Chapitre 6 : Angelitos


Le jeune homme laissa son amant caresser tendrement ses cheveux, profitant de la douceur de ses doigts entre ses mèches courtes. Lui-même avait le nez enfouit dans le cou de ce dernier, inspirant son parfum au goût de soleil et de miel, de chaleur et d'été. Il n'aurait pas voulu se trouver ailleurs, même pour tout l'or du monde. Ce n'était pas la première fois qu'ils se retrouvaient là, sous le soleil d'Alicante, à l'ombre des arbres qui bordaient le lac Lyn. La quiétude de l'eau, les bruits de la nature, le souffle du vent et le chant des oiseaux autour d'eux, Max ne les aurait pas laisser pour se rendre autre part, car ici, au moins, il se trouvait dans les bras de son homme, son Rafael, son Kelinci. Cela faisait désormais deux semaines que, régulièrement, les deux époux se retrouvaient dans les rêves de l'Argentin pour s'enlacer et profiter d'un moment ensemble. Le sorcier aux cornes blanches avait expliqué, au bout de plusieurs songes, à son mari de quoi il en retournait, que leur famille l'avait retrouvé presque mort dans le hall de l'Institut de New York et qu'il était désormais piégé dans un coma magique, coincé à mi-chemin entre la vie et la mort. Pourtant, l'Argentin n'avait aucun souvenir de s'être fait du mal, d'avoir même eu l'envie de se suicider ou de disparaitre. Le Chasseur d'Ombre aux longs cheveux ne pouvait même pas expliquer pourquoi ni comment ses runes de mariage et parabatai avaient disparu alors que celles de son époux étaient toujours présentes sur son cœur. Max ne comprenait pas plus que lui toute cette situation mais, d'une certaine manière, il n'avait pas non plus envie de creuser plus loin ce mystère. Tout ce qui comptait, c'était Rafael. Rafael et rien de plus. Le plus jeune des fils Lightwood-Bane avait expliqué à son amant ce qu'il s'était récemment passé chez eux, avec le retour de Raphaël Santiago, et le fait qu'il lui manquait plus que tout. Il avait même abordé l'idée que le Nephilim tente de projeter son âme hors de son corps pour que leurs pères puissent le voir aussi mais, jusqu'ici, chaque tentative avait été un échec total. Alors ils en étaient là, toujours au même point, mais profitant malgré tout du peu de temps qui leur était alloué. Max bailla entre les bras de son cher et tendre en frissonnant, alertant immédiatement Rafael qui se redressa sur un coude.

- C'est déjà l'heure ? S'enquit-il tristement. J'ai l'impression qu'on est là que depuis quelques minutes. Reste encore un peu, Corazon, por favor, supplia presque le Chasseur d'Ombre, la tristesse perçant de ses yeux chocolat.

Max planta son regard bleu électrique dans celui de son époux et soupira tristement, l'une de ses mains allant caresser sa joue de son pouce avec tendresse. Il détestait voir cette peine chez son compagnon qu'il ressentait jusqu'au plus profond de son âme. Dans leurs rêves, le sorcier se reconnectait à son cher et tendre, leurs liens se reformant comme si jamais rien ne les avait rompu, mais si percevoir de nouveau l'amour qui les unissait était le plus beau des sentiments, le plus jeune des fils Lightwood-Bane avait mal de voir l'homme qu'il aimait souffrir de la situation, coincé seul ici, dans ses propres songes, sans espoir d'en sortir. Leurs famille n'avait de cesse de réfléchir à un moyen pour le faire revenir parmis eux et, étonnement, même Raphaël Santiago s'y était mis pour les aider, mais, à l'heure actuelle, rien ne pouvait ramener l'Argentin, pas même l'amour que lui vouait son compagnon et qui ne semblait pas encore suffisant pour le sauver. Mais Max savait qu'il ne pouvait pas rester ici endormi avec lui et à passer le reste de leurs vies dans leurs songes. Leurs enfants avaient besoin de lui, et il ne pouvait pas non plus abandonner leur Dad et leur Ayah. Le sorcier se sentait déchiré, tiraillé, et il espérait que la situation finirait par s'arranger au plus tôt mais, pour l'heure, il devait se réveiller, et rentrer. Alors il se releva pour s'asseoir en s'étirant et prit l'une des mains de son amant pour la poser sur son cœur, l'autre sur son ventre afin qu'il puisse sentir leurs bébés sous ses doigts chauds.

