Chapitre 9

PDV OLIVER :

Je sors de l'école et me précipite dans le métro pour rentrer à la maison. La journée a été rude aujourd'hui. 

J'ai eu la surprise d'apprendre qu'un de mes élèves se faisait harceler par un de ses camarades.

 Cette mascarade a débuté au début de l'année scolaire et vient à peine de prendre fin aujourd'hui. 

Je m'en veux tellement de ne pas avoir remarqué les signes avant. Je me sens mal, très mal. J'aurais du voir que le petit était mal dans sa peau. 

Mais de tempérament toujours heureux, il a gardé cette facette. Il a caché sa peine et son malheur par le rire.

 Il jouait un rôle pour ne pas montrer ce qu'il subissait au quotient : moquerie, violence ; tout cela parce qu'il est plus petit que les enfants et qu'il est sourd. 

Sa surdité qu'il avait assumé depuis toujours. Là elle est devenu une faiblesse dont il avait honte. 

Cela me révolte de voir que ce petit gars a perdu sa confiance en soi par la faute d'un petit con arrogant. 

Ce dernier a été renvoyé et j'espère pour lui qu'il ne recroisera pas ma route sinon cela va mal finir pour lui. 

Dans mes pensées lugubres, je distingue une voix qui se démarque du brouhaha des gens dans le métro. 

Intrigué, je m'approche et je découvre Isis en train de chanter les yeux fermés avec son cœur.

Je reste en retrait et admire le spectacle qu'elle nous offre. 

Sa voix de cristal nous emporte et nous emmène avec elle. Elle a un réel don. 

Sous sa facette de fille superficielle qui ne pense qu'à elle, là je découvre une nouvelle facette de la jeune femme : celle qui ne porte plus son masque et qui s'affiche telle qu'elle est. 

Et je dois dire que j'apprécie davantage la fille qui est en face de moi. Cette fille sans artifice possède un charme fou. 

Envoûté par le chant de la demoiselle, j'en rate mon train. Tant pis, l'attraction en valait la peine.

 Je savais déjà qu'Isis chantait bien, je n'ai pas pu m'empêcher d'aller m'informer sur la fille qui habitait sous mon toit, j'étais trop curieux et j'ai remarqué en regardant ses vidéos youtube que ces covers étaient bons. 

Mais là, elle ne chante pas bien, à cet instant précis elle s'est transcendée. Ce soir elle a été sublime.

 En observant avec plus attention la jeune fille, j'ai soudainement un souvenir qui s'immisce dans ma tête. 

Je me revois 10 ans plutôt avec ma mère dans ma chambre, à l'époque où elle n'avait pas trompé mon père avec un autre homme.

 A l'époque où tout allait bien dans le meilleur des mondes. Ma mère était une vraie musicienne, elle rêvait de vivre de la musique. Elle a essayé mais cela n'a pas marché.

 Elle s'est donc rabattue sur enseignante de musique.

Même si elle ne faisait pas carrière dans ce domaine comme elle l'avait toujours imaginé, son métier avait quand même un lien avec sa passion et cela la réconfortait. 

Elle a rencontré mon père dans un bar, un soir où elle chantait et où elle avait encore l'espoir de devenir chanteuse.

 Mon père a eu le coup de foudre direct pour ma mère en la contemplant en train de chanter.

Et ils se sont mis ensemble et ont décidé de fonder une famille. 

Je me souviens que c'est ma mère qui m'a offert ma première guitare.

C'est elle qui m'a donné mes premières leçons, c'est elle qui m'a transmis son amour pour la musique.

 J'adorais jouer de la guitare avec elle. J'adorais passer du temps avec elle.

Ces moments avec elle, jouant de la guitare pendant des heures me remplissaient de joie. 

Je voyais ma mère comme la fille parfaite, je l'idolâtrais. C'était mon exemple. 

J'étais beaucoup plus proche de ma mère contrairement à Dash qui avait plus de points communs avec mon père. 

C'est pourquoi quand j'ai appris qu'elle nous avait trahi en s'enfuyant avec un autre homme, cela m'a anéanti.

 Elle n'avait pensé qu'a elle et non à son mari et ses enfants. On n'était pas aussi bien pour elle. On ne la méritait pas soit disant.

 Et cela m'a déchiré le cœur de la voir nous abandonner du jour au lendemain sans explication.

 Mon père a eu du mal à s'en remettre et heureusement pour lui, il a refait sa vie et il est heureux maintenant.

 Il a tourné la page, mon frère aussi a réussi à passer outre cet épisode de notre vie.

 Mais moi je n'y arrive pas. C'est trop douloureux. 

Je n'arrive pas à me faire à l'idée que ma mère ne m'aimait pas réellement. Car si elle m'aimait un minimum, elle ne m'aurait pas abandonner. 

