4. Lights down...


Chapitre 4 – Lights down...

La maison, abandonnée, se situait aux abords de la forêt, dans les limites de la ville. Si loin, en fait, que personne n'y mettait jamais les pieds, et c'était bien ce qui avait décidé Hyde à y séjourner : il avait besoin de calme et de tranquillité pour donner corps à sa machiavélique invention.

Rien ne perturbait jusqu'alors sa quiétude... si ce ne fut l'arrivée d'une personne qu'il n'aurait pas cru revoir un jour.

« C'est tout ce que tu fais de tes journées ? demanda la voix de Regina, dans laquelle on entendait clairement la délectation et le cynisme.

Hyde ne répondit pas, elle l'agaçait prodigieusement. Au lieu de ça, il se concentra plus intensément sur les parchemins qui encombraient son bureau – constitué en tout et pour tout d'une planche de bois moisie posée sur deux chaises, dont les dossiers étaient éventrés. Les documents comportaient des schémas complexes et l'écriture ressemblait plus à des dessins qu'à des lettres. Le tout semblait cependant faire sens aux yeux de l'homme qui les détaillait, les yeux si plissés qu'on n'en décelait plus les pupilles.

- Oh, allez, ne fais pas ton rabat-joie. Tu devrais sortir de cette vieille bicoque, continua la Reine en observant tout autour d'elle, une moue dédaigneuse plaquée sur le visage.

- Tu n'as donc rien d'autre à faire ? siffla Hyde dont l'infinie patience commençait à s'étioler.

- Je venais simplement aux nouvelles, rétorqua-t-elle en se promenant dans la pièce, arrivant derrière son épaule.

Elle jeta un œil aux multiples parchemins, haussa un sourcil quand elle comprit de quoi il en retournait. Un sourire malfaisant se dessina sur ses lèvres – son plan se déroulerait d'autant mieux.

- Tu prévois de –

- TAIS-TOI ! s'écria soudain Hyde en se relevant brusquement de son semblant de bureau, envoyant ainsi valser parchemins, crayons de bois et lampe à huile.

Regina ne sursauta même pas. Au contraire, elle l'observa perdre le contrôle avec une délectation immense, alors qu'il se mettait à trembler et à grogner.

- Regarde-toi, cracha-t-elle pour le provoquer. Un vrai monstre. Doté d'un sang-froid à toute épreuve, avec ça, rajouta-t-elle.

- Tu ne sais rien, éructa-t-il en tentant de se calmer.

- Oh, je sais plus de choses que tu ne le crois. Comme ce que tu prépares. Et crois-moi, tu vas échouer.

Hyde ne répondit pas, une nouvelle fois. Cette mégère avait le don pour le faire sortir de ses gonds. Fermant les yeux pour s'intimer au calme, il se força à se remémorer ce pour quoi il était ici... il ne devait pas la laisser tout saboter par sa seule présence.

Regina, de son côté, était fière de son petit effet. Elle le voyait lutter intérieurement contre ses démons, et ça la faisait jubiler. Elle n'avait rien perdu de sa superbe, et elle s'en félicitait. Trop de temps avait passé, cachée sous les traits d'une Reine déchue.

Les choses allaient changer.

**

La lumière du soleil était chatoyante et caressait la peau découverte. Ses rayons la réchauffaient doucement et Emma Swan se sentait plus que bien. Elle avait merveilleusement bien dormi, ses cauchemars étaient loin derrière elle, bien qu'ils ne datent que de la veille. La tenant dans ses bras jusqu'à ce que la blonde s'endorme, Killian avait réussi à estomper ses peurs et à tenir ses mauvais rêves éloignés d'elle.

Afin de parfaire ce réveil, les yeux toujours clos, la jeune femme tendit son bras vers l'autre côté du lit, mais sa main ne rencontra que le vide. Elle ouvrit immédiatement les yeux et ne put que constater l'évidence : Hook avait quitté le lit, et depuis un petit moment, si on se fiait à l'absence de chaleur.

