Chapitre 11 : L'Adieu


Entre les murs immaculés d'une chambre devenue bien trop familière au goût de la Genin, Mitsuki fut tirée de l'inconscient par les railleries agacées d'une voix qu'elle connaissait tout autant.

"Laissez-moi la voir ! Bon sang ! Je suis son FRERE ! Vous ne pouvez pas m'interdire d'entrer dans cette chambre !!!"

Les souvenirs de cette lugubre journée refirent surface dans l'esprit de la fillette. Soga ... Tomomi ... et ... Maeda. Etaient-ils tous ...? Elle tressaillit alors qu'elle dû se rendre à l'évidence : son équipe entière avait été décimée sous ses yeux, par cet homme, elle l'avait constaté de ses propres mains. Lentement, elle dégagea celles-ci du drap impeccable qui la recouvrait, et les releva devant son regard terne. Ces mains ... Incapables de sauver les vies de ses plus proches alliés ... Si seulement elle avait été plus rapide, plus forte, plus ... intelligente.

Dans un fracas, suivit des remontrances des ANBU, Aruna s'imposa dans la chambre sans plus leur laisser le choix. Mitsuki ne sursauta même pas, vidée de toute émotion, elle se laissa tout juste happée par ses bras, insuffisants pour la réconforter. 

"Je suis là Mitsuki. Ça va aller ...", lui assura l'Uchiha en la serrant contre lui.

S'il mesurait l'ampleur de sa peine, il ne put s'empêcher de laisser le soulagement l'envahir de la voir saine et sauve. Lorsqu'on lui avait rapporté l'échec de leur mission, il n'y eut que Fugaku qui parvint à le retenir au village, à force d'autorité, alors qu'il menaçait d'aller chercher la jeune fille lui-même. Il s'était imaginé tant d'horreurs, mais il savait que même si physiquement elle s'en sortait indemne, les dégâts psychologiques l'auraient, eux, marquée de manière indélébile. Et il n'y avait malheureusement pas que cela ...

"Nous allons rentrer...", murmura Aruna, incitant doucement la jeune fille à se lever.

Il était incapable de lui parler d'Itachi pour l'instant, craignant de briser irréversiblement la lumière de sa pupille. Il lui faudra sûrement des jours, des semaines, ou même des mois avant de pouvoir se relever d'un tel carnage. Cela faisait partie de leur vie, en tant que Ninja, mais elle était encore si jeune ... Comment une telle erreur avait-elle pu se produire ? 

"Nous n'avons pas encore pu l'interroger, Aruna. Et il n'est sans doute pas prudent de la laisser sortir dans cet état", l'interrompit la grosse voix de l'Hokage dans le couloir.

Le Sensei marqua un arrêt, supportant tant bien que mal le corps vidé. Non, il ne les laisserait pas faire cette fois.

"Elle va bien. Elle a seulement besoin de repos, et peut très bien le faire chez nous. Vous n'avez qu'à venir ... seul."

La fermeté avec laquelle le brun imposa ces conditions ne laissait aucune ouverture à la moindre négociation, et cela, Hiruzen le compris pertinemment, levant simplement la main pour faire signe aux ANBU de le laisser aller.

"Je viendrais demain, dans ce cas", assura le vieil homme, accordant ce délai à la Genin, dans l'espoir qu'elle se montre plus loquace après une nuit de sommeil.

Une fois leur maison regagnée, Mitsuki se contenta de traîner des pieds jusqu'à sa chambre. Elle retira ses vêtements couverts du sang séché de ses coéquipiers, les laissant à terre avant de s'engouffrer sous la douche. Alors qu'il entendait l'eau couler, Aruna entra à son tour dans la chambre et ramassa les affaires pour les jeter, éliminant toute trace pouvant lui rappeler ce qu'elle venait de vivre. Il attendit ensuite patiemment qu'elle sorte, mais l'eau ruisselait encore et encore. Il frappa doucement à la porte, et n'obtenant pas de réponse, entra dans la pièce emplie de buée.

" Tu t'en sors Princesse ? " tenta-t-il vainement.

Il l'aperçut, agenouillée devant la baignoire, la peau rougie par la chaleur trop élevée de l'eau.

" Ça ne veut pas partir ... ", sanglota Mitsuki, en frottant encore et encore ses avant-bras meurtris à force d'acharnement.

Aruna se pencha vers elle et lui saisit délicatement les mains.

