Chapitre 9 – Nightmare

Regina se réveilla en sueur et en sursaut. Elle se trouvait dans son bureau, assise à la table sur laquelle elle tentait de confectionner une nouvelle potion de localisation pour retrouver Emma et, visiblement, elle s'était endormie. Se redressant prestement, elle remit ses cheveux en place et repensa à son rêve... qui n'avait pas l'air d'en être un. Elle avait vu Hyde torturant Emma dans un lieu sordide, et la seule chose « étrange » dont elle se rappelait c'était la présence de la Méchante Reine... mais ça ne pouvait pas être possible, elle était morte à New-York !

Regina n'était pas le genre de personne à croire à un mauvais rêve, mais celui-ci avait l'air si réel... Elle devait en être sûre.

Soufflant, elle attrapa rapidement sa veste dans le vestibule, la revêtit et sortit de chez elle. Elle ne se téléportait pas car elle avait besoin de réfléchir à ce qu'elle avait vu, s'acharnant pour n'oublier aucun détail de ce qu'elle avait perçu. Elle monta dans sa voiture et démarra au quart de tour, en direction du loft des Charming, qui étaient encore occupés à chercher la solution dans des livres, quadrillant Storybrooke la journée.

Roulant dans la nuit, elle repensa à la Méchante Reine et à son supposé retour, et elle réprima un frisson. Elle l'avait vue partir en fumée quand elle avait écrasé son cœur ! Et elle n'était pas la seule, c'était aussi le cas d'Emma et de Mary-Margaret. Peut-être que ce rêve ne signifiait rien, que c'était juste le reflet de ses peurs, mais... elle devait en avoir le cœur net.

Elle se gara donc dans la rue attenante au loft et en sortit prestement avant de monter les escaliers quatre à quatre. Arrivée devant la porte, la Reine ne prit même pas la peine de toquer et entra.

Les personnes présentes tournèrent vivement la tête vers la nouvelle arrivée, un air surpris sur leurs visages.

- Regina ? qu'est-ce que tu fais là ? demanda Snow en s'approchant d'elle, contournant la table. Tu as terminé la potion de localisation ?

- Non, ce n'est pas ça. J'ai fait... une sorte de rêve.

Elle grimaça intérieurement en s'entendant parler. Prononcé à voix haute, ça semblait totalement absurde.

Killian, qui était assis au salon et regardait une carte posée sur la table basse, à côté de David, leva un sourcil circonspect. Il était revenu chez les Charming après avoir réussi à se calmer, se disant qu'il serait plus efficace à les aider qu'à s'énerver tout seul chez lui.

- Oui, je sais que ça semble stupide, mais... j'ai vu Emma, déclara-t-elle en regardant Snow dans les yeux, d'un air très sérieux.

- Tu as... vu Emma. Et quoi, tu penses que c'est une sorte de... vision ?

- En quelque sorte, répondit Regina.

Elle leur raconta ainsi son rêve – son cauchemar ? sa vision ? – et n'omit aucun détail, même celui à propos d'un hypothétique retour de la Méchante Reine.

- Regina..., soupira Snow en posant une main sur son bras. Je pense que ce rêve est la représentation-même de tes angoisses. Tu as rêvé d'Emma parce qu'on est tous en train de la chercher en espérant qu'elle va bien, tout en ne pouvant nous empêcher d'imaginer le pire, et tu as peur que la Méchante Reine revienne mais... Emma et moi l'avons vu comme toi : elle est partie pour de bon.

- Non, tu ne comprends pas, j'ai l'impression que je voyais vraiment Emma et ce qui se passait.

Elle s'avança dans la pièce, prenant place à la table sur laquelle était empilée une dizaine de livres, et où se trouvait également Jekyll. Snow, perplexe, était allée dans la cuisine et s'attelait à lui préparer un café – Regina détestait les chocolats chauds. Quand elle l'eut terminé, elle le posa devant elle, et la brune lui répondit un vague « merci ».

- J'avais l'impression... que j'étais la Méchante Reine, c'était comme si... comme si je lui avais vraiment arraché le cœur de la poitrine.

A ces mots, le Docteur Jekyll se redressa brusquement, son visage empli d'effroi, et tous les regards se tournèrent vers lui.

- Vous êtes sûre d'avoir éliminé votre mauvaise partie ? demanda-t-il vivement.

