Chapitre 13

Les jours se suivent mais ne se ressemblent pas. C'est une certitude avec laquelle je m'étais déjà bien familiarisé comme les trois quarts de la population de la planète et ce, depuis très longtemps. Mais le lendemain de la visite du théâtre de George, je fus réellement déçu d'en faire à nouveau l'expérience. Déçu de me rendre compte que je n'avais pas reçu de message de George m'invitant à un petit rendez-vous impromptu. Et pas de message tout court en fait. C'était un sentiment qui me collait à la peau depuis ma rencontre avec le brun.

Malheureusement, ma déception s'était transformée doucement mais sûrement en colère...

Après avoir traîné comme de vraies loques dans ma chambre toute la matinée, London et moi avons dû nous rendre à notre match contre Princeton. L'équipe a gagné mais ce n'est pas grâce à moi. Sans dire que j'ai mal joué, je n'ai pas été vraiment à la hauteur. Forcément ! Je n'avais reçu que deux messages de George ! Et quels messages !

Aujourd'hui 10:02

Bien dormi ?

Aujourd'hui 10:46

Tu as prévu quelque chose aujourd'hui ?
Nous, on a match cet aprèm.

Aujourd'hui 11:33

Tu dois être très occupé ce matin ! Repose-toi
quand même, on est samedi ;)

Aujourd'hui 13:16

J'ai l'impression d'être un harceleur en
t'écrivant tous ces messages...

Aujourd'hui 13:19

Je sais que tu as lu mes messages... C'est
quoi le problème ?

Il n'y a aucun problème. Je suis occupé,
c'est tout. J'ai une vie en dehors de nos
sms, tu sais !

Ok...

Aujourd'hui 18:57

Ne fais pas la tête. Je suis désolé !

Bien entendu, je ne lui ai pas répondu. S'il a une vie en dehors de nos sms, moi aussi ! S'il n'a pas le temps d'envoyer un simple « bonjour », ok, pas de souci. Je ne trouverais donc plus le temps de lui répondre autant qu'avant. Ainsi je me prendrai moins la tête avec les gars et June qui me reprochent d'être plus sur mon téléphone que dans la vraie vie avec eux. C'est parfait. Je suis totalement d'accord avec ça.

Mais la vérité, c'est que je suis vexé. Réellement ! Et j'ai mal ! Putain, ça m'a fait mal de recevoir ce genre de messages. Depuis que je le connais, je change, je le sens. Je change et pas forcément en quelqu'un qui me fasse totalement plaisir. En tout cas, pas en cette personne dont j'ai toujours rêvée depuis gamin. Je change, je me remets en question à tous les points de vue et lui...

« Putain ! » m'écrié-je en donnant un coup dans ma pile de livres de cours.

J'ai l'impression qu'il joue avec moi. Que je ne suis qu'un jeu, un test, une putain d'expérience et je déteste ça. Je ne suis pas un cobaye. Je suis un être humain avec des sentiments...

J'ouvre les yeux en grands, surpris par mes propres pensées. Avec des sentiments ? Depuis quand j'ai des sentiments pour d'autres personnes que ma famille et Nolan ? Je secoue la tête, presque effrayé. Ma respiration se fait plus saccadée. Il faut que je me calme tout de suite. Immédiatement. Il faut que je me concentre sur moi et plus sur ce crétin de George. Je passe une main sur le visage au moment où London entre dans ma chambre.

« C'est quoi ce bordel ? » me demande-t-il.

Je baisse les yeux sur mon sol et vois mes livres, mes couvertures, mes habits... étalés par terre dans un bordel monstre. Est-ce moi qui ai fait ça ? Sans doute puisqu'il n'y a personne d'autre dans la pièce. Je hausse les épaules en soufflant à fond.

« Tu as bien besoin d'une petite soirée ! » déclare-t-il, souriant.

Il a raison. J'ai besoin de m'évader de ce cercle vicieux dans lequel je me suis enfermé avec George et lui prouver que j'ai une vie moi aussi. Je me relève et lui dis :

« Plus que tu ne le penses. »

🎶🎶🎶

Il y a un monde pas possible dans le club dans lequel on a l'habitude d'aller mais cela n'a rien d'étonnant puisque nous sommes samedi soir et que ce club ne prend pas réellement la peine de regarder les cartes d'identité de ses clients. La musique est tellement forte que je ne peux même plus réfléchir et c'est comme une bénédiction après la journée que j'ai passé.

