8. L'ordre de Kaber
Les cadavres éparpillés et empalés dans les plaines de Carlem gisaient depuis déjà quelques minutes. Pour vérifier l'état des corps et s'assurer qu'il ne reste plus personne de vivant, les derniers soldats écrabouillaient les têtes de chacun des ennemis.
Pendant ce temps, Mikhail se rendit dans les quartiers du château qui menaient aux douches. Cependant, avant qu'il ne puisse aller se laver, son père vint le voir.
- Félicitations pour votre travail à tous.
- J'ai bien géré le combat, je sais.
- Ne prends pas trop la grosse tête et écoute moi, mon fils.
L'homme paraissait troublé par quelque chose. Il ne regardait pas son enfant dans les yeux et il avait l'air de se sentir observé.
- Je vais t'envoyer loin du royaume.
- Pour quelle raison ?
- Je vais devoir te parler de quelque chose avant... Rejoins-moi dans la salle à manger pour le déjeuner.
Une heure plus tard, ils se retrouvèrent face à la grande table, devant leurs assiettes remplies de nourriture gastronomique.
- Alors, qu'avez-vous à me dire ?
- Mikhail...
L'homme prit sa coupe de vin et prit une grande inspiration.
- Il est temps que tu saches la vérité sur l'ordre de Kaber...
Des années auparavant lorsque son fils avait dix ans et que Soran en avait douze, le roi avait organisé une très grande fête dans la capitale. Les habitant se réjouissaient de leur première victoire contre l'armée impériale et de la paix qu'allait connaître le royaume pendant de longues années.
Entouré de ses soldats et dos à ses fils, Quin faisait son discours :
- Mes chers chevaliers ! Voici venu le moment pour vous de profiter des festivités. Reposez-vous donc dès aujourd'hui et permettez-moi de vous remettre des médailles d'honneur !
Soran courut jusqu'à son père et sautilla sur place.
- Moi aussi, je peux en avoir une ?
L'homme sourcilla et poussa son enfant.
- Il en est hors de question. Jamais tu n'en toucheras, tu es un prince et non un soldat.
Bartolomia, plus loin, regardait Soran s'enfuir en courant. Afin de le calmer, il se téléporta jusqu'à lui. Dans un sombre couloir l'enfant se retrouva nez à nez avec le bras droit du roi.
- Qu'est-ce que tu as ?
- Soran, voyons, calme-toi. Tu es un jeune prince, ton avenir sera grandiose et tu dirigeras le pays.
- Ça, c'est sûr. Mais certainement pas à vos côtés.
Il poussa le chevalier et poursuivit sa course. C'était la dernière fois que son père put le voir.
Mikhail, qui entendait le roi lui raconter ceci, frappa la table de son poing.
- Ça, je le sais ! Vous avez ensuite envoyé une armée à ses trousses pour le ramener ici et personne n'a jamais réussi à le retrouver !
- Justement, c'est ce que je t'ai fait croire pendant tout ce temps et maintenant, tu vas apprendre la vérité.
Les yeux du garçon s'ouvrirent en grand.
- Seul Bartolomia est revenu de cette expédition. Il put s'enfuir après avoir découvert la nouvelle identité de ton frère qui aujourd'hui fait partie d'un ordre qui s'est construit à partir d'un simple glyphe.
- Qu'est-ce que vous racontez ?
- Une reine en peine utilisa une perle maudite pour ramener son mari à la vie mais lorsqu'une personne meurt, ses émotions disparaissent. C'était le cas du roi fantôme. Celui qu'elle a fait revenir à Mernes était différent.
Un roi assoiffé de sang et tourmenté par son sort. Seules les émotions les plus sombres étaient encore dans son cerveau. Son plus grand regret était de ne pas avoir pu régner sur son royaume assez longtemps pour le maintenir dans une prospérité parfaite.
- Alors il s'est créé une armée pour tout détruire. Une armée de personnes au cœur noir. Aux esprits animés par la rancœur. Ce sont ceux qui veulent plonger notre royaume dans la pénombre la plus totale et déclarer la guerre finale.
