11 - besoin

« J'ai peur que tout recommence comme avant par peur de la perdre de nouveau ou de lui faire à nouveau.
-Harry »


Il secoua la tête de gauche à droite en signe de mécontentement. Ils n'avaient pas prononcés un seul mot mais pourtant il devait déjà partir. Il se demandait pourquoi ils reportaient toujours ce qu'ils pensaient et le sujet sensible. Ils devaient parlés mais ils n'arrivaient jamais à le faire parce qu'il y avait toujours un facteur qui entrait en compte et qui changeait toute la donne et tout ce qu'ils s'étaient imaginés en train de passer au moment où ils parleraient de tout cela. Il avait besoin de ses bras, de son sourire, de son chaleur, de son cœur, de son corps, de son rire, ou de n'importe quelle autre chose qui a un rapport de près ou de loin avec la jeune fille. Il avait surtout besoin d'adrénaline.

Il en manquait éperdument parce qu'il n'avait pas osé l'affronter depuis qu'il s'était réveillé à l'hôpital pour ne pas à nouveau filer entre les doigts de la brune. Il voulait tout savoir avant de risquer sa vie juste pour se sentir vivre et pour se sentir libre. Mais à présent, la tentation était bien trop forte. Il avait besoin de sentir l'air lui fouetté le visage et son pouls augmenté en pic en moins d'une minute. Il avait besoin que son cœur manque d'éclater dans sa poitrine.

Avant de rencontrer la brunette, il vivait cela tous les jours mais depuis qu'elle était entrée dans sa vie ce n'était plus du tout la même chose et il le savait ; il l'avait su dès qu'il avait croisé son regard pour la première fois sauf qu'il n'avait pas pu faire chemin retour parce qu'ils étaient déjà allés trop loin et il ne le réalisait que maintenant. Il ne savait pas ce qu'il pourrait bien faire pour changer cette putain de situation parce qu'il n'avait aucunement envie de partir. Il avait envie de parler de lui dire ce qu'il n'allait pas chez lui ; qu'il aimerait l'aimer comme personne ne l'avait jamais fait auparavant.

Il avait l'impression d'être fou et complètement à côté de la plaque alors qu'il était simplement perdu mais cette éventualité, jamais il n'irait la prendre en compte. Il n'avait clairement pas envie de le penser alors l'avouer n'était pas vraiment prêt d'arriver. Il n'avait jamais ni avouer ni approuver ce qui le dérangeait parce que justement, ça le gênait et ne le mettait pas à son fort. C'était presque si une nausée ne venait pas le déranger parfois. Il passa sa main dans ses cheveux ; il ne voulait pas lever son cul du canapé parce qu'il était bien dedans mais surtout qu'il n'était plus sûr de revoir Irène une fois qu'il sera sortit de la maison.

Il ne sera plus sûr de savoir si elle était encore en vie ou si elle pourrait être morte. Il n'avait pas envie de savoir qu'elle pourrait lui filer totalement des doigts. Aussi, rester là, auprès d'elle, l'empêchait de faire une connerie et de risquer sa vie sur les routes où n'importe où d'autre où il pourrait ressentir un minimum d'adrénaline. Il avait besoin d'elle pour ne pas sombrer dans la folie ou pour ne pas avoir l'air totalement con. Il avait besoin d'elle, simplement, mais il n'était pas encore prêt pour le dire totalement ou à voix haute.

Dans sa tête ça sonnait bien mais il ne savait pas si son cœur saurait encaisser le choc du dire à tout le monde –mais surtout à Irène. Ile ne s'en sentait pas du tout capable, totalement hors de ses cordes et de ses atouts. Cela ne lui paraissait pas assez naturel à dire que pour ne pas que sa voix ne se casse ou ne ressemble à celle d'un drogué.

-Dois-je vraiment partir ? Demanda-t-il d'une voix cassante.

Cela s'entendait qu'il n'avait aucunement envie de partir, c'était même contre lui, à contrecœur. Il ne s'attendait pas à une réponse directement mais il y avait comme même eu le droit ; comme si elle s'attendait à ce qu'il pose cette question et qu'elle avait répété sa réponse dans sa tête en boucle pour pouvoir directement lui répondre quand il poserait enfin la question qu'il avait mit du temps à émettre parce qu'il n'en avait pas eu le courage.

-Oui, répondit-elle sèchement.

