je le sais Mitsuki-chan. Et crois-moi, j'en suis le plus heureux. »

Itachi marqua une pause, rassemblant ses mots en tête, avant de finalement lâcher :

« Danzô m'a proposé une place au sein des ANBU. Le Hokage estime que ma place est aussi avec les soldats d'élite, et ... mon père pense que c'est un bon moyen pour garder un œil sur les agissements de Danzô ... »

Le visage de Mitsuki resta impassible, mais une légère pression sur sa main lui indiqua qu'elle essayait d'encaisser la nouvelle.

« Tu mérites cette évolution, Itachi-kun. Tu es sans conteste un des plus grands Ninja de cette génération, et puis entre Shinro qui n'a pas passé le rend de Chûnin et ... moi ... qui ne peut plus te suivre ... Tu n'as plus d'équipe ... C'est une bonne chose que tu puisses passer au niveau supérieur ... » l'encouragea-t-elle.

Itachi ne la quittait pas des yeux, et quelque chose dans son regard lui indiqua qu'elle n'était pas si sereine à l'idée de le voir intégrer les ANBU.

« Mais ...? » la poussa-t-il à lui avouer ce qu'il y avait au fond de son cœur.

Les yeux de Mitsuki s'agrandirent avant de dévier vers le sol.

« Mais ... tes missions seront de plus en plus dangereuses ... et tu seras amené à faire des choses ... » dit-elle avant que sa voix ne s'étrangle au fond de sa gorge.

Il retrouvait la douce Mitsuki au grand cœur qu'il aimait tant. Il passa ses doigts doucement sur sa joue pour la pousser à le regarder à nouveau dans les yeux.

« Rien ne changera, Mitsuki. Je resterais le Itachi que tu connais. Je n'aurais jamais non plus de mission te concernant directement, en dehors peut-être de ta protection, le Hokage me l'a assuré. Et si cela peut te rassurer, je suis affecté à l'équipe de Kakashi, je crois que tu l'aimes bien... » lui expliqua-t-il.

« Il était très froid et sombre, avant ... » souligna Mitsuki en grimaçant à l'idée qu'Itachi perde sa gentillesse et son caractère pacifique.

« Et tu l'as rendu plus ouvert et chaleureux. Si tu as pu le faire sur quelqu'un comme lui, je n'ai aucun souci à me faire. Je sais que tu ne me laisseras jamais plonger dans les ténèbres. » lui fit-il remarquer.

Mitsuki lui sourit sincèrement. Il lui laissait une place importante dans sa nouvelle fonction et cela la toucha profondément.

« J'ai confiance en toi. » lui souffla-t-elle du bout des lèvres.

« J'ai confiance en toi, moi aussi. » lui répondit-il tout aussi doucement.

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