Chapitre 26

Chapitre 26

                Je me réveille en sursaut dans mon lit. Ma tête me fait un mal de chien et je ne comprends pas trop ce que je fais là alors que mon dernier souvenir date du moment où j'ai commandé un énième verre au club. Je me fais craquer le cou et grimace. J'ai dû abuser hier soir parce que j'entends un bruit assourdissant dans ma tête. Je me la prends entre les mains en tentant de me concentrer pour qu'il cesse mais je n'y arrive pas.

Puis au bout de longues secondes, je me rends compte que le bruit n'est pas dans mon esprit mais que quelqu'un frappe avec force contre ma porte. Je m'étire difficilement, envoie valser la couette et m'assoie sur le bord du lit. C'est quand je me lève que j'entends un soupir. Je me tourne et me fige sur place...

Je n'ai pas pu faire ça ? Je n'ai pas pu faire cette connerie ? Je suis con, je le sais mais pas à ce point-là. Si ? Je baisse les yeux sur le sol et vois immédiatement mes habits éparpillés et... un tissu rose. Je jure dans ma barbe. J'ai trop bu, je n'avais pas les idées claires et... Et puis merde, c'est moi qui suis tombé sur D.J. à moitié nu dans l'appartement de George. Je n'ai rien à me reprocher. S'il a le droit de s'envoyer en l'air avec ce con, j'ai le droit de baiser avec qui je veux !

Les coups reprennent et une voix s'élève pour dire mon prénom. Je fixe ma porte, interdit. Qu'est-ce qu'il fait là à cette heure-là ? D'ailleurs quelle heure est-il ? J'attrape rapidement mon téléphone et me rappelle que je l'ai éteint quand j'étais dans la cage d'escalier de l'immeuble de George. Je le remets à sa place sans ménagement et grimace à nouveau quand George reprend la parole :

« Je sais que t'es là. Ouvre cette porte ! »

                Bizarrement, je ne me sens pas d'avoir une quelconque conversation avec George, tout de suite, en boxer alors j'enfile rapidement mon jean qui traine et souffle à fond. Il faut assumer. Il faut s'expliquer. Je ne suis pas faible, je ne suis pas vulnérable, je ne suis pas triste... Je suis fort et sûr de moi ! Si je me le répète assez souvent, peut-être que j'arriverais à le croire.

                J'ouvre la porte mais juste de quoi passer la tête. Je veux bien essayer d'assumer mais je n'ai pas besoin que George voit ce qui s'est passé dans cette chambre. Je renifle, de manière plus dédaigneuse que je ne le voulais et lève les yeux vers lui ce qui me fait perdre tous mes moyens.

                En plus du fait qu'il est absolument trop mignon, ce qui me fait mal, c'est le regard qui me lance. Il sait. Je ne comprends pas comment mais il sait déjà ce qui s'est passé dans cette chambre et je le vois dans ses yeux. Ils ont repris cette couleur sombre et ils expriment tellement de choses en même temps. La tristesse. La déception. Et le pire de tous... Le dégoût. Je déglutis pour retenir mon sanglot.

« Alors c'est vrai ? » me lance-t-il.

                Sa voix a beau être froide, elle laisse tout de même passer un trémolo qui me brise le cœur. Il faut que j'assume. Il faut que je sois fort.

« De quoi ? »

                On repassera pour l'acceptation de mes actes...

« Que tu as couché avec cette conne de June ? »

Je me faufile dans l'ouverture de la porte et la ferme derrière moi.

« Oh non ! » s'écrit-il en posant ses mains sur ses yeux. « Pas ça... »

                Il recule de plusieurs pas, toujours le visage couvert. J'ai qu'une envie, m'avancer vers lui et le prendre dans mes bras tout en m'excusant mais je ne peux pas. Déjà parce qu'il refuserait que je le fasse et parce que... J'en suis incapable. Je ne peux pas bouger, je suis pétrifié. Par ma propre honte.