" Qu'est-ce qui ne veut pas partir ? ", lui demanda-t-il tout doucement, alors qu'il ne voyait rien.

" Le ... le sang ...",  bégaya la genin avant de repartir dans une nouvelle crise de larmes.

"Je vais m'en occuper ... On va faire disparaître tout cela, d'accord ?", essaya de la convaincre Aruna, ne reconnaissant que trop bien le syndrome post-traumatique dont elle semblait être victime.

Mitsuki poussa un gémissement de douleur qui lui déchira le cœur. Il attrapa une éponge et commença à lui essuyer délicatement les avant-bras afin de retirer ce sang invisible. La jeune fille ne parvenait pas à retrouver son calme, et alors qu'il l'aida à se relever après un moment, il la serra à nouveau contre lui, plaçant la tête de sa sœur contre son cœur, dans l'espoir de soulager un peu sa peine. Il se sentait si impuissant à cet instant.

Les minutes passaient, et Aruna ne la lâcha pas tant que ses larmes et ses cris ne s'estompèrent pas. Alors qu'elle semblait enfin ne plus pouvoir sortir une goutte, il la conduisit à son lit, la manipulant presque comme une poupée tant elle semblait vidée de toute énergie. Il s'allongea auprès d'elle, avant de lui caresser les cheveux jusqu'à ce qu'elle ferme enfin les yeux.

Comme prévu, le Hokage fit son apparition aux aurores le lendemain, seul. Aruna retint une grimace de désaccord et le laissa rejoindre sa pupille de l'autre côté du bâtiment. Assise sur le rebord de la terrasse en bois, celle-ci contemplait le ciel, les yeux plus cernés encore que la veille. Nul doute que la nuit avait dû être agitée, comment pourrait-il en être autrement ? 

Le vieil homme s'assied paisiblement à ses côtés, plongeant son regard dans la même direction, attendant patiemment le moment opportun pour débuter cette conversation douloureuse.

"Tu as fait l'expérience la plus difficile dans la vie d'un Ninja, Mitsuki. Cela t'est sans doute difficile aujourd'hui, et le restera dans les années à venir, mais c'est uniquement à toi de décider comment elle te dictera ton futur. Tu peux rester là, et laisser le temps panser tes plaies, ou tu peux tirer une nouvelle force de cette épreuve, et l'utiliser pour continuer de t'élever dans la voie du Shinobi."

Un long silence fit suite à son discours, et il le respecta, lui laissant le temps de digérer ces maigres mots.

"C'était de ma faute ...", murmura Mitsuki en baissant la tête.

"Tu n'y es pour rien, je le sais déjà. Bien que nous ayons trouvé le champ de bataille détruit par tes capacités, ce n'était que dans un périmètre très restreint ... Et les autopsies de tes amis ont permis de t'écarter de la liste des suspects."

Mitsuki croisa cette fois les yeux de son aîné, horrifiée par ses mots. Ainsi, c'était sur elle qu'ils avaient enquêté en priorité ? Comment n'y avait-elle pas pensé ... Un sentiment d'injustice s'ajouta au déchaînement de ses émotions, et sa mâchoire se contracta avant de laisser échapper quelques autres mots :

"Vous ne comprenez pas ! Cet homme ... C'est après moi qu'il en avait ! Si je n'étais pas avec eux ..."

"Doucement, Mitsuki. De quel homme parles-tu ? Qui était-ce ?", s'enquit le Hokage, décelant l'opportunité de délier la langue de la Genin.

Et malgré toute la difficulté de l'exercice, elle lui raconta tout ce qu'elle avait vu, n'omettant pas le moindre détail, du moment où Maeda avait ressenti la menace, jusqu'à celui où elle sombra dans l'inconscience. 

"Et maintenant ...?", s'enquiert-elle timidement, après que le Hokage ait écouté toute son histoire.

Elle ne savait pas ce qu'elle allait devenir, ni quoi faire. Elle n'avait plus d'équipe, et cela compromettait fortement son avenir en tant que Ninja. 

"Maintenant, je vais mettre cette affaire, ainsi que celle de l'équipe 2 entre les mains de nos meilleurs Ninja. La cérémonie d'adieu de tes coéquipiers aura lieu dans trois jours ... Prends le temps de te préoccuper de toi, Mitsuki, c'est important. Et la suite ... Nous verrons en temps voulu."

Parce qu'une nouvelle fois, Hiruzen Sarutobi allait devoir convaincre le conseil de laisser cette innocente aspirante pleine de promesses de la laisser poursuivre sa formation. 

