Chapitre 18

Il ne s'est rien passé entre George et moi. Je ne dis pas ça pour me convaincre de quoique ce soit. C'est juste la vérité. Ce jour-là, après l'altercation avec son père et avant de rejoindre Nolan pour un encas vers seize heures, nous avons passé notre temps ensemble, dans sa chambre à ne rien faire ou à regarder la télévision comme deux amis basiques. Certes, George était dans mes bras, il me caressait le ventre pendant que je traçais des lignes invisibles dans le bas de son dos mais il ne s'est rien passé de concret. Et je crois que j'ai adoré ça.

Malheureusement, le reste de la semaine, il a été assez compliqué pour nous de nous voir. Entre les cours, mes entraînements et ses répétitions pour un spectacle à Juilliard, nous n'avons pas trouvé un moment pour nous voir. Mais, aujourd'hui, ça va changer. Il m'a dit qu'il viendrait à la rencontre alors je le verrai à la fin et c'est la première fois de ma vie que j'ai envie qu'un match se termine vite.

Cependant, depuis le début du match, je me suis interdit de regarder vers les tribunes, même pas le moindre petit coup d'œil furtif. Rien. Parce que, instinctivement, je me mettrais à chercher George parmi les supporters et si je ne le trouvais pas... Dans ce cas-là, je ne suis pas sûr que je pourrais continuer de courir sur ce terrain, dans le froid de novembre. Je ne pourrais pas faire des passes à mes coéquipiers. Je serai bon à rien et après les deux matches que nous avons perdus et le fait que ce soit le dernier de la saison, ce n'est pas le moment d'être mauvais.

Mais je suis faible. Trop faible. Quand l'arbitre siffle la mi-temps, je ne peux m'empêcher de scanner aussitôt les tribunes en retournant dans les vestiaires. Je repère dans les secondes qui suivent Nolan. Il faut dire qu'il est debout et applaudit comme un fou. Je souris, amusé par son comportement et soudain, je le vois. Il est assis à la gauche de Nolan. Il porte un bonnet qui lui cache les cheveux et a une grosse écharpe autour du cou qui remonte jusqu'à son nez mais je n'ai aucun doute. C'est lui. Il me fait un discret geste de la main que je lui rends.

« On va les démonter ! » s'écrie London dans mes oreilles quand il passe un bras autour de mes épaules.

Je suis obligé de détourner mon regard de George pour le poser sur London, qui semble heureux.

« Promets-moi de ne plus te faire suspendre par le coach ! »

« Pourquoi ? » Je demande, amusé.

« Parce que c'est vachement mieux quand tu es sur le terrain avec moi. »

« Arrête de faire ton sentimental, Pierce ! Ça me donne la gerbe. »

Sur ces mots, il me donne un coup de poing dans l'épaule et entre dans les vestiaires. J'en fais de même et je ne saurais dire ce qui me fait le plus plaisir. Que l'on mène deux à zéro contre Cornell à la mi-temps ou que je sache que George est dans les tribunes comme il me l'avait dit.

🎶🎶🎶

Contrairement à ce que je pensais, savoir que George était là, à me regarder, m'a donné des ailes. Dans la seconde partie de jeu, j'ai réussi à faire une pause décisive puis à marquer à mon tour un magnifique but – en toute modestie. J'ai même eu le droit à une petite accolade de la part du coach et venant de lui, c'est énorme. Donc quand je sors des vestiaires après le match, en n'ayant pas pris la peine de me laver comme mes coéquipiers pour rejoindre George plus rapidement, je suis de très bonne humeur.

Je remonte mon sac de sport sur mon épaule et marche sur le bord du terrain en le cherchant du regard jusqu'à ce qu'on se jette sur moi. Quelqu'un me monte sur le dos et je mets instinctivement la main pour empêcher la personne de tomber. Sur ses fesses. Je comprends alors que ça ne peut pas être George. Ce derrière est trop rebondi pour que ce soit le sien. Malheureusement, je sais à qui il peut être et je me demande bien ce que lui et sa propriétaire font là.

« Tu as super bien joué ! » s'exclame June en déposant un baiser sur ma joue.

Je grogne un remerciement en faisant tomber mon sac par terre, étant trop compliqué de l'avoir en même temps que June puis je passe ma main sous l'une de ses cuisses pour l'équilibrer et qu'elle arrête ainsi de me labourer le dos.

« Ah ! » s'écrie-t-elle, d'un ton dégouté. « Mais t'es tout dégoulinant de sueur. Pourquoi tu t'es pas lavé ? »

Je soupire en ramenant en arrière des mèches qui me tombaient devant les yeux.

« Pourquoi tu es venu ? » je me contente de lui demander.