« Pas ça... » Répète-t-il. « Pas elle. »

                Je devrais peut-être ouvrir la bouche mais si je le fais, sa colère va décupler et je ne suis pas sûr de pouvoir y faire face. J'ai pourtant toujours foncé dans le tas sans faire attention aux conséquences. Le nombre de disputes et de bagarres que j'ai eues dans ma vie ne peut plus se compter sur les doigts des mains. Je suis tellement ridicule.

« Ne... » Commence-t-il en retirant ses mains pour pouvoir me faire face. « Ne me dis pas qu'elle est toujours là, dans ton lit ! »

                D'un geste de la main, il me montre inutilement la porte qui est derrière moi. Et moi, pour essayer d'arranger les choses, je dis la première chose qui me passe à l'esprit :

« Je ne te dirai rien alors. »

                Bien joué, Louis ! La colère commence à déformer le visage fin de George et je déglutis encore une fois. Qu'est-ce que je peux faire ? La seule chose serait de revenir en arrière et ne pas refaire la même bêtise mais... Hé, devinez quoi ? C'est impossible !

« Tu te fous de ma gueule, c'est ça ? C'était un jeu ? Un pari ? C'était quoi, Louis ? » Hurle-t-il.

                Il va réveiller tout l'étage et comment je pourrais expliquer tout ça, moi ? Je fais un pas vers lui mais il recule d'autant. Je soupire et lui dis doucement :

« Parle moins fort s'il te plaît. On est... »

« Rien à foutre, Louis ! »

« Ça ne sert à rien de... »

« Quoi ? De hurler ? Si ça sert. Ça me fait du bien ! »

« Mais... »

« Tu veux quoi ? Qu'on se fasse un petit thé et qu'on en parle calmement en le sirotant ? Non, va te faire foutre ! »

                Je lève les yeux au ciel juste avant que je ne vois derrière George une porte s'ouvrir sur une fille. Je la fusille du regard et siffle entre mes dents.

« Ce n'est pas un spectacle public, merci ! »

                Je lui fais signe de faire demi-tour.

« Alors n'agissez pas comme si c'en était un. » me balance-t-elle, méchamment avant de disparaître.

« C'est bon, t'es content ? » je balance naturellement à George, sans savoir pourquoi je le fais. « Tout le monde sait que tu es là. »

                Il ricane. De colère. Je n'ai jamais vu George vraiment énervé. J'avais pu avoir un petit aperçu pendant notre dispute chez London mais ce n'est pas dans son tempérament. La preuve, même face à la haine de son père, il n'avait pas eu ce regard qu'il me lance à cet instant. Ce regard qui me dit clairement que si je l'ouvre, je me prends sa droite. Alors même si George est fin et peu musclé, je vais peut-être me la jouer profil bas quand même.

« Content ? Sérieusement, Louis ? Tu me demandes si je suis content après avoir appris que tu viens de baiser avec elle ? Avec elle ? »

                Sa colère et sa déception sont toujours bien présents mais je remarque qu'il a fait un effort pour ne plus crier dans le couloir du dortoir. Il s'approche même de moi, son regard visé au mien.

« Pourquoi elle ? »

                Je hausse les épaules. Pourquoi June ? Parce qu'elle était là, qu'elle est toujours là ! Je n'ai pas manigancé tout ça, elle était juste... là au bon – ou au mauvais – moment. Je n'ai pas de raison pour avoir choisi June à part peut-être parce qu'avec elle, c'était plus facile, plus rapide, plus...

« Qu'est-ce que je t'ai dit dans cette même chambre ? » me demande-t-il.

                Plus blessant pour George. Inconsciemment, je sais que je n'ai pas cherché une autre fille parce que je savais que June serait celle qui lui ferait le plus mal. Je me souviens de chaque mot qu'il a pu prononcer dans cette chambre quand il me faisait jouir...

