Jack
L'immortalité était le rêve de tout homme. Malgré les tas de légende, personne ne put réaliser l'impossible. Boire l'eau de la fontaine de jouvence ne fonctionna point. Sacrifier son âme auprès des démons non plus.
Il y avait toute sorte d'indications dans des ouvrages concernant la nécromancie mais rien d'assez précis sur le résultat. Les humains se sont alors résignés à vivre comme ils le pouvaient sans chercher à transgresser la règle de la nature.
Pourtant, un homme connu sous le nom de Jack, prétendait être devenu immortel. Les villageois le prenaient pour un menteur et se moquaient de lui à chaque fois qu'ils passaient devant lui. Le Tavernier refusait même de le servir car il n'aimait pas les personnes malhonnêtes.
« Tu n'es qu'un piètre truand » disaient les vieilles femmes du lavoir. « Tu devrais quitter ce village... »
C'était cependant la vérité. Cet homme s'était battu contre une maladie étrange et s'en est sorti avec une bénédiction. Il pouvait mourir des milliers de fois, il finissait toujours par revenir. Jack était devenu heureux. Ils pouvaient tous lui cracher dessus, personne n'allait lui retirer son bonheur. Vivre éternellement aux côtés de sa femme et de son enfant, il ne pouvait pas rêver mieux.
Un jour, un type s'en est pris à sa femme, lassé d'entendre les mêmes histoires à dormir debout.
« Être immortel est impossible ! Il ne raconte que des salades et on en a marre ! Jack est complètement fou, il va devoir partir ! »
Rejeté par ses voisins, les habitants de son village et même sa famille, il décida de leur prouver que tout était vrai. Une fourche en main, il hurlait son prénom sur la place : JE SUIS JACK L'IMMORTEL !
Puis il se perfora les poumons sans hésitation. Les enfants hurlaient de peur, les villageois étaient dégoûtés et sa femme n'osa pas le regarder une seconde de plus.
- Jack, tu es allé trop loin, déclara le maire. Tu es un monstre... Pars loin d'ici, je t'en prie.
- Il n'est pas humain, lui.
- Immonde... Il aurait sûrement dû crever.
Les injures qu'il entendait se bousculaient dans sa tête. Il n'y avait personne à Bilgam, le village où il s'est marié, pour comprendre son chagrin. Perdre sa famille, ses amis et sa place pour une simple vie éternelle. Il retira la fourche en crachant énormément de sang et sourit, les larmes aux yeux.
- Je... Je suis vivant...
- Dégage d'ici on t'a dit !
Bombardé de caillasse, il s'enfuit en courant et décida de ne plus jamais revenir ici.
Sur sa route, plongé dans le désespoir, il rencontra un chevalier perdu. Décidés à faire du chemin ensemble, ils se présentèrent et allèrent jusqu'à devenir meilleurs amis.
Vint le jour où Jack et Denis discutèrent de l'immortalité.
- Sérieux ? Tu en as de la chance !
- Tu me crois ?
- Ben oui. Pourquoi me mentirais-tu ?
Il venait enfin de trouver quelqu'un qui avait confiance en lui. Hélas, ce n'était pas assez.
- J'aimerais devenir normal.
- Tu peux aussi, je suppose. J'ai entendu parler d'un glyphe d'annulation de malédiction.
Désormais, l'homme aux cheveux bruns et aux yeux marron avait un objectif. Une destination. Il devait trouver cette fameuse pierre capable de lui rendre sa vie d'antan afin de revoir sa femme et son fils.
En pleine forêt, les deux amis marchaient, en direction de la capitale. Ils restaient silencieux, à l'écoute de la nature. Des monstres ou des animaux sauvages pouvaient sortir de nulle part.
Au bout d'un certain temps, Jack s'arrêta.
- Je suis affamé. Mangeons un bout.
- Tu as raison, on devrait manger mais attendons d'être à la capitale pour ça.
- Non, justement. Si je m'arrête ici, c'est parce que je n'ai pas envie de te perdre. Lorsque tu seras rentré, nos chemins se sépareront.
Il y avait beaucoup de créatures étranges à Mernes. L'une d'elle était appelée « griffeur » et elle était redoutée par beaucoup de chevaliers pour son agressivité et sa vitesse.
- Jack...
Ils n'eurent point le temps de voir le monstre que celui-ci trancha le bras de son ami. Le sang coula sur son armure d'argent et il tomba à la renverse, déboussolé.
- Merde...
Jack sortit ses dagues et s'apprêta à riposter quand soudain, il entendit le hurlement de son ami à qui il venait tout juste de tourner le dos.
- DENIS !
Il courut jusqu'à son ami égorgé. Il arrivait à peine à respirer et n'était plus capable d'aligner deux mots sans tousser et recracher son sang.
- J'aurais aimé... Être immortel...
Ce furent ses derniers mots et le monstre s'enfuit sans que Jack ne puissent venger son seul ami.
Il apprit beaucoup plus tard que le chevalier était attendu par sa femme et ses trois enfants. Déprimé et enragé après sa propre malédiction, il s'est rendu auprès de la garde de la capitale.
« J'ai tué Denis... »
Torturé des années durant, dans les geôles du château, il se sentait de moins en moins coupable. C'était sa pénitence...
Puis, un beau matin, un saint chevalier vint le libérer.
- Que... Que me voulez-vous ?
Les cheveux longs, devenus blancs et le regard vide, l'homme ne vit point la personne qui venait le sortir d'ici.
- Tu peux partir.
- Qui est-ce ?
- Un ami de Denis...
C'est depuis ce jour que ce prisonnier se mit en quête du glyphe, par ordre de son sauveur :
« Tu ne peux pas mourir, n'est-ce pas ? Alors va chercher le prisme de purge et redevient humain. Ensuite, je te tuerais pour venger mon ami... »
Ainsi débuta son pèlerinage en direction de chaque lieu de Mernes jusqu'à trouver de quoi lui offrir le repos éternel.
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