- Je te promets de vite revenir, Kelinci, sourit le plus jeune avec une pointe de regret perçant dans la voix. Je trouverais un moyen, je te le jure.

- Te quiero, Corazon, murmura l'aîné en hochant tristement la tête. De toutes mes forces, toi et nos angelitos...

L'immortel aux cornes étincelantes sentit les larmes d'émotion lui monter aux yeux et il se pencha pour prendre une dernière fois les lèvres de son cher et tendre contre les siennes pour un baiser emplis d'amour et d'espoir, de crainte et de peine, lui disant au revoir jusqu'à la prochaine fois qu'il serait en mesure de le retrouver. Le monde s'obscurcit un instant, vacillant légèrement, et d'un sursaut maîtrisé, Max se réveilla dans sa chambre, encore étendu dans le lit de son amant. Tournant la tête, comme chaque matin, de le voir avec les yeux ouverts, ses orbes chocolats le fixant de tout son amour, le futur père soupira de peine en constatant que son compagnon n'avait pas bougé et que, cette fois encore, aujourd'hui ne serait pas le jour où il reviendrait. Essuyant ses yeux encore embués des larmes qu'il s'était retenu de verser dans son sommeil, le plus jeune des fils Lightwood-Bane sortit du lit, non sans un dernier baiser déposé sur la joue de Rafael, et rejoignit le salon où l'attendaient sûrement ses pères. De plus en plus, depuis qu'il retrouvait son amant la nuit, Max réapprenait à manger normalement, à s'habiller, à sourire, à essayer de profiter, au moins un peu, de la vie en elle-même et de sa grossesse qui était, bien qu'il doive la traverser seul, le plus beau cadeau qu'avait pu lui faire l'existence. Dans la pièce de vie de leur grand appartement de Brooklyn, le jeune homme sentit son coeur battre d'une douce tendresse en apercevant son Dad et son Ayah enlacés dans le canapé face à lui, leurs tempes l'une contre l'autre et leurs yeux clos pour savourer la magie du moment. Il pouvait voir des larmes à peine séchées sur leurs joues creusées, mais ce n'était pas des larmes de peine, non. C'était des larmes d'espoir, des larmes de retrouvailles, des larmes d'amour, les plus belles qui soient. Sentant la présence de leur fils jusqu'au plus profond de leur magie respective, Magnus et Alec ouvrirent les yeux avec lenteur et lui sourirent avec affection. Pourtant, sous leurs yeux attendrit, Max sembla se figer, la bouche légèrement ouverte, le souffle court, et une main se portant à son ventre dans un geste protecteur. Les deux hommes se levèrent d'un bon, inquiets.

- Max ? Max qu'est-ce qu'il se passe, trésor ? S'enquit Alec en s'approchant de lui.

- Hatiku, parle nous, implora presque Magnus face au silence prolongé de leur fils cadet. Est-ce que tu as mal quelque part ?

- Je...Je les ai senti..., souffla le plus jeune en relevant vers eux ses yeux électriques chargés de larmes émues. Ils ont donné un coup..., renifla-t-il avec tendresse en baissant les yeux vers son ventre qu'il caressa tendrement de ses deux mains.

- C'est la première fois ? Demanda encore l'Indonésien qui, tout comme son époux, sentait l'émotion l'étreindre lentement avant que Max n'hoche la tête sans quitter ses bébés des yeux, les caressant toujours à travers la peau tendue. Je peux ? S'enquit le Grand Sorcier de Brooklyn en approchant ses mains du ventre de son fils.