- Vous pensez que je mens ? cingla Regina en lui lançant un regard peu amène.

- Non, non, non, s'empressa de répondre le docteur en secouant la tête avant de remonter ses lunettes sur son nez. Ce que je veux dire, c'est que je trouve cette histoire de rêve étrange, et je l'avais mentionné dans mes recherches, je...

- Regina lui a arraché le cœur et l'a réduit en poussières ! s'exclama David en se levant du canapé sur lequel il était assis. Elle a disparu, c'est impossible qu'elle soit de retour !

- Je ne sais pas, il faudrait que je travaille là-dessus...

- Expliquez-nous votre théorie, dit Killian d'un ton pressant en se levant lui aussi. S'il y a un moyen de retrouver Emma, on va le tenter, quel qu'il soit, asséna-t-il avec aplomb.

- Eh bien, je n'en suis pas sûr du tout ! répondit Jekyll avec peu d'assurance, les regardant tour à tour. Mon sérum avait pour but de séparer le Bien du Mal, à l'intérieur d'une personne afin de créer deux entités indépendantes l'une de l'autre mais... mais en fait, il se pourrait bien que les deux restent liées d'une... d'une certaine manière.

- Vous voulez dire que je n'aurais pas éliminé la partie mauvaise de mon âme et que je serais encore liée à elle ? Je pourrais voir ce qu'elle voit ?

- Comme je l'ai dit, c'est à l'état de théorie, il faudrait que je me penche sur la question...

Le silence s'abattit sur nos héros. Chacun réfléchissait à ce qui venait d'être dit, et en quoi ça pourrait les aider à retrouver Emma. Regina était plutôt en train d'essayer d'encaisser la nouvelle, bien que sachant que ce n'était pas forcément la vérité. Elle s'était crue débarrassée de son passé, de son double maléfique mais... il était décidé à empoisonner son existence et tout ce qu'elle s'était acharnée à construire.

Terrifiée, elle se releva, délaissant sa tasse et se mit à faire les cent pas. Elle ne voulait pas y croire.

- Est-ce qu'il n'y aurait pas un moyen de se servir de cette connexion pour retrouver Emma ? demanda-t-elle au bout d'un moment, tirant les autres de leurs pensées.

- Comment ça ? demanda David.

- Si on se base sur l'idée que mon rêve était en fait une projection de la réalité, et que j'aie pu voir ce qui se passait grâce au retour de mon double... qui est en fait rallié à Hyde... alors il y aurait une chance, si j'arrive à établir de nouveau cette connexion, pour qu'on se serve de cela pour retrouver Emma !

- Ça pourrait être possible, répondit Jekyll, en cherchant frénétiquement parmi ses notes, le problème étant qu'on ne sait pas comment activer ce lien. Comment est-ce arrivé ? Vous pensiez à quelque chose en particulier ?

- Je me suis simplement endormie.

- Réessayez, dans ce cas, et à votre réveil, si vous avez vu quelque chose, il vous faut nous appeler immédiatement.

Regina hocha la tête et se dirigea vers la porte d'entrée, avant que Snow l'arrête.

- Tu n'as qu'à dormir ici, si tu veux. Ce sera sans doute plus facile, non ?

La Reine hésita un instant, avant d'approuver, et elle alla s'allonger dans le canapé des Charming. Le silence se fit. Les autres chuchotaient seulement quand elle ferma les yeux.

Allez, montre-toi, Emma.

**

Paris, Cour des Miracles, 1482

Errant dans le cimetière dans lequel personne ne venait jamais, Frollo pouvait s'y abriter autant de temps qu'il le voulait, bien qu'il sût qu'il ne pourrait y rester éternelle : l'hiver approchait et amenait avec lui des vents glacials qui l'empêchaient de dormir. Bientôt il lui faudrait trouver un autre abri, plus sûr et moins exposé.

Ainsi, le matin, il allait dans Paris le plus discrètement possible, se cachant des Gardes, et volait de la nourriture quand il le pouvait. Il essayait d'en prendre autant qu'il le pouvait de manière à ne pas avoir à retourner à la ville trop régulièrement. Il se serait fait repérer, autrement. Le reste du temps, il cherchait une nouvelle cachette, mais se rendait bien compte qu'à part creuser sa propre tombe, il ne faisait rien d'autre...

