13. Séparation
Mikhail se mit en route dès l'aube pour retourner auprès de son père, à Quan. Ses amis dormaient encore à l'auberge insalubre. Hermin, lui, n'était pas paisiblement installé mais savoir que son maître allait enfin être sauvé lui permis de dormir facilement.
Peu avant l'heure du déjeuner, Arthirion et Jack se levèrent. Ils payèrent l'addition et sortirent du bâtiment. L'immortel tendit alors sa main au mage.
- Jamais je n'aurais cru te revoir un jour. Ça m'a fait plaisir.
- Toi qui étais un peu suicidaire quand je t'ai vu... Ça fait peu de temps qu'on se connaît mais tu as l'air d'avoir changé.
- Je veux toujours mourir mais j'aurais au moins trouvé des camarades en qui j'ai confiance et qui m'aideront à aller jusqu'au bout.
La fenêtre au-dessus d'eux s'ouvrît.
- Ben alors, vous partez sans moi ?
- Je t'ai laissé de l'argent encore, sourit Arthirion. On se reverra très vite !
- On n'a pas encore de date, rit Jack. Il se peut que l'ordre n'attaque jamais le royaume.
Le garçon aux cheveux argentés détourna le regard et fixa l'horizon.
- Je pense bien au contraire qu'ils vont passer aux choses sérieuses d'ici peu de temps.
Au final, pressé de revoir Canon, Hermin s'habilla et se mit en route. Il espérait sincèrement que Rickert était encore capable de le maintenir en vie. Cela faisait presque deux semaines qu'il était empoisonné, il était bien rare que des personnes survivent aussi longtemps et avec un tel venin, cela n'existait pas.
Le chemin fut long mais il arriva à Pegredin trois jours plus tard. La ville était la même que lors de sa première visite. Peut-être que Rickert était revenu et il n'avait pas le temps de le manquer. Il valait mieux perdre quelques minutes afin de vérifier ça plutôt que quelques heures.
Pendant ce temps, Mikhail se rendit dans la salle du trône. Un événement majeur se préparait au royaume.
- Que dis-tu ? Lucian et Liam vont s'affronter ?
- Oui. En duel devant tout le monde.
- Ce sont nos deux meilleurs saints chevaliers et ils sont frères. Ils ne peuvent pas faire ça.
Le garçon repensa à Soran qu'il avait affronté.
- Bien-sûr qu'ils le peuvent...
Puis, il repensa à son meilleur ami qui aurait dû combattre à ses côtés.
- Vous savez... On peut toujours se battre avec une motivation.
La raison était encore inconnue mais le combat allait bientôt débuter. Pendant ce temps, le majordome fit demi tour en voyant que Rickert n'était pas à Pegredin. Dans une zone reculée de la ville, il marchait seul, sans personne pour le voir se faire agresser.
- Backstab...
Un poignard s'enfonça dans son dos et ses muscles se paralysèrent.
- Ça, c'est pour avoir souillé mon honneur. Tu te souviens de moi, hein ?
Le voleur de la première fois venait d'avoir sa vengeance. Seulement, Hermin ne pouvait pas se laisser abattre. Pas si près du but. Alors, il se retourna et balaya le type avec sa chandelle. Son arme avait beau être intéressante, elle était plutôt lourde et n'avait aucune portée. D'un bond vers l'arrière, l'ennemi n'eut aucun mal à éviter ce coup.
- J'ai une capacité qui va te plaire, l'ami...
Seul le voleur voyait les lignes courbées et partant dans tous les sens. Des sortes d'effluves lui permettant de se déplacer à toute vitesse, comme porté par une tempête. Ceux-ci les emmenaient tous à des points faibles du majordome.
- Tu vas me donner le tournis, s'exclama Hermin en danger.
Son adversaire tournoyait autour de lui si vite qu'il ne savait pas quand il allait frapper. Puis, il sentit une lame s'enfoncer dans son bras gauche. S'en suivit d'une nouvelle technique :
- Illusion !
Il y avait huit voleurs tournant autour de lui. Ils avaient tous une arbalète magique. Sans laisser d'opportunité à Hermin, ils tirèrent. Les carreaux le traversèrent en moins d'une seconde, laissant de fines traînées derrière eux. En mauvaise passe, le garçon sourit.
- Merci, Arthirion...
Il prit une perle dans sa poche et la claqua pour se régénérer. C'était un glyphe offert par son ami.
« Tu es quelqu'un d'étrange, je n'en doute pas une seule seconde. Mais je n'ai aucune raison de me méfier de toi, finalement. Tu n'agis que pour le bien de tes proches. »
Puis, il frappa le voleur au visage avec son arme. Repoussé sur trois mètres, le type sourit.
- On va te planter jusqu'à ta mort, ordure !
