Chapitre 12 : Lilith


- Asmodée est vivant...? Répéta l'Indonésien en se laissant tomber dans un fauteuil, le regard dans le vague, les yeux troubles et brouillés de larmes.

Rafael hocha la tête avec lenteur et expliqua à sa famille toute l'histoire sans omettre le moindre détail. Il leur parla de l'apparition du Démon Supérieur dans son miroir à plusieurs reprises, de la manière dont il avait découvert l'entrée d'Edom ici, directement à l'institut, que c'était par cette entrée même que les démons étaient entrés la première fois qu'ils les avaient attaqués, sans oublié le marché avec Asmodée pour que ce dernier ne vienne plus jamais interférer dans les affaire des Lightwood-Bane ou d'un quelconque membre plus ou moins proche de leur famille. Chacun en resta bouche bée, et Alec, bien que terrifié par la nouvelle, enlaça tendrement son fils pour le remercier de ce qu'il avait fait mais lui faisant promettre, une fois encore, de ne plus jamais rien faire de ce genre sans leur en parler avant. Rafael jura de leur en parler la prochaine fois que quelque chose du genre se produirait et Max embrassa sa joue avec douceur. Quelque part, il n'y avait plus grand chose à faire : Alec allait bien, Rafael était revenu, et Asmodée, bien qu'il fut toujours en vie désormais, avait fait serment de ne plus s'en prendre à eux. La vie pouvait reprendre son cours. Pourtant, ce n'était pas au goût de Magnus qui se leva d'un bon en arpentant la pièce de long en large comme un tigre en cage, grommelant dans sa langue maternelle et sa magie crépitant de ses doigts bagués. Asmodée les avait dupé, une fois de plus, et ils s'étaient fait avoir en beauté. Pourtant, Magnus n'en voulait pas à son fils, loin de là. Contrairement à beaucoup qui avait tendance à l'oublier, lui et Alec se souvenaient parfaitement qu'en dépit de son mariage et de ses enfants à naître, Rafael n'avait encore que vingt ans, un jeune homme à peine sortit de l'enfance, tout comme Max qui allait seulement avoir dix-neuf ans. Ils étaient tous les deux jeunes et encore insouciants malgré ce qu'ils avaient eu à vivre déjà. Et Asmodée avait profité de cette jeunesse à son avantage pour les faire souffrir une fois de plus. Sentant une colère sourde et dévastatrice monter en lui, le Grand Sorcier de Brooklyn la laissa exploser et se dirigea au pas de charge en direction du hall pour ouvrir le passage vers Edom et faire payer à Asmodée d'avoir osé toucher à son fils aîné. Sortant de la poche intérieur de sa veste un shuriken, lui qui en gardait toujours un sur lui depuis l'attaque des Marcheurs Rouges sur ses enfants, Magnus le serra et s'entailla la paume de la main pour faire couler son sang de descendant de Prince des Enfers et ouvrir le passage vers Edom.

- Magnus, non ! Cria une voix derrière lui avant que deux bras enroulés autour de sa taille ne le tirent en arrière, la goutte d'hémoglobine atterrissant finalement sur son pantalon plutôt que sur le passage.

L'immortel aux yeux de chat atterrit à la renverse sur son père qui continua de le ceinturer en sentant son fils se débattre pour échapper à son emprise. Finalement, Magnus hurla, sa haine reprenant le dessus une fois de plus.

- Lâche moi ! Je dois y aller ! Je vais lui faire sa fête à cet Iblis bodoh ! Ragea-t-il en remuant comme s'il avait le diable au corps. Je vais le tuer ce Bajingan !! Lâche moi !!!

- Non, Magnus ! L'empêcha Ragnor en le retenant plus fermement. Magnus stop...! Made ! Gronda-t-il en utilisant son nom de naissance, sachant parfaitement comment son fils réagirait à son entente, ce dernier s'immobilisant effectivement entre ses bras, le souffle court. Magnus, reprit le britannique d'un ton radouci, fais moi confiance. Si tu y vas maintenant tu vas te faire tuer, et si par malheur tu arrives à tuer Asmodée en premier, ça ne fera que te provoquer un nouveau cancer et on sera dans une boucle infernale, c'est ça que tu veux ? C'est ce que tu veux vraiment ?

