Chapitre 2 : Comme avant
Bonjour tout le monde, petite publication avant le weekend car, si tout se passe bien, j'aimerais avancer sur une certaine fiction la semaine prochaine dont je vous réserve la surprise, et puis j'aime mieux publier le vendredi, c'est plus sympa! Bonne lecture !
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- A la claire fontaine, m'en allant promener, j'ai trouvé l'eau si belle que je m'y suis baigné...Il y a longtemps que je t'aime...Jamais je ne t'oublierai...
Alec soupira, les larmes lui montant aux yeux. Une main serrant celle, immobile et froide, de Rafael, l'autre caressant des cercles apaisants dans le dos d'un Max endormis, en proie à des rêves agités, le Chasseur d'Ombre berçait ses fils comme autrefois, veillant sur leur sommeil en leur fredonnant la comptine de leur enfance, cette chanson qui soulageait toutes leurs peines, ainsi que les siennes et celles de Magnus, et qui l'avait accompagné tout au long de son existence jusqu'à ce jour. Le noiraud se souvenait très bien, petit, de sa mère leur chantant le soir avant de dormir, et chaque fois qu'ils revenaient, lui, Izzy et Jace, blessés d'une patrouille. Mais aujourd'hui, la berceuse était devenue bien plus que ça. Aujourd'hui, elle était un ancrage, un point fixe dans une réalité tumultueuse qui lui permettait de tenir le coup face aux récents événements. Le co-directeur de l'Institut de New York soupira pour la énième fois de la journée et essuya ses larmes d'un geste délicat, ne souhaitant pas faire de mouvement brusque pour ne pas réveiller Max, ni le blesser. Le sorcier à la peau bleue, ces derniers jours, passait son temps à dormir, épuisé par la douleur qui le terrassait constamment. Une main posée sur son ventre, le futur père cherchait inconsciemment à communier avec ses bébés, cherchant à les protéger et, dans une certaine mesure, à se préserver lui-même. Souvent, les deux petits anges qu'il abritait dans son giron diffusaient leur magie comme une lueur dorée sous sa paume et, contre toute attente, Alec voyait chaque fois le tatouage de Rafael, un coeur doré situé sous son oreille, dans le creu de son cou, s'illuminer à son tour. Ainsi, époux et enfants communiaient, sans même le réaliser, car chaque fois que Max s'éveillait, ne serait-ce que quelques instants, la magie se dissipait, semblant ne jamais avoir été là. Alec ne comprenait pas très bien le fonctionnement le fonctionnement de leur lien, lui-même ne réalisant pas encore toute l'ampleur de sa propre magie nouvellement reçue après sa majorité magique, pourtant, il savait que c'était quelque chose de précieux et d'important, qui leur serait même peut-être nécessaire à l'avenir. La magie propre de Max, d'autre part, paraissait plus distante, comme éteinte, ne se souciant presque plus de qui approchait de son propriétaire, l'entité d'argent trop touchée par la perte de l'Argentin pour penser à repousser qui que ce soit. Et, malgré tout, elle n'était pas la seule magie à s'être comportée bizarrement.