Encore ensommeillée, elle se redressa, le drap entortillé tout autour d'elle. Ses mains vinrent frotter ses yeux dans l'espoir vain de faire fuir la fatigue qui alourdissait encore ses paupières. Emma se demandait où pouvait bien être parti Killian, pourquoi il n'avait pas attendu son réveil, comme à son habitude... Elle était presque déçue.

Se levant prestement, pressée d'élucider le mystère de son absence, elle enfila un t-shirt du pirate qui trainait sur la commode par-dessus son bas de pyjama, et descendit les escaliers.

Elle ne savait pas vraiment à quoi elle s'était attendue... peut-être à trouver la maison vide. Il était certain qu'elle n'avait pas envisagé... pareil spectacle. Figée en bas des escaliers, elle avait l'impression de le redécouvrir.

Killian était dos à elle, les bras croisés sur son torse et, à travers la fenêtre, contemplait l'horizon. Comme il l'avait réveillée, le soleil traversait la pièce et caressait les cheveux ébène du pirate, lui donnant des reflets bruns.

Emma se mordit la lèvre en se rendant compte qu'elle le trouvait beau, même de dos. Silencieusement, elle s'approcha de lui et l'enlaça par derrière, glissant ses bras autour de sa taille et calant sa joue contre son épaule.

Un peu surpris, il tourna légèrement la tête dans sa direction et se retourna pour l'enlacer.

C'était incroyable, ce sentiment de sécurité qu'elle ressentait quand elle se retrouvait ainsi enveloppée par ses bras.

« Je t'ai réveillée, Swan ?

- Non, sourit-elle. J'avais faim.

L'autre haussa un sourcil moqueur avant de l'entraîner vers la cuisine pour lui préparer un petit-déjeuner copieux... du moins s'y essaya-t-il.

En effet, à peint eut-il sorti deux tasses du placard et les avait-il placées sous la cafetière qu'il se mit à émettre toutes sortes de borborygmes.

- Par l'Enfer, cette satanée machine ne sert strictement à rien... pourquoi c'est de l'eau qui coule à la place du café ? Swan ? Emma ?

Amusée, la jeune blonde l'avait regardé faire avant de se décider à lui venir en aide, sous l'œil agacé du pirate. Ils s'assirent ensuite tous deux à table, l'un en face de l'autre...

... Et c'était étrange, quand elle y pensait, finalement. Emma n'avait jamais vécu avec aucun homme, aucun n'avait jamais partagé sa vie ainsi. Elle avait passé un cap en proposant à Killian d'habiter avec elle. C'était un engagement, d'une certaine manière. C'était lui laisser la possibilité de partager pleinement sa vie, de construire quelque chose – quoi que ce soit – avec lui.

Il était là, face à elle, seulement vêtu de sa chemise et d'un caleçon, buvant son café – qu'il appréciait de plus en plus, par ailleurs – et elle ne pouvait s'empêcher de se rendre compte du chemin qu'elle avait parcouru depuis qu'Henry était venu la chercher à Boston. Si on le lui avait dit, elle aurait sûrement ri, quatre ans plus tôt.

- Est-ce que tu portes vraiment mon t-shirt, love ? demanda soudainement Killian, la détaillant du regard, un sourcil haussé et un sourire amusé aux lèvres.

- Euh...

Emma rougit de gêne. A dire vrai, elle n'avait même pas réfléchi, quand elle l'avait enfilé. Il trainait sur la commode.

Il secoua légèrement la tête, toujours souriant. Il aimait bien, à la réflexion, le fait qu'elle porte ses vêtements. Il pourrait s'y habituer...

Finissant sa tasse, il se leva, la déposa dans l'évier puis se pencha vers elle en passant pour l'embrasser sur la joue. Emma eut un sourire en biais, puis elle finit elle aussi son café avant de le suivre dans la chambre.