C'est comme cela qu'alors qu'il se désespérait, pensant à sa fin qui serait sans doute proche, il trouva ce qu'il cherchait. Se lamentant sur la pierre tombale qui avait fait son malheur, alors qu'il tentait de mettre fin à sa tourmente provoquée par la bohémienne Esméralda en éliminant ces vermines, du temps où il était archidiacre, il se rappela un endroit où il pourrait se trouver en sécurité. La Cour des Miracles !

Prestement, il se releva, s'appuya sur la tombe pour le faire basculer, découvrant un escalier qui descendait en fait dans les anciennes catacombes. Les jambes un peu tremblantes, il descendit le plus rapidement que son corps le lui permettait avant de remettre la stèle en place. Il traversa ensuite les lugubres catacombes en allumant une torche qui était accrochée aux murs de pierres. Il marchait dans une eau glaciale et les flammes de sa torche projetaient son ombre sur les parois et les squelettes qui jonchaient le sol, conférant à la scène une atmosphère morbide. Frollo eut un frisson de dégoût alors qu'il se rappelait ce qui l'avait conduit ici...

Son désir pour la gitane Esméralda, l'Emeraude tant recherchée par les alchimistes comme lui qui cherchaient la sapience à travers diverses potions. Cette jeune femme tentatrice, Satan déguisé en elle, lui avait arraché tout ce à quoi à il aspirait depuis qu'il était enfant : être un homme de Dieu, un homme de Bien, un alchimiste reconnu sachant pratiquer les Sciences Occultes. Un homme cultivé et juste. Il était tout cela avant que cette diablesse n'apparaisse avec ses cheveux d'encre et son corps envoûtant. Il avait aimé Esméralda comme Icare avait été attiré par le soleil malgré sa dangerosité mortelle. C'est pourquoi il avait voulu la détruire, elle et son peuple décadent.

Et aujourd'hui, le voilà qui devait trouver refuge dans la Cour des Miracles, celle qui les avait recueillis quand lui, l'archidiacre Claude Frollo, avait tout fait pour les chasser de Paris. Il était désormais un homme amer et déchu.

Il arriva ainsi dans une grande pièce, dont il illumina les torches une à une afin d'y voir plus clair. Les tentures étaient encore suspendues aux murs, les abris construits avec des couvertures et des tissus colorés, le tout créant un spectacle carnavalesque, presque burlesque. Et bien malgré lui, Claude se dit qu'il avait enfin trouvé un refuge.

Il fit ensuite le tour de la grande salle froide et humide, tombant sur des trésors en tous genres et des babioles sans intérêts, et aussi une réserve de bocaux. Et puis, alors qu'il pensait avoir tout vu de cette mystérieuse Cour des Miracles, il souleva une tenture et trouva une petite sacoche de cuir, remplie de pièces d'or... et d'un haricot. Mais un haricot qui semblait différent des autres : celui-ci n'était pas vert mais transparent, et il brillait de mille feux.

Frollo le reconnut immédiatement sans vraiment y croire. Il en avait vu dans ses livres et grimoires que lui avait légués son arrière-grand-père, un alchimiste, comme lui, aussi reconnu pour sa pratique des Sciences Occultes. C'était un haricot magique et, de ce qu'il se souvenait, avec ça, il pouvait quitter ce monde... pour aller vers un autre.

Ce haricot magique était sa chance.

Celle de tout recommencer.

**

Storybrooke, de nos jours

La nuit avait passé lentement pour les trois héros et le Docteur, qui cherchaient inlassablement dans leurs livres. Tout le monde était fatigué. Regina avait très peu dormi, et ni Emma, ni la Méchante Reine n'avaient souhaité se manifester. Elle était ainsi de très mauvaise humeur quand elle se redressa sur le canapé après leur avoir dit qu'elle n'avait rien vu.

Ils prenaient tous les quatre une sorte de petit-déjeuner, accoudés au comptoir qui séparait la pièce à vivre de la cuisine, quand David et Hook exposèrent les plans pour la journée.

- Snow et Regina, vous irez voir les nouveaux habitants pour essayer d'obtenir leur aide : peut-être qu'ils savent où on pourrait trouver Hyde, et quels sont ses plans pour Emma, dit David en regardant les deux concernées.

- Je ne continue pas de faire la potion de localisation ? demanda Regina en haussant un sourcil dans sa direction.