En effet, après la découverte du corps de Rafael, c'est la magie de Magnus qui semblait s'être réveillée, comme d'un long sommeil. Le phénomène avait commencé par une chaleur bienfaitrice dans la rune de magie de l'Indonésien, que ce dernier avait acquis lors de son Ascension en tant que Chasseur d'Ombre, bien des années plus tôt. Puis la chaleur avait grandi, évolué, pour finalement prendre forme, comme celle de Max, indépendante et pétillante, un spectre d'étincelles bleues électriques, si forte, si dominatrice, et pourtant si fragile et sensible à la fois. D'ordinaire, Magnus et sa magie ne faisaient qu'un. Après plus de huit cent ans passés ensemble, le sorcier et son entité se confondait comme un seul, mais depuis le chagrin qui les avait touché par la découverte de l'apparente tentative de suicide de Rafael, la magie du Grand Sorcier avait reprit une sorte d'autonomie et d'indépendance afin de protéger son propriétaire. L'entité avait très rapidement compris qu'Alec et Ragnor étaient les deux principales personnes, dans la situation actuelle, en mesure de venir en aide à l'asiatique en cas de soucis. Le noiraud et son beau-père en avaient pris l'habitude et se laissaient guider jusqu'à Magnus, bien que chaque fois ne sachant pas sur quel cas ils tomberaient. Alors, quand le Chasseur d'Ombre baissa les yeux et vit la magie bleue s'enrouler autour de ses doigts comme si elle cherchait à lui prendre la main, il hocha tristement la tête et la suivit sans poser de questions, non sans avoir embrasser le front de ses fils au préalable. La magie le guida dans le bureau de Magnus où le sorcier était resté enfermé depuis désormais cinq jours, sans sortir de la pièce pour dormir, se nourrir ou ne serait-ce que se débarbouiller et passer un peu d'eau fraîche sur son visage déjà amaigri par le stress et la douleur. Entrant dans la pièce aux murs sombres, Alec haleta brièvement, les larmes aux yeux, se figeant sur le seuil, bien que la magie de son époux ne cherche à le faire entrer, l'urgence pulsant dans ses étincelles semblables à ses yeux cobalt.
Magnus était là, assis dans son fauteuil molletonné de cuir vert forêt aux accoudoirs en bois vernis. Ce fauteuil était sans doute presque aussi vieux que le sorcier, et pourtant l'immortel en avait toujours pris soin comme d'un précieux trésor. Ragnor avait expliqué à Alec que le meuble datant en réalité de l'époque où Magnus était un jeune enfant et que ce fauteuil appartenait à sa mère, le seul élément de luxe qu'ils possédaient dans leur maison défraichie mais chaleureuse d'amour, avant qu'il n'ait sa marque de sorcier et que son univers ne bascule après le suicide de la seule femme qui l'eut jamais aimé de tout son coeur. Ses yeux de chats étaient ternes et tristes, embués de larmes, la pupille si fine qu'elle en paraissait inexistante. Le Grand Sorcier de Brooklyn faisait peine à voir : son torse nu sous un peignoir troué et vieillis de vingt ans au moins, ses jambes couvertes d'un pantalon de jogging noir qui appartenait à Alec et datant de son coma, son visage amaigri, ses orbes soulignées de cernes sombres qui le vieillissait de plusieurs années d'un coup et, surtout, l'abscence totale de maquillage et de paillettes qui le caractérisaient pourtant. La tête basse, l'asiatique fixait de son regard morne une photo piégée entre ses mains vierges de bagues et aux ongles neutres de tout vernis. L'appelant une fois, deux fois, trois fois sans obtenir de réponses, le Chasseur d'Ombre soupira tristement et s'approcha de son époux avec lenteur, agissant de la même manière que s'il s'était avancé vers un animal blessé. Alors qu'il posait une main sur son épaule, le fils de l'Ange vit que son amant tenait en réalité une photo prise bien des années plus tôt qui mettait en scène l'Indonésien étendu sur le canapé du salon, les yeux clos, les cheveux ébouriffés, visiblement endormi. Contre son flanc, un Max d'à peine cinq ans dormait lui aussi, tout autant que Rafael, à sept ans, allongé sur le torse nu de son Ayah, la tête posée contre son coeur, les bras de Magnus enveloppant ses deux enfants pour une sieste réparatrice en communion. Alec se souvenait parfaitement de ce moment pour avoir pris lui-même ce cliché. C'était, tout comme Magnus, l'un de ses préférés, parfaite représentation de l'amour et de la quiétude qui avait autrefois unis leur famille. Le noiraud sentit les larmes lui monter aux yeux en apercevant ce souvenir immortalisé dans le temps, voyant son époux se perdre corps et âme dans la photographie comme une porte sur un passé qu'il ne pouvait s'empêcher de vouloir rejoindre depuis qu'ils avaient perdu leur fils aîné.
