4 - Runaway
- Enchanté de faire ta connaissance Jungkook, je suis Taehyung !
C'était pas prévu, ça. Il était pas censé être là lui. Je plisse les yeux, non, aucun doute, il est bien là juste devant moi, avec sa tête d'imbécile heureux.
Et puis, qui a l'air aussi frais à six heures du mat' franchement ? Je dois ressembler à un vieux rat crevé, d'où il se pointe avec ses cheveux ébouriffés et dégoulinants en mode star de télé, son teint légèrement halé du genre "Je reviens d'Hawaï" et son gigantesque sourire carré qui le fait ressembler à un gosse ?
Qu'est ce qu'il fout là, putain ?
Peut-être parce que c'est chez lui, ducon.
Ah oui tiens, pertinente comme remarque.
Qu'est ce qu'il se douche à c't'heure là alors ? Aucun humain normal ferait ça !
Oh puis mince, ça m'intéresse pas, il m'intéresse pas, je veux dormir.
Je lui baille au visage et ignore la main qu'il me tend - il se prend pour qui à me serrer la main à six heures du mat' lui aussi ? A six heures du mat' on dort - , avant de traîner des pieds le long du couloir pour rejoindre la chambre du con derrière moi. Je suis pas sûr que je marche bien droit, et puis, j'ai la nette impression que le couloir a rétréci de largeur pendant la nuit, m'enfin bon, c'est un détail.
En revanche, l'eau froide qui me dégouline soudainement dans le cou, c'est un poil plus problématique. Je pousse un nouveau cri et tourne ma tête vers le ciel - ah non, le plafond - et lève une main surprise.
- Bah, il pleut ?
J'entends un rire derrière moi et me retourne vers l'imbécile heureux, désorienté.
- T'es bourré bien comme il faut toi non ?
Je grogne :
- Rien qui te concerne, couillon.
Il vient secouer sa tête de haut en bas et de nouvelles gouttes glacées viennent m'asperger.
- Mais c'est toi qui fait pleuvoir ! Salaud !
J'en reviens pas ! Je me retrouve obligé à me coltiner des gamins de première pendant une nuit entière afin d'éviter un crétin avec qui on essaie de m'inventer une fraternité, tout ça pour quoi ? Pour que dalle ! Parce qu'il est là, ce crétin ! J'ai passé la nuit à essayer de l'éviter et quand je rentre il est toujours là ! Et par dessus tout à cause de lui il me pleut dessus ! A l'intérieur ! Mais quelle vie de merde !
J'envoie un coup de pied dans le mur, un peu trop fort, je crois. Sans doute, puisque me voilà à sauter de droite à gauche à cloche-pieds en me tenant les orteils, des cris d'indien s'échappant de mes lèvres.
Et l'autre imbécile qui tape dans les mains en rythme, m'invitant à continuer. Sincèrement, y'en a, des cas, en ce bas monde. Et bordel ce que mes orteils me font mal.
Je viens bondir en face de lui, plus ou moins en équilibre.
- Ecoute moi bien, Taecrung ou je veux même plus savoir qui. Ecoute-moi bien, parce que ce que je dis c'est important.
Je me laisse déstabiliser par ses yeux braqués sur moi et son sourire en coin qui est.. je me laisse déstabiliser, quoi. Je cligne des yeux pendant quelques instants, avant de reprendre, peu sûr de moi :
- C'est important, parce que.. parce que c'est important, c'est tout, c'est comme ça. Je sais pas qui t'es, je veux pas le savoir, je veux juste aller pioncer pour oublier cette vie de merde, et que toi tu partes bien, bien loin, jusqu'à ce que j'arrive enfin à oublier ton existence.
Je m'attendais pas à ce que cette phrase soit aussi déprimante, je m'attendais pas à ce que les larmes envahissent mes yeux, je m'attendais pas à ce que Taecrung ait l'air aussi blessé par mes paroles.
Alors j'agis comme je le fais toujours, je prends la fuite. Je passe devant Taecrung - une dernière fois, je l'espère - et vais joyeusement me prendre la porte de sa chambre. Génial, j'avais pas prévu qu'elle soit fermée.
C'est en frottant mon nez endolori et me faisant violence pour ne pas regarder derrière moi que j'abaisse la poignée et entre enfin dans la pièce à coucher.
- En plus elle est aussi moche que ma vie, cette chambre, je lâche en regardant autour de moi.
- Je t'ai pas permis d'insulter ma précieuse chambre.
Je sursaute, cette voix moqueuse a retenti de manière surprenante juste derrière moi - si près que j'ai pu sentir un souffle chaud contre mon oreille.
Je pivote sur mes talons et viens fusiller du regard le crétin en chef qui s'est incrusté.
Je pose un doigt sur ses lèvres, agacé.
- Chut.
Son regard sur moi est bizarre, aussi je lui tourne une nouvelle fois le dos - je viens de le rencontrer et j'ai déjà l'impression de passer ma vie à lui tourner le dos.
- Moi, dormir, je dis sans le regarder. Toi, dehors.
Je me laisse tomber à plat ventre sur le lit, et le sommeil vient immédiatement me cueillir.
Le réveil sonne, strident, m'arrachant les oreilles bien comme il faut. Ce qui est bizarre parce que je ne mets jamais de réveil. J'ouvre les yeux en grognant, la lumière du soleil envahissant la chambre vient me brûler les rétines. Ce qui me rattrape tout de suite après, c'est le mal de tête, cette enclume fixée au-dessus de ma nuque et cette barre au-dessus de mes yeux; qui m'empêchent de réfléchir correctement. Vient ensuite la bouche sèche, la langue pâteuse, le besoin urgent de m'hydrater, en contradiction avec mes sens plutôt tournants qui me déconseillent de bouger du lit.
C'est ce qu'on appelle une belle gueule de bois. Félicitations, Jungkook, vraiment.
Une véritable soirée de merde, et je suis quand même foutu de rentrer bourré. Je suis vraiment un cas désespéré.
Un grognement endormi vient me faire sursauter. Ça m'étonnerait que les tourtereaux aient adopté un quelconque animal durant la nuit - quoi qu'on sait jamais avec eux -, alors la question qui se pose de manière urgente est, quelle est cette forme amorphe échouée à même le sol ?
~~ Chapitre qui était sensé être publié hier, mais à ma décharge j'ai simplement voulu me faire un toast avant de m'y mettre et l'alarme incendie a sonné dans tout mon logement, ce qui a réveillé tous mes colocs et fait monter le proprio, donc j'étais plutôt d'humeur à m'enterrer dans mon pain trop cuit après ça ~~
Love, Yurin.
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