« Je ne veux plus la voir t'embrasser... »

« Je ne veux plus la voir te toucher comme si tu lui appartenais... »

« Je ne veux plus qu'elle te fasse gémir comme ça... »

« Je ne veux plus la voir tourner autour de toi... »

J'ouvre la bouche mais aucun son n'en sort. Alors je lève le bras et glisse mes doigts dans son cou. Il ferme les yeux sous mes caresses et j'en profite pour déposer un baiser sur ses lèvres mais je me recule rapidement. Ce baiser ne me laisse pas l'opportunité d'avoir réellement son goût parce que j'imagine aussitôt D.J. à ma place. Mes pensées galopent à toute vitesse. Ma jalousie dévale mes veines à toute vitesse. Je ferme à mon tour les yeux et lui chuchote le pire mensonge du monde au creux de son oreille :

« Parce qu'avec elle, je prends mon pied sans effort ! »

                La réaction de George ne tarde pas à arriver. Il pose ses mains sur mon torse et me pousse tellement violemment que je me prends la porte de la chambre dans le dos. Je grimace et porte aussitôt une main à mon épaule qui a encaissé la majorité du choc. Je me redresse et lui fait face. Il fronce les sourcils. Ses yeux sont maintenant noirs. Ses poings sont serrés, prêts à me frapper.

« T'es tellement un enfoiré. J'aurais dû écouter D.J. ! Il me l'avait pourtant dit. » Affirme George, en laissant son regard monter et descendre sur mon corps comme s'il cherchait ce qu'il a pu louper jusqu'à présent.

« D.J. ! Notre bon vieux D.J. ! Ton grand frère, c'est ça ? » Je crache presque.

                Je suis en tort avec June, je le sais mais il serait bien qu'il n'oublie pas que lui-même n'est pas totalement blanc dans cette affaire. J'ai couché avec June parce qu'il avait couché avec D.J., voilà la vérité. J'ai seulement couché avec June parce que je voulais me venger. Une autre vérité ? Je n'avais tellement pas envie d'elle que j'ai dû imaginer George à sa place...

« Ouais. »

« Vas-y, continue à te foutre de ma gueule. »

« Tu me trompes avec... »

« Je ne trompe personne, George ! » je le coupe, remonté qu'il puisse m'accuser. « On est pas en couple après tout. Comment tu pourrais l'être avec un petit hétéro de ses couilles ? »

« Quoi ?  Mais qu'est-ce que tu me racontes ? »

« A aucun moment, on s'est juré fidélité éternelle, n'est-ce pas ? »

                Je le vois encaisser ma phrase comme si cette dernière avait été un coup de poing. Il se passe une main dans les cheveux et me questionne doucement :

« Tu ne comptes pas m'expliquer ? Ou t'excuser ? »

« M'excuser ? Tu sais aussi bien que moi que je ne m'excuse jamais. »

« A part quand ça te tient à cœur ! » me rappelle-t-il les mots que je lui ai dits sur le balcon.

                J'aimerais tellement m'excuser. Le prendre dans mes bras. L'embrasser. M'excuser encore une fois. L'embarquer dans ma chambre. Lui montrer à quel point je tiens à lui. Mais... J'en suis incapable. Ma jalousie et ma fierté me l'interdisent. Il couche avec D.J. et... Je ne peux pas le partager. Je ne peux pas seulement jouer avec lui. Je le veux à moi, rien qu'à moi, corps et âme. Et ça me fait peur de ressentir tout ça pour lui parce que... Je ne veux pas dépendre de lui. Je ne veux pas lui donner les armes pour me détruire – en tout cas, plus que je ne l'ai été aujourd'hui. Je veux être libre. Alors je hausse les épaules encore une fois.

« Ok... »

                Il se recule en me jetant un regard rempli de dégoût. Il plisse le nez et me lance :

« Tu es un beau parleur et bon menteur, je te félicite. J'y ai cru jusqu'au bout. »

                Pour la première fois de ma vie, je ne cherchais pas à mettre seulement quelqu'un dans mon lit. Pour la première fois de ma vie, je ne mentais pas. Pas avec lui. Jamais. Il fait demi-tour et avant de disparaître, il tourne légèrement son visage vers moi et me déclare :

« T'es qu'un petit con qui finira seul et malheureux. »

