Chapitre 17

Chapitre 17

La rage commence doucement à refluer dans mon corps mais je sens encore l'adrénaline qu'elle m'a apportée dans chacun de mes muscles et dans mes veines. Je garde les poings fermés, malgré le fait que mes ongles maltraitent mes paumes. Je respire à plusieurs reprises pour calmer mon rythme cardiaque. Si ce putain de fils de... revenait maintenant, je le défoncerai. Je ne chercherai pas à me clamer ou être un gentil gentleman, je lui ferai ravaler sa haine envers son propre fils. Je grogne et pince mon nez entre mon pouce et mon index avant de marmonner :

« Tu m'as menti... »

J'entends des bruits que je n'arrive pas à reconnaître, dans mon dos avant de sentir la main de George sur mon cou mais je me dégage sans toutefois lui faire face.

« Tu m'as menti quand tu m'as dit au théâtre qu'il ne te frappais pas. »

« Non, je n'ai pas dit ça. » me chuchote George.

Éberlué qu'il puisse encore nier les faits, je fais volte-face ce qui le surprend et je plonge mon regard dans le sien. Il est triste et honteux. Je voudrais tellement le prendre dans mes bras maintenant mais ma colère m'en empêche.

« Si, tu l'as dit ! »

« Non je t'ai dit que si je m'étais réfugié au théâtre cette semaine-là, c'était à cause de mon père mais qu'il ne m'avait pas frappé. Cette fois-là. »

Mon cœur fait une chute de vingt étages. Comment j'ai pu passer à côté de ça. Je secoue la tête, dégouté. Finalement, je crois que j'aime mon père absent. Au moins, je n'en garde pas de marque comme je peux le voir dans le cou de George. Dans un élan protecteur et instinctif, je me rapproche et le prends enfin dans mes bras. Je le serre tellement fort que je ne sais pas comment il peut encore respirer mais je m'en fiche. Je sens ses bras m'entourer à leur tour et je soupire.

« Je ne suis pas une damoiselle en détresse, Louis ! »

Non, il n'est pas une damoiselle en détresse, il est bien plus que ça pour moi. Et je ne sais pas comment gérer ça mais pour le moment, ce n'est pas le plus important. Je le lâche finalement.

« C'est quoi son problème à ce con ? » je demande en pointant mon pouce derrière moi en direction du couloir par lequel le père de George a disparu.

« Le même que toi quand tu as su que j'étais gay, je suppose. » déclare-t-il, en fermant sa chemise.

Je fais un geste vers lui, l'empêchant de continuer ce qu'il a entrepris. J'avale ma salive difficilement.

« Je doute que ce soit pour la même raison... » J'avoue à demi-mots.

« Comment ça ? »

Il a un sourcil levé. C'est normal qu'il soit étonné par mes mots. Moi-même, je le suis. J'essaie de ne pas y penser depuis quelques temps mais il faut que je sois honnête avec moi et avec lui aussi.

« Ce n'est pas que tu sois gay qui m'a fait chié, c'est que tu étais avec... »

Je n'ai pas fini ma phrase qu'un sourire apparaît déjà sur le visage de George ce qui ne m'aide pas à continuer. Je ne peux pas lui dire que c'est le fait de l'avoir vu avec D.J. qui m'avait finalement le plus énervé. Je passe une main sur ma nuque tout en me mordant la lèvre.

« Je vois. En effet, ce n'est pas la même raison. » Souffle-t-il, mettant fin à ma torture.

« Explique-moi... » Je lui demande après un long silence.

Je l'observe s'asseoir sur le bord de son lit défait et l'écoute me raconter :

« Cet été, quand on s'est vus sur la plage. Tu sais le quatre Juillet ? Eh bien, je venais de dire à mes parents que j'étais gay et ça ne s'est pas réellement bien passé. Il a toujours été un homme... Bon et juste malgré quelques défauts mais... Je pense que le fait que je n'entre plus dans les cases classiques de la famille américaine l'a... déçu. »

« Mais... Tu... » Je bafouille en le rejoignant. « Comment tu peux rester ici ? »

« Je crois qu'on a passé un pacte naturel. Je continue mes études, il me les paie, je deviens le pianiste qu'il désire que je sois et plus jamais on ne parle de mon orientation sexuelle. »

« Mais, tu peux pas... »

« Si, je peux. J'ai eu ce que je voulais. Il le sait et dort mal à cause de cette déclaration. Je n'ai pas le besoin de parler de mes histoires de cœur et encore moins de cul avec lui ou ma mère. Quand j'aurais mon diplôme, j'aviserai. Mais aujourd'hui, j'ai besoin de son fric. »

« Et ta mère ? » je m'intéresse ce qui le fait ricaner.

