Après quatre heures d'avion, je dépose enfin ma valise. Une fille aux cheveux noirs est allongée sur un des deux lits, des écouteurs aux oreilles. Elle se contente de hocher la tête pour me saluer. Derrière la fenêtre, le palmier nain me paraît plus enchanté de mon arrivée.

Je détaille les lieux. Les lits ont des rangements intégrés pour compenser le manque d'espace. Cette pièce n'est guère beaucoup plus grande que mon ancienne chambre et je vais devoir la partager avec une autre personne.

Je m'assieds tout en serrant le médiator qui se balance autour de mon cou. Julian me rejoindra dans quelques jours pour passer son audition à Los Angeles. En attendant, ses bras imaginaires me tiendront compagnie.

Je ferme les yeux et j'entends une musique résonner dans ma tête. Celle de la composition originale qu'il va présenter pour son audition à Thornton. Il a composé la musique ; j'en ai écrit les paroles. Sa voix me berce et envahit chaque parcelle de ma peau.

Tu fais peur à ma tristesse,

Quand t'es là, elle me délaisse,

Tu fais peur à mon tourment,

Quand t'es là, il fout le camp,

Tu fais peur à mon malheur,

Quand t'es là, il est en pleurs,

Reste un peu, mon amour,

Fais-les fuir pour toujours.

Auprès de toi, j'en suis sûre,

Elle cicatrisera ma blessure.

Quand j'ouvre les yeux, la pièce me paraît avoir doublé de volume.