19. Everything falls appart

Chapitre 19 – Everything falls apart

Storybrooke

Plusieurs heures plus tard, les Charming étaient encore en train de traduire les runes à l'aide des dictionnaires qu'Henry et Jekyll avaient ramené de la bibliothèque.

- C'est dommage que Belle ne soit pas avec nous... elle aurait été plus rapide pour traduire tout ça ! soupira Snow en passant une main sur son front, complètement dépassée.

Tous approuvèrent silencieusement, excepté Jekyll, qui ne connaissait pas la jeune femme. Ils avaient l'habitude de se pencher sur les livres pour trouver la solution à leurs problèmes, mais traduire était bien différent et plus complexe que ça en avait l'air, d'autant que les signes étaient loin de ressembler à du latin...

Ils n'étaient qu'à la moitié de leurs traductions quand Regina pénétra dans l'appartement d'une démarche assurée, suivie d'un homme enveloppé d'une cape pourpre : Claude Frollo. D'un pas mesuré, il entra à la suite de la Reine, observant les alentours avec curiosité – c'était, somme toute, une évolution de ce qu'il avait connu lorsqu'il avait quitté ce monde, au XVème siècle.

- Vous ! s'exclama le Docteur en se redressant brusquement.

- Docteur Jekyll, ça faisait longtemps, se moqua le nouvel arrivant avec un rictus, tandis qu'il enlevait son capuchon.

Il n'était pas aussi vieilli que le personnage qu'ils connaissaient : il était plus ou moins âgé d'une quarantaine d'années, ce qui, en soit, était surprenant quand on savait de quelle époque il venait.

- Vous vous connaissez ?

- Qui est-ce ?

David et Regina avaient parlé en même temps. Le premier n'avait effectivement pas rencontré Frollo puisque c'étaient sa femme et la Reine qui avaient bénéficié de son aide, quand il avait fallu retrouver Emma.

- Claude Frollo, se présenta le concerné en saluant David d'un signe de tête respectueux, ses yeux sombres le scrutant avec intérêt.

- David Nolan. C'est vous qui avez aidé Regina à retrouver ma fille, merci.

L'homme ne répondit rien, se contentant de continuer son observation des alentours, ne sachant trop pourquoi on l'avait conduit ici.

- Comme vous nous avez aidés une fois... j'ai supposé que vous connaissiez peut-être d'autres choses qui pourraient nous aider à en apprendre plus sur ce Hyde, décréta Regina en faisant un vague geste de la main, toujours debout.

- Je doute qu'il puisse nous aider, et si c'est le cas, on ne peut absolument pas lui faire confiance, répondit Jekyll, un regard méfiant posé sur Frollo.

Tout le monde se tourna vers lui, surpris : ils n'avaient pas l'habitude de le voir agir de cette manière.

- Qu'est-ce qui se passe ? demanda Snow en se penchant vers lui.

- Je le connais, il était le captif de Hyde dans notre Monde.

- Vous ne connaissez de moi que ce que vous avez appris par Poole, si je peux me permettre, intervint Frollo en le fixant d'un air méprisant.

- Pouvez-vous nous aider ? insista David en voyant que la conversation dérivait.

- Je ne peux vous dire que ce que j'ai appris depuis que je suis dans ce Monde, jusqu'à l'arrivée de Hyde.

- Dites-nous ce que vous savez.

Ils étaient tous pendus à ses lèvres, mais l'homme s'amusait à ménager le suspense, prenant son temps pour s'asseoir à la table en leur compagnie. Voyant qu'ils étaient tous prêts à l'écouter et ne voulant cependant pas s'attirer les foudres d'une Reine impatiente, il commença son récit d'une voix monocorde :

- Je suis arrivé dans ce monde après avoir trouvé un haricot magique dissimulé par les gitans. Il n'était alors que peu peuplé, mais c'étaient des gens calmes et déchus, qui n'aspiraient qu'à une chose : achever leur histoire.

- Achever leur histoire ? La fin n'était pas écrite ? demanda Henry qui le fixait avec attention.

Frollo se tourna vers lui.

- C'est exact. Ce sont des personnages qui ont été sous-estimés, dont on parlait peu dans leurs histoires, ou qui n'avaient pas obtenu ce qu'ils voulaient. Je leur ai donc offert la rédemption. Je me suis installé dans ce monde comme leur Directeur : j'ai dirigé des écoles qui formaient des auteurs et –

- Attendez, vous voulez dire qu'il y en a d'autres ? le coupa Regina.