« Dis tout de suite que tu n'es pas content de me voir ! »

« J'ai pas dit ça mais... »

Je ne peux pas finir ma phrase qu'un Nolan tout guilleret entre dans mon champ de vision. Derrière lui, je vois George avancer, les mains dans les poches de son jean. Il me semble... triste et ça fait un sacré contraste avec Nolan qui, lui, sautille presque sur place. Je fronce les sourcils en le regardant mais il détourne les yeux.

« Quatre zéro, mec ! Vous les avez pas battus, vous les avez humiliés ! » S'extasie Nolan en me donnant des tapes amicales sur l'épaule.

« N'exagère pas non plus, Nole ! »

« Tu te fous de moi ? Quatre zéro ! Quatre zéro ! » Répète-t-il comme s'il avait peur que je n'ai pas compris.

« Salut George ! » je souffle, ne pouvant pas me retenir plus longtemps. « Le match t'a plu ? »

Il faut que je lui parle, que j'entende sa voix mais surtout je meurs d'envie de le prendre dans mes bras mais je sais que c'est impossible. Pas maintenant alors que nos amis, mes coéquipiers, mon coach... nous entourent.

« Ouais, c'était... cool. »

Il a sa voix froide. Que s'est-il passé ? Puis ça fait tilt, je porte June sur mon dos, j'ai la main sur sa cuisse, ses bras autour du cou et par intermittence, elle m'embrasse le cou comme George me l'a fait, il y a quelques jours. J'aimerais lui crier que je ne ressens rien, que les baisers de la brune n'ont pas le moindre effet sur moi contrairement aux siens mais encore une fois, nous ne sommes pas seuls. Je déglutis et retire ma main pour faire comprendre à June qu'elle doit descendre.

« Quoi ? Déjà ? » Se plaint-elle.

« Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, j'ai joué pendant une heure et demi alors excuse-moi de ne pas être au top de ma forme pour l'instant. »

« Tu n'es vraiment pas au top ou il te reste quand même un peu d'énergie pour moi ? » me susurre-t-elle, sans gêne alors que les gars sont en face de nous.

Je jette un coup d'œil à George. Je ne veux pas qu'il ait de la peine pour ça mais son regard s'est assombri. Il m'en veut. Je retire le plus gentiment possible les bras de June qu'elle a toujours autour de moi et lui déclare :

« Il faudra te débrouiller toute seule. Désolé. »

« T'es pas drôle ! »

« Oh, je ne m'en fais pas pour toi, tu me trouveras un remplaçant. »

« Ouais, mais je voulais que ce soit toi ! Tu sais que... »

« Bon, excusez-moi de vous déranger. » intervient George, le bas du visage toujours caché par son écharpe. « Mais je vais vous laisser. J'ai un rendez-vous. »

Cette fois, c'est moi qui suis jaloux mais la différence entre nous, c'est que lui, le fait exprès pour me faire mal. Moi je n'ai pas demandé à June de venir et de me sauter dessus.

« Tu peux pas rester un peu ? » tenté-je, d'une voix plus désespérée que je ne l'aie voulu.

« Impossible. »

« Ok ! Avec l'équipe, on va sans doute aller dans un pub ce soir pour fêter ça, si ça t'intéresse... »

« Peut-être. Je verrais en fonction de mon rendez-vous. » Me répond-t-il naturellement alors que je serre la mâchoire pour ne pas faire une crise de jalousie dans la seconde.

« Ouais, je voudrais pas que tu te prives par ma faute ! En tout cas, merci d'avoir fait l'effort de venir. »

« Tu avais fait l'effort pour moi, je ne pouvais pas refuser... »

Sur ces mots, il se tourne et s'éloigne lentement. Je perds vite de vue son pull gris et son bonnet assorti. Il est venu ici pour cette raison. Parce qu'il pensait avoir une dette envers moi ? Putain, ça fait mal.

« Quel con ! » gronde June qui s'accroche à mon à présent.

Je baisse les yeux sur elle et vois qu'elle fixe la direction dans laquelle George a disparu. Le con est pour lui ? Mais elle ne le connait même pas et...

« Il n'est pas con ! » Je lance naturellement.

« Tiens, tu prends sa défense maintenant ? » s'étonne-t-elle.

« Tu n'es pas au courant ? George et Louis sont devenus les meilleurs amis du monde ! » Raconte Nolan en passant un bras sur les épaules de June, un sourire aux lèvres.

« Hein ? Qu... »

Nolan me fait un léger signe de la tête pour me faire taire et continue de parler à June :

« Par contre, j'aimerais savoir pourquoi tu nous as ramenés cette conne ? »

Le blond montre quelque chose derrière nous du pouce. Je me retourne et vois un peu plus loin Maddie en train de parler avec deux autres filles que je ne connais pas.

« Ce n'est pas parce qu'elle ne veut pas coucher avec votre pote qu'elle est conne ! » rétorque June, en croisant les bras devant sa poitrine.

