Bientôt

Ça y est, j'y suis enfin. Après toutes ces années à l'observer de loin, trop paralysée par la peur de l'approcher ou même de lui parler, aujourd'hui, je vais enfin pouvoir le voir de près.

Travaillant comme saisonnière sur le port, je sais qu'il viendra. C'est une certitude. Xiao Bai se rend toujours directement auprès des pêcheurs pour s'approvisionner en produits frais. Il tient un petit restaurant sur la plage, à deux pas du port. Une cabane en bois qui semble tout droit sortie d'une carte postale. Une planche de surf accrochée sur le mur extérieur, des galets disposés sur le comptoir, et des tables recouvertes de verre sous lesquelles reposent sable et coquillages, comme un morceau d'océan figé dans le temps. Un endroit parfait pour se perdre, s'évader. Mais je ne dis pas ça uniquement parce que c'est son restaurant.

Xiao Bai et l'eau ne font qu'un. Natation, surf, plongée : il y passe le plus clair de son temps libre. C'est comme si l'océan faisait partie de lui, comme si ses vagues murmuraient son nom. Tout ce qu'il fait, il le fait avec passion. Il dégage cette énergie rare des gens qui aiment profondément leur vie. Et ça se voit.

Physiquement, il doit mesurer autour d'un mètre quatre-vingts, peut-être un peu plus. Ses cheveux, ni trop courts ni trop longs, encadrent parfaitement son visage structuré. Ses yeux, noirs comme une nuit sans étoiles, respirent la sincérité. Son nez fin, ses pommettes saillantes, et ce grain de beauté près de son œil gauche... tout en lui me fascine. Et je ne parle même pas de ses lèvres, rosées et charnues, qui ne me donnent qu'une seule envie : les goûter, les embrasser.

Quant à sa carrure, je n'en suis pas sûre. Sous ses vêtements décontractés, il semble bien proportionné : des épaules larges, une taille fine. En toute objectivité, Xiao Bai est parfait. Absolument parfait.

Mais ce n'est pas seulement son apparence qui me bouleverse. C'est son sourire, cette bienveillance naturelle qui illumine tout sur son passage. Peu importe les jours difficiles, il suffit que je le voie pour que tout s'envole. Il est mon remède, mon médicament contre cette maladie que l'on appelle l'amour.

Et pourtant... Malgré quelques sourires échangés lorsqu'il passe sur le port, il ne s'est jamais vraiment attardé sur moi. Et pourquoi l'aurait-il fait ? Il ne se souvient probablement pas de moi. J'étais une enfant quand il m'a sauvée, il y a dix ans. Je ne dois être pour lui qu'un souvenir flou, noyé parmi d'autres.

Mais une part de moi, irrationnelle et obstinée, veut croire qu'il se souvient. Que derrière ses sourires polis se cache un éclat de notre passé commun. Qu'au-delà de sa gentillesse, il pourrait y avoir quelque chose de plus. Une émotion, un souvenir, une connexion... N'importe quoi.

C'est puéril, je le sais. Après tout, comment une jeune femme de dix-neuf ans pourrait-elle attirer l'attention d'un homme de vingt-neuf ans ? C'est insensé. Mais malgré tout, je m'accroche à cette idée, comme une naufragée à une bouée.

Parce que cet homme, je l'ai aimé dès la première seconde où j'ai posé les yeux sur lui. Même à neuf ans, ce que j'ai ressenti était réel. Une émotion aussi puissante ne peut pas être feinte. Alors, j'espère. Je continue à me languir de lui, à rêver qu'un jour, peut-être, il posera ses yeux sur moi. Et là... seulement là, je trouverai le courage de lui parler, de lui ouvrir mon cœur et, qui sait, de lui avouer mon amour.

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