Chapitre 7
(média : D.J.)
Chapitre 7
Je n'aime pas les États-Unis mais j'aime cette maison avec sa piscine et sa vue sur la mer et être allongé sur une des chaises longues dehors, me rappelle l'été que j'ai passé ici. Seul. Les soirs, je m'installais à cette même place, un soda à la main ou un thé selon mon humeur et j'observais longuement l'océan, les bateaux qui voguaient silencieusement, les couchers de soleil. J'étais seul et pourtant, j'étais bien, heureux, presque apaisé parce que... Parce que je n'avais plus à m'inquiéter.
Derrière les airs que j'essaie de me donner, je suis un grand stressé par la vie. J'ai toujours peur de perdre quelqu'un, peur que ceux que j'aime aille mal. Et pourtant, cet été, j'ai réussi à lâcher prise. Complètement et je ne sais même pas comment. J'avais l'impression d'être au Paradis et que le temps n'avait plus d'emprise, que ma vie était en pause, que lorsque le temps viendrait, je retrouverai tout le monde là où je les avais laissés et au final... C'est un peu ce qui s'est passé. Ma mère et mes sœurs sont toujours en Angleterre à faire leur vie loin de moi comme si ma présence n'était pas primordiale à leur bonheur. Nolan qui avait passé son été avec ses parents – un mois chez son père, un mois chez sa mère – est revenu aussi blanc qu'un cachet d'aspirine, heureux de reprendre sérieusement la musique. London est revenu comme une fleur de ses vacances à Bora-Bora. Et June... J'en sais rien. Elle était en Floride et le reste ne m'intéresse pas. June n'a pas vraiment d'importance dans ma vie. Elle est là, je suis content, sinon, tant pis !
Ne jamais faire sa vie en rapport avec une femme et de stupides sentiments amoureux !
Aujourd'hui, je suis loin d'être seul dans cette maison qui était un peu la mienne dans mon esprit et franchement, ça me gonfle. Je n'ai pas envie d'écouter les filles s'éclabousser dans la piscine ou les gars essayer d'apprendre le football américain à Nolan mais je n'ai pas le choix parce qu'ils ont beau n'être que huit, j'ai l'impression qu'ils sont mille. Je ferme un instant les yeux, désespéré par la situation avant de me lever et de rejoindre la cuisine. Je reste immobile un instant après avoir passé la baie vitrée et souris. Je retrouve vite mes habitudes et me fais un thé malgré le fait que le soleil brille encore haut dans le ciel et qu'il fasse chaud dehors. Je verse finalement l'eau fumante dans le mug et en reposant la bouilloire, jette un coup d'œil aux gars qui courent sur la pelouse toujours aussi impeccable.
Je vois Nolan intercepter le ballon en hauteur et quand ses pieds touchent le sol, il est lourdement basculé en arrière, dans un plaquage en règle de George qui pour une fois, a abandonné chapeau d'artiste et vêtements noirs. Bien que je ne le connaisse absolument pas, je trouve ça bizarre de le voir en bermuda coloré. Comme si ce dernier ne pouvait décemment pas être le sien parce que dedans, il ne ressemble plus à... George. Je prends mon mug et laisse mon regard détailler le grand brun. Aussitôt, notre arrivée plus tôt dans la journée me revient en tête.
Je descends de voiture et sans savoir pourquoi, je fais immédiatement le tour de la maison sans attendre mes amis et sans prendre le moindre sac. J'entends déjà des cris ce qui me prouve que George ne m'a pas menti. Il est déjà sur la plage avec d'autres personnes. Je passe une main dans mes cheveux et une boule se forme dans ma gorge. J'avance vers lui et ses amis mais finalement, je ne sais absolument pas comment agir avec lui. London ou Nolan devrait peut-être être là, avec nous pour faire les présentations, non ? Quoique, George semble déjà tellement me connaître que ce ne sera qu'une simple formalité. Je fais craquer mon cou et prends une profonde inspiration quand j'arrive enfin à l'arrière de la maison.
Ils sont là, sur le sable. Malgré la distance, je reconnais dans la seconde George avec ses longs cheveux noirs. Il est sur le dos d'un gars tandis qu'une fille tourne autour d'eux avec un téléphone portable à la main. Ce sont de véritables gamins mais ça me fait sourire. J'enfonce les mains dans mes poches de jean et ralentis un peu le rythme, juste pour pouvoir les observer agir entre eux pour mieux les cerner. Ils semblent tous les trois très proches les uns des autres comme moi je peux l'être de Nolan et London et ça me plaît. Les gens ayant de solides amitiés comme la mienne avec Nolan, me plaisent parce que si tu ne peux pas avoir de vrais amis dans ta vie, c'est que tu n'es pas digne de confiance. C'est peut-être pour ça que j'ai jeté mon dévolu sur June. En plus de tout ce qui fait June, elle a Bianca et Maddie. Je sais que je peux lui faire confiance, dans cette relation étrange qu'on a entreprise tous les deux.
