Chapitre 17 : Autorisation de sortie


Les mois passaient et chacun avait trouvé sa place dans ses nouvelles fonctions. Itachi partait très souvent pour des longues missions, ses capacités étant recherchées, au même titre que celles de Shisui, qu'il accompagnait par ailleurs régulièrement dans les missions des forces spéciales.

Sasuke et Mitsuki se soutenaient pendant ses absences, développant de plus en plus leur amitié, et leur évitant à chacun un sentiment de solitude. Elle l'attendait régulièrement à la sortie de l'Académie, comme pour prendre le relais de son grand frère, et prenait même parfois le temps de discuter avec Naruto, en qui elle se retrouvait de plus en plus. Sasuke avait développé une relation inattendue avec lui, Naruto le voyant plutôt comme un rival qu'il s'évertuait vainement de surpasser, alors que le jeune Uchiha feignait de le trouver inintéressant. Ils passaient leur temps à se chamailler, mais Mitsuki voyait clair dans leur jeu, et même si ce n'était pas le résultat escompté, elle était tout de même contente de voir qu'ils s'appréciaient, à leur façon.

A l'hôpital, cela s'avérera plus compliqué pour la jeune fille. Il n'était pas rare que des patients la refusent pour des soins, la considérant toujours comme une ennemie de Konoha. Elle se retrouvait souvent à devoir se contenter d'accomplir des tâches plus ingrates, afin de se tenir écartée des personnes présentes. Elle n'abandonnait cependant pas, s'exerçant sur des animaux blessés de plus en plus gros, sous l'œil avisé des médecins expérimentés, qui la soutenaient ardemment dans son apprentissage, conscient de la valeur précieuse qu'elle pourrait finir par avoir en développant de telles capacités .

Elle avait beau se donner corps et âme dans cette tâche, le constat restait le même : elle s'ennuyait, et se sentait seule. Aruna était là, évidemment, mais il ne parvenait pas à combler le cœur de Mitsuki à lui tout seul, et la frustration qui grandissait en elle en étant écartée des missions ne l'aidait pas.

Concernant Kakashi, il n'était non seulement pas particulièrement le bienvenu chez les Uchiha, mais lui aussi enchaînait les missions depuis quelque temps. Il ne prenait même plus réellement la peine de venir lui parler de toute manière.

Un soir, alors qu'elle sortait d'une longue garde à l'hôpital, un Ninja vint lui signaler que le Hokage souhaitait la voir immédiatement dans son bureau. Épuisée après 48h sans sommeil, elle s'y rendit, le pas traînant. Elle frappa doucement, et entra quand le Sandaime l'y invita.

A l'intérieur se trouvaient Shisui et Itachi, fraîchement rentrés de mission. Un sourire éclaira le visage de Mitsuki, mais elle se ravisa très vite en voyant leurs visages fermés.

« Ah, Mitsuki. Je suis désolé de te faire venir si tard, juste après ta garde ... Malheureusement nous fassions face à une situation délicate. Shisui et Itachi reviennent tout juste d'une mission d'observation, classée confidentielle. L'orphelinat d'où tu viens s'est plaint de plusieurs disparitions de jeunes filles ces derniers temps. J'ai envoyé une équipe enquêter sur place, et il semblerait que nous faisons face à des enlèvements, qui se révèlent être de plus en plus fréquents. Malheureusement la piste est difficile à suivre, et c'est pourquoi je t'ai fait venir ici. Je voudrais que tu repartes avec les garçons sur place. Tu connais bien l'établissement, il sera plus simple pour toi de te fondre dans l'orphelinat, afin d'enquêter discrètement de manière interne. A ce jour, seule la directrice est au courant de ce trouble et de l'implication de Konoha, je te demanderais donc d'être extrêmement discrète. Shisui et Itachi ne pourront pas entrer sans éveiller les soupçons, puisque comme tu le sais, cet orphelinat n'accueille que des filles ... En revanche, toi tu es déjà connue là-bas, et toujours en âge d'y être, nous n'avons qu'à simuler ton exil du village pour les convaincre de la légitimité de ta présence. Les garçons resteront en retrait pour veiller au bon déroulement de l'opération, et intervenir si les choses viennent à dégénérer. Je vous demande la plus grande prudence, vous partirez demain à l'aube. » expliqua le Hokage.