- Ça ne sert à rien, on ne trouvera pas l'ingrédient qui te manque autre part que dans la boutique de Gold, qui est inaccessible, et trouver un moyen subsidiaire prend trop de temps. Il faut accélérer les choses, répondit Killian à la place du Prince, et ce dernier approuva.

- Hook et moi, on part au nord de la forêt, dans les limites de la ville, c'est le seul endroit que nous n'avons pas fouillé. Quant à vous, Jekyll, vous nous avez dit que vous alliez essayer de travailler sur votre théorie de cette nuit, c'est ça ?

- Oui, dit le Docteur Jekyll, il faut que je trouve un moyen de vous provoquer une vision, ajouta-t-il en regardant Regina qui hocha la tête.

- Et je me joindrai à lui, fit la voix d'Henry qui descendait les escaliers, un air encore ensommeillé sur le visage.

Tout le monde approuva, et c'est ainsi qu'après de derniers préparatifs, chacun partit faire ce que leur avaient indiqué les deux hommes.

**

Regina et Snow se dirigeaient donc vers les abords de la ville, là où ils avaient installé le camp des habitants du Monde des Histoires Oubliées. Elles étaient très silencieuses, chacune perdues dans leurs pensées, quand Snow brisa le silence.

- Tu sais, Regina, je comprends que tu sois... terrifiée à l'idée que la Méchante Reine ne soit pas vraiment morte, mais peut-être que ce n'est pas le cas, peut-être que c'est un mauvais tour de ton imagination...

- Alors c'est ça ? tu penses que tout ceci n'est que le fruit de mon imagination ? répliqua la Reine. Où sont donc passées Snow White et ses sempiternels discours sur l'espoir et la combattivité ? Tu abandonnes Emma quand elle a le plus besoin de nous ?

- Ce n'est pas ça ! s'offusqua Snow en s'arrêtant. Mais je... ça fait quatre jours que nous cherchons Emma, presque deux semaines que nous sommes à la recherche de Hyde, et on n'a pas un seul petit indice ! David et Hook ont quadrillé presque toute la ville et on n'a rien !

- Et quoi ? il n'est pas introuvable, crois-moi !

- C'est juste que... Regina, soupira-t-elle, désespéré, je suis mortifiée. Tu connais comme moi l'histoire du Docteur Jekyll et M. Hyde, et... et tu sais que Hyde aime tuer de jeunes femmes, j'ai... je suis terrifiée à l'idée que chaque seconde qui passe, ce... malade fasse du mal à Emma, et depuis quatre jours elle est avec lui, qui sait ce qui lui est arrivé ?

Regina la regarda un instant, comprenant sa détresse. Elle pensait à la même chose, tout comme les autres, mais elle ne pouvait s'empêcher d'avoir foi en Emma, elle savait qu'elle était forte et saurait résister à ce Hyde, quoi qu'il lui veuille.

- Tu sais, je doute qu'il ait enlevé Emma juste pour la tuer. Il y a des tas d'autres femmes, en ville. C'est la Sauveuse, qu'il a pris, et je pense... non, je suis même sûre qu'il a besoin d'elle pour quelque chose. Le tout est de découvrir quoi, ajouta-t-elle d'un air revêche.

Sur ces mots elles arrivèrent au camp et ne purent plus discuter davantage. A leur arrivée, quelques personnes s'étaient dirigées vers elles, demandant si elles avaient retrouvé le Directeur. Elles expliquèrent ainsi la situation du mieux qu'elles purent, puisque tout le monde parlait en même temps, leur posant des questions sur Emma. Ils semblèrent ensuite discuter entre eux, et les deux jeunes femmes eurent l'impression qu'ils savaient quelque chose, avant qu'ils secouent négativement la tête, affirmant qu'ils n'avaient aucune idée des plans de Hyde.

- Il n'y a que Poole qui saurait vous dire, ajouta l'un deux avant de retourner vers son campement.

Mais on ne savait pas où pouvait bien se trouver son serviteur, qui était par ailleurs aussi introuvable que son maître. Soupirant, Snow longea le campement, cherchant le meilleur moyen de découvrir les diaboliques pensées de Hyde, ce qui leur permettrait de retrouver sa fille disparue.

Elle était accablée par sa disparition. Elle qui savait comment retrouver les gens, qui l'avait toujours fait, elle se retrouvait aujourd'hui incapable de retrouver sa propre fille qui était cachée dans cette petite ville ! Elle se sentait inutile, à chercher dans des bouquins tandis que son mari écumait la forêt à la recherche de leur fille.

