Chapitre 11: Kyo
J'ai encore plus envie de le tuer. Surtout maintenant que la lumière me permet de distinguer chaque trait de son visage. Je peux voir ses pupilles brunes me fixer et montrer toute l'excitation qu'il ressent. Je peux aussi voir ce petit sourire se dessiner sur ses lèvres. Ce tout petit sourire qui m'agace.
Je déteste le voir car, chaque fois que Deimos l'a, il trouve toujours un moyen de m'échapper. C'est comme un signal silencieux qui vient me prévenir que je vais encore une fois perdre. Parce que c'est bien son truc de me torturer. Mais je ne compte pas jouer à son jeu pour une fois.
Non, j'agrippe ce couteau avec plus d'intensité contre la chair de son cou. Je veux qu'il comprenne que je n'hésiterai pas une seconde à le lui trancher. Je ne le laisserai pas jouer avec mes limites ou me sortir la moindre excuse. Je suis à bout. Mais heureusement le destin semble être de mon côté.
Car, lorsque je tourne légèrement la tête à droite, j'aperçois son arme et la saisie également. Ça devrait l'aider à réaliser à quel point je suis sérieuse. Et je pointe son canon, sans la moindre hésitation, sur la tête de mon tortionnaire.
–Tu essaye de me faire peur ?
Ses premiers mots.
-Si tu oses bouger Deimos, je vais mettre tellement de mal dans ta petite tête que tes parents ne te reconnaîtront pas.
Mais évidemment, ça n'a pas l'effet escompté. Comme s'il y avait une chose sur cette terre qui pouvait effrayer se taré... Son sourire s'élargit comme si je venais de lui raconter une blague
-En effet, ça reste d'être compliqué...
-C'est-à-dire ?
-Je les ai tués.
Il lance cette bombe avec une telle froideur dans le regard que j'en ai des frissons. Et je sais qu'il ne plaisante pas. Même son petit sourire s'est effacé. L'expression de son visage est sans émotion et inquiétante.
-Comment on peut arriver à tuer ses propres parents ?
Mais il ne répond pas. Parce qu'il sait ! Il sait que rien ne pourra me faire compatir avec lui. Surtout quand les miens on été si sauvagement abattu. Non, je ne pourrais pas compatir avec lui-même si j'essayais. Il sait quelle souffrance et quelle douleur ça été de les perdre, alors je ne veux pas l'entendre se réjouir d'avoir égorgé ou poignardé les siens.
Même si, au fond de moi, j'ai bien envie de savoir quelles stupides excuses il pourra sortir, je ne crois pas être en état de l'entendre. Donc, à la place, je me lève. J'en ai marre de cette mascarade, je veux juste m'en aller. Mais il décide d'empirer la situation, en me retenant le bras. Ça lui vaut une deuxième gifle.
-Ta réaction est légèrement excessive, Kyo.
Il aurait mieux fait de se taire. Je le gifle de nouveau. Mais cette rage, cette colère que je ressens au fond de moi est beaucoup trop forte et incontrôlable pour que je le laisse s'en sortir si facilement. Je me mets également à le frapper.
De plus en plus fort. Je m'en fiche qu'il se laisse faire ou ne réplique pas. J'ai juste envie de lui faire mal. Parce que je n'ai marre de lui, marre de l'entendre, marre de le voir... Mais lui aussi arrive à sa limite. Il agrippe mon cou d'une main et me plaque violemment contre le mur.
-Tu as fini ?
Je le gifle une dernière fois, le prenant par surprise. Il doit carrément fermer les yeux une minute pour se retenir de rendre le coup.
-Là, oui..., je lance avec un grand sourire.
Mais il s'efface très vite quand il pose de nouveau ses lèvres sur les miennes. Pendant de longues minutes insupportables. J'ai beau taper de toutes mes forces et essayer de le pousser, rien ne fonctionne. Je dois carrément le mordre pour qu'il recule légèrement. J'enfonce mes dents si profondément dans sa lèvre que je dois recracher du sang. C'est dégueulasse !
-Tu es content Deimos ? C'est ce que tu voulais ?
Il lèche sensuellement sa lèvre ensanglantée et sourit. Qu'est-ce qui cloche lui ? Parce qu'il lui manque clairement des cases. Personne ne peut avoir ce genre de réaction après s'être fait ouvert la lèvre de la sorte ! Même si rien ne devrait plus m'étonner avec lui.
-Ça en valait clairement la peine. Ses lèvres sont aussi douces que je le pensais.
Pardon ? ! Il se rapproche encore plus et pose sa main près de mon visage. Mais il le fait si violemment que je sursaute légèrement.
-Tu pensais vraiment que j'allais supporter d'être aussi près de tes belles lèvres sans les embrasser ?
-À vrai dire, non.
-Évidemment...
Puis je sens son regard descends dangereusement son encore.
-Qu'est-ce que tu vas me faire ? Me violer ? Ici ?
-Moi ? Je croyais que tu me connaissais mieux que ça, little heart. Je suis un peu déçu...
Il se penche et enfouit sa tête dans mon cou, jusqu'à ce que je sente son souffle réchauffer ma peau. Je me fige.