Je suis presque arrivé au petit muret quand George et son ami se tournent vers moi et je souris en voyant que c'est le gars qui m'a permis d'avoir mon verre au bar, la semaine dernière. C'était bien son ami.
« Tiens ! Voilà Louis l'asocial ! » Lance joyeusement George en descendant du dos de son ami.
C'est lorsqu'il commence à courir dans ma direction que je remarque qu'il est en bermuda et torse nu. Je saute du muret et le laisse arriver jusqu'à moi alors que ses amis restent en retrait.
« Tiens ! Winkman en personne ! »
Je le vois froncer les sourcils avant de finalement sourire. Il a sans doute compris mon... Clin d'œil aux siens. Il me tend la main et je la lui serre sans réfléchir.
« Finalement, tu as peut-être un vrai potentiel humoristique ! »
J'ai presque envie de le contredire mais je ne le fais pas. Je retire finalement ma main de notre poignée qui a déjà trop duré et fait un geste vers ses amis.
« Ah oui ! J'allais oublier... »
Je me retiens de rire mais ne peux pas empêcher un léger ricanement de passer ma bouche ce qui me vaut une petite tape sur le ventre par George avant qu'il ne fasse demi-tour vers ses amis.
« Je te présente D.J. et Mary. Les gars, je vous présente Louis, l'asocial. »
« C'était obligé l'asocial ? » marmonné-je alors que Mary me fait un petit coucou de la main et que D.J. s'approche à son tour.
« Ils le savaient déjà. Je leur ai déjà parlé de toi. »
Presque horrifié par cette annonce, je tourne brusquement la tête vers George qui fixe D.J., un immense sourire aux lèvres. Je suis perturbé. Ce mec me perturbe. Les premières minutes s'étaient bien passées et là... Mais pourquoi il parle de moi à ses amis alors qu'on ne se connait pas ? Je n'y comprends plus rien, enfin si tenté que j'ai compris quelque chose à ce mec un jour.
« Salut ! » me lance le fameux D.J. me sortant de mes questionnements.
« Euh... Salut ! »
Je lui serre brièvement la main et la remets dans ma poche. Le silence se fait entre nous mais je sens le regard de D.J. sur moi et bizarrement, il ne me semble pas du tout amical. Je déglutis et me maudis intérieurement d'avoir accepté qu'ils viennent.
Quand je reviens à moi, je soupire et me dis que depuis notre rencontre sur la plage, D.J. ne semble toujours pas apprécier ma présence. Pourtant, la semaine dernière, au bar, il a été normal avec moi. Qu'est-ce qui s'est passé pour qu'il change d'avis sur moi aussi radicalement et aussi rapidement ? Je sais que je peux être un con... Bon, ok, je suis un con les trois quarts du temps mais il ne me semble pas l'avoir été avec lui pendant le peu de temps qu'on a été en contact.
Je prends mon thé et ressors. Ma chaise longue m'attend bien patiemment. Je souris et m'installe, le mug chaud entre mes mains.
« Hé, Louis ! Viens jouer avec nous ! » crie Nolan en me faisant de grands signes avec le ballon.
Sous le regard des quatre, je lève simplement ma boisson en l'air pour prouver que je ne peux pas. Juste avant que je reporte mon attention sur l'océan, je vois D.J. donner un coup de poing dans l'épaule de George qui perd un peu l'équilibre.
« Ça va ? Je te gêne pas ? » lui demande D.J. d'un ton sec
Ils sont complètement bizarres.
🎶🎶🎶
Ce D.J. est bizarre mais il est majeur – ce qui m'étonne toujours parce qu'on dirait que jamais un poil n'a encore poussé sur son visage - et a pu aller acheter des litres et des litres d'alcool avec London en fin d'après-midi. Alors tout le monde se fait un devoir de lui montrer leur reconnaissance en buvant comme des trous. Moi, je me suis contenté de quelques shots de Vodka. Sans savoir pourquoi, je n'avais pas envie de plus et je voulais pouvoir me souvenir de toutes les conneries que Nolan allait faire pour pouvoir lui rappeler dès demain matin.