- Oui, il y a beaucoup d'autres auteurs, dans chaque monde. Comment voulez-vous que toutes les histoires soient écrites, autrement ? rétorqua Frollo d'un air condescendant. Tout s'est bien passé pendant près de trois siècles... jusqu'à l'arrivée de M. Hyde. Je ne sais pas par quel moyen il est arrivé dans ce monde, toujours est-il que quand il l'a fait, il m'a privé de ma liberté et s'est mis à diriger le Royaume comme si son poste s'était toujours trouvé là.

- Et depuis, vous êtes enfermé, conclut Jekyll qui le regardait avec un intérêt nouveau.

L'homme hocha lentement la tête sans le regarder, avant d'attraper un des parchemins qui se trouvait sur la table, l'observant avec attention. Tous les autres étaient silencieux, réfléchissant aux paroles de Frollo.

- Ça rejoint donc ce qu'il m'a dit le jour de son arrivée ici... qu'il cherchait un théâtre pour que se jouent toutes les histoires oubliées, résuma Regina.

- Mais pourquoi ici, pourquoi Storybrooke ? Qu'y a-t-il de plus qu'il n'y avait pas là-bas ?

- De la magie ? proposa Henry.

- Non, il y a de la magie, chez eux, répondit David, les yeux perdus dans le vague, réfléchissant.

- Des histoires, marmonna Frollo, le regard rivé sur un des parchemins jaunis.

Chacun se retourna vers lui, surpris. Un long doigt appuyé contre son menton, il était concentré, ses sourcils étaient froncés, et il marmonnait de manière inaudible.

- Vous pouvez lire ce qui est écrit ? s'exclama Snow en lui prenant le rouleau des mains comme s'il avait été traduit entre temps.

- J'ai appris cette langue quand j'ai étudié les Sciences Occultes, acquiesça-t-il avant de le lui reprendre. Et celui-ci est une prophétie qui semble parler de votre ville.

Il attrapa un crayon qui était posé entre les pages d'un dictionnaire ainsi qu'une feuille et commença à écrire la traduction du parchemin, qu'il tenait de son autre main. Il retourna la feuille vers eux au bout de seulement quelques minutes.

« De toute fin heureuse le peuple déçu

Se fera attribuer une nouvelle terre;

Ce monde sera le théâtre des Histoires Oubliées,

Et les héros déchus remplaceront les héros victorieux. »

- Il n'y a qu'une partie, cela dit. Il manque le début, commenta Frollo alors que tout le monde était interdit.

- Mais qu'est-ce que ça veut dire ? s'indigna Henry.

- Ils veulent effacer notre histoire, murmura Regina d'une voix blanche.

**

La nuit avait été relativement froide, dans la forêt, et le vent qui soufflait avait rapidement éteint le feu. Frissonnant violemment, Emma avait fini par s'endormir contre lui, son dos appuyé contre son torse et sa tempe reposant sur son bras.

Elle dormait encore quand Killian se réveilla brusquement. Alerte, il tendit l'oreille : c'étaient des craquements qui l'avaient tiré du sommeil. Un animal – ou quelqu'un – s'approchait de là où ils se trouvaient. S'attelant à ne pas respirer trop bruyamment et à faire le moins de bruit possible, il pressa l'épaule d'Emma et la secoua doucement mais fermement. Elle ne mit pas longtemps à se réveiller, ouvrant soudainement les yeux, mais avant qu'elle ne dise quoi que ce soit, Killian posa sa main sur sa bouche, l'empêchant de parler et lui fit signe que quelqu'un approchait.

Quand il fut sûr qu'elle ne ferait pas de bruit, il enleva sa main et, caché par le tronc d'arbre, il se redressa légèrement avant de tirer son épée du fourreau accroché à sa ceinture. Emma fit de même, tendant l'oreille et regardant tout autour d'eux rapidement. Par-dessus le tronc d'arbre, Hook put enfin apercevoir ce qui approchait : leurs épées en avant, deux hommes vêtus d'une armure, recouverte par une longue cape noire encapuchonnée, s'avançaient lentement dans leur direction.