Max, une fois de plus, hocha la tête en plongeant son regard dans celui de son Dad qui laissa échapper quelques larmes de bonheur en posant ses mains pâles aux doigts fins sur celles de son fils. Magnus, lui, posa les siennes sur la peau tendue de son enfant en fermant les yeux, attendant patiemment dans un silence accueillant. Et c'est alors qu'ils le sentirent tous trois une nouvelle fois. Un coup de pied, puis un autre, léger. Les jumeaux bougeaient, ils allaient bien, en pleine forme et pleins de vie. C'est alors qu'une lueur bleuté illumina les paumes du Grand Sorcier et Max et Alec réalisèrent que les bébés venaient de le reconnaître, comme s'ils savaient que ces mains chaudes et baguées étaient les siennes. L'asiatique rouvrit ses yeux dorés de chat et les posa sur le visage rayonnant et larmoyant de son fils, partageant son bonheur. Ils le prirent alors tous deux dans leur bras pour un câlin amplement mérité et alors, Max retourna précipitamment à sa chambre, suivit par les deux adultes, encore inquiets malgré tout. Dans l'encadrement de la porte, le spectacle auquel ils assistèrent fit redoubler leurs larmes et pourtant chargea leur cœur d'un amour et d'une tendresse infinie. Debout à côté du lit de son amant, Max venait de prendre la main de Rafael dans la sienne pour la poser sur son ventre afin que lui aussi, en dépit de son inconscience puisse sentir leurs bébés bouger contre ses doigts. Une fois que leurs petits anges semblèrent se rendormir dans le ventre de leur père, Max déposa un dernier baiser sur les lèvres de son mari et rejoignit son Dad et son Ayah qui lui prirent la main pour l'emmener prendre le petit déjeuner. Magnus s'affaira à la confection d'un chocolat chaud avec de la chantilly et des petites guimauves, ainsi qu'une salade de fruit, alors qu'Alec faisait cuir des crêpes au saumon et à la crème, étant donné que Max appréciait tout particulièrement le mélange des trois depuis qu'il attendait ses petits miracles. Une fois le petit déjeuner servi, et tout le monde installé, les époux Lightwood-Bane virent avec effrois leur fils rouler sa crêpe au saumon et la tremper dans son chocolat chaud avant de croquer dedans avec appétit en gémissant de plaisir alors que ses papilles étaient comblées de bonheur. Magnus et Alec furent pris d'un fou rire qui se communiqua jusqu'à leur fils qui en pleurait de rire. Cela faisait bien longtemps qu'ils n'avaient pas profité d'un moment ensemble comme celui-ci et une certaine sérénité les envahit alors.

- Mais...Où est Raphaël ? S'enquit subitement le plus jeune en réalisant qu'ils n'étaient que trois à table.

- Sur le balcon, sourit Magnus un peu tristement. Il n'a pas vu le soleil depuis les soixante-dix dernières années, alors il en profite.

Max tourna la tête vers l'ancien vampire et son cœur se serra à sa vue. Pourtant ce n'était pas son apparence qui l'affectait, mais la peine qu'il ressentait en lui. Une peine immense et immuable. Comment pouvait-on souffrir autant de se trouver là ? Il était mort vingt ans auparavant et maintenant qu'il avait une chance de reprendre le cours de sa vie, une vie qui lui avait été injustement volée à deux reprises, il sentait que l'hispanique aurait souhaité de pas avoir à revenir parmi les vivants. Comme s'il se sentait observer, Raphaël tourna son regard dans la direction des Lightwood-Bane et retint un soupire avant de les rejoindre à l'intérieur, quittant ce soleil qu'il chérissait tant. L'ancien chef du clan de New York s'installa à table à leurs côtés, bien que conservant une certaine distance, et se servit un café qu'il sirota en silence sou le regard attentif de son père de coeur qui lui sourit tendrement, dans l'espoir de voir l'étincelle dans les yeux de son fils reprendre vie, mais il n'en fut rien. Le Grand Sorcier de Brooklyn retint un soupir attristé et baissa faiblement les yeux sans voir la peine et la compassion dans les yeux de son fils et de son époux. Alec prit la main de son cher et tendre dans la sienne pour entremêler leurs doigts et les porter à ses lèvres pour y déposer un baiser tendre afin de lui montrer son soutien et de lui prouver son amour.