-Ne sois pas pressé, little heart. Un jour tu seras moi et je te posséderais. Ça n'aura rien à voir avec le hasard. Ce ne sera ni dans ton lit, ni dans un sous-sol mal éclairé. Ce sera dans le vide, tes mains agrippant le balcon...
Il se rapproche encore plus.
–... et je t'assure que tu en redemanderais.
Quand il repose son regard sur moi et que j'y lis l'intensité de son désir, quelque chose s'allume en moi. Il en profite pour passer son pouce sur ma lèvre. Je ne sais pas vraiment comment réagir.
-Je peux te sentir, d'ici, serrer les jambes little heart, comme je peux sentir les pulsions de ton cœur s'accélérer. Tu ne veux pas l'avouer, mais ça t'excite tout ça.
Il a raison. Mais je préférais mourir que de l'avouer. Donc à la place, je me dégage violemment et lui fais face. Il semble étonné de ma réaction.
-Du calme !
-Tu n'avais qu'à pas m'embrasser sans mon consentement connard !
-Je t'ai offert un beau cadeau, il ajoute, ça méritait bien aux récompenses
-Oh, tu veux parler de ce chat de malheur ? Je ne t'avais rien demandé !
-Oh.
Je lis de la déception dans son regard.
-Tu n'as pas aimé ?
-Si j'ai aimé ? Évidemment ! J'ai adoré devoir parler à cette voisine de malheur pour qu'elle le garde. J'ai adoré qu'il enfonce ses griffes dans mon canapé. J'ai adoré qu'ils détruisent mon oreiller. Et j'ai adoré devoir aller lui chercher quoi manger, sous la pluie, à trois heures du matin !
-Oh.
S'il dit une fois de plus « oh », je l'étrangle. Heureusement il ne le fait pas. Il s'arrête un moment pour réfléchir et repose mon regard sur moi.
-J'y penserais la prochaine fois.
-C'est tout ?
-Qu'est-ce tu voulais que je dise ?
Je vais exploser !
- Ça suffit! J'en ai marre de toi Deimos et je veux que tu me foute la paix !
-Mais...
Il passe sa main autour de ma taille et me contre lui. Puis, il remet quelques mèches derrière mon oreille et me lance le regard le plus étrange possible. Il a l'air captivé ou parti ailleurs. Je ne sais pas vraiment...
-J'essaye juste de prendre soin de toi,little heart. Je suis le seul capable de le faire !
-Mais ce n'est pas ton rôle ! C'est celui de mon petit ami, Alex. Le seul que j'aime.
Son sourire s'efface.
-Pardon ?! Répète ça...
Mais son regard menaçant me conseille de me taire. Et c'est ce que je fais.
-Ose répéter ça,Kyo !
Et j'ai de nouveau peur. Je préférais quand il souriait. Parce que là, j'ai l'impression qu'il se retient de m'étriper. Heureusement pour moi, le destin ne m'a pas abandonné. Mon téléphone sonne et je réponds sans la moindre hésitation.
-Alex ? Je suis avec Deimos !
Je ne lui laisse pas le temps de parler. Je veux qu'il sache avec qui je suis, au cas où quelque chose m'arrive. Le concerné me lance un regard noir mais reste silencieux.
-Oh, tant mieux ! Met le haut-parleur !
Je ne comprends pas pourquoi il aime l'inclure dans les enquêtes. Après tout Deimos n'est pas policier. Mais j'en ai marre de me répéter donc je cède. Et je réalise très vite que c'est peu agréable d'avoir une conversation téléphone, collé contre un torse dur. Parce que démence refuse de me lâcher.
Non, lui il se sent peu concerné par la conversation et préfèrent me caresser la tête, me sourire et me regarder comme un coffre de banque rempli de lingots. Parce que, personnellement, il n'y a que l'or que je pourrais regarder de la sorte.
-Le médecin a eu les résultats, me prévient Alex.
-C'est génial. Alors ?
-Pas de restes humains.
C'est déjà ça...
-Mais ils ont trouvé une espèce de carte à jouer dans l'estomac de la victime.
-Pardon ?
-Tu as bien entendu. Un as de pique ! Sauf que... il y a une espèce d'égale dessiné en plein milieu, au feutre.
Je soupire bruyamment. C'est quoi ce bazar ? Qu'est-ce que Deimos fabrique ? Déjà il se met à mettre le feu aux scènes de crimes et maintenant il fait avaler des cartes de jeux à ses victimes ? Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez lui ?
-Mais c'est une bonne chose, ajoute Alex à ma grande surprise.
-Vraiment ?!
-Oui ! Ça m'a rappelé une vieille enquête sur laquelle j'ai travaillé : celle de Suki Rent.
L'évocation de ce prénom déclenche chez Deimos une réaction inattendue. Colère ? Peine ? Je ne sais pas. Mais ce simple prénom fait valser son assurance, le rendant aussi effrayé qu'un gamin. Son regard se vide et il se fige. Aurais-je enfin trouvé son point faible ?
Ça va devenir très intéressant. Je vous conseille de bien garder cette carte quelque part. Ça va être utile pour la suite!
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