Visiblement, on les avait découverts, mais comment, alors que cette forêt semblait presque inhabitée ? Ils n'eurent pas le temps de se poser la question davantage, il leur fallait agir. Killian consulta Emma du regard, et ils n'eurent pas besoin de mots pour se comprendre : ils étaient tous deux prêts à passer à l'action.

Leurs épées brandies, ils se levèrent comme un même homme et s'élancèrent chacun vers un adversaire.

Le combat faisait rage et semblait s'éterniser, mais aucun des assaillants ne semblait faiblir ou prêt à se rendre. Killian parvenait à entendre le fracas des épées qui s'entrechoquaient, non loin de lui, mais ne se concentrait qu'à peine dessus, bien trop occupé à se battre contre ce soldat particulièrement coriace – mais il en avait vu d'autres. De plus, il faisait confiance à Emma : il savait qu'elle était très bonne au combat, et il lui avait enseigné les meilleures parades qu'il connaissait. Il n'avait pas besoin de s'inquiéter pour elle.

D'un mouvement habile, il para le coup que son adversaire avait voulu lui asséner, faisant tomber l'épée de son antagoniste au sol, le rendant victorieux. Il afficha alors un sourire goguenard, fier de sa technique, et pointa son arme en avant, appliquant le bout de sa lame sous le menton de son assaillant. Ce dernier ne payait pas de mine et, les deux mains levées en signe de reddition, il regardait successivement l'épée et Hook, le suppliant de le laisser vivre.

Sans un mot, Killian abaissa son arme, lui laissant par ce geste l'occasion de s'enfuir, ce que fit l'autre sans hésiter.

Fier et victorieux, le jeune homme se tourna vers Emma, prêt à lui venir en aide, mais quand il posa les yeux sur le combat, ce qu'il vit lui glaça le sang. Tout se passa très vite : en reculant pour éviter un coup, elle se prit le pied dans une racine qui sortait de terre, ce qui la déstabilisa. Profitant de ce fatal moment de faiblesse, son adversaire encapuchonné brandit son épée en avant, l'enfonçant dans le corps de la jeune femme qui eut un hoquet d'horreur.

La scène se passait comme au ralenti. Emma ferma brièvement les yeux, la bouche ouverte en un cri muet, tandis que l'homme enfonçait plus profondément son arme dans la plaie. La seconde d'après, il la retirait, provoquant un son écœurant de chair ensanglantée, et la Sauveuse s'effondrait lourdement sur le sol.

- SWAN ! hurla Killian en se précipitant vers eux.

L'assaillant se tourna vers lui, comme s'il venait à peine de le remarquer, et tendit son épée dans sa direction. Mais, glacé par ce qui venait de se dérouler, le pirate para le coup avec vigueur et habileté, se déplaçant rapidement avant de lui enfoncer, à son tour, son épée dans le cœur. L'homme s'effondra disgracieusement sur le sol, mais Killian n'en avait que faire : il jeta son arme à côté du corps et se laissa tomber près d'Emma qui, pâle, ses mains compressant la plaie, semblait suffoquer.

- Emma, Emma reste avec moi, je t'en supplie, murmura Killian en soulevant sa tête pour l'aider à se redresser.

Il avait du mal à respirer tant l'angoisse lui dévorait la poitrine à grandes dents, l'empêchant de réfléchir correctement. Il se souvenait vaguement des gestes à faire en cas d'urgence, mais il s'agissait d'Emma, et il ne savait plus faire les bons choix. Il allait devoir essayer, cependant.

Son regard se posa sur la plaie que les mains ensanglantées de la jeune femme recouvraient, et les déplaça pour avoir un aperçu de la blessure. Elle était située sur le flanc et, même si elle n'était pas aussi large qu'il l'avait d'abord craint, traversait son corps.

- Il faut... il faut comprimer la plaie, balbutia-t-il faiblement, se sentant totalement impuissant, avant de s'exécuter. Je vais... on va te soigner, Emma, j'te le promets, on va trouver quelque chose !

- K...Killian, je...

- Ne dis rien, ne t'inquiète pas, ça va aller...

Ses yeux s'embuaient littéralement et les sanglots qui montaient dans sa gorge étaient impossibles à contrôler, rendant sa voix rauque et chevrotante.

La terreur l'enserrait de ses bras d'acier, et il comprimait la blessure fermement, couvrant sa main de sang. Il savait, il sentait que ce n'était plus qu'une question de temps avant que la jeune femme ne succombe à sa blessure, mais il n'arrivait pas à s'y résoudre.