« Euh... Si ! » On s'écrie Nolan et moi en chœur ce qui nous fait rire.

« London n'est pas comme Louis. Il ne veut pas juste coucher avec elle. Limite, il se voyait déjà la demander en mariage et il réfléchissait sérieusement aux prénoms pour leurs gosses ! »

Bon, là, Nolan en fait un peu trop. London est un grand romantique mais il n'est pas non plus stupide en pensant que Maddie est la femme de sa vie.

« C'est vrai ? »

« Ouais ! Carrément ! Tant pis pour elle, une autre aura la chance de devenir Madame Pierce et héritera de la fortune des parents. »

Nolan se redresse et me fait un clin d'œil. Tiens ça faisait longtemps qu'on ne m'en avait pas fait. Je souris aux souvenirs de ceux de George. D'ailleurs, ça me fait penser... Il a un rendez-vous ? Mais avec qui ? Il ne m'en a pas parlé. Et si cette histoire de danseur n'était pas si fausse que ça ?

« On retrouve London et on rentre ? » me propose Nolan à mon plus grand soulagement.

Je hoche la tête de haut en bas.

« Vous allez à quel pub ce soir pour qu'on vous rejoigne ? » me demande June, en faisant une petite moue.

Il est hors de question qu'elle soit là ce soir. Si George vient, je n'ai pas envie qu'il me voit coller à cette sangsue ou pire qu'il me voit partir avec elle parce que je connais June et je connais surtout ma faiblesse pour la chair. Je suis capable de craquer.

« En toute honnêteté... » Dit Nolan, ne me laissant pas le temps d'ouvrir la bouche. « Je pense qu'il vaudrait mieux que pendant quelques temps, on se voit moins. A cause de ce que Maddie a fait à London. T'es vraiment cool d'être si compréhensive. »

Il lui tapote l'épaule et s'éloigne. Je ne sais pas vraiment ce que mon meilleur ami vient de faire mais il vient de me sauver la mise sans le vouloir. Je reprends mon sac, embrasse June sur la joue et lui dis au revoir rapidement. Je suis de près Nolan qui se dirige vers les vestiaires d'où London ne devrait pas tarder de sortir.

« De rien ! »

Tout en marchant, je me tourne vers Nolan qui regarde droit devant lui comme s'il n'avait pas ouvert la bouche.

« Quoi ? »

« Je viens juste de te sauver les miches alors de rien. »

Je m'arrête de marcher, perturbé. Je serre sans le vouloir l'anse de mon sac en dévisageant Nolan qui en voyant que je ne le suis plus, se tourne vers moi, toujours aussi souriant. Qu'est-ce qu'il sait ? George lui a parlé ? A-t-il vu quelque chose ? Mon cœur palpite de peur.

« De quoi tu parles ? » J'arrive enfin à articuler au bout de quelques longues secondes.

« De June ! Il était assez clair que tu ne voulais pas te la faire ce soir. »

Je baisse les yeux.

« En effet... »

Ça me fait bizarre d'avouer une telle chose à mon meilleur ami alors qu'il y avait encore un mois, dès que je voyais un bout de sa peau nue, j'avais envie d'elle. Je déglutis.

« Je sais pas qui est cette fille qui te fait perdre la tête mais elle doit être impressionnante pour que tu en dénigres June ! »

J'ouvre la bouche. Cette fille ? J'ai un petit rire nerveux, mal à l'aise. Comment lui dire que cette fille est un mec et que c'est même un pote à nous ?

« Tu veux pas m'en parler ? »

Je passe une main dans les cheveux en grimaçant. En parler à Nolan est l'une des dernières choses que j'ai envie de faire dans l'immédiat. Je bouge simplement la tête de droite à gauche.

« Putain, je t'ai jamais vu comme ça. Enfin, c'est comme tu veux mais si tu as besoin de conseils en matière de relations stables, n'hésite pas... »

Une relation stable ? Avec George ? On va peut-être y aller moins vite.

« Je suis pas encore prêt pour une relation stable ! »

« Pas encore ! » me fait remarquer Nolan en recommençant à marcher vers les vestiaires, me laissant comme un idiot.

🎶🎶🎶

J'accroche ma serviette à la patère faite à cet effet et me déshabille prestement, laissant ma tenue de sport sur le sol carrelé de la douche de ma résidence. Je regrette amèrement de ne pas m'être lavé juste après le match. Si j'avais su ce qui se passerait, j'aurais peut-être même dormi là-bas. Revoir June ne m'a fait ni chaud ni froid. Ça m'a même aidé à comprendre qu'en fait, je n'en avais plus rien à faire d'elle. C'est méchant et ça m'embête de penser ça mais, c'est la réalité.