« Ma mère ne dit rien. Elle n'a jamais eu son mot à dire et c'est pas maintenant que ça va changer. »

Il baisse les yeux sur ses doigts un court instant, un sourire amer avant de les relever vers moi.

« La première chose que mon père ait faite quand je lui ai déclaré aimer les hommes, c'est de me gifler avant de se tourner vers ma mère et de lui balancer... Naturellement que c'était sa faute parce qu'elle m'avait trop couvé pendant mon enfance. C'est bien connu... Tous les mecs passant plus de deux heures avec leur mère par semaine deviennent gays. »

« Si tel était le cas, la moitié des hommes de cette planète serait homosexuelle ! »

« Ouais, en effet mais elle, ma propre mère, s'est mise à pleurer et s'est excusée auprès de lui. Elle s'est excusée à plusieurs reprises que je sois gay ! »

« Oh putain... »

« Au final, je me demande si c'est pas ça qui a été le pire ce jour-là. Bien pire que la gifle ! »

Sa voix est cassée et je sens que si j'insiste sur ce sujet, il va craquer et pleurer. Même si ma curiosité et mon envie de tout savoir de lui sont bien présentes, je n'ai pas le courage de lui faire du mal avec ça. Alors je passe mon bras sur ses épaules et le ramène vers moi. Il enfouit son visage sur le creux de mon cou et je peux sentir son souffle sur ma peau. Je frissonne légèrement et lui déclare :

« Tu n'as pas à t'excuser d'être celui que tu es. Tu es... La personne la plus géniale que je connaisse. »

Il ne me répond pas et se contente de déposer un baiser tendre dans mon cou. Puis un second. Au troisième, je sens que mon entre-jambe vient de se réveiller. Je ferme les yeux mais c'est encore pire quand il m'embrasse une nouvelle fois. Je ne sens plus que ses lèvres sur moi. Cependant, étonnement, il s'arrête et me demande :

« Tu as dit à mon père... Que le tien avait abandonné sa famille... »

Il laisse sa phrase en suspens pour que je puisse la terminer moi-même. Je n'aime pas parler de ça. J'ai mis un an pour le dire à London et là, je connais George depuis un peu plus de deux mois, c'est tout. Mais après ce qu'il vient de me confier, je ne peux pas le renvoyer balader. Je le lâche et m'allonge sur le lit qui a l'odeur enivrante de George.

« Mes parents se sont rencontrés très jeunes et comme ça arrive souvent, ils ont oublié de se protéger et ma mère est tombée enceinte. Le problème, c'est que mon père ne rêvait pas du tout d'avoir une famille avec femme et enfants mais il est resté. Lauren est née. Tout se passait bien. Quatre ans plus tard, ma sœur et moi sommes arrivés par surprise... »

« Tu as... Attends, tu as une sœur jumelle ? » Me coupe-t-il en se couchant à côté de moi, sa tête sur mon bras et une main sur mon torse. « Elle est aussi canon que toi ? »

Je souris tout en rougissant parce que c'est plaisant d'entendre George dire que je suis canon.

« Elle est mille fois mieux que moi... »

« Ben putain, qu'est-ce que ça doit être ! »

Je ris en tournant la tête vers lui et enfouissant mon nez dans ses cheveux.