                Sur ces mots, il passe les portes et je ne peux pas me retenir plus longtemps mais au lieu de le rattraper ou de pleurer dans le couloir, je frappe de toutes mes forces la porte, tout en grognant. Toute ma vie et il y a encore quelques minutes, mon seul rêve était d'être ce con qui finira seul et maintenant que George est parti... Je ne sais pas, je n'ai pas envie qu'il me laisse mais je ne peux rien faire alors j'entre dans ma chambre et vois June assise sur le bord du lit, enroulée dans la couette. Je grimace et lui lance sèchement :

« Dégage ! »

« Louis, c'est quoi cette histoire ? » me demande-t-elle sans faire le moindre geste pour partir.

« Dégage d'ici ! Tout de suite ! »

                Mes mots se détachent les uns des autres parce que je suis hors de moi et que c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour ne pas me jeter sur elle pour l'attraper et la mettre à la porte moi-même.

« Tu es... Avec George ? »

« Je ne suis avec personne. Si tu avais écouté aux portes correctement, tu le saurais. »

                Il faut qu'elle sorte parce que je ne pourrais pas me retenir très longtemps.

« Tu peux m'en parler, je... »

« Ecoute, June. Nous deux, c'est du cul et seulement du cul. On est pas amis et encore moins confidents, ok ? Alors fous-moi la paix ! »

« Mais tu es... » Commence-t-elle, les sourcils froncés.

« Gay ? Non. Quoique quand je vois que George me fait dix mille fois plus d'effets que toi, je me dis que... Ouais, peut-être que je suis gay. Maintenant qu'on a bien discuté de mon orientation sexuelle, dégage de ma chambre. »

« Si je sors d'ici, je n'y remettrais plus jamais les pieds, tu en es conscient ? »

« C'est une promesse que tu me fais là, j'espère ! »

                La scène la plus surréaliste de ma vie se déroule alors sous mes yeux. June retire la couette, se lève, attrape sa robe par terre et passe à côté de moi, habillée seulement d'une petite culotte, sans le moindre mot, le moindre regard pour moi. Elle claque la porte derrière elle et je me retrouve tout seul comme je le voulais.

Sans que je ne comprenne ni comment, ni pourquoi, je sens alors des larmes couler sur mes joues...

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Ok, c'est le moment où je dois aller me planquer dans un petit trou de souris en Bolivie...

Sérieusement, ne nous détestez pas trop, on vous aime bien nous 😍

Sinon qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? Je sais Louis n'aurait pas dû réagir ainsi, il aurait dû tout dire à George, il aurait dû lui demander des explications pour DJ mais vous savez quoi ? Louis a peur !! C'est la première fois qu'il ressent tout ça, la première fois qu'il laisse quelqu'un entrer dans son coeur. Il a peur de souffrir, de se faire abandonner. Je sais que pour certaines d'entre vous, c'est difficile à imaginer qu'on puisse être comme ça, dites vous que c'est un traumatisme qu'il a depuis qu'il est tout petit. Il ne le fait pas exprès !

Bon sinon, je n'ai pas de bonnes nouvelles pour vous. Je pars demain à Bruxelles pour deux semaines. Normalement, j'aurais internet, pas de souci pour ça mais je posterai que les mardis et vendredis pendant ces deux prochaines semaines. J'espère que vous m'en voudrez pas trop pour ça.

J'ai pensé ces derniers jours à faire une sorte de "10 facts" sur for him. où je parle des personnages, de mon inspiration pour cette histoire. En toute honnêteté, je ne sais pas encore très bien ce que je pourrais mettre exactement dedans mais j'ai envie que vous en sachiez plus sur Louis, George et les autres mais aussi de l'envers du décor. Est-ce que ça vous intéresserait ? Vous avez le droit de dire non pour garder un peu de mystère ou autre. Je vous en voudrais pas 😉

Et enfin, j'aimerais vous remercier vous toutes, lectrices de la première heure ou nouvelles lectrices, pour tout. Je suis à un cheveu des 7k vues (un bonus bientôt si j'y arrive).  On a largement dépassé les 1k votes. Juste Merci 💜

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