Malgré le fait que l'air est un peu frais, sans doute à cause de l'eau à proximité, toute la bande a décidé que rester dehors, au bord de la piscine était la meilleure idée au monde. Alors ils dansent tous. Les yeux fermés. Buvant de temps à autre une gorgée de leur verre qu'ils gardent à la main. Chantant les mauvaises paroles à tue-tête. Si les voisins n'appellent pas les flics, c'est que nous aurons de la chance. Personne ne fait attention à moi alors j'en profite pour fouiller dans mon sac à dos et en sors mon paquet de clopes tout neuf que j'ai acheté avant de partir de Manhattan. Je retire le plastique inutile qu'il l'entoure et le jette négligemment dans mon sac. J'ouvre le paquet et prends une cigarette que je mets entre mes lèvres. Sans même l'allumer, je me dirige vers la plage. Heureusement, les lumières de notre petite soirée éclairent assez et je ne vautre pas lamentablement quand j'atteins le muret. J'enlève mes Vans et enfouis mes pieds dans le sable chaud. Je vais m'asseoir au bord de l'eau et souris bêtement. J'aime cet endroit. La musique change. Troye Sivan. Je fredonne doucement les paroles.
« Hé t'aurais pas un briquet s'te plaît ? »
Je sursaute et lève les yeux au ciel en reconnaissant la voix de George. Je pose une main sur mon torse et lui lance stupidement :
« Tu m'as fait peur ! »
« Je sais... »
Il est amusé, cela s'entend dans sa voix. Je commence à tapoter mes poches et en sors ma boîte d'allumettes que je lui tends aussitôt.
« Si ça te dérange pas... » Commence-t-il en s'installant à côté de moi. « Je vais te laisser le faire. Un gars m'a dit un jour que j'étais pas doué avec mes mains. »
Il rigole tout seul comme si l'anecdote derrière cette phrase était réellement drôle. Je hausse les épaules et m'exécute. J'en profite alors pour allumer la mienne. Je secoue un peu l'allumette pour l'éteindre et prends ma cigarette entre les doigts.
« Et il avait raison ? » je lui demande seulement pour faire la conversation.
« Je lui ai répondu qu'il ne savait pas à quel point il se trompait sur les capacités et la dextérité de mes mains... »
Je ricane. Il est vraiment con. Je tire sur ma clope et lui déclare :
« Tu aurais pu faire mieux mais c'est pas mal... »
« Merci... »
On fume. On observe. On profite. On ne pense même plus, je crois. Le silence nous enveloppe doucement et c'est agréable. Je ne pensais pas dire ça un jour depuis qu'il m'a bousculé dans ce club mais sa présence, comme ça, me plaît.
« Le gars... » Reprend-t-il la parole plusieurs minutes plus tard. « C'était toi ! »
« Quoi ? » m'exclamé-je, abasourdi. « Comment ça c'était moi ? »
Il rigole. Encore. Il a dû boire un peu trop pour dire une pareille connerie. Je le fixe, attendant une réponse mais lui, il continue de fumer comme si de rien n'était. Alors je bouge de manière à me retrouver face à lui, accroupi et pose une main sur son genou pour éviter de m'étaler.
« C'est quoi cette histoire ? »
Il lève son regard vers moi. Vert. C'est déstabilisant et... envoûtant. Il a un sourire en coin et souffle simplement :
« On a déjà eu une conversation. Avant le club. »
Je lève un sourcil.
« Pour le 4 juillet. » ajoute-t-il.
Je cherche dans ma mémoire mais de cette journée, il ne m'en reste pas grand chose. Enfin tout se trouble à partir du moment où il a fait nuit. J'avais bu – trop bu.
« Tu étais au 4 juillet de London ? »
« Non. Tu m'as oublié mais pas à ce point quand même. Ça aurait été encore plus vexant sinon. »
« Comment alors ? »
Il pose une main sur celle que j'ai mise sur son genou et me fait un signe de l'autre vers sa gauche.
« Mes parents habitent là. J'étais chez eux ce jour-là. Grande journée d'ailleurs... Enfin quand je suis sorti pour fumer en marchant sur la plage, je t'ai vu là. Assis comme ce soir. »
Je porte la main qui tient ma cigarette sur mon front et réfléchis mais rien ne me vient. C'est le vide sidéral.
« Je ne souviens absolument pas. J'avais un peu abusé, je crois. Désolé. »
« Pas grave. Je t'ai dit dans un message que ça me faisait rire que tu te souviennes pas de moi. »
Je me rappelle de ce texto que je n'avais pas compris. Maintenant tout s'éclaire. Lentement, un sourire apparaît sur mes lèvres.