"L'équipe 2 ? Que s'est-il passé ?", s'interpela Mitsuki, soudainement bien plus vive.

"Eh bien ... Ils ont été attaqués, eux aussi. Mais ton témoignage ne correspond pas au leur. Il semblerait qu'on ait affaire à deux agresseurs distincts. Le temps d'éclaircir tout cela, les Genin vont devoir se contenter des habituelles missions de rang C et D. Je suis navré de n'avoir su vous protéger."

L'air sincèrement désolé, le vieil homme se releva, annonçant la fin de cet échange. Et à peine eut-il le dos tourné que Mitsuki se précipita jusqu'à la maison de son ami.

"Mitsuki ! Ma douce, j'ai tellement eu peur qu'il te soit arrivé quelque chose !", l'accueillit Mikoto.

"Mitsuki-chan !", s'écria la petite voix de Sasuke derrière elle, "Vient voir ! Les nouvelles pupilles de Grand-Frère !"

Il était si fier ! Mais dans le cœur de Mitsuki, tout se chamboula encore. Itachi était là, bien vivant. Mais s'il avait activé les Sharingan ... Elle suivit le petit garçon sans laisser transparaître son inquiétude. Le visage fermé et les yeux sombres, Itachi croisa son regard, marquant un arrêt dans la grande pièce.

"Itachi ...", murmura Mitsuki, avant de se précipiter vers lui.

Il la laissa l'étreindre, se laissant lui-même aller contre son corps frêle, comme s'ils étaient tous deux la clé permettant de laisser enfin leur peine s'exprimer. Ils se comprenaient l'un et l'autre, et alors que Mitsuki devinait ce qui se cachait derrière le Sharingan, elle demanda simplement :

"Qui ...?"

"Tenma ... Il a sacrifié sa vie pour moi. Mais toi ... Comment ?" bafouilla Itachi, déjà au courant de l'histoire de sa jeune acolyte.

"Je ... J'en ai suffisamment parlé pour aujourd'hui ... Je suis ... J'ai cru ..."

"Moi aussi ... Je suis soulagé que tu ailles bien.", l'aida Itachi.

Oui, ils se comprenaient, et c'est une nouvelle fois ensemble qu'ils traverseraient cette épreuve.

Quelques jours passèrent, Mitsuki n'avait pas prononcé un mot depuis qu'elle était rentrée et ne mangeait presque rien, laissant Aruna désemparé. Elle avait très mauvaise mine, pâle et cernée. Et la tenue traditionnelle noire des shinobis pour les funérailles ne l'arrangeait en rien.

Ils se rendirent tous les deux au cimetière de Konoha, rejoignant les parents effondrés des Genin morts au combat, quelques amis de l'académie et bien sûr Itachi et sa famille. Celui-ci regarda Mitsuki de ses grands yeux onyx, mais contre toute attente, elle détourna le regard quand elle l'aperçut. Il n'ignorait pas combien de temps ils avaient pu passer à réfléchir à leur situation, chacun de leur côté, mais pourtant, il ressentit un pincement au cœur, ne s'attendant pas à ce qu'elle le rejette maintenant. Alors qu'il fit malgré tout un pas dans sa direction, son père le retint, lui intimant de lui laisser un peu de temps pour encaisser tout cela.

"Elle reviendra, le moment venu. C'est ainsi que l'on gagne en force", lui assura-t-il pour finir de le convaincre.

Itachi regarda amèrement le sol, ne souhaitant qu'une chose, être avec son amie pour l'épauler. 

Le Hokage prit la parole, contant les louanges de Maeda et de son équipe, tout comme de Tenma Izumo, laissant ensuite place au Sensei de celui-ci, qui pleura de manière invisible la perte de l'un de ses élèves devant une assistance murée dans un silence respectueux.

La pluie commença à s'abattre sur la foule, comme un écho au chagrin que chacun ressentait, les dispersant peu à peu.

" Bonjour, Mitsuki", salua le Sandaime alors qu'elle était plongée dans la contemplation des portraits de ses coéquipiers.

Elle le regarda, tandis qu'il passa un parapluie au-dessus de sa tête.

"Je sais que tu traverses une épreuve difficile ..." continua-t-il pour prendre la température de ses émotions, sans que Mitsuki ne lui réponde pour autant, "Mais je sais aussi que tu as fait tout ce que tu as pu pour leur venir en aide ..."