On est censé retrouver Nolan mais c'est une véritable catastrophe. Quand je ne bouscule pas une fille, c'est un gars qui me donne un coup dans le dos. J'en suis arrivé à vouloir sortir de là quand London me fait signe qu'il l'a trouvé. Je le suis, en faisant attention à ne plus faire tomber personne et je me retrouve debout, devant la table que Nolan a réussi à dégoter. Il est avec... Mary, D.J. et George.

Ok ! Le ciel a décidé de me punir de quelque chose que j'ai pu faire dans cette vie ou dans une autre et à ce niveau-là, je dois être la pire ordure au monde. Parce que s'il y avait bien quelqu'un que je ne voulais pas voir ce soir, c'était George. Ou bien D.J.. Je n'en sais rien. Mon cerveau et mon cœur commencent un débat mouvementé pour déterminer lequel de ces deux mecs est le grand gagnant.

Dire que je suis surpris de le voir assis là, entre Mary et D.J., un verre à la main, serait mentir. Mais ce qui m'insupporte le plus, c'est qu'au final, je suis heureux de le voir. Malgré le message qu'il m'a envoyé, je suis content qu'il soit qu'à deux mètres de moi et que je puisse m'assurer qu'il va bien. Je grogne, désespéré par moi-même. Pendant que London s'installe à côté de mon meilleur ami sur la banquette, je ne peux pas faire autrement que de rester figé, à fixer George qui ne laisse aucune réaction transparaître. S'il est étonné ou déstabilisé, déçu ou heureux, il n'en laisse rien voir et ça m'énerve parce que, moi, là, j'ai l'impression que tout le monde peut lire dans son esprit.

« Tu vas pas rester debout, si ? » m'interpelle Nolan en me faisant un signe vers une chaise.

Machinalement, j'attrape le dossier et ramène la chaise vers moi, je m'assois tel un robot. Je me tourne assez pour pouvoir observer la piste de danse. Je n'en ai rien à faire de voir ces inconnus se trémousser mais ainsi je n'ai plus George et D.J. dans mon champ de vision et c'est tout ce que je demande. Les minutes passent, lentement. Je perçois la conversation de mes amis mais je n'en comprends pas le sens et franchement, je m'en fous. Tout ce que je veux tout de suite, c'est partir d'ici.

« Louis ? » m'appelle la seule fille du groupe pour la troisième fois.

Je ne peux plus faire croire que je ne l'ai pas entendu. Je me tourne vers elle et m'empêche au dernier moment de ne pas hurler de rage quand je vois que D.J. parle à l'oreille de George, un bras sur ses épaules. Si je pouvais, je me jetterai sur lui et je le tabasserai mais... Il faut que je me contrôle. George n'est qu'un ami. Un homme par-dessus le marché. Il n'y a rien entre nous. Il a le droit de... Fréquenter qui bon lui semble. Pourquoi même le penser est si douloureux ?

« Tu sais si June et ses amies viennent ? » m'interroge Mary, sans que je comprenne pourquoi elle me parle d'elles.

Je m'apprête à lui répondre que je n'en sais rien et que franchement, elles sont bien là où elles sont quand je remarque que George s'est redressé comme pour mieux écouter ma réponse. Je me fais peut-être des idées parce que je ne vois pas pourquoi ça l'intéresserait.

« Parce que j'en connais un qui voudrait bien voir Maddie ! » s'exclame Mary.

« La ferme, Mary ! » intervient London, à la fois gêné et amusé.

Je souris. J'avais oublié que London était si intéressé par Maddie. Je peux toujours envoyer un message à June pour savoir ce qu'elles font ce soir. Et puis soudain, une idée me vint à l'esprit. Grâce à June, je vais pouvoir montrer à George que moi aussi, je n'ai rien à foutre de lui. S'il préfère passer son temps libre avec ce crétin de D.J., grand bien lui en fasse. Moi, j'ai June. Je prends mon portable et lui envoie aussitôt un message lui disant que j'ai envie de la voir ce soir, sans oublier de préciser où on se trouve.