- D'accord..., chuchota le sorcier vaincu. Lâche moi, papa...promis, je n'ouvrirais pas le passage...S'il te plait...

Lentement, l'ancien Grand Sorcier de Londres relâcha son étreinte et Magnus se redressa tout aussi lentement pour s'asseoir à même le sol. Relevant le regard vers son père, il remarqua que tous les autres se trouvaient dans l'encadrement de la porte, les observant tous deux avec tristesse et inquiétude. Magnus baissa les yeux, quelque peu honteux.

- Je suis désolé...Je n'ai pas réfléchi...

- C'est exactement ce qu'il attend, murmura Jem pensivement. Asmodée. Il devait savoir que Rafael survivrait, d'une manière ou d'une autre, et il attend simplement que nous venions à lui pour le détruire. Si on le détruit, on te détruit aussi, Magnus. Il vaut parfois mieux laisser tomber le passé plutôt que de chercher à le faire se reproduire encore et encore.

- Personne ne peut détruire un Démon Supérieur, renchérit Tessa en soupirant. Jamais définitivement en tous cas. Et si par malheur quelqu'un y arrivait, tous les descendants de ces démons en seraient impactés. On ne peut pas prendre le risque de te perdre une nouvelle fois, Magnus. La dernière fois on a eut la chance que Raziel accepte de te ramener, mais il ne sera pas toujours là. De toute manière, Raziel ne pourrait pas reprendre le pouvoir d'Edom, même s'il le voulait.

- Raziel non...Mais Lilith, si..., chuchota presque Simon comme s'il était à bout de souffle avant de foncer à l'étage, dans la bibliothèque.

- Simon, attends ! Le Retint Clary en regardant son parabatai se sauver à toutes jambes.

Mais l'ancien terrestre ne l'écoutait déjà plus, se précipitant dans la pièce pleine de livres et de reliques du passé des Chasseurs d'Ombres. Sa famille le suivit jusqu'à l'étage et ils le virent chercher frénétiquement dans un vieux grimoire aux pages jaunies. Isabelle, fronçant les sourcils, se joignit à son époux et tenta de lire par-dessus son épaule pour voir ce qu'il cherchait désespérément entre ces pages. Lorsqu'enfin le brun trouva l'objet de sa convoitise, il lâcha un "Ah !" victorieux et tourna le livre en direction de ses proches.

- La prophétie de Lilith et Raziel ? S'étonna Jace en fronçant les sourcils. Je ne vois pas le rapport avec le fait d'affronter Asmodée.

- Pas toute la prophétie, sourit Simon, seulement la fin. Lisez bien.


Par la mort le dernier viendra chercher

Et le fils le premier renaîtra

Alors que le corps, au second, préservé

Attendra que l'heure sonne la vendetta

Des âmes sœurs, Lilith et Raziel retrouvés

Un seul amour de deux êtres

Les bourreaux de leurs crimes sanctionnés

Pour que la paix règne en maître

- Vous comprenez ? C'est la fin de la prophétie, le dernier, le second fils, c'est Rafe ! Et l'heure de la vendetta...La prophétie va se réaliser, conclut l'ancien terrestre. Et si la prophétie se réalise, alors Lilith sera libérée, elle pourra donc reprendre le contrôle d'Edom et empêcher Magnus de développer un nouveau cancer.

De son immense sourire fier de lui, Simon observa ses proches en attendant leur réaction qui ne se fit pas attendre. Isabelle lui sauta dans les bras en le félicitant, Clary et Jace soupirèrent de concert et les commentaires des autres fusèrent de toutes parts, à l'exception de Ragnor qui semblait bouder dans son coin comme un enfant contrarié. Catarina, son épouse, posa une main sur son bras et l'interrogea silencieusement du regard. L'immortel à la peau verte secoua la tête et claqua des doigts, sa magie refermant violemment le grimoire que Simon avait ouvert devant eux. Chacun se tourna vers lui avec curiosité, ne comprenant pas sa réaction, et le britannique se renfrogna, une certaine tristesse coléreuse contenue dans la voix.

- Vous ne pensez pas sérieusement à y aller, tout de même ? C'est de la folie !

- Papa, tenta Magnus, c'est notre seule chance de le vaincre une bonne fois pour toute sans qu'aucun de nous ne risque sa peau !