Enfin on lui confiait une mission ! Il lui était impératif qu'ils la réussissent au plus vite pour prouver son utilité sur le terrain ! Les trois jeunes Chûnin saluèrent Hiruzen Sarutobi avant de prendre le chemin vers leur quartier.

« Ça ne me plait pas ... grogna Itachi.

- Comment ça ? s'étonna Shisui.

- Tu ne vois pas qu'elle va seulement servir d'appât ? souligna son cousin.

- Nous serons là pour veiller à sa sécurité.

- Et si nous intervenons trop tard ?

- Elle est tout à fait capable de se défendre. Cela ne te ressemble pas de perdre tes moyens pour une banale mission...

- Je ne perds pas mes moyens, je suis seulement inquiet pour ce qui pourrait lui arriver ...

- Je suis là, vous savez ... » les interrompit fermement Mitsuki, se sentant quelque peu exclue de la conversation.

Le visage d'Itachi se tordit d'une grimace, il semblait réellement contrarié.

« Itachi-kun, je te remercie de t'inquiéter pour moi, mais comme toi, j'ai obtenu et mérité le rang de Chûnin. C'est la première fois que l'on daigne me confier une mission en extérieur depuis que nous ne formons plus une équipe, et je compte bien la mener à bien. Et puis, comme le souligne si bien Shisui, en vous ayant à mes côtés, je suis sûre que rien ne pourra m'arriver. »

« Mitsuki, ces filles ont disparu sans que l'on ne puisse retrouver aucune trace ... On ne sait même pas ce qui leur est arrivé, et si elles sont seulement en vie ! Si l'on te perd de vue ... » argumenta Itachi, courroucé.

« Cela n'arrivera pas. On nous a confié une mission, Itachi. Ne laisse pas tes sentiments prendre le dessus sur la mission, où je serais contraint d'en référer à l'Hokage pour qu'il nous choisisse un autre coéquipier. » l'interrompit sèchement Shisui.

Le ton employé blessa Itachi, mais il abdiqua sous l'autorité de son cousin, plus expérimenté que lui. Il avait raison après tout, cela allait à l'encontre du code d'honneur des Ninjas, et puis surtout, il n'accepterait pas d'être écarté pour laisser quelqu'un d'autre veiller sur son amie.

Ils quittèrent Mitsuki devant chez elle. Elle n'aspirait alors qu'à prendre une bonne douche et se coucher. Aruna l'attendait cependant dans la cuisine, une assiette fumante dressée sur la table, afin de s'assurer qu'elle n'oublie pas de se nourrir avant d'aller au lit. Il la connaissait bien, et savait qu'après une nuit de garde, elle se dirigerait vers sa chambre sans même penser à manger la moindre chose.

Mitsuki aimait sa manière de prendre soin d'elle, comme un parent le ferait, et remerciait intérieurement chaque jour la destinée qui leur avait permis de se rencontrer alors qu'elle n'était qu'une orpheline indésirable. Cela faisait maintenant trois ans qu'ils partageaient leurs vies et ce toit, trois petites années, et c'était comme s'il avait toujours été là pour elle.

Elle s'installa en face de lui et en profita pour le prévenir qu'elle partirait sans doute quelques jours. Il fut partagé entre la joie qu'elle soit enfin envoyée en mission après l'avoir tant souhaité, et l'inquiétude de s'imaginer qu'elle pourrait accomplir une mission périlleuse, sans même pouvoir savoir où elle se rendait.

Mitsuki engloutit rapidement son repas et partit dans sa chambre afin de pouvoir se reposer un maximum avant le départ.