Elle m'a fait croire que j'étais privilégié en sa compagnie, elle me faisait me sentir spécial. Mais tout cela n'était qu'une illusion. 

J'ai toujours été un garçon banal, voilà la triste vérité. Je pensais que j'étais quelqu'un aux yeux de ma mère, que je représentais quelque chose pour elle. 

Mais non, je suis personne. Je ne compte pas pour elle, je ne vaux rien. 

Dès son départ, j'ai arrêté de jouer de la guitare. Je ne pouvais pas continuer de jouer de cet instrument alors qu'elle n'était plus là. 

J'ai donc laissé de côté la musique, ma mère et j'ai essayé d'avancer du mieux que je pouvais.

 Alors que je ne savais pas ce que j'allais faire de ma vie, que je n'avais aucune envie, j'ai trouvé ma lumière dans l'obscurité : la langue des signes.

 Je voulais m'impliquer dans quelque chose qui avait du sens, quelque chose qui comptait. 

Et j'ai trouvé ma voix.

 Maintenant, c'est ça qui me motive chaque matin en me levant. Ce n'est plus la musique mais la langue des signes et le contact que j'ai avec mes élèves. 

Rien de tel ne me rend plus heureux... 

Je reviens subitement à la réalité et constate qu'Isis a terminé sa chanson. Des gens l'applaudissent, et même se dirigent vers elle pour lui donner de l'argent.

 A mon grand étonnement, elle le refuse gentiment et commence à débuter une conversation avec ces gens. 

Je suis trop loin pour entendre ses propos mais j'en déduis à l'expression de joie sur son visage qu'elle est contente de sa prestation. 

Après avoir salué la foule d'une dizaine de personne, elle tourne les talons et s'en va sûrement en direction de mon domicile. 

Elle ne prend pas le métro pour rentrer ? A pied cela fait une bonne trotte tout de même !

 Et s'il lui arrivait quelque chose ? 

Ni une ni deux, je prends la décision de la suivre pour veiller à ce qu'il ne lui arrive rien. 

Ce n'est qu'une fois que je la vois saisir les clés de la maison que je m'arrête de marcher et que j'attends qu'elle rentre. 

Je patiente quelques minutes pour ne pas qu'elle croit que je l'espionne volontairement, (ce que je fais en réalité mais c'est pour sa sécurité),puis je rentre à mon tour chez moi. 

Je croise immédiatement le regard de la jeune femme et les souvenirs de sa prestation combiné à ceux de ma mère me reviennent immédiatement en mémoire. 

Troublé, je baisse le regard et m'enferme dans ma chambre pour être seul. 

Ma guitare posé au fond de ma chambre me fixe comme si elle attendait à ce que je la prenne et à ce que je l'utilise. 

Pendant une seconde, j'hésite. Et si je repensais à elle quand je joue ?

 Il faut que je tente, depuis 10 ans je n'ai pas touché à cette guitare, et cela me manque.

 Il faut que je laisse de côté ma mère et que je pense à moi pour une fois.

 Il faut que je pense à mon plaisir. 

Je revois Isis chantait avec toute son âme, et c'est cette image qui me pousse à prendre ma guitare et à jouer quelques accords, qui se transforment en une mélodie puis en une chanson.

 Cette sensation de mes doigts grattant les cordes me fait un bien fou. 

En jouant, je me libère de toutes les émotions que j'ai laissé enfoui pendant toutes ces années.

 En jouant, je me retrouve un peu, je retrouve ma créativité et mon amour pour la musique. 

En jouant, je me remémore le petit garçon que j'étais et son parcours. 

Et je me rends compte que je suis fier de cette personne, fier de ce qu'il a réussi à surmonter. 

Ma colère et ma tristesse envers ma mère m'ont fait oublié ma passion pour la musique. 

Il a fallu 10 ans pour que je rejoue de la guitare, 10 ans pour que je retrouve mon amour pour la musique.

 Et il a surtout fallu qu'une inconnue débarque dans ma vie et la chamboule pour que je réalise que je ne peux vivre sans musique. 

Au final, moi qui pensais n'avoir aucun point commun avec cette jeune femme, je me rends compte qu'on se ressemble plus qu'on ne laisse pense... 

C'est même peut-être la personne qui me ressemble le plus sur cette planète... 

***

Voilà le chapitre 9 du point de vue d'Oliver ! 

Alors ça vous a plu d'en découvrir davantage sur la vie d'Oliver ? 

Vos avis sur lui ont changé ou se sont toujours les mêmes ? 

Dites moi, tout, je veux tout savoir ^^

En tout cas pour ma part,  j'ai adoré écrire ce chapitre :)

J'espère de tout coeur qu'il vous a plu ! 

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