Il se demandait pourquoi elle était devenue aussi distante et sèche d'un seul coup alors qu'il avait cru qu'elle lui avait sourit quelques minutes plus tôt. Il se demandait pourquoi elle changeait ainsi de comportement. Peut-être qu'elle avait ses règles ? Sauf qu'il ne savait pas qu'en réalité, elle ne les avait pas mais qu'elle avait fait l'amour avec John, un de ses collègues de travail et qu'elle avait vraiment besoin d'en parler avec Elle qui lui porterait sûrement de bons conseils. Il ne se doutait pas du tout de ce qui se tramait dans son dos et d'à quel point Irène avait besoin de prendre du recul pour réfléchir à si elle devait l'aider ou s'il ne valait pas mieux le faire mais aussi à quel point sa meilleure amie le détestait comme la peste.

Il ne savait pas jusqu'où ça allait et c'était ce qui le dérangeait de plus en plus parce que c'était le genre de chose dont il ne pourra jamais être au courant puisque les personnes concernées ne pourraient jamais le décrire ni le savoir entièrement. Il triturait ses doigts en croisant les doigts pour qu'elle change d'avis mais cela n'avait pas l'air du tout d'être le cas. Il pinça l'arrête de son nez et regarda tout autour de lui –principalement la table basse. Il ne savait pas mais quelque chose l'attirait vers cette table basse, sûrement parce qu'il avait peut-être embrassé la jeune fille là où une chose dans le genre ; il ne savait plus.

Il se leva et analysa une dernière fois la pièce avant de tourner son visage pour que son regard se pose sur la brunette assise dans le canapé et qui n'avait pas bougé d'un poil. Il avait envie qu'elle réagisse mais apparemment ce n'était pas du tout le cas. Il prit alors un morceau de papier et y inscrit son numéro de téléphone et quelques mots en plus.

« Voici mon numéro, quand tu auras ta décision quant au fait de m'aider, contacte-moi pour m'en dire quoi ; que tu acceptes ou non. »

Il frotta ses mains contre la matière de son jeans au niveau de ses cuisses et commença à traverser la pièce. Il se retourna pour jeter un dernier coup d'œil à la brune qui avait toujours le regard baissé et c'était presque s'il ne croyait pas voir son corps secoué par des sanglots ; qui d'ailleurs n'existaient pas parce que la brunette avait renoncé de pleurer pour un homme depuis longtemps. Il ouvrit légèrement la porte d'entrée, laissant passer un peu d'air à l'intérieur de l'habitacle.

-Au revoir, bonne journée, dit-il.

Harry attendit devant la porte pendant une bonne minute mais voyant que personne n'allait lui répondre, il l'ouvrit plus grand et sortit. Il ferma celle-ci derrière lui, le vent soufflant dans ses bouclettes. Il descendit les quelques marches, mettant les mains dans les poches avant de son jeans et entreprit la route pour rentrer chez lui ; qu'il reconnaissait à présent.

***

Irène ferma les yeux et inspira fortement. Elle ne savait pas comment réagir à cette situation qui lui passait largement au dessus de la tête. Cette situation la dépassait même. Elle prit son visage dans ses mains et retenue quelques sanglots. Elle n'avait aucunement envie de pleurer mais c'était plus fort qu'elle. Elle prit ces cheveux dans ses mains, toujours la tête baissée, ceux-ci se situant sur le haut de son crâne. Elle les prenait presque à la racine, telle une âme sauvage et désespérée.

« Parfois, les larmes sont plus fortes que tout. On n'a pas envie de pleurer, mais elles viennent comme même parce que dans le fond ou bien en a besoin ou bien on n'a plus la force de lutter. »

Elle laissa deux perles salées coulées le long de ses joues. Presque instantanément, même si elle pleurait en silence, sa meilleure prit place à côté d'elle, là où se trouvait auparavant le bouclé. Cette idée lui mit une boule dans la gorge en plus. Elle avait envie de fuir sa meilleure amie mais aussi de la laisser la serrer dans ses bras. Elle n'avait pas envie d'affronter les multiples questions de la blonde mais elle voulait aussi qu'elle l'aide à trouver les réponses justes à celles-ci.

Son cœur balançait entre toutes ces envies et toutes ces contradictions, ne sachant pas vraiment où se placer. Elle se retrouvait comme une âme perdue au milieu de la rue, ou un enfant dans un centre commercial au milieu d'une dizaine de psychopathes et de pédophiles. Elle avait l'impression qu'elle était la proie d'une mauvaise blague ou alors d'une qui était en train de mal tournée ou de totalement dérapée. Irène sentit la main de sa meilleure amie se poser entre ses deux omoplates et ensuite de monter et descendre le long de sa colonne vertébrale.