**

Ils redescendirent peu de temps après, tous deux habillés pour sortir et riant ensemble. Lui, tout de cuir vêtu, elle, portant son éternelle veste en cuir rouge, ses cheveux blonds rassemblés en une queue de cheval lâche. Arrivés près de la porte, Killian la poussa doucement contre cette dernière et glissa sa main et son crochet sur ses hanches, tandis qu'il la dévorait littéralement du regard. Elle riait encore.

« Tu es belle quand tu ris, Swan. Le sourire te sied mieux.

Avisant son air sérieux et son sourire charmé, elle plongea ses yeux dans les siens, le détaillant sans gêne, s'immergeant dans son regard plein de l'horizon, du bleu du ciel se reflétant sur les vagues marines de l'océan. Il était beau, indéniablement.

Elle posa sa main sur une de ses joues, caressant la peau râpeuse, s'amusant à remarquer des détails comme le fait qu'il entretenait sa barbe dite de trois jours avec un soin insoupçonné. Elle l'aimait, indéniablement. Le temps qu'elle avait mis à se l'avouer lui paraissait ridicule, aujourd'hui.

Il valait qu'on se batte pour lui.

Il méritait qu'elle aille aux Enfers pour le retrouver.

Emma lui sourit et rapprocha son visage du sien, collant leurs fronts, si bien qu'ils pouvaient sentir le souffle de l'autre sur leur peau.

Il y avait eu des baisers pressants, des baisers d'adieux entremêlés du sel de leurs larmes, des baisers d'urgence... et il y avait ceux, comme celui-ci, doux, émouvant, lacis du simple amour tendre et passionné que deux âmes se portaient.

Leurs lèvres se mouvaient ensemble dans une parfaite synchronisation, celles d'Emma frémissaient d'un bonheur contenu tandis que le pirate caressait la peau sous son t-shirt avec son pouce, comme pour lui assurer qu'il était là, qu'il serait toujours là.

Elle était son véritable amour, après tout.

Quelques secondes plus tard, ils se séparèrent, préservant cependant leur proximité. Chacun profitait de la présence de l'autre comme s'ils n'allaient plus se revoir s'ils se quittaient de nouveau... c'était ce qu'ils ressentaient à chaque fois. C'était ce qui les rendait si passionnés et si tendres à la fois.

L'angoisse, tapie mais toujours un peu présente, de perdre l'autre à nouveau.

- Je t'aime, murmura la blonde, les yeux toujours clos, un sourire dessiné sur ses lèvres.

- Je t'aime aussi.

Elle rouvrit les yeux, se détacha de lui avant de poser un vif et chaste baiser sur la bouche de Killian, puis se retourna, ouvrit la porte et partit, non sans un dernier regard pénétrant.

Le pirate toucha ses lèvres du bout des doigts d'un air absent, la regardant s'éloigner et monter dans sa machine jaune infernale. Si on lui avait dit qu'il aimerait autant une autre que Milah...

**

Il passa le reste de la journée à s'occuper de son navire, le Jolly Roger. Il aimait se savoir seul à bord du bateau qu'il chérissait, ne souhaitant qu'une chose, dans ces moments : repartir en mer. Le bien-être que le Capitaine Jones ressentait lorsqu'il voguait sur les flots était incomparable.

Il avait passé des années – des siècles – en mer, à traverser les mondes et les océans, à voyager, à découvrir. C'était une part de lui.

Killian pouvait dire que sa vie avait bien changé, depuis un certain temps. D'un pirate vil et cruel, il était devenu un héros. Son lui maléfique, qui était ressorti lorsqu'Emma l'avait transformé en Dark One lui avait montré combien il avait pu changer.

Il était ainsi en train d'admirer l'horizon en pensant à son passé avec un regard neuf, quand une jeune femme s'avança sur le port, marchant lentement, elle aussi visiblement aux prises avec des fantômes de son passé.

