16. Résolution

Selon un scientifique de Mernes, l'eau avait une mémoire. D'après ses expériences, elle était capable de retenir des informations mais également de les comprendre. Avec sa magie, il transforma quelques bocaux en glaçons afin d'y geler l'eau à l'intérieur. Sur ceux-ci, il plaça un glyphe sonore. Le premier était la joie. Le second l'amour. Le troisième la peur. Le dernier, c'était le chaos.

Lorsque vint le moment pour lui d'achever une expérience, il retrouva ces glaçons et décida de les inspecter avec une magie bien étrange. Lorsqu'il vit de très près les cristaux du premier, il hurla, heureux. Ceux-ci paraissaient purs, élégants, bons... L'eau avait entendu le mot joie et put retenir l'émotion dans ses particules.

Enjoué comme le contenu du premier bocal, il sauta sur celui de l'amour. Les cristaux rosâtres luisaient et les quelques petites fissures paraissaient lisses. C'était décidément une réussite surprenante. Puis, il alla observer le troisième qui n'était autre que l'horreur à l'état cristallisé. Il y avait de nombreuses fissures, des points noirs et une texture vaseuse.

« L'eau est l'essence même de la vie. L'eau est un miracle ! »

Le dernier bocal ne fut point analysé. Laissé à l'abandon parce que le scientifique n'en avait plus besoin, il fut submergé par la solitude. Sans glyphe supplémentaire, la mémoire de l'eau fut altérée par l'oppression. Ses cristaux devenaient entièrement noirs, se brisaient et finirent en un tas de morceaux tranchants.

La magie noire qui était contenue dans cette eau se transforma en un petit gouffre aspirant petit à petit l'énergie vitale des autres tel un Swarlin. Puis, elle devint une sorte de trou noir. Au fil du temps, tout fut aspiré et cette chose alla jusqu'à détruire un royaume tout entier. Seul un survivant s'en échappa : le prince Kaber...

« Cette magie qui a détruit mon pays deviendra un atout pour détruire les autres »

Au beau milieu de ce monde vaste, l'homme attendait la moindre attaque ennemi. Cependant, ils avaient également l'air d'hésiter.
- Dis-moi, Soran... Que fais-tu près de ton père ? Si tu veux le tuer, fais-le immédiatement
- Si ça avait été pour la bonne cause, déclara le roi, je me serais sacrifié dans l'immédiat.
Il retira sa dague de son petit fourreau et pointa celle-ci vers son fils.
- Hélas, nous sommes confrontés à une autre situation qui ne me plait guère. Je vais devoir t'affronter si tu veux ma tête.

Le garçon avança sans broncher la moindre seconde. Puis, il passa à côté du roi qui tremblait comme une feuille.
- Je sais que tu es fort, tu es capable de me tenir tête mais tu as peur de devoir tuer ton propre fils.
Il continua sa route jusqu'à approcher son maître.
- Cependant, ce combat ne nous sera d'aucune utilité. Ce soir, je suis prêt à payer pour mes crimes...
Kaber serra les dents et ferma légèrement son œil gauche.
- Tu te fous de moi ? TU TE REBELLES ?

Les deux hommes se ruèrent dessus l'un l'autre et commencèrent par s'attaquer à coups d'épées droites. La lame de celle de Kaber était noire, l'autre était blanche. Ils s'échangèrent un tas de coups cinglants. Puis, Soran tenta une tranche retournée. Le roi ennemi sauta au-dessus de l'arme et retomba dessus. L'épée était coincée entre l'océan servant de sol et les pieds de son adversaire.

Désarmé, le fils de Quin recula sur plusieurs mètres en courant. Pendant ce temps, le roi fantôme courut jusqu'à lui en hurlant le nom de sa prochaine attaque : Altération !

Une sorte de cercle noir telle une onde matérielle fut envoyée jusqu'au bras de Soran qui fut touché. Son biceps gauche commença à gonfler et devint noir. Ses veines explosèrent. La douleur s'intensifiait à chaque seconde.
- Vous êtes désespérants, déclara Kaber. Vous n'avez toujours rien compris ? Un dicton dit que la lumière l'emportera toujours sur les ténèbres.
Il créa une petite sphère entre ses mains.
- Pourtant, j'ai réussi à prouver le contraire... En fait, c'est la force qui compte. La force brute, magique et mentale ! Écrasement !

Il lança la boule noire qui devint immense et implosa au contact du frère de Mikhail. Le saint chevalier hurla alors si fort que Kaber en eut des frissons. Avalon attrapa le garçon qui s'apprêtait à courir venger Soran.
- Je vais le faire pour toi...
Mikhail se retourna et tenta de trancher le sorcier.
- C'EST PAS TES HISTOIRES !

Arthirion lui bondit alors dessus et le fit voler plus loin. Le mage atterrit sur le corps du chevalier qui glissa encore sur quelques mètres.
- Ne touches pas un seul cheveux d'Avalon...
Puis, il leva les yeux. Une sphère noire comme celle qui avait supprimé Soran se trouvait juste devant lui.
- Merde !
En oubliant aussitôt leur petite altercation, il attrapa son camarade et s'enfuit.

