11. Avalonia
Mikhail et Arthirion étaient en parfaite santé. Il leur a fallu quelques minutes de soin et de repos avant de reprendre la route.
Sur leur chemin, ne se trouvaient que quelques monstres dociles. L'un d'eux s'approcha du saint chevalier et vint lui tendre les bras.
- Oh, tu veux un câlin ?
C'était un Swarlin, une sorte de petit gobelin pacifique qui ne se nourrissait que de bonheur. Peu de personnes passaient dans les vals enneigés alors ces monstres sautaient sur l'occasion lorsqu'ils voyaient quelqu'un approcher.
- Je veux l'adopter ! hurla Mikhail.
- C'est pas forcément une bonne idée, déclara Arthirion. Je connais ce type de monstre et je sens ton effluve de joie émaner vers lui.
- Que dis-tu ?
- Plus simplement, il te vole inconsciemment tout sentiment de bien être. En gros, tu vas devenir morose jusqu'à avoir des envies de suicides.
Le chevalier fronça les sourcils derrière son heaume et regarda les doux yeux de la bête qu'il tenait dans ses bras.
- Effectivement, ça donne moins envie de l'emmener à Quan.
Il reposa la petite créature qui s'en alla en courant et reprit la route avec son ami.
Dans un palais en ruine, quelque part dans Mernes, deux hommes s'inclinèrent face à leur empereur.
- Mon roi, nous avons un problème.
- Qui vous a autorisé à revenir sans bonne nouvelle ?
Apeurés, les types reculèrent, laissant leur vêtements baigner dans le seul rayon de lumière de la pièce. Ils faisaient partie de l'ordre interdit.
- Qu'avez-vous de si important à me faire part ?
- Ils veulent simplement me dénoncer...
Soran fit un pas en avant et rejoint les sbires du roi fantôme.
- J'ai fui devant lui... L'homme que vous attendiez depuis si longtemps.
- Ai-je bien entendu ?
Le roi fantôme se leva mais resta dans l'obscurité.
- Avalon est revenu ?
La nuit était tombée. Les rafales de vent congelaient Arthirion qui n'avait pas d'armure comme son camarade. Le ciel était aussi noir que l'encre des inscriptions d'Avalonia et la neige ne tombait plus. Heureusement pour eux, ils ne se retrouvèrent point dans la pénombre totale. Quelques torches étaient disposées sur le chemin menant au village natal du mage. Ils approchaient à grand pas de cet endroit aux souvenirs mauvais.
- Attends...
Mikhail s'arrêta.
- Qu'y a-t-il ?
Une forte bourrasque vint perturber l'esprit bouleversé d'Arthirion. Les poils de ses bras s'hérissèrent en un instant. Quelque chose de menaçant se trouvait dans le village.
« Soran, tu dois retrouver ce garçon. Si c'est bien Avalon, il reviendra parmi nous... Dans le cas contraire, il devra mourir. »
Face à l'arche menant à Linwels, les deux aventuriers étaient immobilisés. Mikhail savait que son frère était de retour avec la profonde envie d'en finir une bonne fois pour toute.
- Tiens, tiens, voilà mon vieux camarade !
Le mage se retourna et ouvrit grand ses yeux. Jack et Hermin marchaient vers eux, tout souriants.
- Je suis remonté à bloc ! s'exclama l'immortel. Il paraît qu'on n'est pas loin du royaume de Kaber. Finissons-en avec cet œil de Corbyx et allons casser du...
Aussitôt interrompu par Mikhail, il fronça les sourcils.
- Qui êtes-vous ?
Le saint chevalier fit un pas vers l'avant, son épée en main.
- Ici, il y a un ennemi et je refuse d'impliquer des innocents dans une violente bataille.
- Malheureusement, je n'ai pas d'autre choix que d'aller dans un manoir, soupira le majordome. Alors tu vas me laisser passer. Je ferais tout pour mon maître.
- Dans ce cas, il va falloir que je sois plus convaincant.
Le saint chevalier bondit vers lui et s'arrêta en plein vol. Il atterrit sur ses pieds et se retourna aussitôt. La présence de son frère s'intensifiait. Il devait garder ses forces pour l'affrontement qui allait suivre.
