3. Rencontre importante

Pegredin. La cité marchande était son deuxième nom. Baignée dans la lumière et la joie, cette ville était toujours animée. Les marchés ouvraient chaque jour et de nombreux touristes venant des quatre coins de Mernes vendaient leurs produits.

Cet endroit comptait environ six milles habitants dans une superficie de 40km. La nuit tombée, ce paradis marchand devenait un bar géant. La plupart des tavernes n'ouvraient que la nuit afin de laisser place à tous les fêtards.

Hermin arriva enfin à destination. Il ne lui restait qu'à trouver le fameux Rickert. Apeuré par une telle populace, il n'osait pas avancer. Jamais le majordome n'avait été entouré à tel point qu'il ne voyait plus où il allait.
- Approchez, approchez ! hurlait un homme prêt de lui.
Intrigué, le jeune homme s'approcha du stand.
- Eh, toi là... Tu veux un bracelet de canalisateur ?

Un type s'interposa en posant sa main sur l'épaule du garçon.
- Il n'est pas magicien, c'est inutile.
Sans saluer le majordome, l'inconnu l'emmena plus loin. À l'écart des stands de la porte sud de la cité, il adressa un sourire au nouveau venu.
- T'es perdu, t'es forcément un touriste. Ne t'approche pas de ces personnes, il y a beaucoup d'arnaques ici.
- Attendez, je ne suis pas venu ici pour acheter quoique ce soit.

Dévisagé par cette personne vêtue de tissu déchiré et aux chaussures déchiquetées, Hermin ne se sentait pas à l'aise.
- Vous êtes un voleur ?
- Et vous, vous êtes taché de sang. Ne nous jugeons pas entre nous.
- Quoi ? Non, ce sang n'est que...
Il se fit aussitôt interrompre par son interlocuteur qui posa son index sur ses lèvres.
- Ne vous justifiez pas, c'est inutile. Que faites-vous donc à Pegredin ?

Le majordome raconta son histoire au voleur. Ne souhaitant que le bien d'autrui, l'inconnu l'emmena plus loin.
- Moi, je ne vole que les salauds qui estiment qu'une simple baie de Craniaus vaut dix pièces d'or.
- Quel en est le prix moyen ?
- Une seule, l'ami. Une seule foutue pièce d'or. Ces types sont des arnaqueurs et je ne fais que leur donner une bonne leçon.

Dans une ruelle, les garçons avançaient à l'abri des regards, dans les ténèbres silencieux.
- Sommes-nous proche de chez Rickert ?
Le voleur s'arrêta soudain devant Hermin. Puis, il se retourna en riant.
- Hahaha, je suis navré l'ami, on ne s'est pas compris.
L'inconnu sortit sa main de son habit sale. Il tenait une dague rouillée et brisée.
- Je ne suis pas un mec bien et toi, tu n'es qu'un idiot qui va gentiment me donner son argent.
- Alors c'est ça, Pegredin ? sourit le Majordome. Des marchands qui se moquent de leurs clients et des voleurs ? C'est moins amusant que je ne le pensais.

Très rapidement, le type s'élança jusqu'au jeune homme, se sentant dévalorisé. Cependant, devenu légèrement plus agile suite à ses ennuis récents, il attrapa le bras du voleur.
- Tu as craché sur mon honneur... Je vais te buter...
- Expulsion.
Les chaussures de l'agresseur glissèrent sur le sol. L'ennemi venait de reculer sur quelques mètres. Le sortilège du majordome ne fonctionnait que sur des âmes blessées. Le voleur devait prendre quelques coups avant d'être vaincu.
- On se reverra, Hermin ! Tu as fais l'erreur de te présenter à moi !

Puis il disparut dans un voile de brume, laissant à nouveau seul le fier serviteur de Canon.

La cité grouillait de monde. Les passants s'entassaient les uns sur les autres pour accéder aux meilleurs stands. Il y avait de la nourriture, de l'alcool, des familiers en cage, des armes et bien d'autres babioles.
- Approchez messieurs, n'ayez pas peur !
- Qui veut des bonbons ? hurlait un autre marchand.
Certains se déplaçaient avec leurs objets à vendre.
- Mesdames, mesdemoiselles, messieurs ! Essayez ma toute nouvelle pierre de feu ! Vous allez faire des ravages !

