_RÉALITÉ_
Aksel noua ses lacets avant de se redresser. Il enfila son sombre trench-coat par-dessus son tee-shirt blanc et son pantalon serré. Aksel récupéra son téléphone. Il vérifia qu'il n'avait aucun message, puis le glissa dans la poche de son manteau. Il éteignit la lumière et sortit de la chambre, gagnant rapidement le rez-de-chaussée du foyer. Quand il ouvrit la porte, le froid mordant le frappa de plein fouet.
Aksel plissa les yeux pour tenter de voir correctement. La nuit était tombée, emportant avec elle les rayons du soleil. Il frissonnait déjà. Soudain, un bruit attira son attention sur le côté. Il tourna la tête, sur ses gardes. Il s'avança d'un pas.
- Qui est là ? demanda-t-il prudemment.
Personne ne lui répondit. A la place, un second bruissement s'éleva. Aksel fronça les sourcils. Son cœur se mit à battre plus rapidement. Il avait peur que quelqu'un l'attende pour le kidnapper lui-aussi. Cependant, il était loin du compte puisqu'il vit Arvel sortir de l'ombre pour s'approcher de lui.
- Qu'est-ce... qu'est-ce que tu fais là ?! s'exclama Aksel, ahuri.
- Je me demandais quand est-ce que tu allais partir à la recherche d'Oren...
Aksel eut un mouvement de recul. Ses yeux s'étaient ouverts en grand. Arvel, quant à lui, était planté devant l'autre garçon, les mains dans les poches de son jean. Il affichait une mine morne et désintéressée.
- Comment es-tu au courant de sa... disparition ? souffla Aksel.
- Cela fait plusieurs jours qu'Oren n'est pas venu au lycée et je vois bien que tu es très mal depuis... J'ai beau ne pas être très bavard en classe, je n'en suis pas moins très observateur, répondit Arvel en haussant une épaule.
Aksel fut pris d'un doute. Peut-être Arvel lui mentait-il ?
- Et comment je peux être sûr que tu dis la vérité ? reprit-il.
- Tu ne peux pas. Je vais être honnête avec toi : je sais ce que tu es. Ce serait vraiment idiot de refuser mon aide qui peut t'être très précieuse. Je peux t'être utile.
Le regard d'Aksel se voila soudainement. Il frémit.
- Comment cela ?
Arvel esquissa un petit sourire.
- Ne joue pas les idiots, je sais que tu es un gars intelligent.
Il leva l'une de ses mains sous le regard attentif d'Aksel. Il la renversa paume vers le ciel. La lumière lointaine des lampadaires permit à Aksel de voir une boule de glace se former en son creux. Arvel plia ses doigts et les déplia ensuite : la boule de glace avait disparu. Aksel releva la tête vers Arvel, complètement sous le choc.
- Comment as-tu réussi à faire ça ?!
Arvel rit.
- Tu ne sais pas vraiment varier tes questions, avec tous tes comment... Mais pour te répondre, je dirais que nous avons des dons exceptionnels... Si je t'ai bien observé, tu maîtrises l'électricité, non ? C'est toi qui a fait exploser cette lampe l'autre jour et déclenché tout un tas d'appareil électronique quand tu étais énervé. Je t'ai vu avec Oren.
Aksel gémit en plongeant son visage entre ses mains. Il était si peu discret. Heureusement que personne d'autre qu'Arvel ne l'avait découvert.
- Il faudrait se mettre en route. Tu as une idée de l'endroit où peux se trouver ton ami ?
Aksel hésita une dernière seconde, avant de décider qu'il accordait sa confiance à Arvel. Il acquiesça.
- Oren est dans un hangar. A l'intérieur ou à l'extérieur de la ville, je ne sais pas, répondit-il.
- Prend ma main, se contenta de dire Arvel.
- Quoi ?
- Fais-le !
Aksel s'exécuta et attrapa les doigts froids d'Arvel. Immédiatement, leurs deux silhouettes ne furent plus qu'un souvenir. Personne n'avait été témoin de l'étrange scène entre les deux adolescents. Personne, excepté un chat noir au coin de la rue, dont les yeux jaune étaient encore posés à l'endroit où Aksel et Arvel s'étaient trouvés quelques instants plus tôt. Après un petit miaulement, il disparu à son tour dans la nuit pour retrouver la maison de son maître.