« Mais elle a un sale caractère. »

« Comme toi, alors ! »

« Petit con... » Je chuchote avant de reprendre mon sérieux. « Bref, on est arrivés et mon père a commencé à partir en live. La semaine il était avec nous et le weekend, il allait faire des courses de voitures ou s'amuser avec ses amis. Il pouvait être génial, comme il pouvait passer à côté de nous sans nous jeter un regard. C'était... Assez difficile à vivre pour mes sœurs et moi, parce qu'on était trop petits pour comprendre qu'en fait, notre père n'en avait rien à foutre de nous, que ce n'était pas nous le problème mais lui. »

« Il n'en avait pas rien à foutre sinon il n'y aurait pas eu des moments agréables avec lui. »

« Je sais pas... Peut-être. Mais tout a basculé quand j'avais neuf ans. Ma mère lui a appris qu'elle était à nouveau enceinte. De jumelles. Ce fut trop pour lui. Je me souviendrais toujours de cette journée. J'étais assis sur la dernière marche de l'escalier qui montait à l'étage. J'entendais ma mère annoncer la nouvelle à mon père. Elle pleurait. Il n'a pas dit un mot, il s'est juste levé et il a rejoint leur chambre. Il a fait sa valise et il est parti. Les deux fois où il est passé à côté de moi... Il n'a rien dit. Il ne m'a pas dit au revoir. Il n'a même pas baissé le regard vers moi. Il s'est barré et n'est plus jamais revenu. Ça a été aussi simple que ça pour lui. »

« Je suis désolé... »

« Ne le sois pas. Je m'en suis remis. »

« C'est à cause de ça que tu as redoublé à l'école ? »

« Ouais... Je me suis renfermé sur moi-même, je n'avais plus confiance en personne, je n'avais plus d'ami. Pour moi, si mon propre père pouvait se barrer aussi facilement, je me disais que ça serait encore plus facile pour les étrangers. Ceux qui ne sont pas obligés de nous aimer. »

« Tu es toujours comme ça ! » affirme George.

« Ouais... Mais j'ai quand même réussi à laisser certaines personnes entrer dans ma vie. Nolan, London et... Toi. »

« Ça ne fait pas beaucoup de monde en onze ans. »

« Mais c'est bien suffisant. Je n'ai pas besoin de plus pour être heureux. »

« Il n'a jamais cherché à vous contacter, toi ou tes sœurs ? »

« Non, c'est une enflure qui n'en a rien à foutre de nous. » je déclare froidement.

« Parlons d'autre chose, ok ? » s'écrie George en voyant que cette conversation ne m'enchante pas. « Nos vieux ne sont pas le centre de notre monde. Tu me racontes plutôt pourquoi tu as frappé un pauvre petit joueur de Soccer ? »

Il pose sur ma main droite la sienne et caresse lentement mes articulations où il n'y a plus aucune trace de bagarre.

« Ce n'était pas un pauvre petit joueur de Soccer, ok ? C'était un connard, ni plus ni moins. Il... Il nous a traités de tapettes incapables de trouver le trou. »

« Qu'est-ce qui te gêne le plus dans cette remarque ? »

« Ce n'est pas une simple remarque, George ! » je m'insurge. « Tapette dans sa bouche était une insulte. Et je n'ai pas de problème à trouver un trou, c'est clair ? »

Il ricane, tout contre moi et je me rends compte de ce que j'ai dit. Je lève les yeux, en souriant.

« Putain ! T'es un obsédé, mec. Je parlais des buts. »

« Je n'ai rien dit. » se défend-il en levant sa main qui n'est pas coincée sous lui mais il continue de rire. « Tu as bien fait de lui mettre une droite. »

« Je ne lui ai pas mis une droite. Je lui en ai mis plusieurs et... Si London et les autres ne m'avaient pas arrêté, je... Je l'aurais tué. » Je confesse.

« Tu sais, ce n'est pas en frappant tout le monde que tu régleras les choses. »

Je hausse une épaule et commence à caresser son dos avec mon pouce. Je baisse les yeux sur lui, il n'a toujours pas fini de fermer sa chemise. J'ai une vue plongeante sur son torse et ses tatouages. Je meurs d'envie de les tracer avec mes doigts, ou ma bouche... Ou mieux avec ma langue. Mais à peine ai-je ce fantasme que je le rejette. Je ne suis pas dans un livre érotico-romantique pour adolescente en chaleur.