- Magnus, il y a moins d'une heure tu as failli mourir, tu ne tiendras pas deux minutes face à Asmodée ! Alec maîtrise à peine sa nouvelle magie, Max est enceint et Rafael se réveille à peine de plusieurs mois de coma ! Tout ce que vous gagnerez à aller le combattre c'est de vous faire tuer ! Et je refuse de perdre ma famille ! hurla-t-il en sentant quelques larmes s'échapper de ses yeux noisettes.

Les époux Lightwood-Bane observèrent leur père de cœur avec tristesse et vinrent tous deux se glisser dans ses bras pour lui apporter le réconfort dont il avait besoin. Ragnor les serra sort à lui, leur implorant presque de ne pas lui faire ça, de ne pas partir affronter Asmodée. Il retenait ses larmes mais n'en menait pas large, chacun le savait. Ragnor, comme beaucoup d'immortels, s'était forgé une carapace autour du coeur et il avait longtemps usé de cynisme et de sarcasme pour panser de vieilles blessures profondément enfouis en lui, mais, tout au fond, il n'en restait pas moins doté d'une infinie sensibilité et d'un amour paternel pour ses cadets résistant à la plus dure des difficultés. Il se souvenait de la première fois qu'il s'était senti père. C'était bien longtemps avant cet instant même, mais le souvenir encore frais dans sa mémoire et la crainte de voir d'autres de ses enfants disparaître le prenaient toujours aux tripes dans ce genre de situation. Il ne pouvait pas laisser sa famille se faire tuer par Asmodée, il préférait mourir cent fois plutôt que de les perdre tous. Il était leur papa poule, leur papa à tous, et il était hors de question qu'un seul de ses enfants se fasse tuer par un stupide Démon Supirieur qu'il désespéré de garder loin d'eux pour leur propre sécurité. Max, sentant la détresse de son parrain, s'approcha de lui et prit l'une de ses mains dans la sienne pour la serrer et lui transmettre une minuscule parcelle de sa magie.

- Tu as raison, parrain, si on va à Edom, on risque de perdre...Et c'est exactement ce qu'on va faire.... Tu as confiance en moi ? Bien, sourit-il lorsque le plus vieux hocha la tête avec lenteur, je crois qu'il est temps de réviser quelques sorts de bases....

Edom n'avait pas changé depuis la dernière fois qu'ils s'y étaient rendus. Les étendues sabloneuses et rougeoiyantes s'étendaient à perte de vue et le ciel noir grouillait de démon volant prêts à les attaqués. Magnus frissonna violemment alors qu'ils se rapprochaient du palais d'Asmodée. La dernière fois qu'il était venu, Alec l'avait poignardé et il était mort, vidé de son sang. La même pensée sembla traverser le noiraud puisque ce dernier entrelaça ses doigts à ceux de son compagnon et sa magie chercha la sienne en réconfort. Rafael, qui marchait à leurs côtés, garda une main posée sur son poignard séraphique, l'autre tenant son arc qu'il avait reçu à sa majorité. Le Chasseur d'Ombre ne craignait pas réellement de se retrouver de nouveau face à Asmodée, mais il redoutait en revanche l'échec de leur plan. Max, qui n'avait pas pu les suivre à cause de sa grossesse, avait assuré qu'ils réussiraient et que même de loin il pourrait les aider grâce à sa magie, mais ils n'étaient encore totalement sûrs de rien. Isabelle et Jem avaient été envoyés à l'Hôtel Dumort, avec le Grimoire d'Isil, pour la dernière partie du plan, et ils espéraient sincèrement qu'ils réussiraient à faire ce pourquoi ils y avaient été envoyés. Toute leur stratégie reposait sur ce Grimoire. Si quelque chose venait à mal se passer, ils n'en ressortiraient peut-être pas vivants. Mais Rafael ne préféra pas penser à l'idée que Max pourrait se retrouver veuf le même jour où son époux l'avait retrouvé, c'était trop douloureux à supporter.

- On arrive bientôt ? S'enquit alors le noiraud, brisant le silence autour d'eux.

- On est tout proche du palais d'Asmodée, répondit l'Indonésien en soupirant. J'avais oublié à quel point il faisait froid ici....Qui aurait cru que l'enfer serait gelé...