Le lendemain matin, le trio se rejoignit aux portes de Konoha. La tension était palpable durant le trajet, l'inquiétude qui rongeait Itachi ne s'étant pas atténuée durant la nuit. Ils arrivèrent très vite aux abords de l'orphelinat, où ils firent une rapide halte, à l'abri des regards. Shisui, qui avait été chargé de prendre la tête de l'opération, répéta leur plan :

« Nous allons te conduire aux portes de l'orphelinat en expliquant que le Hokage ne souhaitait plus assurer ta tutelle, ta présence devenant trop gênante pour Konoha. Il va falloir que tu nous laisses ton attirail de Shinobi, afin de ne pas éveiller les soupçons. Après cela, nous serons dans l'incapacité de communiquer ... Pour pouvoir nous rendre compte chaque soir de ce que tu verras, ou entendra, Itachi t'enverra un corbeau, à 22h, quand le couvre-feu est donné et que la première ronde s'achève. Si tu te sens en danger ... Eh bien, trouve n'importe quel moyen pour nous prévenir. Je suis désolé de ne pouvoir te laisser ne serait-ce qu'une fusée de détresse, mais je suis certain que tu as suffisamment de ressources pour te débrouiller. S'il-te-plaît, ne prend aucune initiative qui pourrait te mettre dans une situation délicate. Et n'oublie pas que pour les personnes ici, tu n'es jamais devenue Ninja, prends garde à conserver ta couverture. »

Mitsuki acquiesça sous l'œil bienveillant de Shisui, et celui toujours plus inquiet d'Itachi, qui ne prononça pas un mot. Elle l'ignora cependant pour l'instant, bien déterminée à lui prouver qu'il n'avait aucune raison de perdre confiance en elle, et retira aussitôt son gilet de Chûnin et le bandeau de Konoha. Elle se départit de sa sacoche d'armes, et tendit son katana à son meilleur ami, qui le serra si fort que les jointures de ses articulations en blanchirent.

Shisui, prévenant, lui tendit un banal manteau, à l'état douteux, alors qu'elle frissonna sous l'air frais de l'hiver qui arrivait. Alors qu'elle semblait prête, elle jeta un regard empli de détermination à ses coéquipiers, avant de les enlacer brièvement pour se donner une nouvelle bouffée de courage. Shisui l'attrapa ensuite par le bras, comme une captive, avant de prendre tous trois le chemin vers la porte principale de l'orphelinat.

« Soit prudente. » murmura Itachi, alors que Shisui frappa sèchement à la porte, les doigts se crispant légèrement sur la peau de Mitsuki.

Une vieille femme à l'air sévère ouvrît. Elle examina Mitsuki des pieds à la tête pendant que Shisui récita son annonce :

« Nous vous ramenons Mitsuki Hata, sous l'ordre du Hokage Troisième du Nom. La présence de Mademoiselle Hata au sein du village n'est pas désirée, et les tensions qu'elle engendre avec un comportement allant à l'encontre de la sécurité du village, ont fait que le Sandaime a mis fin à la tutelle de celle-ci, sans délai. Il a donc été convenu que Mitsuki Hata demeurerait ici jusqu'à sa majorité. »

Le visage de Mitsuki demeurait fermé, presque effronté, accentuant les dires de Shisui. La vieille femme se contenta de soupirer, avant de grommeler :

« Qu'allons faire de vous ... Mademoiselle Hata ? Vous étiez ici aussi un problème, dont j'espérais m'être enfin débarrassé... Et vous revoilà. »

Mitsuki affronta son regard sévère sans détourner les yeux. La femme lâcha un nouveau grondement de colère, puis l'invita à entrer. Avant de fermer la porte derrière elles, elle dit aux garçons :

« Présentez nos excuses au Maître Hokage pour les déboires engendrés par Mademoiselle Hata. Nous avons tout fait pour l'éduquer et en faire une bonne fille, mais il semblerait que comme nous le craignions, son cas soit désespéré. Nous allons veiller à ce qu'elle ne puisse plus sévir d'aucune façon, je vous en fais le serment. »

Un frisson gagna Itachi alors que la porte claqua devant eux. Mitsuki était entrée dans la gueule du loup, il le sentait. Et bien au-delà de devoir lutter contre un mystérieux ennemi, ils venaient de la remettre aux mains de ses anciens geôliers, et il était clair qu'ils ne comptaient pas l'accueillir chaleureusement. Mitsuki était toujours restée très évasive au sujet de son passé à l'orphelinat, mais elle avait su lui faire comprendre qu'elle préférait oublier ces années douloureuses.