« Et de quoi on avait parlé ? »
« Tu veux la vérité ou un mensonge ? »
« A ton avis ? »
« Tu m'as demandé en mariage à quoi j'ai répondu qu'il fallait peut-être qu'on apprenne un peu à se connaître. »
« J'ai fait quoi ? » je m'étonne, en me laissant tomber sur les fesses. « Non ! C'est impossible ! »
« Quoi ? Tu ne voulais pas le mensonge ? » Me taquine-t-il avant de rire.
« Putain ! » crié-je en lui donnant une tape sur le genou. « Que t'es con ! »
« Désolé, ce soir, c'est moi qui suis bourré. » annonce-t-il en haussant une épaule avant de tirer sur sa cigarette.
Je regarde la mienne qui continue de se consumer. J'en ai eu envie toute la semaine et maintenant que je peux assouvir ce petit plaisir coupable tranquillement, ou presque, je ne fume pas. Finalement, c'est peut-être plus l'idée de fumer que fumer réellement qui me plaît. Je l'écrase à moitié entamée et l'enfouis dans la poche de mon jean.
« Tu fais toujours ça ? »
« Quoi ? »
« Ramasser tes mégots pour les mettre dans ton pantalon ? »
Je hausse les épaules, n'ayant pas la réponse.
« Je fais ça machinalement et c'est sans doute dû à l'éducation de ma mère. » commencé-je à raconter. « On était cinq enfants et ma mère était seule pour nous élever alors elle nous a appris à être responsables très tôt. »
« Elle t'a donc appris très tôt à ramasser tes mégots ? »
« N'importe quoi. Elle sait pas que je fume. »
« Moi, mes parents savent absolument tout sur moi. » affirme-t-il doucement en jetant un regard en direction de sa maison. « T'es proche de ta mère ? » reprend-t-il d'une voix plus forte.
« Ouais, assez. J'essaie en tout cas. »
« C'est bien... » Murmure-t-il, soudain triste.
Je me mets en tailleur, me rapproche un peu de lui et remets ma main sur son genou, espérant lui faire lever les yeux vers moi mais il les garde fixés sur ses mains et sa cigarette.
« Alors, pas de demande en mariage ? » tenté-je pour retrouver sa bonne humeur.
« Bien au contraire. Ça vient de là ton surnom d'associable... Mais tu m'as prouvé par la suite qu'il t'allait vraiment comme un gant. »
Il sourit et rit même un peu. J'ai réussi et je ne sais pas pourquoi, ça me fait plaisir. Sans doute parce que je ne voulais pas du tout le réconforter ou pire le voir pleurer.
« Je... Je n'aime pas trop... Les gens. » avoué-je.
« J'avais remarqué. Parfois, c'est presque écrit sur ton visage. »
« Quand même pas ! » me défendis-je difficilement.
Il baisse à nouveau le visage. Je l'entends déglutir difficilement.
« Enfin avec moi, tu n'as jamais cherché à me cacher que tu ne m'aimais pas. »
« Euh... » Hésité-je en passant une main dans mes cheveux. « Je... Ce sont tes clins d'œil... »
« Qu'est-ce qu'ils ont mes clins d'œil ? » m'interroge-t-il en plongeant son regard dans le mien.
« Ils me mettent mal à l'aise. »
« C'est... C'est vrai ? Pourquoi ? »
Je renifle et détourne mon regard parce que le sien me met mal à l'aise. Ses yeux sont trop verts, trop lumineux, trop pétillants, trop purs pour moi... Je vois alors Nolan dévaler la pelouse à toute vitesse. Il va se planter. Je me relève brusquement, donnant un coup de genou dans celui de George sans faire exprès et sprinte jusqu'au muret juste au moment où Nolan allait tomber. Je le rattrape mais sa vitesse nous fait tomber tous les deux dans le sable.
« Putain que t'es con ! Tu aurais pu te blesser ! » M'énervé-je alors que Nolan, lui, éclate de rire.
« Je savais que tu serais là. Tu es toujours là pour moi, mon pote. Et ne t'inquiète pas, je vais bien. » Conclut-il en se levant. « J'ai envie d'un bain de minuit, ça vous tente ? Là-haut, personne n'a voulu. »
Toujours allongé sur la petite plage, je remarque que George m'a suivi et qu'il se tient debout à un mètre de Nolan qui commence déjà à se déshabiller.
« Quand tu dis bain de minuit, tu veux dire... »
« A poil ! » s'écrit-il en retirant son T-shirt.
Je jette un coup d'œil à George qui hausse une épaule, un sourire aux lèvres. Ce con est partant. Je lève les yeux au ciel et déclare contre ma volonté :
« Ok, c'est parti ! »
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