Chapitre 7 : La proposition
Robert Lightwood n'avait pas toujours été un homme avisé, mais il avait bel et bien raison sur un point : Magnus n'allait pas bien. Après le départ de son époux, le jeune père de famille s'était laissé tomber à terre, sur le tapis du salon, fixant la porte d'un œil torve comme si elle allait s'ouvrir d'un instant à l'autre sur Alexander. Il avait été odieux avec lui. Comment avait-il pu lui dire tous ces mots ? Soupirant face au silence, le Nephilim regarda en lui-même. Etait-ce réellement une erreur ? Son mariage avec l'amour de sa vie ? Son renoncement à sa magie ? Il n'avait jamais vécu un instant sans elle, mais Alexander, de part son amour, ne lui avait-il pas déjà offert sa propre magie ? Leur magie de couple ? L'indonésien porta la main à sa rune de magie sur son torse découvert. Sans qu'il ne se le soit jamais expliqué, ses runes étaient toutes dorées et non noires comme celles des Chasseurs d'Ombres ordinaires. Mais Magnus n'était pas comme tout le monde, n'est-ce pas ?
La rune pulsait doucement sous ses doigts, comme un coeur battant à l'unison avec le siens. Son sang était celui d'un sorcier, et même sans magie, il en était toujours un, au fond. De part sa vie, ses souvenirs, ses connaissances. Magnus était Magnus, tout simplement. Alec le lui avait dit maintes fois par le passé : il était tombé amoureux de lui, pas de sa nature. Le fils d'Asmodée parcourut la distance entre son épaule et son coeur pour venir frôler sa rune de mariage. Il y en avait deux : une tracée lors de la cérémonie, devant les invités et le plus souvent sur le bras, et une autre sur le coeur, dans l'intimité de la nuit de noce. Magnus eut un sourire nostalgique. Sa lune de miel n'avait rien eu de légendaire. Ils n'étaient pas partit en Europe ou dans les îles. Les deux amants étaient simplement partit par Portail dans la province de Bajawa. Alec avait fait la surprise à son mari, se disant qu'il avait sans doute besoins d'un retour aux sources.
Ils avaient donc prit la route pour Bena, le village d'origine de l'asiatique, au coeur de l'Indonésie. Le village était tombé en ruine des années plus tôt et était devenu une action touristique du pays. De plus, il s'agissait d'un mauvais souvenir pour Magnus qui avait vu sa mère s'y suicider et son beau-père vouloir le noyer. Mais quand il s'y était retrouvé aux côtés de son époux, il avait sentit une page se tourner, le livre se refermer : il laissait le passé au passé, il l'acceptait et était prêt à reconstruire une nouvelle vie avec Alec. Il se souvenait même d'une conversation qu'ils avaient eux au village...
*********
Magnus observa le lieu de sa naissance avec nostalgie, la tête emplie de souvenir. Alec et lui erraient entre les maisons défraichies. Le noiraud semblait émerveillé par tout ce qu'il voyait, un sourire heureux aux lèvres. L'asiatique, quant à lui, venait de s'arrêter devant une maisonnette bien précise, celle de son enfance.
- Est-ce que ça va ? Avait demandé Alec, nouant leurs doigts ensemble.
- Made Gian Barus..., avait-il murmuré au bout d'un moment.
- Qu'est-ce que ça veut dire ? Avait interrogé le jeune homme, inquiet et désemparé face à l'air triste de son compagnon.
- Magnus Bane. Made Gian Barus...est mon nom de naissance, avait-il soupiré, la voix tremblante. Je l'ai changé quand j'ai rencontré Ragnor, il m'a dit que je pouvait être qui je voulais alors je l'ai transformé pour devenir qui je suis aujourd'hui. Je ne l'ai jamais dit à personne.
- Merci de l'avoir fait, avait soufflé Alec, conscient du pas en avant que venait de faire son époux.
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Il se leva et, sur ses réflexions, partit vérifier dans la chambre de son fils que tout allait bien. Le petit garçon était profondément endormis dans son lit, son lapin en peluche contre son coeur. Ses cheveux bleus nuit tombaient devant ses yeux, rappelant à Magnus la similitude avec Alec, le matin au réveil. Sur son front, ses petites cornes pointaient le bout de leur nez comme deux petites montagnes blanches et éclatantes. Son visage était serein et paisible dans le sommeil. Max Lightwood-Bane était une petite merveille, un miracle à lui tout seul. Magnus passa une main légère sur le crâne de l'enfant qui soupira de soulagement inconsciemment : il sentait la présence de son Ayah près de lui pour le protéger.
- Je suis idiot, souffla Magnus pour lui même. Evidemment que ce n'est pas une erreur...
- Tss...Tu deviens vraiment sentimental, Magnus.