- Max, déclara alors le noiraud en cherchant à son tour l'approbation de son compagnon avec un sourire aimant, Ayah et moi on a réfléchi et aujourd'hui on aimerait t'emmener faire ta première échographie. On aurait dû la faire plus tôt et c'est vrai qu'on a été négligent alors j'espère que tu es d'accord ?

- Vraiment ? Souffla Max avec espoir, posant une main sur son ventre. J'aimerais beaucoup ça, merci Dad, merci Ayah, chuchota-t-il avec émotion, ses hormones rendant son empathie plus sensible encore.

- On a rendez-vous d'ici une heure et demi, c'est bon pour toi ?

- C'est parfait, assura le plus jeune en souriant tendrement. Est-ce que...Raphaël va venir avec nous ? Hasarda-t-il en jetant un œil presque timide au concerné.

Dans sa chaise, Raphaël se recroquevilla un peu plus, baissant les yeux sur sa tasse de café dans laquelle il aurait bien aimé se plonger pour s'y noyer. Il connaissait déjà la réponse et ça lui allait. Ce n'était pas comme si il avait envie de venir de toute façon. Il ne connaissait même pas Max après tout, à peine Alec, et Magnus préfèrerait sans doute rester avec sa famille qu'avec lui. L'hipanique renifla en étouffant un rire amère, repensant à ses propres paroles. Sa famille. Oui, Magnus avait une famille, et lui n'en faisait pas partie. S'il en avait un jour fait partie, ce n'était plus le cas désormais et, même s'il ne l'avouerait jamais à voix haute, ce constat lui faisait mal malgré tout. Alec, percevant la boule de chagrin dans la gorge de son amant qui l'empêchait de parler, reprit parole avec une douceur infinie.

- En fait, mon coeur, on avait pensé que tu préférerait qu'il ne soit pas là, étant donné...Enfin, tu vois...

Max pencha la tête sur le côté alors qu'il observait tour à tour son Dad et son Ayah. Il posa ensuite ses yeux bleus sur celui qui avait pris l'apparence de son mari et, alors, il le vit. Raphaël Santiago. Comme il avait reconnu son père sous les traits du frère Manuel, Max voyait à présent Raphaël sous son vrai visage, comme il était lorsqu'il était encore en vie, et le jeune homme lui sourit amicalement, sans rancune aucune. Raphaël n'était pas Rafe. Pour lui, c'était sans doute plus simple à percevoir que pour ses parents.

- J'aimerais qu'il vienne, affirma-t-il d'un ton doux mais déterminé, faisant relever la tête de Magnus et de Raphaël d'un même mouvement d'espoir.

- Tu es sûr, Hatiku ? S'enquit tout de même l'asiatique en se tordant nerveusement les mains d'angoisse.

- Oui. Je te vois, expliqua-t-il au revenant. J'ai une magie empathique, je peux voir ton âme à la place de ton corps. Je te vois toi, pas Rafe. Tu sais comment il s'appelle ? Tous ses prénoms ?

- Non..., chuchota le concerné en le regardant avec crainte.

- Rafael Santiago Lightwood-Bane, déclara le sorcier d'une voix émue. Dad et Ayah l'ont appelé comme toi pour te rendre hommage. Je sais ce que tu ressens, mais tu n'es pas un étranger. Tu es le fils d'Ayah, et notre frère. Tu fais partie de notre famille et j'aimerais que tu viennes à l'échographie, si tu es d'accord ?

Raphaël retint son souffle en cherchant confirmation dans les yeux de son père de cœur qui hocha la tête avec douceur. Lentement, d'une timidité que personne ne lui connaissait à part Magnus qui avait eu la chance de l'entraperçevoir à quelques reprise au cour de sa vie, le jeune homme se leva et vint prendre Max dans ses bras en murmurant un "hermano", étranglé. Il passa ensuite à Alec, dont l'étreinte fut plus timide mais tout autant tendre, malgré la surprise, pour finir avec Magnus contre qui il se nicha, essayant de se faire une petite place pour prendre un minuscule bout de ce bonheur familial qui lui était offert et qui lui avait manqué depuis tant d'années.