L'ultime sorcier se retrouva alors derrière le roi Kaber.
- Je t'ai toujours admiré, tu sais. Depuis la première seconde où j'ai entendu parler de toi.
L'ennemi ouvrit grand ses yeux, sans se retourner.
- Tu étais puissant, intelligent et ambitieux. Tu as toujours su me convaincre avec tes idéaux et tu as eu raison bien des fois. Cependant, il y a un détail sur lequel tu fais fausse route.

Un mantra se dessina dans les airs.
- La lumière gagne toujours... Art élémentaire.
- Je t'aimais bien, Avalon...
Ses doigts se crispèrent aussitôt et son attaque fut annulée. Il s'arrêta et écouta ce que le roi fantôme avait à dire.
- Tu m'as sorti de l'ombre. De l'oubli. Tu m'as ramené à la vie et tu m'as aidé à aller de l'avant.
Il se retourna et lança un regard effrayant au mage.
- Mais tout ça, c'était juste pour devenir plus fort. Tu n'as jamais vraiment cru en moi, hein ?
- Tu te trompes mais depuis le temps, je te connais... Ça ne sert à rien de te raisonner.

Le mantra revint aussitôt et une lumière commença à éblouir les autres.
- Art élémentaire. Big bang !
Une rafale de vent vint terrasser tout le monde et le monde mystique se brisa en deux. De retour dans la salle du trône, il put subir l'attaque de plein fouet. Il fut certes vaincu mais le château tomba en ruine.

Sous les décombres, le roi et son fils étaient encore évanouis. Arthirion se leva et s'approcha de Kaber qui tenait encore debout, dans un sale état. Ses jambes tremblaient et ses yeux étaient fermés. La lumière l'avait rendu aveugle pour ses derniers instants.
- Où se trouve le roi ? hurla Bartolomia en arrivant.
- Probablement ensevelis sous la pierre, répondit Avalon. Nous avons peut-être perdu des personnes importantes mais nous avons gagné la guerre.
- Ordure... Sans ton intervention, le roi serait encore vivant !

Il pointa Kaber du doigt et hurla de rage en courant jusqu'à lui.
- JE VAIS TE TUER !
- Trop bruyant...
D'un revers de la main, en se repérant aux sons, le roi fantôme effaça le second du roi qui ne sentit aucune douleur lors de sa mort vaine. Quin, enfoui dans les profondeurs du château, ouvrit les yeux, sentant son lien rompu avec Bartolomia.
- Mon ami... C'est fini, hein...
Il versa une larme et prit une grande inspiration.
- J'aurais au moins aimé te dire au revoir...

Au final, le roi fantôme retourna auprès des morts et se retrouva piégé dans le monde des esprits, torturé par ses victimes.

Le royaume put être reconstruit en un instant par Avalon, officiellement devenu un saint chevalier, promu par le roi Quin. Il embaucha alors Arthirion et Selina qui s'embrassèrent dès leur retrouvailles, ainsi qu'Hermin en tant que majordome et Jack, qui avait enfin repris goût à la vie.

Dans une taverne, les sauveurs du royaume discutaient en buvant une bonne bière bien fraîche.
- Dis-moi, Avalon ! s'exclama Oswald, à la table d'à côté. Tu serais pas capable de vaincre les démons et les anges ?
- Lorsque la guerre reprendra, je serais en effet capable de les vaincre seuls. Ce ne sont que des monstres faibles, du moins face à ma puissance magique. Je suis âgé et expert en la matière, vous savez.
- Quand on parle du loup...

Ces mots étranges arrêtèrent le cœur de Mikhail qui ne comprit point la situation. D'étranges particules noires s'échappaient du sol, venant de nulle part. La température ambiante s'alourdit et le mana de ceux qui utilisaient la magie devenait instable.

Rapidement, les héros sortirent de l'établissement et levèrent les yeux. Au-dessus de la capitale se trouvait le soleil et la lune. L'éclipse qui annonçait le retour des anges et des démons. Les combats ne faisaient que commencer. La guerre des trois clans n'était pas terminée.
- C'est louche, déclara Arthirion. Selon les écrits, ils n'auraient pas dû arriver si tôt.
- Est-ce parce qu'ils sont prêts ? demanda Jack. Si c'est le cas, c'est qu'ils sont bien déterminés à gagner et qu'ils sont bien plus forts qu'avant.

Une dizaine d'éclairs blancs et noirs vinrent s'écraser dans les plaines de Carlem. En sueur, les garçons allèrent voir. Cinq anges et cinq démons étaient debout, devant eux. Un membre du clan démoniaque sourit.
- Humains... Préparez-vous à subir notre courroux.
- Vous allez vite faire demi-tour, déclara Avalon en s'approchant d'eux.

Il s'apprêtait à lancer une offensive quand soudain, il sentit une vague meurtrière. Il se téléporta très loin et s'écroula au sol, la main sur la poitrine. Sa respiration s'accélérait et son cœur s'arrêta un instant. En agonie, il imagina la fin du monde. En reprenant son souffle, il leva les yeux et vit les cieux pourpres.
- Si je n'avais pas quitté les terres de Mernes, il n'aurait mis qu'une seconde pour me trouver et me tuer... On n'a aucune chance...

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