- Magnus ? Mon chat, est-ce que tu m'entends ? Chuchota le Nephilim en s'agenouillant à ses côtés, posant une main pâle sur la sienne.
Mais Magnus ne répondit pas, fixant obstinément la photo qu'il tenait entre ses doigts. Inquiet, sourcils froncés, Alec fit aller sa main devant les yeux de l'asiatique qui ne réagit pas plus ni ne cligna des yeux pour signifier qu'il avait repéré son geste. Sentant l'angoisse monter en lui, Alec tenta de retirer l'image des mains de son mari qui n'opposa aucune résistance, fixant toujours le vide comme si le cliché était toujours en sa possession. Étouffant un sanglot, l'ancien Frère Silencieux comprit que son homme était tout simplement en état de choc, aveugle et sourd au monde autour de lui, obnubilé par la douleur qui l'habitait. Comme lorsqu'il avait découvert le corps de son enfant, l'esprit de Magnus rejetait la réalité avec une violence inouïe, tâchant de se convaincre que rien de tout ce qui arrivait n'était réel. Ce n'était pas la première fois que le phénomène se produisait, mais Alec n'y avait fait face qu'une seule fois en dehors de celle-ci, Ragnor étant celui qui connaissait suffisamment les réactions les plus imprévisibles de son fils pour gérer chaque crise d'une main de maître. Sauf que, cette fois, le sorcier à la peau verte n'était pas là, ce serait donc à Alec de faire en sorte de ramener son compagnon dans leur présente réalité, bien qu'il n'eut aucune idée de comment s'y prendre. Soupirant une nouvelle fois d'un souffle tremblant et inquiet, le plus jeune prit donc le visage de son amant en coupe, caressant ses joues en de longs cercles apaisants et délicats, puis il lui parla. Si Magnus ne pouvait réagir, peut-être pourrait-il tout de même l'entendre ?
- Mon chat, c'est moi, c'est Alexander, chuchota-t-il comme par peur que sa voix ne le brise en mille et un petit morceaux. Tu es à la maison, à New York. On est dans ton bureau, Max et Rafael sont dans leur chambre. Est-ce que tu peux m'entendre mon amour ? S'enquit-il en désespoir de cause, récoltant enfin, finalement, un battement de paupière de la part de son homme lorsqu'il prononça le prénom de leur fils aîné. Tu veux bien venir avec moi ? Je vais m'occuper de toi mon chat, ça va aller, d'accord ?
Le silence s'éternisa autour d'eux puis, alors qu'il ne s'attendait plus à rien, Magnus battit une nouvelle fois des paupières avec une lenteur extrême, ce qui rassura Alec qui poussa un profond soupir de soulagement. Caressant une dernière fois le visage de son cher et tendre, le noiraud glissant sa main dans la sienne, entrelaçant leurs doigts avec délicatesse, comme s'il était fait de verre, et tira son époux à lui, le guidant dans leur loft pour l'emmener jusqu'à la salle de bain. L'Indonésdien, inconscient de ses propres gestes, suivit son mari sans même le réaliser, ne clignant plus des yeux, comme s'il n'était plus qu'une coquille vide, sans âme ni vie, pas plus réactif au monde qui l'entourait qu'un esprit errant, une ombre dans la nuit. Dans la salle d'eau qui communiquait avec leur chambre, le co-directeur de l'Institut de New York déshabilla le Grand Sorcier, retirant un à un ses vêtements, l'effeuillant avec douceur. Magnus se laissa faire sans broncher, ne bougeant pas. Ce fut le noiraud qui guida ses gestes pour l'aider à retirer son jogging, la partie la plus compliquée, mais l'asiatique s'exécuta, encore une fois, sans réellement se rendre compte de ce qui était en train de se passer. Une fois son amant nu, Alec retira ses propres habits et alluma l'eau de la douche, patientant qu'elle chauffe tranquillement. Lorsqu'elle fut à bonne température, l'ancien Frère Silencieux reprit la main de son compagnon et lui glissant tout deux sur le jet d'eau, les gouttes perlant sur leur corps nus et enlacés. En réalité, le Chasseur