Appuyée contre ses genoux, elle tremblait de moins en moins, gémissant faiblement, ses larmes coulant le long de ses joues. Ses yeux étaient mi-clos, en une vaine tentative de rendre la douleur supportable.

- Emma, je t'en prie, ne me laisse pas, sanglota Killian malgré lui, se penchant pour déposer un baiser sur son front.

Il ferma les yeux convulsivement, ses larmes se frayant un chemin sous ses paupières avant de rouler sur sa joue pour s'écraser sur celle de sa Swan.

- Je... j'te laisse pas, balbutia-t-elle, ses lèvres frémissant d'un faible sourire – vaine tentative pour le rassurer.

Mais au lieu de cela, la gêne qui obstruait sa gorge grossit davantage, l'empêchant littéralement de parler. Un sanglot passa la barrière de ses lèvres, tandis qu'il appuyait sa joue contre le front d'Emma, ses paupières fermement serrées pour endiguer la douleur, l'horreur de ce qu'il était en train de vivre.

Les minutes passaient sans qu'il ne s'en rende compte. Aucun d'eux ne bougeait, ils tremblaient seulement : l'un de terreur, l'autre de douleur. Quelques sons rauques sortaient parfois de sa bouche, à quoi Killian répondait en comprimant un peu plus la blessure pour tenter d'apaiser la souffrance de la jeune femme. Il suppliait mentalement tous les dieux qu'il connaissait qu'on ne lui enlève pas son âme-sœur, pas encore une fois.

Mais Emma n'allait pas mourir : David le lui avait dit, elle était comme sa mère, une battante. Elle lui avait promis, quelques heures auparavant, qu'elle ne l'abandonnerait jamais, et il la croyait. Quelqu'un allait venir pour les aider, ils allaient trouver de l'aide. Pour s'assurer de cela, il leva les yeux sur la forêt environnante, cherchant quelque chose qui pourrait sauver la vie de la jeune femme, mais il ne voyait que des arbres et la noirceur qui l'engloutissait, au loin.

Un faible gémissement passa la barrière de ses lèvres alors qu'il tentait de faire abstraction de la gêne qui lui saisissait la gorge. Sous ses mains, le corps se convulsa faiblement, en réponse à la souffrance qui le parcourait, et il la serra un peu plus contre lui pour la rassurer, pour effacer la douleur.

Non, il ne pouvait pas perdre Emma de cette manière, pas après tout ce qu'ils avaient traversé !

- Je t'interdis de mourir, tu m'entends ? s'exclama-t-il en se redressant légèrement, secouant la blonde par les épaules. Je te l'interdis, Swan !

Mais la jeune femme ne pouvait plus répondre. Ses yeux toujours mi-clos, sa bouche entrouverte, son regard ne voyait plus. Avec effroi, Killian se pencha pour percevoir un souffle, mais il ne sentit rien contre son visage.

- Non, Emma, non... Non, non, non... SWAN ! Réveille-toi, Emma ! Ré-veille-toi ! hurla-t-il en ponctuant son dernier mot par une secousse sur ses épaules.

Personne ne lui répondit et il constata avec horreur que son cri ne se répercutait que dans le silence. Effondré, il serra le corps sans vie contre son torse, ses sanglots le secouant de toutes parts, l'empêchant de respirer.

Il voulait mourir, il ne pouvait pas vivre dans un monde où elle n'était plus. Sa vie n'avait plus aucun sens, il avait l'impression que le monde venait de s'arrêter de tourner. Elle ne pouvait pas être morte, c'était impossible... Elle ne pouvait pas... Emma...

Il murmurait son prénom comme une litanie qui serait capable de la ramener, d'insuffler de la vie dans ce corps qu'il avait tant de fois serré. Il se redressa un peu, son nez touchant celui de la jeune femme et, ses larmes roulant sur ses joues froides, il posa deux doigts sur ses paupières, les fermant au monde. Il ne pouvait pas supporter d'observer ce regard sans vie, pas quand il l'avait maintes fois vu briller, scintiller, s'illuminer.

Il avait l'impression qu'on lui arrachait le cœur à main nue, que son univers s'était brutalement assombri. Le soleil en avait été chassé, avec la pire brutalité qui soit.

Emma, son Emma, n'était plus.

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