La rencontre - partie 2
Perdue dans mes pensées, je n'entends presque pas la voix de Xiao Bai qui insiste, visiblement irrité par mon silence.
— Je t'ai posé une question, répète-t-il, ses mains toujours fermement posées sur moi, son regard noir plongeant dans le mien.
— Wei Jie, s'il te plaît, sois polie et réponds-lui, intervient Zhang avec une note d'impatience.
Je finis par hocher la tête, incapable de prononcer un mot.
— Tu as une insolation, constate Xiao Bai avec un ton tranchant. Sans doute aggravée par ta noyade. Le soleil a cogné fort aujourd'hui. Tu avais pensé à couvrir ta tête ?
— Ce n'était pas ma priorité, rétorqué-je faiblement. J'étais trop occupée à essayer de respirer.
Il rit doucement, un éclat de sarcasme dans sa voix, avant de me relâcher brutalement. Je me rattrape à la table pour ne pas tomber, tandis qu'il s'adresse à Zhang.
— Amène-la à la clinique. Ce n'est pas grave, mais elle a de la fièvre et doit être examinée. Qu'elle s'hydrate et qu'elle se repose pendant les prochains jours.
Zhang acquiesce, visiblement préoccupé.
— Tu as entendu, Wei Jie. Allons à la clinique.
— D'accord... murmuré-je en grimaçant, résignée.
Avant de partir, Zhang le remercie, et je fais de même, un peu contrainte. Mais alors que je passe à côté de Xiao Bai, il me saisit brusquement par le bras et murmure à mon oreille :
— Que cherches-tu à prouver ? Dix ans plus tôt, c'était un accident. Aujourd'hui, c'est différent. Ne te mets pas sur mon chemin.
Ses paroles, pleines de mépris, me frappent comme un coup de poignard. Furieuse, je me dégage violemment et, sans réfléchir, je lui assène une gifle. Le claquement résonne, mais il ne bronche pas. Au lieu de cela, il frotte sa joue avec un sourire narquois.
Il avance d'un pas, me forçant à reculer, son regard fixé dans le mien.
— Je t'aurai prévenue, murmure-t-il, avant de lâcher un rire qui glace mon sang et de s'éloigner sans un mot de plus.
Je le regarde partir, les poings serrés, avant de rejoindre Zhang, qui n'a rien remarqué, trop occupé à discuter avec Mimi, une femme qu'il semble particulièrement apprécier.
Nous passons plusieurs heures à la clinique, où une perfusion m'aide à m'hydrater et à faire baisser ma fièvre. La nuit est tombée lorsque Zhang me ramène chez moi. Il me donne quelques conseils, insiste pour que je reste au repos, puis me laisse enfin seule.
Mais le sommeil me fuit. Je tourne et retourne dans mon lit, incapable d'oublier cette journée. Les mots de Xiao Bai résonnent dans ma tête. Pourquoi m'en veut-il autant ? Qu'ai-je fait pour mériter sa colère ?
Je finis par me lever d'un bond. Si je veux avancer, je dois affronter mes démons.
Sur la plage, la lune éclaire timidement l'eau calme. Lentement, je m'approche de l'océan. L'air est frais, mais l'eau est tiède sous mes orteils. Je progresse, pas à pas, luttant contre la panique qui monte en moi. Mon cœur s'emballe, mes mains tremblent, mais je continue.
L'eau m'arrive bientôt au nombril, puis aux épaules. Je retiens mon souffle et m'immerge complètement. Tout mon corps est sous l'eau. J'essaie de garder mon calme, battant des pieds et des mains comme lors de mes séances de natation.
Alors que je commence à me sentir plus à l'aise, deux mains puissantes saisissent ma taille. La panique revient aussitôt, et je me débats violemment. Je parviens à me retourner et croise le regard de Xiao Bai.
Furieuse, je le repousse, mais il m'attrape à nouveau par le bras. Nos regards se percutent, et le temps semble s'arrêter. L'air commence à manquer, et je m'apprête à remonter à la surface, mais il me retient, sa main glissant sur ma taille.
Puis, contre toute attente, il attrape mon visage entre ses mains et pose furieusement ses lèvres sur les miennes. Le baiser est brutal, presque désespéré.
Je le repousse, surprise, mais il revient aussitôt, m'embrassant avec la même intensité. Cette fois, je me laisse aller, répondant à ses lèvres avec douceur.
Mais la réalité me rattrape. Ce n'est pas un baiser d'amour. C'est un geste de survie, une manière de m'empêcher de me noyer. Xiao Bai l'a dit lui-même : il m'avait prévenue.
Un mélange de rage et de douleur monte en moi. Je me libère de son emprise et remonte à la surface, aspirant une grande bouffée d'air avant de regagner le rivage.
Essoufflée, je m'écroule sur le sable, mes genoux enfoncés dans le sol, les mains tremblantes. Derrière moi, Xiao Bai m'attrape par le bras et me force à me relever.
— Qu'est-ce qui t'a pris ? grogne-t-il, sa voix basse et tendue. Tu tiens si peu à ta vie ?
Son ton est furieux, mais je discerne autre chose dans ses yeux : une inquiétude qu'il peine à dissimuler. Il me relâche brusquement, tourne le dos, puis passe une main nerveuse dans ses cheveux.
— Ne refais plus jamais ça, murmure-t-il, comme s'il se parlait autant à lui-même qu'à moi.
Il soupire longuement, son regard perdu dans l'obscurité de l'océan. Je le vois secouer la tête, comme s'il luttait contre une pensée qu'il ne voulait pas formuler.
— Pourquoi... pourquoi est-ce toujours toi ? lâche-t-il enfin, à peine audible.
Son murmure me frappe en plein cœur. Il reste figé, le dos tourné, mais son silence parle pour lui. Je comprends soudain : ce n'est pas seulement de la colère ou de la frustration qu'il ressent. C'est autre chose, quelque chose de plus profond, qu'il refuse d'admettre.
Une boule de confusion et d'émotions contradictoires se forme en moi. J'ai attendu cet homme pendant dix ans, mais à cet instant précis, je réalise qu'il s'est peut-être débattu autant que moi contre ses propres sentiments.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top