"C'est faux", le coupa sèchement Mitsuki, la voix rauque et les poings tremblants.

Aruna et les autres Uchiha, qui discutaient entre eux, s'étaient tournés dans leur direction à l'entente de ses mots, raisonnant encore entre les plaques du cimetière.

"C'est faux ! Et vous le savez très bien !", pesta-t-elle alors que tout son corps se mit à trembler.

"Mitsuki ...", tenta de tempérer Hiruzen en posant une main sur son épaule, qu'elle rejeta immédiatement avec la même véhémence.

"Si je n'étais pas limitée dans mes actions, si on me laissait me servir de ce fichu chakra, si j'avais pu avoir tous mes moyens pour me battre et les sauver ! Ils n'en seraient pas là !", hurla-t-elle, hors d'elle, " A quoi bon ?! A quoi bon emprunter la voie des ninjas si je ne peux même pas protéger les personnes que j'aime !"

Elle tremblait de plus en plus, et les larmes s'écoulaient sans s'arrêter sur ses joues.

"J'aurais pu faire tellement plus ! Mais je n'ai été qu'un fardeau ! Ils ont été sacrifiés par ma faute ! Ça n'aurait jamais dû arriver ! Ils n'auraient jamais dû mourir !!", cria-t-elle encore alors que le vent se levait autour d'elle.

Oui, elle avait eu le temps de réfléchir, et durant ces trois jours de tergiversation, c'était toujours la même conclusion qui se présentait à elle : elle était responsable de la disparition de ses pairs. Sa respiration se fit de plus en plus difficile et ses yeux virèrent au rouge en un instant. La colère qui montait en elle ne semblait pas inquiéter le Hokage, qui fit signe aux ANBU qui arrivaient de rester en retrait.

"Nous n'avons pas le choix, Mitsuki, et tu le sais ...", lui rappela-t-il, gardant une voix calme et paternelle.

"Et POURQUOI ? Je n'ai jamais fait de mal à qui que ce soit ! A quoi bon me garder ici, me garder en vie, si c'est pour que je reste aussi faible et inutile !! Combien de fois va-t-il falloir que j'assiste à la mort de mes compagnons ?! Je ne peux pas, je ne peux plus ...", s'effondra Mitsuki, faisant retomber la bourrasque qui s'était formée alors que ses yeux reprirent leur teinte normale.

Personne ne bougeait, ni ne parlait. Face à ce manque de réactivité, Mitsuki essuya ses yeux du revers de sa manche et s'élança vers les toits de Konoha, échappant à leurs regards inquiets.

"Maître Hokage, encore une fois, je suis de son avis ... Ne serait-il pas plus raisonnable de l'aider à maîtriser la force des Hata, plutôt que d'en faire une bombe à retardement ... Konoha aurait beaucoup à y gagner ...", souligna Fugaku qui n'avait pas manqué une miette de ce triste spectacle.

"Konoha pourrait aussi y avoir beaucoup à perdre malheureusement ... Cette attaque en est bien la preuve", soupira le Sandaime.

Alors que les adultes argumentaient au sujet du sceau de la jeune fille, Itachi s'était éclipsé discrètement à la poursuite de son amie. Il activa ses Sharingans dans l'espoir de retrouver sa trace plus facilement, et finit par la repérer debout au-dessus du rocher des Hokage, les yeux fermés et les cheveux ondulant au gré du vent.

Il attrapa délicatement sa main, alors qu'elle essaya de s'échapper lorsqu'elle eut détecté sa présence. Il l'obligea alors à lui faire face, et dans un regard empli de tristesse lui demanda :

"Pourquoi me fuis-tu ? Je suis là moi aussi, tu sais ..."

"La prochaine fois, ça pourrait être toi ...", lui répondit Mitsuki, la voix brisée, en lui désignant le cimetière des yeux.

"Mais je suis là aujourd'hui, Mitsuki-chan ... Et je serais encore là les jours suivant, je ne laisserais personne nous séparer, tu n'as pas à te préoccuper de cela", lui rappela Itachi.

"Je ne peux pas continuer, Itachi. Je ne pourrais pas supporter de te perdre toi aussi ... Avoir ton sang sur mes mains ... Je ne peux plus continuer dans cette voie, je ne serais jamais une kunoichi", déclara-t-elle, son corps frémissant à l'idée d'abandonner sa vocation.