Elle y trouvait à la fois un côté réconfortant mais aussi un gênant ; elle n'avait pas envie d'avoir de l'aide contrairement au bouclé. Elle se sentait mal par rapport à lui. Terriblement mal même. Tellement mal qu'elle ne savait même plus où elle devait se placer dans cette histoire ; comme étant la victime ou celle qui faisait le mal autour d'elle. Son cœur tambourinait dans sa poitrine, sans même avoir besoin d'une putain de dose d'adrénaline ou de drogue infusé dans le sang ou inspiré par la bouche.

-Alors, que vas-tu faire ? Demanda la blonde.

-Je ne sais pas du tout, répondit honnêtement la brune en craquant pour de bon.

Irène se laissa aller dans les bras de sa meilleure amie qui l'accueillit sans broncher. Elles avaient l'habitude que même si leur amitié était fragile et un peu déséquilibrée, ne tenant plus qu'à un fil très fin et sensible, de se prendre dans les bras quand l'une allait mal ou se trouvait devant un mur imposant et dur qui paraît impossible à démolir. La brune se laissa bercer dans les bras de la blonde, mouillant et trempant le haut de celle-ci mais cela n'avait clairement pas l'air de la déranger.

Pas le moins du monde. Elle laissa encore quelques perles salées s'enfuir de ses iris bleus océans avant de redresser la tête pour se confronter au regard vert clair de sa meilleure amie. Son cœur se calma petit à petit alors que la blonde déposa un léger baiser sur le front d'Irène, pour réussir totalement à la consoler. On pourra dire tout ce que l'on veut sur l'amour et les liens du sang mais les liens du cœur entre deux meilleur(e)s ami(e)s n'est pas comparable ; le fait de connaître par cœur la personne et de savoir exactement ce qu'il faut dire pour consoler la personne ou même, n'avoir besoin de rien dire pour que celle-ci se sente bien mieux.

C'est quelque chose que les parents, les frères, les sœurs, les petits-amis, les petites-amies, les maris, les femmes ne pourront jamais remplacer. L'amour de deux ami(e)s se considérant comme des frères ou des sœurs est irremplaçable, surtout que quand l'une tombe, l'autre n'a pas du tout peur de plonger pour aller repêcher l'autre. La brune sécha ses larmes d'un revers de la main, prenant une inspiration pour se calmer totalement et ne pas retomber dans les larmes.

-Je me déteste de te dire cela et je n'arrive vraiment pas à croire que je vais le faire mais... Tu devrais le recontacter pour lui dire que tu acceptes. Même s'il ne l'avoue pas et qu'il ne la même pas insinué, j'ai vu qu'il avait besoin de toi pour trouver un équilibre stable dans sa vie, pas uniquement pour recouvrer la mémoire ou pour simplement se souvenir. Il a besoin de toi parce que tu es ce qu'il lui faut pour ne pas déraper, pour ne pas flancher, pour ne pas faire de conneries, pour être lui-même et apprendre à vivre. Mais aussi, tu as besoin de lui. Vous avez besoin l'un de l'autre et cela me dérange parce que j'ai beau me dire qu'il n'est pas fait pour toi et que tu es trop bien pour lui, mais vous êtes fait l'un pour l'autre ou du moins vous avez besoin l'un de l'autre pour le moment, pour surmonter cette étape, déclara la blonde doucement et à contrecœur.

En entendant cela, Irène savait que sa meilleure amie n'avait pas du tout tord. Elle avait même totalement raison. Peut-être pas sur le fait qu'ils pourraient être fait l'un pour l'autre parce qu'elle n'avait même pas pensé à cela pour le moment mais sur le fait qu'ils avaient besoin l'un de l'autre pour affronter cette dure étape et pour s'entraider. Il avait besoin d'elle pour se souvenir de tout ce qu'il avait oublié et elle avait besoin qu'il se souvienne d'elle d'une manière ou d'une autre.

Elle esquissa un sourire qu'elle cacha à sa meilleure amie qui n'avait clairement pas besoin de le voir. Irène avait besoin qu'Harry sache qui elle était avant qu'il ne l'oublie et il avait besoin de savoir tout ce qu'ils avaient bien pu faire ensemble avant la « rencontre » à l'hôpital. Ils avaient besoin de se serrer les coudes pour surmonter l'erreur de l'oubli, la malchance de l'amnésie.

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