June était mon passe-temps, la fille qui savait me faire de l'effet et avec qui j'adorais coucher mais aujourd'hui, quand j'y repense, je l'ai eu sur mon dos, sa poitrine contre moi, ses jambes autour de mes hanches et je n'ai rien ressenti. Pas de gaule incontrôlable, pas la moindre petite excitation, pas d'idées salaces. Le néant comme lorsque Nolan me faisait une prise de catch quand on était plus jeunes.

Mais George... il ne m'a pas laissé insensible. Cependant, j'étais loin de l'excitation. Sa manière de partir et cette histoire de rendez-vous... ça m'a réellement énervé et ça m'énerve toujours. Je me mets sous le jet et tourne le robinet. L'eau, d'abord froide, se réchauffe rapidement et bientôt, je ferme les yeux, la tête en arrière pour profiter du jet.

Malheureusement, l'eau ne m'aide pas à éclaircir mes idées et encore moins à oublier George. Je lui ai envoyé deux textos quand j'étais dans le bus avec les gars mais je n'ai eu aucune réponse. Son rendez-vous doit vraiment bien se passer et ça m'inquiète. De toute façon, avec ce mec, j'ai l'impression que je ne fais que ça. M'inquiéter, m'énerver et fantasmer.

Je soupire, ferme le robinet et attrape le gel douche que j'ai apporté. J'en verse dans ma main et commence à me savonner avec énergie, toujours les yeux fermés. Qu'est-ce que je vais faire ? Qu'est-ce que je dois faire ? Il serait peut-être temps que j'y réfléchisse sérieusement.

Tout d'abord, je ne peux clairement plus nier le fait que je suis attiré par un mec. C'est un fait à présent bien établi dans mon esprit et encore plus dans mon corps. Est-ce que ça me dérange ? Non, je ne crois pas. J'aime être avec George, j'aime quand il pose ses mains sur moi, j'aime son corps et j'aime sa personnalité si enjouée qui cache des blessures pas encore cicatrisées. Est-ce que j'ai envie d'aller plus loin avec lui ? Clairement... OUI !

En même temps, je ne vois pas vraiment comment quelqu'un dans ce putain de monde pourrait résister au sourire de George ou à ses caresses. Tout est si délicat et sensuel quand il le fait... C'est l'extase. Des frissons me parcourent tout le corps et je sais que cela n'a rien à voir avec le fait que je sois nu dans la douche. D'ailleurs, je sens déjà une douce chaleur s'emparer de mon bas-ventre.

J'ouvre les yeux et trouve confirmation en voyant un début d'érection. Instinctivement, ma main droite descend vers mon sexe mais je m'arrête en riant nerveusement. Je ne peux pas faire ça, me masturber en pensant à George. Mais en même temps, je ne fais rien de mal à faisant ça, tout le monde le fait et puis personne ne sera au courant...

Ok, j'ai l'impression de devenir fou. Je continue de me laver avec moins d'entrain qu'auparavant mais presque avec délectation. Peut-être que si je me laissais aller sous cette douche, j'arrêterai de fantasmer sur lui. Mon désir sexuel aura été assouvi et je pourrais reprendre ma vie où elle était avant que je ne rencontre George. J'ouvre le robinet d'une main pendant que l'autre saisit mon sexe.

Et je me laisse aller à des caresses lentes pour commencer, encore un peu honteux de faire ça puis plus le plaisir monte, moins j'ai de scrupules à imaginer la main de George à la place de la mienne. Je me retiens à grandes peines de gémir sous le jet d'eau ne voulant pas attirer l'attention. Il n'y a certes personne dans la salle de bain à cette heure-là mais je ne préfère pas prendre de risque.

J'accélère un peu plus le rythme lorsque je commence à me repasser les souvenirs du bain de minuit où George était nu et dégoulinant d'eau. Putain, il était vraiment sexy. Et soudain, je sens que je suis arrivé au point de non-retour. Je serre de ma main libre le robinet et jouis la seconde suivante. Je me retrouve alors tout frissonnant sous l'eau chaude et j'ai la vague impression que mon désir sexuel pour George n'a pas du tout été assouvi, bien au contraire...

______________________
Hey ! Ça fait bizarre de poster un chapitre chaque jour. C'est surtout que ça fait monter le nombre de vues rapidement et que nous sommes déjà à 3,5K. Je vais devoir me mettre sérieusement à l'écriture du bonus des 4K ! J'ai l'impression de ne faire que ça maintenant tellement ça va vite ah ah ah
Sinon qu'est-ce que vous avez pensé de ce chapitre ? J'avoue que c'est la première fois que j'écris ce genre de scène alors je suis pas sure du résultat. Je suis un peu gênée aussi. J'espère que ça vous aura plu.
Merci pour tout 💜 Vous êtes adorables !
Bisous et à mercredi !!