- Gelé comme l'âme de son propriétaire, répliqua Alec en serrant plus fort la main de son homme. On va s'en sortir...Tout le monde se souvient de ce qu'il a à faire ?

D'un même mouvement, Magnus et Rafael opinèrent et l'asiatique vola un baiser à son époux avant que les trois hommes ne se séparent, Rafael au centre et ses parents prenant les côtés du palais pour inspecter les environs. Laisser penser à Asmodée que Rafael était venu régler seul ses comptes avec lui, voilà quelle était la première partie du plan, à la fois la plus simple et la plus compliquée. Le Chasseur d'Ombre Argentin souffla après avoir inspiré profondément et s'avança vers le palais du démon qui se dessinait à l'horizon. Les runes de marbre sombres veinées de rouge s'élevaient, aussi majestueuses qu'effrayantes devant lui. Pourtant, il n'avait pas peur. Il sentait le cœur de Max battre contre le siens et la magie de ses enfants l'entourer de chaleur grâce au cœur doré qui luisait comme un soleil doux dans son cou. Posant sa main quelques instants sur les runes qui le liaient à son époux, le Nephilim entra finalement dans l'édifice, prêt à en découdre avec le Prince des Enfers qui y habitait. A l'intérieur, l'éternel sol en damier était toujours là, intact, la seule pièce immuable de cet endroit maudit et souillé du sang des ennemis de son propriétaire. Là, assis nonchalamment sur son trône, jouant distraitement avec sa canne, Asmodée n'eut même pas à lever les yeux pour qu'un sourire insolent et amusé vienne fleurir son visage allongé. Un ricanement presque exaspéré lui échappa, emplissant l'air et Rafael s'arrête à quelques mètres à peine de l'immortel qui finit par poser son regard sur son cadet. Les yeux d'Asmodée étaient complètement différents de ceux de son descendant, bien qu'en apparence ils soient les mêmes. Dans les yeux de son Ayah, Rafael y trouvait de l'amour, de la joie, du bonheur, du plaisir, de l'espoir. Dans ceux d'Asmodée régnaient la mort et la colère, la douleur et la destruction. Ni plus, ni moins.

- Asmodée...

- Rafael Santiago Lightwood-Bane...Je me demandais quand est-ce que tu viendrais. Je ne pensais pas que ça te prendrait autant de temps pour revenir...Mais finalement te voilà, venu réaliser la prophétie.

- Vous connaissez la prophétie ? S'étonna l'Argentin en fronçant les sourcils. Vous la connaissez entièrement, vraiment ?

- Je suppose que tu parles des bourreaux qui doivent être punis ? Evidemment ! Ricana encore le démon. Pour qui est-ce que tu me prends . Pourtant, tu te trompes de bureau, je ne suis pas concerné, renifla-t-il avec dédain.

- Vous êtes celui qui avez enfermé Lilith pour la punir de son amour, vous nous faites du mal, à ma famille et à moi, depuis toujours. Vous ne voulez pas que la Prophétie se produise, parce que vous savez que si ça arrive, elle signera votre mort ! Cria-t-il comme un reproche à son aîné.

- Tais-toi ! S'emporta le Prince en se levant vivement tout autant que gracieusement, appuyé sur sa canne, ses yeux réduits à deux fentes dorés et brillantes de colère. Tu ne sais rien de cette Prophétie espèce de misérable, gronda-t-il entre ses dents, s'avançant lentement vers son cadet. Tu vas payer son ignorance, crois moi tu...

Mais avant qu'il ait pu terminer sa phrase, Asmodée fut interrompu par un grognement étouffé et des bruits de voix murmurés en vitesse. Se détournant en haussant un sourcils, le Démon Supérieur eut la surprise de constater que Magnus et Alec venaient de tomber à la renverse juste derrière lui, les membres entremêlés et les joues rougies. Rafael dû se pincer les lèvres pour ne pas éclater de rire devant le comique de la situation mais il fut devancé par Asmodée qui se mit à rire d'un air mauvais, et même ravis, d'avoir plus de victimes à exécuter dans les minutes à suivre.

- Tiens, tiens, qui avons nous là...Tss tss, vous croyiez vraiment me surprendre d'une manière aussi grotesque ? Se moqua-t-il ouvertement. Bande d'idiots...