🎶🎶🎶

« Quatre bières, s'il vous plaît ! »

Je m'appuie sur le comptoir et regarde dans la direction de l'entrée. June m'a répondu qu'elles étaient déjà en chemin. Ne jamais sous-estimer une femme surtout quand la femme en question est June ! Je souris. Je suis content de la retrouver parce que je sais qu'avec elle, ça sera simple. On va boire, rire, danser un peu si elle me force puis on ira chez elle ou dans ma chambre et...

« Tu comptes me faire la gueule longtemps ? »

George ne pouvait pas m'interrompre à un pire moment. J'essaie de renvoyer mes idées salaces dans un coin de ma tête et finis par lui répondre :

« Pourquoi je te ferais la gueule ? »

Ok ! Je lui fais clairement la gueule mais ça, il est hors de question qu'il le sache. Je lui laisse juste l'espace dont il a besoin pour vivre sa vie en dehors de nos rituels, non ? Enfin, tu parles de rituels d'ailleurs. Je ricane, me faisant pitié moi-même.

« Parce que tu la fais ! » répond-t-il naturellement en se mettant dos au comptoir, les coudes dessus. « Je me suis excusé. Je ne peux pas faire mieux. Mais j'étais avec D.J. et... »

« Tu sais quoi ? » le coupé-je au moment où mon cœur se serre. « Je m'en fous. Je m'en fous tellement en fait. Tu as une vie en dehors de... »

Je me retiens à temps de prononcer le mot « nous » parce qu'il n'y a clairement aucun « nous » et il n'y en aura jamais. Je reprends :

« Je te l'ai déjà dit, tu fais ce que tu veux de ton cul. Je suis juste désolé de vous avoir dérangé pendant que vous baisiez mais, promis, ça ne se reproduira pas. »

« Pourquoi il faut toujours que tu fasses ça ? » me demande-t-il, en fronçant les sourcils.

« Quoi ? »

« Attaquer pour te protéger ? »

Je baisse les yeux sur les verres que le barman pose devant moi. Je lui passe les billets pour payer les boissons et il s'éloigne pour aller chercher la monnaie.

« Réfléchis, tu trouveras peut-être tout seul ! » asséné-je.

Le barman me ramène mon argent et dans un équilibre précaire, je prends les verres. Je jette un regard noir à George et m'éloigne. Je pose les pressions sur la table et fais glisser celles de London, Nolan et Mary devant eux avant de boire une longue gorgée de la mienne. Je fais attention de ne pas regarder George se glisser entre la table et D.J. pour reprendre sa place à table. Je déglutis et soudain, London me donne une tape sur l'épaule.

« Les filles sont là ! » me crie-t-il dans l'oreille.

Je grimace mais souris face à son enthousiasme. Je finis ma bière d'une traite et me lève pour rejoindre June. Je ne peux plus rester à la même table que George et son acolyte. Je traverse la foule de danseurs et quand j'arrive devant la belle brune, je me penche vers elle et l'embrasse aussitôt, sans lui dire un mot. Ce baiser ressemble trop à du désespoir. Comme si je me raccrochais à elle pour ne pas couler et c'est peut-être le cas... Et ça me fait peur.

« J'ai envie de toi... » Lui chuchoté-je avant de déposer quelques baisers dans son cou.

« Mon lit est à quatre rues d'ici et il n'attend que toi ! » me répond-t-elle en se mettant sur la pointe des pieds pour venir me mordiller le lobe de l'oreille.

Je me tourne, jette un dernier regard à George et suis plus que ravi de me rendre compte qu'il a les yeux fixés sur nous. Je souris, sentant la victoire enflée en moi. J'ai l'impression d'être de retour au lycée mais je m'en fiche. George a voulu jouer avec moi, il va s'en mordre les doigts... Il est hors de question que je perde face à lui.

🎶🎶🎶

June est nue. Complètement nue. Je peux voir cette marque de naissance qu'elle a sur la hanche gauche et qu'elle déteste. Elle est sous moi et s'abandonne à moi avec une confiance qui me fait soudain peur. J'arrête mes mouvements et l'observe longuement. Peut-être trop parce qu'elle commence à froncer des sourcils. Je me penche sur elle et l'embrasse, en fermant avec force mes paupières comme pour effacer le fait que ce soit June que j'embrasse, à qui je fais l'amour et que malgré ce que je lui ai dit... Je n'ai pas envie d'elle.