- Il n'y a plus qu'à espérer que David et Hook auront trouvé quelque chose de leur côté, dit Regina d'un ton d'où suintait l'amertume. A moins que Jekyll n'ait trouvé un moyen de me provoquer une nouvelle vision et que celle-ci s'avère être réelle et non pas onirique...

- Hé, pssst ! siffla quelqu'un qui était plus éloigné des autres arrivants.

Les deux jeunes femmes se tournèrent vers celui qui les interpelait et découvrirent un homme couvert d'une longue cape noire, débout près d'un arbre et sous laquelle trônait une petite tente en toile. Elles se rapprochèrent de lui quand il leur fit signe de venir, et quand elles furent près de lui, il découvrit sa tête encapuchonnée.

Cet homme devait facilement avoir une quarantaine d'année : il avait un regard sombre et une peau claire, de laquelle se détachaient des cheveux bruns clairsemés.

- J'ai cru comprendre que vous cherchiez une jeune femme que Hyde aurait enlevée...

- Vous savez quelque chose ? demanda Snow en le regardant avec espoir.

Regina était plus sceptique, cet homme ne lui disait rien qui vaille.

- Il se pourrait que je sois capable de vous venir en aide, approuva l'homme. Je suis Claude Frollo, dit-il en leur tendant la main.

- Claude Frollo ? Comme dans le Bossu de Notre-Dame ? fit Snow en fronçant les sourcils, réalisant qu'il était ainsi un méchant.

- Je ne sais pas ce que l'on vous a dit sur moi mais... je suis le captif de Hyde depuis des années. C'était moi, auparavant, le Directeur de notre Monde. Et croyez-moi, je ne suis pas celui qu'on croit.

**

Paris, 1482

Frollo n'avait pas hésité plus longtemps, après avoir tenu ce haricot dans ses mains. Il avait pensé à ce qui le retenait dans ce monde et il savait que désormais, il ne mettrait jamais plus la main sur sa précieuse Esméralda. Il n'avait plus rien à faire ici, où la magie était perçue comme une atrocité. Lui pratiquait les Sciences Occultes, qui se rapprochaient plus de la magie que n'importe quelle autre science dite reconnue.

Faisant tourner le haricot entre ses doigts, Claude se dirigea vers le centre de la salle, réfléchissant à l'endroit où il voulait se rendre, et se rendit compte qu'il ne connaissait aucun autre monde à part le sien. Il fallait qu'il soit sûr de lui. Aussi, il ne pensa pas à un Monde en particulier, mais plutôt à un dans lequel il pourrait avoir la chance d'être qui il voulait être – non plus un Méchant, mais un gagnant. Il avait besoin de sa seconde chance. Il lança ensuite le haricot sur le sol, et un vortex s'ouvrit devant lui.

Frollo regarda autour de lui, cette Cour des Miracles qu'il abhorrait, elle et tout le désastre qu'elle représentait et, sans réfléchir, sauta à travers le vortex, ne pensant qu'à ce renouveau qui l'attendait. Sa vie ici était terminée.

Il voyagea quelques minutes, semblant tomber dans un puits sans fin. Tout autour de lui était barbouillé de couleurs en tous genres, le tout se mélangeant savamment. Il était impressionné par la force du courant qui l'emportait, faisant défiler devant lui ce qu'il devinait être d'autres mondes. Il était subjugué.

Enfin, après ce qui lui sembla être une éternité, il tomba face contre terre dans un nouveau Monde. A première vue, cela ressemblait vraiment au Paris qu'il avait quitté, avec ces rues pavées, ces bâtiments en pierres... avant de se rendre compte que c'était complètement différent. L'atmosphère était différente.

Il était là où se trouvait sa place. C'était son Monde.

**

Storybrooke, de nos jours

- Ecoutez, je sais que vous cherchez une certaine Emma, et je sais que vous, dit-il en se tournant vers Regina, avez un alter ego.

- Comment vous savez ça ? demanda-t-elle, circonspecte, en croisant les bras.

- Je suis... une sorte de magicien, répondit Frollo.

Snow regarda la Reine avec la même lueur dans le regard. Elles ne savaient pas si elles pouvaient lui faire confiance, mais il était peut-être leur seule chance de retrouver Emma.

- Dites-nous ce que vous savez.