- Sayang, je te propose qu'on parte de là ! chuchota Magnus en se mordant la lèvre.

- Bonne idée ! souffla Alec en se redressant rapidement.

Au moment où les deux époux se remirent debout, Asmodée lança sa magie à pleine puissance sur eux mais, heureusement, ils eurent le temps de se mettre à couvert de part et d'autre de la pièce, chacun caché derrière un tas de ruines et de décombres. Rafael en profita et se précipita près de Magnus afin de partager sa planque, Alec se trouvant trop loin de lui pour le rejoindre rapidement. Le dos plaqué contre les gravas, l'Argentin lança un coup d'œil mi-complice mi-exaspéré à son Ayah et du retenir un nouveau rire.

- En train de bécoter Dad, sérieusement ? rit-il en se grattant la nuque. Je croyais que le plan c'était de me laisser le temps de le distraire et après seulement de tomber devant lui.

- C'était le plan, confirma Magnus en riant. Mais on devait faire semblant de tomber, là, on est vraiment tombés ! Rit-il en retour. Bon aller, prêt pour le spectacle, Pequeno ?

- Toujours prêt, Ayah !

Le Grand Sorcier de Brooklyn ébourriffa les cheveux de son fils et le jeune Chasseur d'Ombre quitta sa cachette pour se placer devant Asmodée qui écumait de rage. Le Prince d'Edom déchaina sa magie sur lui, mais Rafael était plus jeune, plus rapide, plus agile. Le sang de l'Ange coulait dans ses veines. En observant son enfant, Magnus eut l'impression d'assister à un ballet magnifique et féérique. Croisant le regard de son cadet, le sorcier hocha la tête comme pour lui donner son approbation et le Nephilim ralentit subitement ses mouvements avant de se prendre une vague de magie de plein fouet. Asmodée gronda de victoire et l'Indonésien en profita pour rejoindre son mari toujours planqué de son côté. Alec observait lui aussi Rafael prendre coup sur coup en s'écroulant chaque fois après s'être redressé. Magnus, légèrement soucieux, posa son menton sur son épaule pour observer la scène lui aussi.

- Alors ? S'enquit-il dans un murmure.

- Jace a activé sa rune, je le sens.

- Donc, ça fonctionne, sourit pleinement l'immortel. On va pouvoir s'amuser ! Dis moi...ça te tente un petit pari, Sayang ? Dix flèches, c'est dans tes cordes ?

- Pour qui tu m'as pris ? S'amusa le noiraud. Pour un débutant ? Regarde un peu ça !

- Je compte, attention ! Ricanna le plus vieux en posant son visage entre ses paumes pour admirer son bel ange jouer de son arc.

Alec sortit de sa cachette et se plaça devant Asmodée pour tirer plusieurs salves de flèches. Il visa la tête, manquée. La main, manquée. L'estomac, manqué. Magnus faisait toujours le compte, encourageant son amant qui se prenait, tout comme Rafael un peu plus tôt, coup sur coup de la part d'Asmodée qui ne retenait aucunement sa magie et déchainait sa colère sur les trois hommes venus le déranger chez lui. Mais ça ne faisait que trois flèches, il en restait encore sept. Alec tira encore en visant le bras, la nuque, le pied et le cœur d'Asmodée, ainsi que sa cheville et sa cuisse. Il manqua toutes ses cibles.

- Allez Sayang, plus que deux ! L'encouragea Magnus en frappant joyeusement dans ses mains.

- J'essaie ! Sourit Alec avant de tirer une dernière salve, ses deux dernières flèches pointées en direction du mollet du Démon. Rah c'est pas vrai ! Ragea-t-il lorsque l'une des deux se ficha dans le muscle du Prince.

- Oh non ! Tu avais presque réussi à toutes les manquer, Alexander ! Protesta Magnus en boudant faussement.

- Excuse-moi, si tu crois que c'est simple de manquer délibérément sa cible ! Je n'y peux rien si je suis doué !

- Et c'est pour ça que je t'aime, mon ange !