d'Ombre n'avait aucune idée de ce qu'il était en train de faire. Peut-être que tout ceci était inutile, mais il savait au fond de lui que Magnus avait toujours été lié à l'eau, dans une certaine mesure, et que le peau à peau le rassurait chaque fois qu'il faisait un cauchemar ou se sentait seul alors réunir les deux ne pouvait faire de tort à personne, pas vrai ? Il cajola le corps de son aîné, la pulpe de ses doigts caressant sa peau comme un baume réparateur, sa voix chuchotée lui murmurant des paroles douces et amoureuses, rassurantes, tâchant de le ramener dans leur réalité, bien que cette dernière fut le pire de tous les cauchemars qu'aucun d'eux eût jamais imaginé. Il lui parla d'eux, de leur vie d'avant, de leur famille, de Max, de Rafe, ravalant ses propres larmes et ignorant la boule de chagrin qui se formait dans sa gorge et pesait sur son cœur. Il lui fredonna leur comptine, symbole de leur passé, de leur présent, de leur avenir, de leur histoire tout simplement.
- Chante, rossignol chante, toi qui a le coeur gaie, tu as le coeur à rire moi, je l'ai à pleurer...Il y a longtemps que je t'aime, jamais je ne....
Mais avant qu'il ai pu terminer la berceuse, Magnus fondit brusquement en larme entre ses bras, explosant en de violent sanglots qui déchirèrent sa gorge et sa poitrine, ses gémissement et hurlements de peine se répercutant sur les murs carrelé de marbre de la salle de bain. Se recroquevillant sur lui-même sous la force du choc, comme si la douleur de son esprit était devenue douleur physique, le sorcier se laissa tomber sur le sol de la douche, se balançant d'avant en arrière comme un autisme cherchant à s'autoréguler lors d'une violente crise. Alec, désespéré et terrassé par la souffrance de son âme sœur, se laissa glisser à sa hauteur et l'enveloppa de ses bras comme un cocon protecteur et rassurant. Magnus, d'ordinaire, aimait à dire qu'il se sentait en sécurité dans les bras de son Nephilim, se sentant à la maison, et Alec priait Raziel pour qu'une fois encore son étreinte suffirait à apaiser son compagnon. Aucun d'eux ne sut combien de temps ils restèrent là à attendre, à se soutenir l'un l'autre, à faire face, car c'était là tout ce qu'il leur restait encore, mais finalement, les larmes se tarirent et les sanglots disparurent pour ne laisser que le silence et le calme, un calme pesant, lourd de non-dits, de rancune, de colère, de douleur. Baissant le regard sur le visage épuisé de son cher et tendre, Alec vit à son plus grand regret que les yeux de Magnus fixaient à nouveau le vide avec insistance. Il avait pleuré, il était revenu dans leur réalité, dans le présent, mais c'était trop douloureux et, ne le supportant pas encore, l'Indonésien était repartit dans ce monde de souvenir et de bonheur, de rire et de joie qui semblait aujourd'hui bien loin de leur portée. Le fils de l'Ange se demanda un instant ce qu'il se passerait si Ragnor mettait en place un nouveau cadenas émotionnel sur le cœur de son protégé. Magnus détesterait-il Rafael comme il avait détesté le noiraud pendant toutes ces années ? Non, Alec ne prendrait pas ce risque. Il sortirait Magnus de son état de transe, mais pas de cette manière. Réalisant que seul l'ancien Grand Sorcier de Londres pourrait mettre fin, au moins temporairement, à son état de choc, le Chasseur d'Ombre coupa l'eau, aida son époux à sortir de la douche et il entreprit de prendre soins de lui comme il le faisait lors de son coma, bien des années plus tôt. Il l'essuya, coiffa ses cheveux, le maquilla même et l'aida à enfiler une tenue confortable et simple mais assez élégante en soit. Magnus se retrouva donc vêtu d'un jean sombre qui appartenait à son époux et d'un pull à grosse maille violet, la couleur préférée de l'Indonésien, mais aussi couleur de deuil chez les sorciers.