- Papa..., commença-t-il à sangloter en silence, se cachant des deux autres membres de la famille Lightwood-Bane, s'autorisant à se montrer fragile, pour une fois dans sa vie.

- Je ne t'ai jamais remercié de m'avoir sauvé la vie..., murmura Magnus comme un secret entre eux. Mais Max a raison, tu es tout autant mon fils que Rafe et lui, et je t'aime, tête de mule.

L'ancien enfant de la nuit lâcha un rire étranglé et resta encore quelques instants dans les bras de son père alors qu'Alec murmurait un merci silencieux à Max, lui prenant la main. Le Chasseur d'Ombre avait finit par comprendre que Raphaël, malgré ses soixante-sept ans de vie sur terre, avant sa mort, qu'il avait à peine un an de moins que Magnus lorsqu'il avait été transformé en vampire et donc que, malgré la sagesse acquise, il était resté un adolescent de dix-sept ans effrayé par la vie. Lorsqu'il s'y sentit prêt, Raphaël quitta les bras de l'Indonésien qui lui ébourriffa tendrement les cheveux en riant gentiment et affectueusement. Max sourit de toutes ses dents, de ce sourire lumineux qui le caractérisait tant et ils firent tous les quatre un câlin dont tenta de s'échapper l'ancien vampire sous les rires affectueux de ses proches. Suite à leur moment de bonheur partagé, chacun partit se préparer en vue de se rendre à la maternité pour l'échographie de Max. Ils se retrouvèrent une vingtaine de minutes plus tard à nouveau dans le salon et le sorcier à la peau bleue ne sut si c'était ses hormones, son empathie ou l'amour qu'il avait pour ses parents qui parlait mais il sentit ses yeux s'embuer de nouveau de joie et d'émotion. Ils étaient tout simplement magnifiques. Ils s'étaient laissé aller si longtemps que de les voir aussi beaux était un véritable soulagement. Max savait que Rafe préférerait voir ses parents heureux que tristes, même s'il leur manquait terriblement. Aujourd'hui, Alec avait enfilé une chemise en jean clair et un pantalon noir qui mettaient son visage en valeur, ainsi que sa veste en cuir brun que Magnus lui avait offert lors de leur premier anniversaire et qu'il adorait. Magnus qui, lui, n'avait rien à envier à son compagnon. Le Grand Sorcier de Brooklyn était sublime et aurait fait la fierté de son fils aîné s'il avait pu le voir. L'asiatique aux pupilles fendues avait revêtu un pantalon serrant bordeau, une chemise bleue nuit et une veste à brocard aussi brillante et argentée que la magie de Max. Chacune de ses bagues était à sa place, il avait mis toutes ses boucles d'oreilles, ses bracelets et ses colliers, ainsi que le manteau en fourrure multicolore offert par Rafael à son anniversaire il y avait bientôt huit ans de cela.

Une fois l'émotion passée, Magnus prit une grande inspiration, puisqu'il s'agissait de l'une des premières fois qu'il quittait le loft depuis la perte de Rafe, et il ouvrit un Portail pour les mener directement dans le hall de la maternité où, à la grande surprise de Max, sa marraine Tessa les attendait déjà le sourire aux lèvres en blouse blanche et ses cheveux attachés en un magnifique chignon destructuré. L'immortelle les guida jusqu'à la salle d'examen qu'elle avait réservé avec l'aide de Catarina et les invita à s'asseoir pendant que Magnus et Alec expliquaient à leur fils que, puisque la sorcière avait découvert sa grossesse, il était normal qu'elle en fasse le suivit. Max n'aurait pu être plus d'accord avec eux et il leur sourit, bien que légèrement angoissé face à la suite des événements, lui qui n'avait jamais passé d'échographie. Les époux Lightwood-Bane tinrent la main de leur fils pour le soutenir face à ce moment si important pour lui et Tessa s'installa au bureau.

- Je suis contente que tu sois là, Max. On va commencer par quelques questions et ensuite on passera à l'échographie, ça te va ? Sourit-elle chaleureusement.