Le Chasseur d'Ombre releva la tête, les yeux écarquillés, tous ses sens à l'affut. Il passa sa stèle sur sa rune de voyance et ses yeux mordorés s'habituère à la nuit. Contre le mur, à côté de la porte, il distingua une élégante silhouette qu'il reconnu au premier coup d'oeil. Enervé, il lança ses shuriken contre l'intru. Les armes se fichèrent dans le mur, à quelques centimètres de son visage, mais la silhouette ricana joyeusement. Sans prévenir, Magnus se jeta sur lui, le saisit par le col et le força à sortir de la chambre de Max qui dormait toujours. L'homme repoussa son assaillant d'un claquement de doigts et Magnus se retrouva projeté à l'autre bout de la pièce.
- Moi aussi je suis contant de te revoir, fiston, sembla s'amuser Asmodée. Mais ce n'est pas une manière d'accueillir son père chez soi.
Magnus se releva et le fusilla du regard. Il empoigna son poignard séraphique et invoqua un ange pour l'activer. Le Prince de l'Enfer le toisa avec dédain.
- Je savais que tu avais touché le fond, mais c'est pire que ce que je croyais ! Mon fils est un Nephilim, par Lilith ! S'exclama-t-il avec dramatisme.
- Qu'est-ce que tu fais ici ? Ragea Magnus.
- Quoi, je ne peux pas venir rendre visite à mon petit fils ?
- Je t'interdit de t'approcher de Max ! Est-ce que c'est clair ? Le défia-t-il en pointant son poignard sous la gorge du démon supérieur.
Asmodée le regarda un instant ébahis avant d'éclater de rire. Magnus serrait et desserrait les poings avec colère.
- Que crois tu pouvoir me faire avec ça ? Demanda-t-il en désignant l'arme en adamas. Il est impossible de tuer un Prince de l'Enfer et tu le sais pertinemment Magnus. Sur moi, cette chose est aussi efficace qu'un cure dent !
Le visage de l'asiatique se ferma mais il rangea son poignard, sachant pertinemment que le démon avait raison. Magnus croisa ses bras sur son torse pour empêcher ses mains de trembler, ses yeux jetant de discrets coup d'oeil réguliers à la porte de la chambre de Max.
- Qu'est-ce que tu veux ? Répéta-t-il. Je n'ai plus de magie, je ne peux rien pour toi.
- Je veux t'aider, déclara Asmodée. Il ne serait pas juste pour toi, ni même pour ce cher petit Max, que tu ne puisses pas récupérer ta magie.
- Je refuse, lança catégoriquement Magnus en plantant son regard dans celui de son père. J'ai fait mon choix, et tu ne me feras pas changer d'avis.
- Ne parle pas avant d'avoir écouter mon marché, mon fils. Tu pourrais très bien revenir sur ta décision.
- Très bien. Je t'écoute, mais uniquement parce que je n'ai pas toute la nuit à t'accorder et que je veux te voir retourner en Enfer au plus vite. Parle, ordonna-t-il sèchement.
Asmodée, l'observa à la dérobé, un sourire carnassier sur les lèvres. Magnus sentit un mauvais pressentiment l'envahir et il ressentit le besoins urgent de vérifier que Max était bel et bien en sécurité.
- Je te propose un marché très simple. Je te rend ta magie pour que tu puisses redevenir un Grand Sorcier, tu pourras ainsi enseigner notre art à Max, et je te laisserais tranquille, tu as ma parole.
- En échange de quoi ? Demanda-t-il méfiant.
- Ton cher Alexander vous oubliera tout les deux sans espoir de se souvenir de vous.
Magnus se fit violence pour garder un visage impassible alors qu'un poids lourds comme le monde venait de s'abattre sur lui. Effacer la mémoire d'Alec ? Non, c'était hors de question. Il ne le supporterait pas. Et que dire de Max ? Il ne pouvait pas le priver de son père.
- C'est hors de question. Notre enfant a besoins de ses parents, souffla-t-il fermement.
- Je me doutais que tu dirais ça, s'amusa Asmodée. Tu es tellement prévisible, Magnus ! Je dois dire que ça en devient presque lassant mais que veux-tu ! J'ai donc une contre proposition à te faire : tu ne récupère pas tes pouvoirs mais je laisse la mémoire de ton cher et tendre parfaitement intacte. En contrepartie, c'est moi qui ferait l'éducation de Max, à Edom.
Le Chasseur d'Ombre se sentit pâlir. Son père jouait sur une corde devenue sensible : la famille. Asmodée savait que la faille de Magnus concernait ses proches. Et cette faille était encore plus facile à fragiliser depuis qu'il avait rejoint les rangs des Nephilim. Il allait devoir choisir entre son époux et son fils, mais dans tous les cas l'un deux devra souffrir de son choix. Leur vie toute entière, leur équilibre reposait sur ses épaules. Il inspira pour se donner du courage et ne pas paniquer sur le champ. Il devait garder la face.
- Je te laisse vingt-quatre heures pour choisir. Passé ce délais, la vie de ton fils sera mienne et je l'executerais sous les yeux de son père, souffla-t-il en prenant momentanément l'apparence de Magnus. Que pensera ton Alexander quand il verra son mari tuer son enfant ? A sa place je pense que ça me mettrait hors de moi ! Rit-il en reprenant son apparence.