Alors qu'Alec s'empressait de s'habiller à son tour, il vit son mari quitter leur chambre et se diriger vers son bureau pour s'y enfermer sans doute à double tour, sans un mot pour lui, sans qu'une seule parole ne quitte la barrière de ses lèvres. Le noiraud ne tenta même pas de le retenir, le laissant simplement quitter la pièce, sachant que l'asiatique avait besoin d'espace et de calme. Pourtant, jamais le Chasseur d'Ombre n'entendit le loquet de la serrure s'enclencher. Fronçant les sourcils, partant à la recherche de son mari, le nouveau sorcier le trouva dans la chambre de ses fils, debout près du lit de leur aîné qui était toujours immobile, toujours entre la vie et la mort. Le coeur de l'ancien Consul se brisa une fois de plus lorsqu'il vit l'Indonésien, tenant la main de son enfant dans la sienne, exploser une nouvelle fois en de lourds sanglots, sa magie les englobants, Max y compris, dans une bulle d'amour et de protection. Les mèches de Rafael commençèrent à blanchir, comme les longs cheveux de son oncle Ragnor, et alors que toute sa chevelure se teintait de blanc, Magnus hurla de douleur, sa magie semblant exploser autour de lui et il s'ecroula à même le sol de la chambre des deux frères et époux. Les yeux écarquillés d'effrois, Alec se précipita aux côtés de son homme pour surélever sa tête qui avait claqué dans un bruit violent et sec sur le parquet vernis, le noiraud craignant à une blessure ouverte ou une commotion. Appelant son prénom plusieurs fois, Magnus ne réagit pas, ne semblant pas vouloir se réveiller. Heureusement, il respirait toujours, par le plus grand des miracles. Le co-directeur de l'Institut de New York caressa son visage avec génération et déposa un baiser tendre sur ses lèvres, comme s'il espérait que Magnus se réveillerait, mais il n'en fut rien. D'un soupir attristé, le Nephilim porta son amant et le ramena à leur chambre pour le laisser dormir et se reposer, lui qui en avait bien besoin, n'ayant pas fermé l'œil depuis des jours. En le voyant ainsi, les yeux clos, il ne put s'empêcher de repenser à la photo que tenait Magnus dans ses doigts un peu plus tôt, se rappelant de cette journée comme si c'était hier.