« Tsk ... » souffla-t-il entre ses dents, s'attirant un regard en coin de son cousin.

« Fais lui confiance, Itachi. Elle est tout aussi forte que n'importe lequel d'entre nous, cette histoire sera réglée avant même qu'ils n'aient le temps de s'en prendre à elle. » essaya celui-ci de le calmer.

Itachi ne se laissa pas convaincre. Il s'échappa aussitôt, distançant rapidement Shisui pour rejoindre leur point d'observation.

Ils attendirent de longues heures, quand enfin une lumière clignota brièvement à l'une des fenêtres, signalant la chambre dans laquelle devait se trouver Mitsuki. Le corps d'Itachi sembla se détendre l'espace d'une seconde. Elle était là, et suivait les consignes de Shisui.

Il matérialisa un gros corbeau noir et attendit 22h et la fin du premier tour de garde des surveillantes pour l'envoyer à la fenêtre qu'ils avaient repéré. Shisui ne quitta pas Itachi des yeux, attendant avec plus d'impatience qu'il ne pourrait l'avouer les nouvelles de sa jeune amie.

Un sourire se dessina au coin des lèvres d'Itachi, alors que le corbeau réapparut sur son épaule.

« Qu'a-t-elle dit ? » interrogea Shisui, curieux de le voir relâcher enfin son regard si sombre.

« Que tout va bien, que notre histoire a tenu la route. Et que si l'on s'avisait à envoyer ce corbeau ailleurs qu'à sa fenêtre pour se rincer l'œil, elle rappliquerait immédiatement pour nous botter le derrière. Les douches communes sont semble-t-il juste à côté de sa chambre, elle m'a prévenu que nous n'avions pas le droit à l'erreur. »

Shisui pouffa de rire. Sacré Mitsuki, elle savait trouver les mots pour détendre Itachi. Celui-ci se retourna sur le dos avant de fermer un peu les yeux.

« Je te laisse le premier tour de garde, si tu veux bien. » dit-il en baillant.

Shisui accepta. Comme s'il avait le choix ! Cet idiot n'avait sûrement pas fermé l'œil de la nuit ... Il reporta son regard sur l'orphelinat, guettant le moindre signe.

La nuit passa sans qu'aucun souci ne soit relevé. Les Uchiha alternèrent leurs gardes, trouvant parfois le temps long. Itachi prenait difficilement sur lui pour ne pas envoyer un corbeau veiller à la fenêtre de son amie tout ce temps.

De son côté, Mitsuki n'était pas aussi sereine qu'elle l'avait laissé entendre à ses amis. Elle n'avait pas fermé l'œil de la nuit, guettant les bruits dans les couloirs. Elle savait que ce temps calme ne serait que de courte durée.

Alors que le soleil se levait à peine, sa porte se déverrouilla, sonnant l'heure du lever. Elle se dirigea vers les douches communes quand une voix sarcastique la héla :

« Eh ! Regardez qui revoilà ! La grande Mitsuki Hata ! Le monstre de Konoha ! Celle grâce à qui bon nombre d'entre nous moisissent ici ! »

Les voix s'élevèrent dans le couloir, l'accablant des crimes de sa famille, alors qu'une blonde que Mitsuki ne connaissait que trop bien s'avança vers elle.

« Alors Mitsuki ? Ces murs t'ont-ils manqué ? 4 ans de liberté, c'était trop pour toi ? »

Elle la poussa hors de devant la porte des douches pour lui passer devant, lui rappelant ainsi qui « commandait » ici. Mitsuki choisit d'ignorer les murmures sur son passage, se contentant de se laver rapidement avant de gagner la cafétéria. Elle n'y croisa que des regards emplis de haine, et chaque fois qu'elle voulut s'asseoir, on lui signifia qu'elle n'était pas la bienvenue. Ainsi, rien n'avait changé.