Ses clones et lui usèrent de la technique spéciale afin de se déplacer très rapidement jusqu'à leur cible.
- J'en ai assez de perdre mon temps pour des débiles. Plus vous êtes nombreux, plus il sera facile de vous arrêter.
Une vague de chaleur s'échappa du garçon qui commença à s'énerver.
- Tu ne mérites que la mort...
Hermin reprit conscience au bout de quelque minutes. Il se retrouva face au cadavre du voleur complètement déchiqueté. Comme s'il avait laissé son instinct prendre le dessus. Sans savoir ce qu'il a fait, il se mit à courir afin de fuir cette ville et d'enfin rejoindre Canon.
À Quan, dans l'arène, se trouvaient les deux frères prêts à se livrer un duel d'anthologie. Le public était impatient de voir ce combat. Le roi, lui, n'était pas prêt à les perdre et il se devait de réagir. Cependant, le temps de s'y rendre, l'un d'eux allait peut-être mourir. Bartolomia étant parti en repérage, il ne pouvait pas téléporter Quin sur les lieux.
Le présentateur ne tenait plus en place. Il attrapa sa corne de Brutheau et annonça fièrement aux habitants de la capital qu'il était temps de débuter.
- Duellistes ! Saluez-vous !
Les deux types s'inclinèrent. Lucian, celui qui avait les cheveux rouges, les yeux orangés, au regard ardent, fit un mouvement brusque avec son épée afin qu'elle s'imprègne de glace. Son frère, Liam, qui avait des cheveux bleus et des yeux gris, enflamma sa lame.
- Quand tu seras mort, déclara Lucian, tu ne pourras plus dire de mal de dame Anastacia.
- Dame Ilyasviel sera heureuse d'apprendre l'heure de ton décès.
Mikhail, perché dans les hauteurs des tribunes, fronça les sourcils.
- Ils font ça pour défendre leurs femmes ? Sérieusement ?
Hermin versa quelques larmes, ému. Son voyage était enfin terminé. Il se tenait devant chez lui, à Carlem. L'émotion l'empêchait tout bonnement d'entrer. La main sur la poignée, il attendait simplement que quelque chose se produise. Son souhait fut exaucé mais ce ne fut pas un miracle.
- Qu'est-ce que...
Une lacérante douleur vint lui traverser le poumon droit. Une lame si fine lui provoquait une souffrance inégalable.
- Je reconnais cette rapière...
Du sang coula hors de sa bouche. Puis, l'arme se retira de son corps. Il tomba vers l'avant et roula légèrement afin de voir l'identité de son assaillant.
- Pourquoi... Maître Canon ?
Son habit était le même que ces types. La veste de l'ordre de Kaber.
- Il est temps que tu apprennes la vérité, même si tu vas mourir après. Tu partiras en paix.
- Maitre...
- Je faisais partie intégrante de l'ordre du roi fantôme il y a quelques années. Suite à une trahison de ma part, ils m'ont menacé de mort pendant tout ce temps.
Il s'accroupit devant son fils.
- Je les ai trahis pour toi. Pour t'éduquer. M'enfin j'ai eu tort de faire ça vu les soucis qu'ils m'ont causés par ta faute. Alors, quand ils m'ont poignardé, j'ai eu droit à une seconde chance.
Hermin grimaçait, sans être capable de respirer. Il agonisait en entendant les atroces paroles de celui qu'il aimait tant.
- J'avais deux jours pour lutter contre le poison et réfléchir. Si j'acceptais de revenir dans leurs rangs, j'allais être soigné. Tu te doutes bien que j'ai choisi d'y retourner.
- Rickert...
- L'alchimiste ? Il est mort.
Une pesante présence fit reculer Canon. Quelque chose clochait avec son majordome. Il se releva, totalement inconscient. Ses yeux étaient révulsés et ses bras relâchés.
- Alors tu décide enfin de sortir, Lucifer... Pourquoi tu possède celui qui t'a tué pour l'aider ? Tu es complètement ravagé !
- Mon devoir est de me soumettre aux plus forts. Je préfère être du côté de ceux qui gagnent, vieil homme. Toi, tu as perdu...
- Sacrifice de Kaber !
Une des techniques les plus violentes du thème interdit venait d'être lancée. En échange de son âme, le maître créa une sorte de dragon de flammes noires et jaunâtres. Parfois vertes. Puis elles passèrent à un bleu sombre. Un mélange de couleurs mêlé aux ténèbres.
- Il suffit d'un claquement de doigt pour te détruire, vieillard. Tu es décidément la personne la plus idiote que j'ai pu rencontrer dans ma vie.
La créature se dissipa. C'en était fini de Canon qui ne put dire au revoir à son fils. Lucifer s'approcha de la rapière et sourit.
- Hermin, tu devrais lâcher ta chandelle...
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