L'après-midi était bien avancée, le ciel se drapant de chaudes couleurs ocres et rosées, le soleil se couchant peu à peu pour laisser place à la soirée en devenir et pour accueillir la douceur de la nuit qui était encore agréable à cette saison. Alec aimait la fin de l'automne. Autrefois, il avait détesté cette saison car elle précédait l'hiver, qui lui minait le moral plus que d'ordinaire, lui rappelant ses sombres pensées continuelles. Mais depuis qu'il connaissait Magnus, le noiraud avait appris à voir l'automne différemment. Aujourd'hui marié et heureux avec son sorcier et leurs deux adorables bouts de chou, le Chasseur d'Ombre se passionnait pour les couleurs rouges, oranges et jaunes, reflets chatoyant du soleil d'octobre, qui illuminaient la ville comme des spots et des projecteurs qui diffusaient leur chaleur à chaque habitant d'Alicante. Et d'autant plus qu'ils vivaient désormais dans la campagne des enfants de l'Ange, les paysages n'en étaient que plus splendides encore, émerveillant ses yeux ébahis et avides de toute cette beauté qu'il avait appris à apprécier bien des années plus tôt. Mais il y avait une toute autre beauté, bien plus précieuse, qui se tenait actuellement dans le salon du Nephilim. En effet, allongé dans leur canapé, endormis et ronronnant comme il en avait l'habitude, Magnus, torse nu, serrait dans ses bras leurs fils, âgés de cinq et sept ans, qui dormaient eux aussi du sommeil du juste. Alec ne put que sourire à leur vue et son cœur fondit d'amour pour ces trois êtres qui représentaient à eux seuls le monde à ses yeux. Prit d'une idée soudaine, le plus jeune des époux Lightwood-Bane alla chercher son appareil photo, offert par Clary pour lui ramener des souvenirs de la ville, et il captura le cliché de ses trois amours, se promettant d'aller faire imprimer son oeuvre le plus tôt possible en plusieurs exemplaires. Cependant, le son de l'appareil sembla tirer le sorcier du sommeil puisque ce dernier s'étira en baillant, ronronnant toujours plus. Il posa ses yeux embués sur son époux qui pouffa de tendresse et l'Indonésien le rejoignit dans son rire, n'ayant pas besoin de mots pour le comprendre.
- Bien dormis mon chat ? S'enquit le plus jeune en s'agenouillant à ses côtés, sa main caressant sa joue et remplaçant ses épis sombres avec amour.
- Comme un bébé, affirma l'immortel en chuchotant également. Et je ne suis pas le seul visiblement, s'amusa-t-il en baissant le regard sur ses fils qui, étonnement, ronronnaient également, bien que moins fort que lui.
- Allons les coucher, proposa Alec en plantant un baiser sur le front de son cher et tendre.
Magnus acquiesça avec bonheur et laissa son compagnon prendre Max dans ses bras pendant que lui serrait Rafael tout contre son coeur, les petits garçons se blottissant inconsciemment dans les bras de leurs parents, à la recherche de leur chaleur, de leur amour et de la sécurité qu'ils offraient continuellement. Les époux déposèrent leurs trésors dans le même lit, eux qui se cherchaient mutuellement à travers leurs songes, et Magnus ronronna de bonheur, somnolant à son tour, toujours debout, son visage plongé dans le cou de son mari qui gratta sa nuque, amusé. Retenant un rire affectueux, le Chasseur d'Ombre glissa un bras dans le dos de son homme, l'autre sous ses genoux, et le porta jusqu'à leur chambre, Magnus semblant s'être déjà rendormis au contact des bras de son époux. Ronronnant toujours plus fort, signe, Alec le savait, qu'il se sentait bien et heureux, paisible, libéré et assez en sécurité pour laisser ressortir ses marques félines, Magnus se roula en boule contre le torse de l'homme de sa vie qui s'allongea à ses côtés pour caresser délicatement son visage et son corps. L'asiatique était un vrai chat avec lui, et Alec pensa avec joie que cette journée était sans doute l'une des meilleures qu'il eût passé de sa vie...
Une fois qu'il eut déposé son amant dans leur lit aux draps froids et lisses, répétant les mêmes geste qu'il avait effectué des années auparavant, Alec déposa un dernier baiser sur ses lèvres rêches et, contre toute attente, il put sentir la magie de son homme venir se lier à la sienne, venant caresser leur rune de mariage. Un sourire ému vint étirer les lèvres du plus jeune. Malgré son état, malgré la peine et le choc qui l'habitait, Magnus cherchait encore à lui signifier tout son amour, à lui rappelait qu'il était là, qu'il l'aimait en dépit du reste, et qu'il était toujours là, quelque part, le Magnus d'avant, le Magnus heureux, expansif et coloré, le Magnus qu'il avait épousé vingt ans plus tôt. Son Magnus.
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Des avis, des théories ? A bientôt ^^
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