***
Aksel s'appuya contre la façade du hangar, pris de vertiges. C'était la quatrième fois qu'Arvel les téléportait (à moins que transplaner soit un terme plus exact ?) d'un endroit à un autre, mais il ne s'y habituait pas. Son estomac avait du mal à supporter le voyage.
- J'espère que celui-ci est enfin le bon, marmonna Aksel qui était encore plus pâle que d'habitude.
Arvel lui fit signe de se taire alors qu'il s'approchait de la porte. Aksel le rejoignit. Ils entrouvrirent légèrement le hangar et Aksel y glissa un œil. Il ne vit rien d'autre que des caisses entassées aux quatre coins du hangar, ainsi que des ballots de foin. Et là, au fond, allongée sur le sol, se trouvait une silhouette informe. Aksel s'écarta vivement de la porte.
- C'est lui ! Il est là ! C'est Oren !
- Ecarte-toi.
Aksel se recula et Arvel lui passa devant. Il pénétra à l'intérieur et Aksel le suivit. Arvel claqua des doigts, ce qui fit apparaître une petite boule de feu. Elle s'éleva dans les airs pour flotter à leurs côtés. Le hangar fut baigné d'une douce lueur orangée.
- Je ne savais pas que tu pouvais faire ça, souffla Aksel.
- Tu pourras en faire autant quand tu auras maîtrisé tes dons, dit Arvel, maintenant va voir Oren. Je vais monter la garde.
Aksel se précipita vers Oren, le cœur battant. Il s'agenouilla aux côtés de son petit ami et lui releva la tête. Ce qu'il vit le laissa sans voix. Le visage d'Oren était entièrement boursouflé de marques et de coups. Ses deux yeux étaient cernés par un cocard, sa lèvre fendue et l'une de ses arcades sourcilières était carrément éclatée.
- Oren... Oren, réveille-toi... Mon amour...
Les paupières du garçon tressaillirent, puis s'ouvrirent avec lenteur. Il fut hagard un moment, avant de reconnaître Aksel.
- Toi... ici... ? murmura Oren.
- Je t'avais promis de te retrouver... c'est chose faite ! Maintenant, on va t'emmener loin d'ici. Je vais t'aider à te relever.
- On ? demanda Oren.
Aksel passa un bras autour de la taille d'Oren, tandis qu'il passait le sien autour de ses propres épaules. Oren gémit longuement de douleur. Tout son corps était douloureux.
- Arvel est venu m'aider à te tirer de là. Sans lui, j'aurai mis beaucoup plus de temps à te retrouver.
Oren aurait fait un scandale s'il n'était pas aussi mal en point. Ils marchèrent lentement pour ne pas blesser davantage Oren. Le regard de celui-ci était fixé sur la boule de feu qui flottait près de leur tête.
- Qu'est-ce que c'est que ça ? questionna Oren.
- C'est une longue histoire...
Arvel les rejoignit en courant. Il ne prit pas la peine de saluer Oren, s'adressant directement à Aksel.
- Mauvais timing, les ravisseurs d'Oren arrivent, annonça-t-il en récupérant sa boule de feu.
- Tu n'as qu'à nous téléporter, dit Aksel en ignorant le trouble de son petit ami.
- Impossible. Le faire serait risqué pour Oren. Il est trop blessé pour ça. Il risquerait d'avoir encore plus de dommages corporels, répondit Arvel en regardant Oren de bas en haut.
Les voix des kidnappeurs se firent plus fortes, plus proches. Les trois adolescents regardèrent autour d'eux, avant d'aller se cacher derrière des caisses de marchandises et des tas de foin. Ils regardèrent les ravisseurs entrer et allumer la lumière vacillante.
- Où est-il ?!
- Putain ! Quelqu'un est venu le chercher !
- Nous avons besoin de lui ! s'énerva l'un des hommes sur un ton sombre. C'est notre ticket pour rejoindre les hauts rangs de notre chef. Nous ne pouvons pas nous contenter de rester à l'arrière du convoi. La prophétie nous couvrira de richesse.
- Prophétie... murmura Arvel, s'attirant le d'Aksel.
- Ils ne doivent pas être loin. Retrouvez-les !
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top