« Mitsuki Hata. Vous êtes appelée dans le bureau de la directrice. Je ne vous y conduit pas, vous connaissez le chemin.» lui annonça sèchement une des surveillantes.

« Tsk ... » soupira la jeune fille alors qu'elle dut abandonner son plateau avant même d'y avoir touché.

Elle se dirigea chez la directrice, refermant la porte derrière elle.

« Bonjour, Mitsuki. » la salua celle-ci d'une voix douce.

De toutes les personnes de cet orphelinat, la directrice était la seule à n'avoir jamais montré d'hostilité envers la jeune fille. Mitsuki se réfugiait régulièrement dans son bureau, quand les choses devenaient trop compliquées pour elle.

« Désolée de t'imposer cela à nouveau ... » s'excusa la directrice, se remémorant le perpétuel harcèlement que subissait la petite louve au nom tristement célèbre.

« Je ne fais qu'accomplir mon devoir, Madame Otaki. Il y a bien longtemps que je suis passée au-dessus de tout cela. » lui assura Mitsuki.

Les deux femmes discutèrent des événements ayant frappé récemment le foyer. Elle dénombrait un total de cinq orphelines disparues, âgées de plus de dix ans, sans réel lien commun, si ce n'est que personne ne viendrait les chercher, qu'elles étaient vraisemblablement isolées à l'orphelinat, et que par conséquent, elles ne manquaient à personne, ce qui justifiait qu'il eût fallu cinq disparitions avant que les surveillantes ne réagissent.

« Je conçois que ce soit difficile pour toi de revivre tes difficultés passées, même dans le cadre de cette mission, et je te suis sincèrement reconnaissante d'avoir répondu présente pour nous venir en aide. »

Il faut dire que le profil de Mitsuki était effectivement idéal, elle avait vécu l'isolement plus que n'importe qui d'autre, et personne ici ne se soucierait de sa disparition si elle avait eu à le vivre. Itachi avait finalement eu raison, elle faisait malheureusement un excellent appât... Elle salua la directrice, reprenant un visage fermé en sortant. Elle longeait les murs, ignorant les piques lancées sur son passage. Les rumeurs avaient vite circulé à son sujet, et chacune voulait voir et persécuter le monstre Mitsuki Hata.

Le soir arriva, et elle attendit patiemment le corbeau d'Itachi. Alors qu'elle l'entendit donner des coups de bec au carreau, elle afficha un grand sourire sur son visage, se voulant la plus rassurante possible. Elle lui ouvrit, et lui partagea les dernières données qu'elle avait obtenues de la part de la directrice. Elle lui assura qu'elle allait bien, et qu'elle ferait au plus vite pour les retrouver. Le corbeau croassa, laissant apercevoir le Sharingan d'Itachi. Il repartit vers les deux Uchiha d'un battement d'aile, tandis que Mitsuki referma la fenêtre avant d'aller se coucher.

Plusieurs jours passèrent, sans que rien ne se passa, hormis les éternels sobriquets et autres insultes envoyés, que ce soit de la part des autres filles ou bien des surveillantes. Ce matin-là, l'une d'entre elles frappa à sa porte.

« Habille-toi, tu es de corvée de bois aujourd'hui. » lui ordonna-t-elle brusquement.

La tuile, elle allait devoir sortir, et ne pouvait même pas prévenir ses équipiers, la matonne n'ayant de toute évidence pas l'intention de la laisser seule maintenant. Elle se hâta de se préparer et suivit la surveillante jusqu'à l'orée de la forêt. Malheureusement, le chemin qu'elles empruntèrent ne passait pas devant le point de vue des Uchiha, et elle ressentit soudainement un mauvais pressentiment, ce trouble qu'elle avait déjà pu ressentir, peu avant l'attaque qui lui avait pris ses coéquipiers.