Pourtant, personne ne semblait être intéressé par l'alchimie car après avoir interrogé bien des passants, Hermin ne savait toujours pas où le trouver. De toute façon, il avait bien compris qu'il ne pouvait faire confiance à personne.

Enfin, lors du coucher de soleil, il arriva devant une maison en forme de potion. Il y avait un peu moins de civil excité par ici. La porte nord était plus axée sur les ateliers. Le majordome frappa donc à la porte. Quelques secondes après, un homme vint lui ouvrir.
- À qui ai-je l'honneur ?
- Euh... Bonjour. J'ai une urgence.
- Moi aussi, j'ai un client.
Il retourna à l'intérieur et fit signe au garçon d'entrer.

Le laboratoire semblait si irréel. C'était impressionnant pour Hermin de voir des objets flotter dans les airs, des potions partout et des perles magiques traînant sur le sol.
- Alors, je disais que cette potion allait peut-être te tuer. T'es toujours partant pour la prendre ?
- J'y suis bien obligé. Je dois récupérer quelque chose dans un tombeau mais cela risque d'être bien trop dangereux pour moi d'en sortir.
- Tu veux profaner un tombeau ? C'est moyen, ça...

Le mage croisa ses bras et appuya ses fesses sur le bord d'un établi.
- J'ai choisi un thème interdit et seul cette option me permettra d'étudier ce que je veux.
- Bon, alors saches que si tu bois ça, tu vas être instantanément emmené ailleurs. Donc il faudra que tu avale tout le liquide après avoir visualisé ta destination. Tu mourras si tu apparaît sur un humain, un monstre ou dans un mur. Surtout, ne laisse pas la moindre goutte dans la fiole. Il y a tout juste assez pour te faire disparaître entrèrent. Si tu ne bois pas tout...
- Je ne serais pas téléporté entièrement. Je vois. Merci, chef !

Alors que le mage fit apparaître un sac pour y ranger sa potion, Hermin se rua vers eux avec hâte.
- Maintenant que vous avez fini, aidez-moi ! Mon maître a été empoisonné ! Un type de l'ordre de...
Il baissa les yeux et se gratta l'arrière du crâne.
- J'ai oublié mais il m'a dit que seul un alchimiste tel que vous me serait utile.
Rickert recula brusquement.
- Hermin... C'est ça ?

Selon l'homme, seul son meilleur ami avait pu être attaqué par l'ordre. Du moins, c'était le seul parmi ses connaissances.
- Il m'a beaucoup parlé de toi, petit. S'il a autant confiance en toi alors je vais te donner une mission.
- Quelle est-elle ? Je ferais tout pour aider maître Canon !
Le sorcier s'apprêtait à partir, quand il entendit les dernières paroles de l'alchimiste :
- Je vais veiller sur lui pendant que toi, tu iras chercher trois ingrédients primordiaux pour concocter l'antidote.

Une fleur de Lys, de l'eau de l'océan noir ainsi qu'un oeil de Corbyx.
- La fleur de Lys ? s'étonna le magicien. C'est proche de l'oasis de Valalm, sur mon chemin. On pourrait faire un bout de trajet ensemble, qu'en dis-tu ? On aura bien moins de mal à vaincre des monstres sur notre passage.
Le majordome n'hésita pas un seul instant.
- Au fait, monsieur Rickert. Il est inutile de vous faire la morale mais sachez que vous auriez dû vous occuper de votre père. Au moins, lui dire au revoir.
- Tu connais Julius ?
- Non, je l'ai juste rencontré aujourd'hui et je l'ai vu mourir...

Ces mots blessèrent l'alchimiste. Ne souhaitant en revanche montrer ses émotions qu'au maître Canon, il disparut d'un claquement de doigt, laissant seuls les deux aventuriers.
- Au fait, je me présente. Je m'appelle Arthirion. Heureux de faire ta connaissance.

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