J'entends une voix qui m'interpelle, j'ouvre difficilement les yeux et constate que le soleil s'est levé et que la vie a repris son chemin.
Pendant quelques secondes je crois que je suis dans mon lit et que je vais prendre un petit déjeuner avec mes parents mais ce n'est que quand je regarde en face de moi la rue que les souvenirs de la veille me reviennent en mémoire.
Je me tourne et je tombe nez à nez avec un jeune homme d'environ mon âge qui me scrute étonné. Je réalise que je le gène pour sortir et je me lève aussitôt en m'excusant.
Morte de honte, je tourne les talons sans un regard en arrière pour oublier la scène humiliante qui vient de se dérouler. Je n'aurais jamais imaginé rencontrer ce genre de situation embarrassante.
Je vais croiser les doigts pour que ce jeune homme ne m'est pas reconnu. C'est la première fois de ma vie que je prie pour passer inaperçue moi qui ai toujours aimé être au centre de l'attention...
Soudain, en plein dans mes pensées, je sens une main derrière mon épaule. Je me retourne et découvre le brun que je viens de quitter.
Il tient dans ses mains un journal qu'il me tend. Je le saisis et commence à lire la une du journal : l'arrestation de mes parents.
J'apprends que mes parents sont condamnés à 10 ans de prison avec une amende d'un million d'euro. Je comprends mieux pourquoi ils ont confisqué toutes mes affaires ainsi que la maison.
L'article me révèle que mes parents ont corrompu le chef de la nouvelle entreprise dans laquelle mon père venait d'investir pour lui assurer une place conséquente dans le futur. Sauf que ce que mon père ne savait pas c'est que le patron à qui il avait donné une grande somme d'argent a tout raconté à la police ; et la suite on la connaît.
Alors c'est fait, tout le monde est au courant désormais. Ma vie est fichue.
Je le remercie et je lui rends la revue. Je m'apprête à m'en aller quand ce dernier se racle la gorge pour attirer mon attention et me demande :
« Tu as un endroit où aller ?
- Non, mais je vais me débrouiller. Merci.
- Si tu veux, j'ai une chambre d'amis, tu peux la prendre le temps que tu trouves une solution.
- C'est gentil, mais je ne vais pas te déranger plus, j'en ai déjà assez fait.
- Comme tu veux, en tout cas ma porte est grand ouverte si tu changes d'avis. Réplique le brun, souriant.
- Pourquoi tu veux m'aider ? On ne se connaît pas. Je le questionne perplexe.
- Pour faire une bonne action, je vois bien que t'es dans la merde, c'est pas cool ce qu'il t'arrive en ce moment et puis j'aimerai apprendre à te connaître.
- Si tu veux savoir qui je suis, tu tapes mon prénom sur google et tu auras toutes les infos que tu veux. Je réplique du tac au tac.
- Pourquoi se servir de google quand on a la personne juste en face de soi ? Dit-il ironique.
- Parce que je n'ai pas envie de te parler. Je lui réponds froidement, agacée de son comportement.
- Et pourquoi donc ? Me questionne t-il abasourdi.
- Parce que je ne suis pas d'humeur. Merci pour ta proposition, mais je décline au revoir !
- Dash.
- Quoi ?
- Je m'appelle Dash. M'informe le brun en m'adressant un sourire éclatant.
- Au revoir Dash.
- Au revoir Isis Houston. »
Je pars et ressasse cette scène en boucle. J'ai du mal à croire qu'un inconnu m'a proposé de m 'héberger. C'est si inhabituel.
Mes propres amis ne me l'ont même pas fait, pourquoi une personne que je n'ai jamais côtoyer le ferait ?
Même si cela part d'une bonne intention, je me sens déjà assez gênée comme ça, je n'ai pas envie que cet étranger me juge.
Je marche sans endroit où aller. Mes pieds me portent dans un petit café tout mignon dont je ne connaissais pas l'existence. J'entre juste pour me mettre au chaud quelques minutes et je m'assois sur la banquette.
J'analyse les clients qui discutent entre eux, d'autres se font la tête et boivent leurs boissons sans un mot, les serveurs et serveuses qui s'activent...
A cet instant précis, je donnerai tout pour un bon chocolat chaud. Je remarque qu'un serveur s'approche de moi et je m'empresse de sortir du café pour ne pas affronter une énième situation honteuse.
Je dévale la rue à la recherche de solutions à mes problèmes sauf que je n'en trouve pas. Il faut que je me dégote un abri pour dormir, un salaire pour le payer et pour me nourrir.
Dire qu'avant je n'avais qu'à faire un post instagram sponsorisé et cela me rapportait de l'argent en moins de deux. Cette vie là me manque.
Cela me fait un énorme trou dans mon cœur en pensant que je ne retrouverai jamais un niveau de vie aussi idéal que celui que j'avais.
J'aimais les messages d'amours de mes abonnés, j'aimais attiré l'attention pour ma beauté et ma richesse.
J'aimais quand mes copines m'offraient des produits de luxe sans aucune raison juste pour me faire plaisir.
J'aimais leur faire des cadeaux en retour. J'aimais qu'on m'accorde de l'attention pour mon physique, mes galas.