"Je ne peux pas te laisser faire ça, Mitsuki-chan. Tu es destinée à devenir une grande kunoichi. Tu maîtrises déjà tellement de choses, et avec de l'entraînement tu en maîtriseras encore tellement plus ... Je ne peux pas te laisser abandonner ton objectif et tes rêves de paix ... et ... s'il-te-plaît ... ne m'abandonne pas moi non plus ... J'ai besoin de toi à mes côtés ...", l'implora presque Itachi, contenant difficilement son émotion.

"Itachi ..." soupira Mitsuki en baissant un peu plus la tête, incapable d'y faire face.

C'était bien la première fois que l'Uchiha s'exprimait aussi ouvertement, et cela ne faisait que la troubler un peu plus. Comment pourrait-elle l'ignorer, alors qu'il lui demandait lui-même de rester pour lui ? Elle en était tout simplement incapable.

"Tu n'es pas faible, Mitsuki", affirma le garçon sur un ton plus sec, "Tu t'es battue jusqu'au bout, tu as tout fait pour les aider, je le sais.  Et eux aussi le savaient ! Moi non plus, je ne supporterais pas de te perdre. Je te promets, Mitsuki, que ça n'arrivera plus. Je te promets de veiller sur toi à chaque instant et de te protéger quoiqu'il en coûte."

Des larmes s'échappèrent malgré lui de ses yeux noirs. Il avait beau essayer de masquer ses émotions pour la préserver, ce qui lui était arrivé le faisait souffrir, et comme Mitsuki, il avait cet horrible sentiment d'avoir échoué. Elle fit alors un pas dans sa direction, doucement, puis un autre, avant de se jeter à son cou pour le serrer à nouveau dans ses bras. Ils pleurèrent ainsi ensemble de longues minutes, laissant s'évacuer toute la peine qu'ils pouvaient ressentir. Les Ninja ne devaient jamais montrer leurs émotions, mais cette fois, ils s'autorisaient une trêve, dans l'intimité de leur duo si soudé.

Les mains d'Itachi agrippaient le dos de la jeune Genin, tandis qu'il respirait son odeur de cerisier qui lui avait tant manqué ces derniers jours. Alors qu'ils commençaient à se calmer, Mitsuki murmura à l'oreille du garçon :

"Félicitations pour l'éveil de tes Sharingan ..."

Dans un mince sourire, il la serra un peu plus fort avant de la relâcher, essuyant ses joues, rapidement imité par la jeune fille.

"Je te demande un peu de temps, Itachi-kun. Mais tu as raison ... Je ne peux pas me contenter de rester à attendre que tu rentres de mission pour m'assurer que tu vas bien ... J'ai peur, mais le meilleur moyen de veiller sur toi ... C'est de m'entraîner, encore et encore ... J'espère seulement pouvoir gagner en force pour ne plus jamais ..., s'étrangla-t-elle en repensant à la scène.

"Nous allons surmonter cela ensemble, je suis là, je serais toujours là", lui promit le garçon en la regardant avec détermination.

Il lui prit la main et ils repartirent ensemble en direction du clan Uchiha. Leurs familles les attendaient tous dans la maison d'Itachi. Ils soupirèrent de soulagement en les voyant revenir, les yeux rougis, mais l'air un peu plus serein.

Mitsuki enlaça d'emblée Aruna, qui frémit d'émotion en retrouvant un peu de sa chère sœur. Sasuke se joignit à eux, un sourire angélique aux lèvres.

"Restez manger avec nous !", proposa Mikoto, encore chamboulée de voir leurs enfants si tristes.

Aruna jeta un œil vers Mitsuki qui acquiesça sans hésitation. Ils dînèrent ensemble, le cœur un peu plus léger malgré la peine qui persistait. Mitsuki dévora, soulageant Aruna qui s'inquiétait sincèrement de son état de santé. Ils portèrent un toast tous en cœur en la mémoire des défunts, et plus réjouissant, Fugaku leva son verre, débordant de fierté, en l'honneur de son fils qui avait éveillé ses Sharingan, à l'âge de 8 ans seulement.

La soirée s'acheva dans la bonne humeur, et Aruna et Mitsuki repartirent bras dessus, bras dessous jusqu'à chez eux.

"Je n'abandonnerais pas, Aruna-kun.", lui annonça-t-elle.

"Je suis content que tu aies pu en parler avec Itachi. Je dois avouer que je ne suis pas serein à l'idée que tu reprennes les missions, après ce qui s'est passé ... Mais je craignais aussi que tu laisses tout tomber, après tous les efforts que tu avais fait pour en arriver là. J'ai confiance en toi. Prends le temps qu'il te faudra", l'encouragea Aruna.