Le futur père hocha la tête et répondit à ses questions calmement, répondant sur la courbe de poids, les envies et symptômes qu'il pouvait avoir, sur son moral et les éventuelles douleurs qu'il pouvait avoir. La directrice du Labyrinthe en Spiral prit également sa tension et écouta battre son cœur, vérifia son Centre Magique et celui de ses bébés en pleine expansion et affirma sereinement que tout allait pour le mieux. Magnus et Alec soupirèrent de concert, heureux que tout aille bien et faisant rire leur amie qui les traita de vrais papas poules. Une fois son état vérifié, Max fut invité à s'allonger sur la table d'examen et tous se réunirent autour de lui : Raphaël à ses pieds, son Dad à sa gauche et son Ayah à sa droite, embrassant son front juste entre les cornes pour l'apaiser. Le jeune homme releva son t-shirt et laissa sa marraine y mettre du gel avant de poser la sonde par dessus et d'allumer l'écran.

- Alors, où est-ce qu'ils se cachent ces petits bouts...Ah, les voilà ! S'exclama-t-elle alors que la silhouette en noir et blanc des bébés apparaissaient à l'écran, chacun retenant son souffle.

- C'est...C'est mes bébés ? S'enquit Max en serrant la main d'Alec dans la sienne.

- Oui, ce sont tes enfants, Max, sourit encore Tessa. Je peux te dire le sexe si tu veux ? Proposa-t-elle avant que le futur père n'acquiesce avec joie. Bien, alors...Nous avons...un petit garçon ! Affirma-t-elle toute joyeuse avant de passer au second bébé. Et ton deuxième...Oh, félicitation Max, c'est une petite fille. Tu attends un fils et une fille.

Le sorcier cornu retint bravement ses larmes et observa l'écran qui changea un instant pour dévoiler cette fois une image en 3D des petits anges qu'il abritait depuis quatre mois. Même Raphaël resta sans voix devant le spectacle qu'il voyait.

- Est-ce qu'ils....

- Oui, ils..., rit la sorcière en observant leur réaction.

En effet, les deux bébés étaient tout simplement enlacés l'un contre l'autre comme s'ils se faisaient un câlin, leurs têtes l'une contre l'autre comme pour se protéger mutuellement, débordant déjà d'amour. Max sentit alors un léger coup qui fut retranscrit à l'image un quart de seconde plus tard et, alors, la magie des bébés reprit vie. Le lapereau et le loutron flotèrent jusqu'à leur image et reniflèrent l'écran avec curiosité. Tessa rit une nouvelle fois de toute sa tendresse.

- Alors si j'en crois les images...Le lapereau est ton fils et le loutron est ta fille, Max. Est-ce que ça te ferait plaisir d'entendre battre leur cœur ?

A court de mots, Max ne put qu'hocher la tête et Tessa activa le son. Dès que les premiers battements se firent entendre, le sorcier à la peau bleue éclatante fondit en larme de bonheur, submergé par ses émotions. Leur cœur battait vite et fort, il n'y avait aucune défaillance, et, à n'en pas douter, ce seraient deux sorciers en très bonne santé. Magnus et Alec versèrent quelques larmes à leur tour, réalisant qu'ils allaient être grands-parents, et leur fils sentit une main se nouer à la sienne. Baissant les yeux, s'attendant à y trouver la main de son Dad, il ne rencontra que du vide.

- Rafe...? Chuchota-t-il à voix basse, comme pour être certain, avant que la main ne le serre légèrement plus fort, signe que c'était bien lui. Ce sont nos bébés, Kelinci, nos bébés...., pensa-t-il de tout son cœur, et il fut presque certain d'entendre la voix de son amant lui murmurer un "te quiero" à l'oreille.

- Tout va bien, Hatiku ? S'enquit Magnus en voyant son air absent.

- Tout va bien Ayah, pleura Max en souriant de bonheur. Je suis heureux.