« Je joue dimanche contre Cornell. C'est... C'est le dernier match avant la finale. Est-ce que... » J'hésite. « Ça te dirait de venir voir le match ? »

J'ai l'impression de m'être jeté dans le vide sans parachute et qu'est-ce que c'est effrayant !

« Euh... Je... Je sais pas. Tu sais, le foot et moi... »

Mais c'est l'atterrissage qui est le plus difficile en fait. Je prends sur moi pour ne rien laisser paraître. Mais mes mouvements dans son dos s'arrêtent aussitôt et j'avale la bile qui était remontée depuis mon estomac.

« Je suis pas très fan. Tu comprends ? »

« Pas de souci, je comprends. »

Non, je ne comprends pas du tout ! Parce que moi, j'y suis allé à sa putain de représentation dans ce putain de club de bobos pour écouter sa putain de musique classique – certes, c'était magnifique mais la question n'est pas là. J'ai fait l'effort pour lui, rien que pour lui. Et lui, il me dit non... Aussi facilement, sans même faire semblant d'y réfléchir. C'est rude à encaisser !

« J'ai pensé à un truc l'autre jour... » Commence-t-il mais j'ai dû mal à me concentrer sur ce qu'il me dit. « On pourrait peut-être partir quelque part avec les gars pour Thanksgiving ! »

« Ouais pourquoi pas... » Je dis sans grande conviction.

« Ça pourrait être vraiment cool de faire ça ensemble. »

« Ouais... » Je réponds machinalement, en repensant à son refus immédiat.

« Je suppose que ni Nolan, ni toi n'allaient rentrer en Angleterre et moi, j'ai aucune envie d'être avec mes parents pendant plusieurs jours d'affilé. Il ne reste plus que London à convaincre. Tu penses pouvoir t'en charger ? »

Il s'arrête de parler et en voyant son regard tourné vers moi, je comprends qu'il attend une réponse de ma part mais le problème, c'est que je ne l'écoute plus depuis trop longtemps pour connaître la question. Il s'appuie sur mon torse et se redresse pour pouvoir me faire face.

« Ça va ? »

« Ouais, je crois que j'ai besoin d'une cigarette. »

Oui, je crois qu'il n'y a que ça qui pourra calmer la colère sourde qui monte en moi à cet instant. Je mets une main sur son torse et le décale légèrement pour pouvoir me lever et cherche dans mes poches de jean mon paquet mais je le trouve nulle part. Je passe à celles de ma veste quand George me tend une clope et son briquet.

« Tiens, je t'en devais une. »

Je l'accepte sans protester et sans même le remercier. Je vais à la fenêtre que j'ouvre en grand d'un coup sec et allume aussitôt la cigarette. Je mets le briquet dans la poche arrière de mon jean et tire une première taffe mais je comprends alors qu'elle n'aura pas l'effet escompté. Elle ne pourra pas faire disparaître cette déception qui me tord le ventre. Au contraire, j'ai l'impression qu'elle ne fait que l'accentuer.

Par surprise, les mains de George glissent lentement sur mes hanches, juste en-dessous de ma veste et se lient devant moi, au niveau de mon bas-ventre. Je sens tout son corps se lover alors contre moi et j'aime cette sensation. Il pose son menton sur mon épaule et m'embrasse encore une fois dans le cou avant de me murmurer :

« Je serai là. À ton match, bien sûr que j'y serai. »

_________________________
Hey ! Je suis désolée, le bonus n'est toujours pas prêt. J'ai eu beaucoup de boulot cette semaine et aujourd'hui, c'est portes ouvertes de mon établissement donc je dois bosser aussi. Un samedi, c'est t'y pas malheureux ah ah Mais j'ai une bonne nouvelle... je l'ai commencé et j'ai déjà écrit 6 pages word ! Et je n'ai pas encore commencé le réel sujet du bonus 😂
J'espère que le chapitre vous a plu. Moi, j'ai aimé l'écrire en tout cas parce que George et Louis sont adorables à se confier alors que ni l'un, ni l'autre n'est un habitué de la chose !
Encore une fois, un grand merci pour tout 💜 Je fais mon possible pour écrire au plus vite votre bonus !!

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top