Prologue : Butterfly
Je vous conseille de tout mon coeur d'écouter cette chanson en lisant. Vous pouvez aussi écouter "Butterfly" des BTS si le coeur vous en dit, parce que c'est cette chanson qui m'a inspiré ce chapitre.
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Debout devant le miroir, je me laisse faire, comme une poupée qui ne comprend rien à ce qui lui arrive.
Derrière moi, il y a Tonton MinJae, il sent l'eau de Cologne, je connais cette odeur, parce que Papa me dit toujours que l'eau de Cologne, ça pue, et qu'il vaut mieux en rester à l'après-rasage. Moi, je trouve que l'après-rasage, ça pue aussi, mais je le dis pas, parce que je veux que mon Papa soit content.
Tonton MinJae, il est gentil, mais moi, je suis pas à l'aise avec lui. Parce que moi, je sais que des fois, Tonton MinJae il vient très très tard à la maison, et il demande à Papa s'il lui reste des bouteilles. Des bouteilles de quoi, je sais pas, mais il les boit tout d'un coup, et puis après il me fait peur. Il devient tout rouge, il parle fort, il crie. Il fait des grands mouvements. Des fois même, il arrive plus à marcher. Moi je voudrais dire à Papa de plus lui donner de bouteilles, mais je le fais pas parce que quand Tonton MinJae il vient à la maison très très tard, je suis censé dormir, et j'ai peur de me faire gronder si je dis qu'à la place je les observe dans les escaliers.
Tonton MinJae, il me passe une cravate autour du coup, je sais ce que c'est, Papa en met tout le temps quand il va au travail. Mon Tonton me prend par les épaules et me fait tourner vers lui. Il se penche vers moi, j'aime pas qu'il soit aussi près mais je dis rien, parce que je suis un gentil garçon, et il fait le nœud de la cravate. Et après il me remet face au miroir. Moi, c'est la première fois que j'en met une, mais j'aime bien. J'ai l'impression d'être un grand. Avec ma chemise noire, mon pantalon tout droit et mes chaussures brillantes, je me dis que je ressemble un peu à Papa, et ça me fait sourire.
- Tu es tout beau Jungkook, ton père serait fier de toi, me dit Tonton de sa voix grave.
Je souris encore plus. Si Papa est fier de moi, je suis content.
- Allez viens, ça va être l'heure.
Il me donne la main et je l'attrape sagement. Il a la peau toute collante, j'aime pas ça. Mais c'est le frère de Papa, alors je dis rien.
Tonton MinJae il, est bizarre aujourd'hui. Il a le visage tout blanc et les yeux rouges, sa voix est enrouée.
- Tonton, tu as pleuré ? je demande gentiment alors qu'il m'emmène dans les escaliers.
Je m'inquiète pour lui parce que si Papa sait que son frère est triste, il sera triste aussi.
Tonton me regarde.
- Oui bonhomme, j'ai pleuré.
- Mais pourquoi ? je demande.
C'est pas drôle quand les gens pleurent. Les gens devraient sourire tout le temps, les gentils et les méchants, tout le monde mérite de sourire.
- C'est parce que je suis triste de devoir dire au-revoir.
Je fronce les sourcils. Je ne comprends pas.
- Tu vas dire au-revoir à qui ?
Il sourit doucement, des larmes commencent à couler de ses yeux, et il me passe une main dans les cheveux.
- Tu lui ressembles tellement quand tu fronces les sourcils...
Je ne comprends pas. Pourquoi ça le fait pleurer que je ressemble à mon Papa ? Moi je trouve ça super de lui ressembler, parce que plus tard, je veux être comme mon Papa !
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Maman aussi elle pleure. Mais elle pleure beaucoup bruyamment que Tonton Minjae. Elle pousse des petits cris, elle se frotte tout le temps les yeux, elle se barbouille les joues de noir.
Je déteste voir ma Maman pleurer. Une Maman ça devrait jamais être triste, encore moins que les autres gens. Moi j'aime ma Maman quand elle rigole et qu'elle me chatouille, quand elle me fait des bisous, quand elle me raconte des blagues.