Magnus avait commencé à trembler. Il regarda son père sans mot dire, incapable de faire le moindre geste.
- Une dernière chose avant que je m'en aille, prévint Asmodée. Si tu dis un mot de tout ça à qui que ce soit, je les tue tout les deux sous tes yeux. J'espère avoir été clair, Magnus.
Le Prince de l'Enfer se pencha pour lui faire une révérence ironique et disparut aussi soudainement qu'il était apparut. Le Chasseur d'Ombre sentit ses jambes flageoler et il se retint au rebord de la table de la salle à manger pour ne pas s'écrouler. Le bruit de la porte d'entrée le fit sursauter et il lança sa dague à l'aveugle dans un geste de défense. Se retournant, il réalisa que l'arme mortelle venait de se planter à quelques centimètres seulement du beau visage d'Alexander.
- Je...je peux aussi repartir si tu préfères ? Bredouilla le noiraud.
Magnus laissa échapper un sanglot soulagé et se jeta dans les bras de son époux, l'embrassant à pleine bouche. Le baiser était pressé, urgent, impatient. Il voulait sentir Alexander, son Alexander, savoir qu'il était là, qu'il ne le laisserait pas. Il voulait s'abandonner à son étreinte et oublier ce qui venait de se passer, oublier la dispute, oublier les menaces, ne penser qu'à son mari, à la chaleur de son corps, à l'amour de ses gestes, à la tendresse de ses caresses. Le baiser était salé mais il s'en fichait. Il fourragea ses mains dans les cheveux du plus jeune qui serra leur corps plus étroitement l'un contre l'autre. Alec, plus qu'heureux de ces retrouvailles, passa ses mains sous les fesses rebondies de son amant qui enroula ses jambes minces autour de sa taille. Le noiraud emporta son époux dans leur chambre, Magnus nichant son visage dans le cou d'Alec, inspirant profondément son parfum, profitant de sa présence.
Le directeur de l'Institut allongea son compagnon sur le lit et effeuilla les couches de vêtements une à une, Magnus faisant de même. Les amants se redécouvraient, couvrant de baisers brûlants le corps de l'autre. Sans que la passion ne se tarisse, leurs gestes se firent lentement plus doux, moins brusques, plus tendre, moins sauvages. Ils s'unirent comme leur première fois, prenant leur temps, chuchotant des mots rassurants. Après que l'extase les eut emporté, ils se nichèrent l'un contre l'autre, les jambes entremêlées, les doigts entrelacés. Ils s'observaient d'un air amoureux. Magnus laissa s'échapper deux larmes. De joie retrouver, d'inquiètude, de fatigue. Alec les cueillis du bout des lèvres. D'un soupire rassuré, Magnus embrassa la rune de mariage qu'il avait tracé sur le coeur de son époux.
- Je suis désolé.
- Mags...
- Laisse moi finir, s'il te plait Sayang. Je n'aurais pas du te dire tout ça, tu n'es en rien une erreur, ni toi, ni nous, ni Max. J'ai été égoïste et j'en suis désolé, parce qu'à la vérité ma vie serait infiniment plus triste si je ne vous avait pas, Max et toi, pour l'egayer.
- Moi aussi je suis désolé, avoua Alec. Je ne me suis pas mis à ta place alors que tu as fais tout ça pour moi, pour nous. Je t'aime Magnus Lightwood-Bane. On va s'en sortir mon chat, ensemble. En plus, j'ai peut-être même une idée pour aider Max et qui conviendra à tout le monde.
Magnus pensa le contredire, mais les paroles d'Asmodée lui revinrent en tête. Si tu dis un mot de tout ça à qui que ce soit, je les tue tout les deux sous tes yeux. L'asiatique frissonna et Alec mis ça sur le compte de la fatigue. Il les recouvrit tous deux et embrassa sa tempe, l'encerclant tendrement de ses bras.
- Dors mon chat, on en parlera demain.
- N'oublie jamais que tout ce que je fais je le fais pour vous deux mon amour, d'accord ? Alexander ?
Il tourna la tête et constata que le noiraud dormait déjà à poing fermé, son visage paisiblement détendu. Magnus caressa sa joue en le regardant dormir.
- Aku cinta Kamu, Sayang. Quoi qu'il puisse arriver.
***********
Alors ? Je sais je suis sadique ! Selon vous, qu'elle décision va prendre Magnus ? Est-ce qu'il va en parler quand même à Alec ? Ou va-t-il demander de l'aide à quelqu'un d'autre ? La réponse la prochaine fois ; )
Pour le nom original de Magnus, on dit dans les livres que Magnus Bane est le nom qu'il s'est choisit, comme tous les sorciers, mais l'auteure n'a jamais donné son nom de naissance donc j'ai essayé d'en trouver un (ce sont de vrais noms indonésiens) qui pourraient coller en sonorité. Quant au village de Bena il existe vraiment je vous met une photo juste en dessous ^^
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