Alec sourit, fière de lui, mais lâcha un cri de surprise lorsqu'une vague de magie puissante percuta son époux de plein fouet, l'envoyant voler sur plusieurs mètres. Le noiraud le rejoignit en courant, s'agenouillant à ses côtés pour vérifier son état. Magnus était simplement là, couché, les jambes croisées, ronronnant tranquillement en fixant le ciel par un trou au plafond. Alec secoua la tête, amusé, et se laissa tomber contre lui.

- Je ne te dérange pas, tu es bien là ? S'amusa-t-il en chuchotant.

- On est pas si mal, répliqua Magnus avec un clin d'œil. Oh attend...AAAAAH par l'Enfer ! Alexander je suis touché !! Comment j'étais ? Murmura-t-il alors en se calmant immédiatement.

Alec dû se plaquer une main sur la bouche pour ne pas éclater de rire et il se pencha pour embrasser son compagnon. Le noiraud ne se souvenait plus la dernière fois où Magnus avait ainsi agit, retrouvant sa personnalité pétillante et joyeuse, son humour décapant, sa fraîcheur et sa joie de vivre qui le caractérisait tant. L'asiatique lui rendit son baiser avec un soupir de soulagement et l'observa amoureusement. Lui aussi se sentait heureux. Il ne s'était pas senti aussi bien depuis que les enfants étaient tous deux petits. C'était comme s'il avait retrouvé une partie de lui-même qu'il avait perdu depuis longtemps. S'écartant de son homme, il attendit la réponse du plus jeune.

- Tu es très convainquant, mais n'en fait pas trop non plus.

- Je ne suis pas le pire acteur ! Se défendit le sorcier aux yeux de chat avec un sourire malicieux. Regarde, Rafe aussi se débrouille bien !

- AAAH Je me meurt ! Je me meeeeeurt ! Hurla l'Argentin en se tortillant sur le sol en damier, alternant entre cris et rires.

Asmodée, ne comprenant pas l'attitude de ses cadets, fronça les sourcils, suspendant son geste. C'est alors que Magnus et Alec se redressèrent et rejoignirent leur fils qui cessa de s'agiter en les voyant arriver. Le jeune homme fit la moue, se plaignant que c'était déjà finit, et tous trois se plantèrent devant le Démon Supérieur qui les regarda sans comprendre.

- Comment....C'est impossible !

- Ah ça ? Oh, simplement une nouvelle forme de combat, celui qui lance le moins de coups a gagné ! S'amusa Magnus comme un petit fou. Tu vois, Asmodée, toi qui te vante toujours d'être le plus puissant, plus tu nous a attaqué, plus tu nous a donné la force suffisante pour te détruire !

- Vous ne pouvez pas détenir un tel pouvoir à vous trois, c'est impossible !

- Pas à nous trois, sourit pleinement Rafael, à nous six ! Lança-t-il en regardant sur sa gauche.

Suivant son regard, le Prince d'Edom vit les silhouettes moqueuses et souriantes de Jace, Ragnor et Max qui l'observaient avec la fierté de l'avoir eu à son propre jeu. Oh, bien sûr, aucun d'eux n'étaient vraiment là, il ne s'agissait que de la projection de leur âme. En réalité, les trois hommes se trouvaient bien en sécurité à l'institut à méditer et se connectant à Magnus, Alec et Rafael grâce aux liens qui les unissaient les uns aux autres. Chaque fois qu'Asmodée leur avait lancé une vague de magie, cette puissance avait été envoyée directement à leurs comparses qui l'avaient emmagasinés et l'avaient eux-même transmise à la seule personne capable de supporter une telle charge sans se faire tuer...Puisque cette personne était déjà morte.

- Dios mio, même quand je fais en sorte d'être tranquille, vous vous débrouillez toujours pour avoir besoin de moi ! S'exclama la voix de Raphaël Santiago en s'avançant à son tour. Au moins Isabelle et Jem ont fait une belle invocation au Dumort. Salut papa ! Sourit l'ancien vampire en faisant un signe à Magnus qui lui fait un clin d'œil en retour. Bien, autant en finir vite alors...Un dernier mot ?

- Un dernier mot...? Répéta Asmodée sans comprendre.

- Non ? Rien à dire ? Bon très bien alors allons-y !