Elle a pleuré comme ça tout le long du trajet en voiture, dans cette sorte de grand camion noir, qui nous emmenait loin de chez nous. J'ai demandé à tout le monde où on allait, pourquoi ma Maman et mon Tonton ils pleuraient, mais personne a voulu me répondre. Ça m'a donné envie de bouder, mais je l'ai pas fait, parce que Papa il aime pas quand je boude.
Et maintenant, on est devant une église, avec plein plein de gens, ils se prennent tous dans les bras, moi aussi je voudrais des câlins. J'ai reconnu beaucoup de monde, il y a toute la famille de Papa et de Maman, et tout plein d'amis de Papa que je connais pas vraiment aussi. Mais il y a aussi tout plein de gens que je connais pas, et ça m'a fait un peu peur, alors je me suis faufilé jusqu'à Maman, qui était avec Grand Papa et Grand Maman, elle pleurait toujours, elle avait le visage tout mouillé, et ça m'a fait mal au coeur.
J'attrape le bas de sa jupe et je tire dessus pour attirer son attention. Elle penche la tête vers moi. Elle est à la fois toute blanche et toute rouge, avec de grosses tâches noires sur les joues. Je l'ai jamais vue comme ça.
- Maman, il faut pas que tu pleures. Moi j'aime pas quand tu pleures. Et Papa non plus, il aime pas quand tu pleures.
Elle commence à pousser des cris aigus, et ses yeux deviennent des piscines de larmes. Grand Maman m'attrape par le bras et m'éloigne d'elle.
- J'ai dit quelque chose de mal ?
J'ai l'impression qu'il se passe quelque chose de très grave, mais j'aimerais beaucoup qu'on m'explique quoi.
Grand Maman me répond pas mais me serre dans ses bras très très fort, elle me fait mal aux côtes et je me prends son parfum en plein dans le nez, mais je lui rend son câlin parce qu'elle a l'air d'en avoir besoin. Et puis, j'aime bien les câlins, quand-même.
Quand elle me lâche, je lève les yeux vers elle et je lui demande :
- Dis Grand Maman, il est où Papa ? Je voudrais le voir.
Elle m'attrape doucement la main, elle a beau être très vieille, elle a toujours la peau toute douce.
- Viens avec moi.
Sa voix tremble, et je remarque qu'elle aussi, elle a les yeux tout rouges.
Un grand monsieur nous dit de nous dépêcher, que ça va bientôt commencer. Il est effrayant, alors je serre plus fort la main de Grand Maman dans la mienne.
- Toi aussi tu as pleuré ? je demande.
Je veux mon Papa, je commence à avoir peur, je comprends pas pourquoi tout le monde est si triste.
- Il est où mon Papa ? je demande un peu plus fort.
J'ai beau être un grand garçon, je peux pleurer moi aussi, vous savez.
Grand Maman m'amène derrière l'église, il y a un grand parc avec des arbres très très hauts, et tout plein de fleurs par terre.
- C'est quoi ces grands cailloux blancs ?
Elle me répond toujours pas, je commence à en avoir marre que personne me réponde, moi. Elle lève le visage vers le ciel, et puis, il n'y a plus aucun bruit autour de nous, on entend juste les conversations venir de l'autre côté de l'église, qui me bercent.
- Oh, regarde ! je m'écrie soudain.
Sur une belle et grande fleur blanche, il y a un papillon. Il est magnifique. Ses ailes sont oranges et noires, on dirait qu'elles reflètent la lumière du soleil.
Grand Maman s'accroupit alors, et elle tend une main tremblante vers lui. Le papillon s'envole et vient se poser sur son doigt.
Je retiens mon souffle. Il est tellement beau qu'il a l'air de venir d'un autre monde.
Grand Maman approche sa main de son visage, l'insecte bat doucement des ailes.
- Jungkook ?
- Oui Grand Maman ?
- Ton Papa, il est devenu un papillon.
- Un papillon ?
- Oui, un papillon, encore plus grand et plus beau que celui-ci.
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Je sais pas si c'est parfait, je sais même pas si ce prologue est potable. Tout ce que je sais, c'est que j'ai failli pleurer en l'écrivant.
Yurin
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