J'aimais qu'on me complimente sous mes vidéos youtube pour mes astuces. J'aimais qu'on me félicite sous les vidéos de covers qui plaisaient tant.
Selon mes fans, j'avais une voix d'or, c'était un don. Grâce à eux, j'avais confiance en moi, j'avais le sentiment d'être unique, précieuse et utile.
Je ne réalise que maintenant que tout ce que j'aimais, je l'ai perdu en un claquement de doigt et que je ne le récupérais pas même avec toute la volonté du monde.
Soudain, j'ai une illumination. Pour gagner ne serait-ce qu'un peu d'argent, je vais chanter dans la rue, ce sera toujours ça de gagner.
Je n'ai pas le choix, il faut que je fasse quelque chose, il faut que j'arrête de rester sans rien faire. Je me dirige vers le métro, m'installe à un endroit où il y a du monde et enlève mon foulard que je dépose sur le sol en guise d'assiette.
Je ne pense pas aux gens qui vont me juger, non je les ignore. Il faut que j'oublie ma vie d'avant et que je pense à l'instant présent.
Je ferme les yeux, inspire un bon coup pour me donner du courage et je m'élance :
« Everybody knows my name now,
But somethin' bout it stills feels strange,
Like lookin' in mirror,
tryna steady yourself,
And seein' somebody else ... »
Au fur et à mesure que je chante, je me libère un peu plus et cela me fait un bien fou. Je ne regarde pas les gens, je continue de chanter avec mon cœur vu que c'est tout ce qu'il me reste.
A la fin de la chanson, je rouvre les yeux et constate que plusieurs personnes sont venus m'écouter dont une personne que je reconnais immédiatement : Dash.
Ce dernier est le premier à m'applaudir et les autres le suivent. Je remarque que plusieurs personnes ont filmé la scène et qu'ils y en a un pleins qui chuchotent m'ayant sûrement reconnu et parlent à coup sûr de l'affaire de mes parents.
Je fais abstraction d'eux et regarde mon foulard à mes pieds : il y a quelques pièces et même un billet de 10 euros. Qui laisse un billet de 10 euros ?
Avant ce billet n'aurait rien signifier pour moi, mais là vu ma nouvelle vie, j'ai l'impression de détenir le Graal.
Je scrute les gens qui sont autour de moi et croise le regard de Dash qui me fait comprendre que c'est lui qui m'a donné ce fameux billet.
Je ramasse l'argent, remercie les gens et je m'avance vers Dash, curieuse. Une fois à son niveau, je prend la parole :
« Tu n'avais pas besoin de me donner ce billet, tiens je te le rend c'est trop...
Non, tu l'as gagné tu le gardes. Ça va c'est rien, tu as déjà vu de plus gros billet ! Dit-il en plaisantant
- Oui, mais ça c'était avant. Je ne suis plus la même personne...
- Personnellement je vois exactement la même fille que sur internet. Réplique t-il sérieux.
- Tu te trompes, je n'ai rien à voir avec celle que j'étais avant. Je ne suis même pas maquillée, je suis hideuse. Avant, j'étais aimé, enviée et respectée. Aujourd'hui je suis juste bonne pour les oubliettes.
- Tous ces gens qui se sont arrêtés pour t'écouter chanter c'est pas une preuve d'affection peut-être ? Cela ne te touche pas ? Me questionne Dash perplexe.
- Si, ça me touche, mais ce ne sont qu'une vingtaine de personnes contre des milliers. J'avais plus d'impact avant. Je lui explique calmement.
- Selon moi, je trouve cela plus impressionnant une vingtaine de personnes ici dans un métro qui t'écoutent réellement que je ne sais combien de personnes derrière leur téléphone. Affirme le brun.
- Ouais ben ça c'est ton avis, pas le mien !
- Tu verras tu changeras d'avis, je te le garantis ! Réplique t-il joueur.
- Ah bon, tu es si sûr de toi ?
- Oui à cent pour cent.
- Seul l'avenir nous le dira alors...
Il ricane et insiste d'une voix amusée :
- Ma proposition tient toujours tu sais.
- Je ne veux pas te déranger, ça me gêne.
- Pourquoi ça te gêne ? Demande t-il étonné.
- Parce qu'on ne se connaît pas et que tu me proposes ton aide sauf que j'ai rien à t'offrir en contrepartie voilà pourquoi.
- Je ne sais pas dans quel monde tu vis, mais tu n'es pas obligé de me rendre chaque service, peut-être que tes amis étaient comme ça mais moi je ne suis pas ce genre de gens. Je t'aide sans contrepartie, t'as rien à me devoir, juste accepte. Dit-il d'une voix douce.
- Tu es sûr ?
- Oui, ne t'en fait pas. Alors ? C'est oui ?
- Ok, mais dès que tu en a marre de moi, que je t'encombre tu me le dis je repars comme quand je suis venue, promis ?
- Promis ! » Dit-il en rigolant.
Je le suis jusqu'à chez lui, n'ayant aucune idée de ce que le futur me réserve.
Mais ce que je sais, c'est que j'ai une bonne étoile d'avoir mis Dash sur mon chemin...
***
Voilà le deuxième chapitre de Piédestal !
Alors cela vous a plu ?
Que pensez-vous de Dash ?
N'hésitez pas à me donner votre avis en commentaire ;)
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