- On doit les arrêter, s'écria Mikhail.
- C'est pour ça que je t'envoie à Estaloff immédiatement. Là-bas se trouve un chevalier noir qui erre depuis bien des jours maintenant. Les habitants s'en plaignent et ne peuvent que compter sur nous étant donné que Soran a conquis leur royaume.
Sans perdre de temps, aussitôt le repas terminé, le prince se rua jusqu'au sous-sol. Il y récupéra son armure blanche et sa longue épée rouge. Il était temps pour lui d'aller sauver les habitants d'une citée enneigée.
Deux jours plus tard, il arriva enfin sur place. La ville était désolée. Le froid s'intensifiait à chaque seconde et un silence troublant dominait ce magnifique paysage. Il n'y avait pas un chat.
Mikhail avança dans ce décor au ton blanc. Sous la tempête de neige qui l'empêchait de voir à plus de cinq mètres, il marchait en observant les alentours. Selon les dires du roi, un chevalier noir patrouillait dans la ville et terrifiait les pauvres habitants.
- Vous êtes perdu ?
Par réflexe, il dégaina son épée et la brandit en se retournant. La lame était à seulement un centimètre de la gorge d'une silhouette.
- Qui êtes-vous ?
- Parlons-en à l'intérieur de la librairie, si cela ne vous gêne pas.
Sans plus attendre, le chevalier entra dans le bâtiment avec l'inconnu.
- Bon, c'est quoi cette histoire ? Pourquoi tu étais dehors ?
- J'aurais pu te poser la même question mais je sais déjà ce que tu fais ici, sourit le mystérieux garçon aux cheveux argentés. J'ai entendu tes pensées et c'est pour cette raison que je suis venu te voir.
Il tendit sa main à Mikhail et sourit.
- Je m'appelle Arthirion. Enchanté, prince de Quan.
- Vous êtes un mage ?
- En quête d'apprentissage, oui. Je suis venu ici après avoir récupéré un objet qui a bien fait évoluer mes pouvoirs. Pourtant, je ne trouve aucun ouvrage intéressant.
Le saint chevalier s'approcha de la porte de sortie.
- Que se passe-t-il vraiment ici ?
- Je ne sais pas trop, je suis arrivé il y a quelques heures. Apparemment, quelque chose rôde ici, rendant une ville emplie de joie...
- Totalement déprimante, répliqua Mikhail. Je vois.
- Je t'aiderais bien à vaincre ce truc mais je dois encore trouver ce que je cherche.
Il n'y avait pas de lumière dans ces sombres couloirs remplis de livres. Avec son orbe lumineux, Arthirion avançait en fouillant chaque étagère. Au bout de quelques minutes, il trouva son bonheur : Avalonia. C'était le titre du premier livre du maître.
- Je pars affronter le chevalier noir.
- Fais comme bon te semble. Bonne chance, Mikhail.
- Merci, mage fou...
Un sourire se dessina sur les lèvres du garçon.
- Fou, je n'en doute pas...
Des bruits de pas attirèrent l'attention du prince. Ceux d'un chevalier. Sûrement son ennemi. Caché derrière une caisse congelée, il s'apprêtait à bondir mais celui-ci avait déjà senti sa présence. Le membre de l'ordre se dissipa en une fumée noire qui s'approcha très vite de Mikhail. Puis, il se matérialisa à nouveau en chevalier noir, une hache en main.
Doté de réflexes parfaits, il évita l'attaque en se jetant sur le côté. Puis, lorsqu'il s'apprêta à riposter, il ouvrit grand ses yeux et se mit à genoux. Doucement, il tourna la tête sur la gauche et vit son bras au sol, tranché net. La douleur vint ensuite le tétaniser et le fit hurler si fort que le mage put l'entendre, même plongé dans une lecture passionnante.
- C'est tout ce que tu vaux, Mikhail ? Ça ne t'a pas apporté grand chose de rester à Quan, hein ?
Cette voix froide et suave lui donna des frissons et son cœur devint lourd.
- Soran... Tu n'es qu'un enfoiré...
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top