L'Indonésien embrassa de nouveau le front de son enfant et Tessa nettoya le gel sur le ventre de Max avant de lui permettre de remettre son haut en place. La photo en trois dimensions de l'échographie fut imprimée par la sorcière et confiée au futur père qui la serra contre son cœur sans jamais faire mine de s'en séparer. Les Lightwood-Bane remercièrent leur amie de toujours qui quittèrent la maternité sans avoir programmé le futur rendez-vous pour le bilan de ses six mois. Lorsqu'ils quittèrent le bâtiment, avant de rentrer chez eux, Magnus annonça qu'il avait une dernière surprise pour son fils cadet et ils reprirent un Portail qui les mena directement devant la façade d'une minuscule boutique, tout du moins en apparence, mais Max pouvait sentir la magie émaner du lieux.

- Où est-ce qu'on est ? S'enquit-il en passant une main sur son ventre, inquiet pour la sécurité de ses petits.

- On est devant la meilleure boutique de tout New York ! répliqua Alec en riant joyeusement, ne s'attendant pas à une telle surprise de la part de son sorcier de mari. C'est une boutique de vêtements pour enfants, c'est ici que ton père et moi venions quand tu étais bébé pour t'acheter des vêtements. C'est tenu par une femme qui possède la Seconde Vue et qu'Ayah connait depuis les années soixantes. Elle a toujours été aux petits soins pour nous.

- Comment est-ce qu'elle s'appelle ? Demanda Max qui se détendit partiellement.

- Marlène.

- Malène est en vie ?! S'étonna Raphaël Mais ça veut dire qu'elle aurait au moins cent neuf ans ?! Comment c'est possible ?!

Magnus se retourna pour le fusiller du regard et lui intimer de se taire avant qu'il ne dise quelque chose qu'il pourrait regretter et, heureusement, l'ancien vampire comprit le message et Alec avait manqué le regard fulminant de son mari qui se reprit comme si de rien n'était. Ils pénérèrent dans la boutique et découvrirent la vieille femme aux cheveux d'argent qui rangeait soigneusement sa marchandise sur les ceintres et les diverses étagères et présentoirs. Magnus la salua chaudement en embrassant sa joue, et Marlène lui rendit son étreinte avant de prendre Alec dans ses bras en lui demandant s'il allait bien et s'il mangeait toujours assez. Max fit un tour dans les rayons et Raphaël se rapprocha de l'asiatique qui l'emmena un peu à l'écart.

- Comment Marlène peut-elle être encore en vie ?! Répéta l'hispanique à voix basse.

- Pas si fort ! S'écria Magnus avant de reprendre dans un soupire. Écoute, je lui rend une visite régulièrement pour la soulager de quelques maux et la faire vivre un peu plus longtemps...Je tiens à elle, et tu as vu comment elle est avec Alexander, ça lui fait du bien à elle aussi de le voir...

- Je sais...Mais Alec ne sait rien visiblement, je me trompe ?

- Non, je ne lui ai rien dit. Je sais ce que tu vas dire, je devrais le faire, mais pour le moment ce n'est pas ma priorité, il le découvrira bien assez tôt...

Raphaël s'apprêta à répliquer quand, soudain, ils entendirent Max exploser en de lourds sanglots dans la boutique. Entre ses mains, le futur père tenait une minuscule veste. Une veste rouge à épaulettes argentées. La veste préférée de Rafael, taille bébé. Le cœur en lambeau, Magnus se précipita sur son fils pour le prendre dans ses bras et le consoler.

- Je veux qu'il revienne...Ayah je t'en supplie, je veux qu'il revienne...Ramène le...Rafe...Rafael, Kelinci..., pleura-t-il lourdement sur le coeur de son Ayah.

- On le ramènera, Hatiku. Je ne sais pas quand, ni comment, mais je te le ramènerais, c'est promis...

Dans son chagrin, Max ne sentit pas le baiser déposé sur sa joue, ni la main qui tenta de caresser ses cheveux. Mais ce n'était pas grave. Parce que Rafe aussi était là, et il se promettait de revenir, pour Max. Il trouverait un moyen. Alors, observant son époux pleurer toutes les larmes de son corps contre le cœur de leur père, l'âme de l'Argentin, invisible aux yeux du monde, vit la magie de ses bébés jouer joyeusement autour de lui. Ils le voyaient. Et, pour eux, il reviendrait. 

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