Prenant le livre qu'il avait entre les mains, qui s'avéra en réalité être le Grimoir d'Isil, l'hispanique lu la formule qui avait été indiquée par Ragnor un peu plus tôt et psalmodia dans une langue ancienne qu'aucun ne reconnut. Asmodée, reconnaissant l'ouvrage qu'il n'avait lu que trop, tenta de s'échapper mais déjà la puissance accumulée et préservée par Raphaël lui revenait de plein fouet, décuplée, afin de l'achever. Le Prince de l'Enfer se tordit de douleur, haletant, gémissant, et l'aura de magie écarlate brilla autour de lui comme de la lave en fusion, les éblouissant jusqu'à les forcer à fermer les yeux tant son éclat était intense. Pourtant, Raphaël n'en fut par plus perturbé et il continua à réciter la formule comme si sa vie en dépendant. Lorsqu'enfin il eut fini, la vague de magie explosa autour d'eux, les aveuglant tous temporairement. Lorsqu'enfin la lueur se dissipa, Les Lightwood-Bane et leur famille découvrirent qu'Asmodée avait disparu et qu'à sa place, droite et fière, se tenait une femme aux longs cheveux noir et aux yeux étincelants comme un ciel nocturne constéllé d'étoiles. C'était Lilith.

- Mère..., soufflèrent respectueusement Magnus, Ragnor et Max, les seuls sorciers de naissance présent, en s'agenouillant, la tête basse, Alec les imitant, étant devenu récemment à moitié sorcier.

- Le Coeur Généreux, le Chasseur, le Saphir Pur, et le Fils Vengeur, sourit paisiblement la mère des démons en avisant son regard sur Magnus, Alec, Max et Rafael. Il y avait bien longtemps que je vous attendais, âmes sœurs de la Prophétie. Mon aimé avait raison de croire qu'un jour vous viendriez pour nous. Vous avez tué le bourreau et m'avez rendu mon royaume...Edom. Relevez-vous, mes enfants.

Lentement, les quatre agenouillés se relevèrent et croisèrent le regard de la Démone Mère qui leur sourit encore tour à tour. Le décors d'Edom se transforma lentement, le palais reprit forme, et les dunes rouges parrurent moins menaçantes alors que le ciel devenait blanc comme du côton, la magie cuivrée de Lilith reprenant possession des lieux. Lorsque la transformation s'acheva, son visage était encore plus serein, si tenté que ce fut possible.

- Laissez moi vous offrir un présent en gage de gratitude, proposa l'immortelle. Je ne peux vous accorder qu'un souhait, alors choisissez bien.

- En fait, j'aurai bien une petite idée ! Lança Raphaël sans attendre son reste.

Sous les yeux effarés des autres, l'ancien chef du clan vampire courut jusqu'à Lilith et se permit de lui chuchoter un mot à l'oreille. La Démone ne cessa pas de sourire et hocha la tête.

- Ta générosité te perdra, Raphaël Santiago.

- Ella m'a déjà perdue, mais ce n'est pas pour m'en plaindre, sourit-il en lançant un regard affectueux à son père de coeur. C'est d'accord alors ?

- J'accèderai à ta requête, et te récompenserai en conséquence lorsque le moment sera venu. Va maintenant, tu as mérité le repos qui t'es dû.

Raphaël s'inclina avec respect et embrassa ses proches du regard alors qu'il fermait les yeux, son âme repartant se reposer au royaume des morts. Magnus sentit son chagrin lui serrer la gorge et reporta ses yeux dorés sur l'immortelle originelle, attendant qu'elle reprenne parole.

- Raphaël m'a demandé de vous garder tous éternellement unis, et de vous offrir l'immortalité dont lui ne profite plus. Si vous acceptez son présent, chaque membre de votre famille ne craindra ni le vieillissement, ni la maladie. Les sorciers resteront immortels, et les Chasseurs d'Ombre le seront à leur tour, ainsi que vos enfants, et les enfants de vos enfants.

Chaque personne présente retint son souffle et leur cœur battit plus fort qu'auparavant. Même dans la mort, Raphaël Santiago leur faisait le plus merveilleux qui soit : il leur offrait son souvenir, et l'unité de cette famille dont il faisait lui aussi partie. Evidemment, ils ne purent qu'accepter ce don qui leur était fait. Immortels à jamais. Et Lilith les renvoya chez eux, leur permettant ainsi de reprendre le cours de leur existence, cette existence dûment gagnée, et qui était très loin de se terminer. 

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