- Bon, j'ai autre chose à faire, soupira Arthirion. J'avance...
Mikhail attrapa son bras.
- Non, tu t'es sûrement attiré les foudres de Soran. Je refuse que tu perdes ta vie pour moi.
- Je percerais les mystères de l'interdit, quoi qu'il en coûte. Moi, je refuse de mourir tant que mon devoir ne sera pas accompli.
Hermin et Jack entrèrent dans le village à leur tour. Les quatre pèlerins se séparèrent pour chercher ce qu'ils voulaient à tout prix. Le majordome et son camarade allèrent au manoir abandonné, Arthirion à la librairie et Mikhail se retrouva face à son frère.
- Je ne suis pas venu pour toi, cette fois.
- Pas de chance. déclara le saint chevalier. Je vais devoir t'arrêter. Tu as fait trop de mal aux habitants de Mernes.
- Tu vaux mieux que notre père, idiot. Viens donc rejoindre l'ordre de Kaber. Lorsqu'on régnera sur toutes les terres, on pourra renverser le trône et tuer le roi fantôme.
Il sourit et fit un clin d'œil à son frère.
- On sera les maîtres du monde.
- Ce n'est pas ce que je veux.
- Tu manques d'ambition, Mikhail... Ça me fait de la peine...
Le second ouvrage du maître Avalon heurta le parquet de la bibliothèque. Arthirion venait d'apprendre quelque chose de si important. Ses paupières s'écarquillèrent.
- J'abandonne... Le thème de l'interdit...
Quelques années auparavant, le maître Avalon avait décidé de devenir le plus puissant mage de Mernes. Le seul homme capable de vaincre l'armée des anges et des démons à lui seul lors de la guerre suivante. Cependant, aucune magie, aucun thème ne surpassait la puissance d'un sorcier aguerri. Seul l'apprentissage et les années de dure labeur pouvait lui permettre de devenir quelqu'un de fort.
Lors de son dernier jour de cours, sur le point de choisir sa voie, il se rendit dans les anciennes archives et découvrit un tas de secrets sur la fameuse guerre dont s'était sorti indemne les humains.
- Le roi Kaber...
- Il est interdit de fouiller cet endroit, c'est écrit dans le règlement.
Un professeur se tenait derrière Avalon.
- Tu devras être sévèrement sanctionné, tu le sais.
- Attendez... Qui était cet homme ?
- Un roi parti trop tôt. Emporté par les maléfices qu'il était incapable de contrôler. Jeune homme, tu es en train de t'approcher de la mort. Rebrousse chemin, viens avec moi dans le bureau du principal et oublies Kaber.
La sanction fut choisie par les soins du plus haut placé. Avalon fut renvoyé et interdit de revenir. Le monde de la magie lui était définitivement fermé. C'était l'homme le plus malheureux du monde, qui ne put suivre les traces de son père. Alors, il s'intéressa à une nouvelle façon de détruire les anges et les démons. Le roi Kaber était devenu son obsession. Par tout les moyens, il se devait de retrouver ceux dont il était le plus proche afin de comprendre quel type de magie il allait étudier.
« Tu es complètement fou », répétait son amie sans cesse. « Si le ministère de la magie apprend que tu retournes dans le milieu, tu seras exécuté. »
Ce à quoi il répondait toujours avec le sourire : Sauf si je suis plus puissant qu'eux.
Arthirion l'avait compris, le maître magicien Avalon est tombé bien bas. La magie interdite était celle du roi Kaber, l'homme qui était sur le point de détruire Mernes. Selon les écrits de son idole, il a ressuscité ce monstre avec l'aide de sa femme et sont devenus les meilleurs amis du monde.
- Je ne peux pas continuer sur cette lancée. Avalon était un grand malade.
Le bâtiment s'écroula aussitôt sans que le mage n'ait le temps de réagir. Soran venait d'user de ses pouvoirs pour l'immobiliser.
- Alors tu n'es pas celui qu'on cherche... Je vais devoir en finir ici et maintenant.
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