"Mais je ne sais pas encore si je pourrais ... Je n'ai ... plus d'équipe"

"Eh bien, je comptais te le dire plus tard, car rien n'est encore acté mais ... Étant donné la situation, le Hokage compte t'intégrer dans l'équipe 2, le temps de trouver une solution définitive pour chacun ..."

Mitsuki en eut le souffle coupé. C'était si rapide, et surtout soudain ... Mais au moins, elle pourrait tenir sa promesse faite à Itachi, et cette fois, elle redoublerait d'efforts pour devenir la meilleure possible et ne plus jamais vivre un tel cauchemar !

Quelques semaines passèrent, et une fois le deuil passé, Mitsuki se mêla à sa nouvelle équipe. Ils se contentèrent de s'entraîner dans un premier temps, Itachi apprivoisant son Sharingan, et Mitsuki approfondissant corps et âme ses techniques médicales tout en essayant de s'adapter à ses nouveaux coéquipiers. Ce n'était facile pour personne, prendre la place de leur ami n'arrangeait pas l'appréhension dont faisaient preuve le Sensei, Yûki, et la troisième Genin, Shinko, quant à son identité. Mais elle était habituée, et tâcha seulement de faire de son mieux pour leur prouver qu'ils n'avaient rien à craindre d'elle. 

Après une journée où elle s'entendit dire par Shinko qu'elle ne serait jamais à la hauteur de Tenma, Mitsuki se rendit sur les tombes de ses coéquipiers décédés, comme presque chaque jour après son entraînement. Cette fois-ci, elle remarqua l'ANBU aux cheveux gris plongé dans ses pensées quelques dalles plus loin, une fleur à la main. Elle s'approcha de lui doucement, ne sachant trop comment l'aborder et murmura :

"Bonjour, Kakashi."

Il la regarda à peine du coin de l'œil, avant de grommeler :

"On ne t'a jamais appris à ne pas importuner une personne qui se recueille ?"

"Je venais juste te saluer, pardonne-moi ...", s'excusa-t-elle, confuse d'avoir manqué de respect.

Alors qu'elle voulut retourner à ses amis, l'ANBU la rattrapa par le poignet avant de soupirer :

"Non, c'est moi qui te demande pardon ... Tu m'as seulement surpris ... Ma réaction était inappropriée."

Il regarda par-dessus l'épaule de la Genin, et poursuivit :

"J'ai appris ce qu'il s'était passé lors de votre dernière mission ... Je sais combien il est difficile de perdre un partenaire. Ce sont des choses qui font malheureusement partie de la vie des ninjas. Ne te laisse pas envahir par tes émotions, cela ne mène à rien de bon, crois-moi. Et si tu as besoin de parler à quelqu'un ... de neutre ... eh bien ... sache que je suis là ... souvent ..."

Il se frotta l'arrière de la tête, visiblement gêné.

"Je ne sais pas si je peux réellement considérer un ANBU qui a pour ordre de me tuer dès que l'occasion se présentera comme quelqu'un de neutre, mais ta compassion me va droit au cœur", se moqua gentiment Mitsuki.

"Et toi tu me brises le miens", répliqua Kakashi, vexé.

Mitsuki émit un petit rire pour la première fois depuis le drame. Elle se surprit elle-même dans sa spontanéité et rougit instantanément :

"Désolée, ce n'est pas trop approprié, ici ..."

Kakashi sourit derrière son masque d'ANBU avant de lui chuchoter :

"Mais cela te va pourtant si bien."

Mitsuki étouffa un hoquet avant de retourner maladroitement vers la tombe de son Sensei, saluant l'ANBU d'une main en bégayant :

"A plus tard Kakashi !"

L'adolescent la regardait amusé avant de quitter le cimetière d'un saut.

Rapidement, le Hokage assigna des missions à l'équipe 2, se contentant des rangs D, voire quelques petites C ponctuellement. Leurs capacités grandissaient, mais c'est Itachi qui surpassa aisément ses coéquipiers grâce à ses Sharingan qu'il maîtrisa rapidement. Mitsuki pestait contre ses limites mais avait fini par abdiquer quant à l'idée de retirer le sceau, le Hokage ne cédant pas, et lui ayant confié la délicatesse de la situation du clan Uchiha, depuis qu'ils avaient pris sa défense lors de la précédente attaque de Konoha.

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