Elle serra les dents, se mettant spontanément sur ses gardes. La surveillante s'arrêta soudainement, lui indiquant une zone boisée plus dense un peu plus loin. Mitsuki s'avança, commençant méticuleusement à rassembler des branches déjà coupées. Il faisait sombre, mais son oreille perçut un craquement en face d'elle. Son cœur battait la chamade, et elle se demanda s'il était judicieux d'appeler les garçons, au risque de mettre leur mission en péril. Ce n'était qu'une mauvaise impression, rien ne semblait la mettre en danger pour l'instant. Elle tenta de reprendre ses esprits, continuant à mener sa pénible tâche.

Un ricanement éclata dans les bois, faisant frissonner la jeune louve de la tête aux pieds. Cette fois-ci elle ne pouvait s'y tromper, quelqu'un était là, sous les arbres, et l'aura qu'elle perçu ne laissait que peu de doute quant à la nature de ses intentions. Elle releva les mains dans le but d'envoyer un Kâton suffisant pour attirer le regard des Uchiha, mais des liens l'entravèrent avant qu'elle ne puisse esquisser le moindre geste.

« Cette demoiselle est au-delà de toutes mes espérances, Madame Tenrô. » siffla la voix d'un homme qui avança dans la direction de Mitsuki, alors que la surveillante se plaçait derrière elle, lui coupant toute perspective de fuite.

Cette voix ... Elle lui était familière. 

« Alors qu'avons-nous là ? » continua l'homme, tandis que le sang de Mitsuki se glaçait un peu plus à chaque mot qu'il prononçait, « Tes pupilles rouges ne laissent que peu de place au doute quant à ton identité, jeune Hata. Si j'avais su que l'on m'offrirait un tel trésor sur un plateau d'argent ... Mais dis-moi, ma petite fleur, que fais-tu ici ? Ta place n'est-elle pas auprès de ce bon vieux Hiruzen, à Konoha ? Quelle erreur de laisser une telle merveille flétrir dans cet horrible établissement ... »

Alors qu'il monologuait, son visage apparut soudainement aux yeux de la jeune fille. Un visage cireux, encadré par de longs cheveux noirs, des yeux semblables à ceux des serpents ... Mais qu'elle ne reconnaissait en revanche pas. Cet homme dégageait une aura tellement malveillante, que Mitsuki sentit des sueurs froides parcourir sa colonne vertébrale. Elle resta figée, comme paralysée. Il avait déjà mis en place un Genjutsu ? Elle resserra ses dents alors qu'il continuait de parler :

« Que vais-je faire de toi ? » réfléchit-il alors qu'il ne se tenait désormais qu'à quelques centimètres de son visage, l'observant comme un prédateur examinerait sa proie, « Ce vieux Sarutobi a complètement inhibé tout ton potentiel. Je pourrais te rendre plus forte, plus libre, en échange de quelques services ... Ou je pourrais me servir de toi pour quelques petites expériences ... Les précédentes filles n'avaient pas grand chose à offrir, comparé à un diamant brut comme toi ... Je pourrais te garder aussi, et t'utiliser quand ce vieux corps sera trop usé pour moi ... Tellement de possibilités, ma jolie fleur ... Prenons le temps d'y réfléchir. »

Mitsuki tressaillit, alors qu'il suivit la ligne de son menton du bout de l'un de ses doigts glacés. Il glissa une bourse qui semblait emplie de pièces à la servante, qui disparu, satisfaite. Il plongea à nouveau son regard vert dans les yeux rouges de Mitsuki, impuissante et semblant complètement terrifiée.

« Tu vas me suivre bien gentiment, petite fleur. » susurra-t-il comme un ordre qu'il imposa au corps de la jeune fille, qu'elle ne contrôlait plus.

Ses pieds avancèrent sans qu'elle ne puisse rien y faire. Elle eut une pensée pour ses amis, pour Itachi, qui serait certainement hors de lui quand il découvrirait son absence ce soir ... Ils s'enfoncèrent dans la forêt, s'éloignant peu à peu de l'orphelinat. Cet homme était donc le responsable des précédents enlèvements ... Allait-elle retrouver les précédentes victimes en vie ? Elle s'accrocha à ce mince espoir, alors qu'il la conduisit vers une de ses mystérieuses cachettes.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top