Elle était bien la dernière personne à qui Killian pouvait bien penser, et la voilà qui arpentait le bord de mer sans se soucier de son entourage. Elle s'accouda sur une barrière et se mit elle aussi à fixer l'horizon. Quand le pirate l'aperçut, mû par une quelconque impulsion, il la rejoint.

- On a besoin de réconfort, milady ? demanda-t-il en levant un sourcil.

La jeune femme posa sur lui un regard dédaigneux, un peu moqueur, avant de sourire franchement d'un air amer.

- Certainement pas du tien, rétorqua Zelenna.

- On peut accepter du rhum de n'importe qui.

Il détacha ainsi sa flasque de sa ceinture et la tendit à la sorcière.

- Oh, pitié. Je n'ai pas besoin de boire.

Mais elle considérait sérieusement la proposition. Peut-être qu'elle avait envie d'oublier, un peu, de se changer les idées. Les derniers évènements l'avaient rendue mal.

Hook se posta non loin d'elle. Il détestait cette sorcière – elle avait voulu le noyer, parbleu ! – et n'avait ainsi aucune raison de vouloir l'écouter parler. Mais il était un gentleman. Et il sentait qu'elle avait besoin de se livrer.

Après tout, si on avait pu lui donner une chance, à lui... il pouvait bien essayer de faire la même chose pour les autres.

Même si Zelenna était la dernière personne à qui il aurait bien voulu donner sa chance.

- J'ai cru comprendre que... toi et Hadès..., tenta-t-il.

- Il n'y a jamais eu de « moi et Hadès ». Et je n'ai pas du tout envie de discuter de ça avec un pirate.

Ledit pirate la considéra un moment, se demandant ce qu'il était le plus approprié de faire. Il s'autorisa un petit rictus moqueur, buvant une gorgée de sa flasque, qui lui fut soudainement arrachée.

- Hé ! s'exclama-t-il.

- C'est toi qui m'avais proposé, rétorqua Zelenna avec un sourire grivois.

Le rhum lui brûlait la gorge, et la réchauffait un peu. Le froid qu'elle ressentait se dissipait légèrement avec ces quelques gorgées d'alcool.

Regina n'était pas la seule à avoir perdu un être cher. Zelenna avait aussi été affectée par la mort de Robin, même si elle n'avait jamais été proche de lui. Il n'en demeurait pas moins le père de sa fille, celui avec qui elle avait vécu durant plusieurs mois. Ce serait mentir que d'affirmer qu'elle était indifférente à sa mort.

Néanmoins, elle était plus sensible et réceptive au chagrin de sa sœur. Depuis qu'elle l'avait acceptée, depuis que la mémoire leur avait été rendue à toutes deux, elles étaient devenues plus proches. Elles étaient la seule famille qui leur restait, et elles comptaient bien se soutenir l'une et l'autre.

Regina avait perdu l'amour de sa vie, pour la deuxième fois consécutive. Elle n'avait que peu connaissance du passé de sa sœur, mais elle en savait les grandes lignes et notamment celles qui concernaient son premier amour, Daniel, que Cora avait tué. En l'occurrence, elle savait aussi que Regina aurait besoin de tout le soutien qu'on pourrait lui apporter pour ne pas sombrer de nouveau

Zelenna aussi avait perdu celui qu'elle aimait. Elle avait voulu faire confiance à Hadès, lui accorder la chance que Regina lui avait donnée plusieurs fois – mais il était le dieu des Enfers, à quoi aurait-elle dû s'attendre ? Elle était amère. Elle ne voulait pas se venger, juste passer à autre chose, et sa petite fille, ainsi que Regina, l'aidaient grandement dans sa quête.

Elle voulait juste trouver la paix.

Avisant un dernier regard à un Hook audacieux, appuyé contre la rambarde à regarder en direction de la ville, elle se dit que les choses étaient vraiment étranges. Elle allait le faire remarquer quand une détonation qui leur fit mal aux oreilles retentit.

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