Pour la première fois, je n'ai pas du tout envie de June, même pas un peu et ça m'inquiète. Je n'ai pas l'habitude à ça, à cette sensation dans mon corps qui me fait clairement comprendre que je ne devrais pas être là. Sur June, dans ce lit, dans cette chambre... Je respire à fond pour me décontracter mais cela n'a aucun effet. J'ai un problème et je sais d'où il vient. De George. Je grogne en serrant les poings dans le drap du lit de June.

« Ça va ? » me demande-t-elle.

Je secoue la tête de haut en bas. Il faut juste que je me reconcentre sur ce que nous faisons. Sur son corps nu. Sur elle. Il faut que je me sorte George de la tête parce qu'il n'a rien à faire ici, entre June et moi, pendant une de nos parties de jambes en l'air. Il n'a rien à faire dans ma tête. Il n'a rien à faire dans ma vie. Pas après ce qu'il m'a dit.

Je plonge mon visage dans le creux de son cou pour ne plus voir son visage et embrasse puis mords légèrement sa peau. Les gémissements de June m'aident et je me laisse aller à ce son mélodique qui va crescendo. Je sens ses jambes entourer mon corps pour me rapprocher un peu plus d'elle. Je fais glisser ma main sur sa poitrine jusqu'à atteindre sa hanche que j'empoigne fermement avant de reprendre mes mouvements. Plus rapides que précédemment.

Et aussitôt, le malaise en moi disparaît. Je grogne à nouveau mais de plaisir cette fois. C'est beaucoup mieux ainsi. Je reprends enfin la possession de mon corps, mon esprit... et mon cœur. Et je crois que c'est encore plus jouissif que ce que je fais avec June à cet instant précis.

Quelques minutes plus tard, je m'effondre à côté de June en soupirant de soulagement et de bien-être. Je fixe le plafond en essayant de retrouver une respiration moins erratique. Elle se blottit contre moi, sa tête sur mon torse mais tout ce que je veux là, c'est partir d'ici maintenant que j'ai eu ce que j'étais venu chercher. Je déglutis et attrape mon portable que j'avais posé négligemment sur la table de chevet quand je me déshabillais. Ce n'est pas l'heure qui attire mon attention mais les messages que j'ai reçus :

Hier 23:59

Je ne sais pas exactement ce que tu essaies de
faire ou de prouver mais tu as réussi... Haut la
main ! Félicitations !

Aujourd'hui 00:10

Et putain, je n'ai JAMAIS couché avec DJ !!!!!

Une chute de l'Empire State Building aurait eu le même effet sur mon corps. C'est une certitude. Je laisse mon portable choir à côté de ma tête alors que je commence à voir flou. Je ferme les yeux et me concentre. Je n'ai fait que ça aujourd'hui, tenter de me reconnecter à ma putain de vie et ça me gonfle.

Il a osé me demander pourquoi j'attaque pour me protéger ? Pourquoi ? Parce que, sous aucun prétexte, je ne veux souffrir. Je me suis toujours promis de ne pas m'attacher à une fille, pour ne pas souffrir quand tout serait terminé. J'ai suivi cette règle toute ma vie à la perfection. J'avais juste oublié de préciser de ne pas m'attacher à un mec !

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Ne me détestez pas ! Pas pour le moment en tout cas. Parce que, sérieusement, ce n'est pas le pire chapitre de cette histoire... Je peux vous dire que j'ai chialé en écrivant certains mais bon, ce sont mes chouchous et je suis une fragile ^^
J'ai tellement hâte que vous connaissiez la suite. C'est d'ailleurs pour ça que je vais poster maintenant trois chapitres par semaine au lieu de deux !! Les lundis, mercredis et samedis. J'espère que vous serez contentes.
J'aimerais vous dire aussi que pour le moment, selon mon plan incomplet (il me manque la fin :s)... Cette histoire aura plus de 36 chapitres !
Je vais m'arrêter là et... Ok, je me répète et je ne fais pas du tout dans l'originalité mais je vais quand même terminer ce blabla en vous remerciant. Vous remercier de suivre cette histoire, de voter et de la commenter, d'être si adorables. Vous me boostez tellement que grâce à vous j'ai écrit deux chapitres hier ! Et vos réactions au bonus !! Incroyable ! Un énorme merci <3