*TOC TOC TOC* « FLO ! Sors de là ! »

Je devrais commencer une désintox numérique, ce serait le bon moment.

« FLO ! »

Ma couette m'a totalement engloutie et ce sont les bras puissants de Seb qui me tirent de ma léthargie. Il ouvre en grand les volets de ma chambre, me faisant pousser un cri strident, avant de m'attraper et de me soulever.

« Arrête Seb ! Je suis trop lourde, tu vas te péter le dos ! »

Il ne m'écoute pas et me transporte jusqu'à mon salon avant de me jeter sur mon canapé comme un sac à patates. Seb se place devant moi très près, trop près, en me regardant d'un air sérieux.

— Flo, ça fait combien de temps que tu n'es pas sorti ?

— Cinq jours. C'est rien, j'ai posé mes congés.

— Je m'en fou de ça, tu n'as pas vu le soleil depuis cinq jours ! Tu te nourris comment ?

— Je mange des chocapics. J'ai failli manger Nietzsche un soir mais je n'étais pas en forme pour bouffer de la philosophie. Ahah...

Mon meilleur ami soupire avant de sortir son téléphone et de le mettre en mode selfie devant moi.

— Qu'est-ce que tu vois ? me demande-t-il.

— Une fille avec les cheveux en pétard, le teint blafard, une vieille trace de ketchup sur son t-shirt, ronde comme une poire.

— Eh bien moi je vois une femme qui devrait arrêter de se morfondre pour une raison qui m'est inconnue, qui doit se laver, s'habiller et m'accompagner à la salle pour arrêter de complexer sur ses formes !

— Tu sais ce que je vois d'autre ? Ma télé et mon compte Netflix.

— Non Flo, il faut que tu te reprennes en main. Allez bouge, on part dans dix minutes.

— Quel intérêt ? La vie vaut-elle le coup ?

Je me lève mollement, direction la salle de bain, alors que Sébastien commence à nettoyer les détritus de mes cinq jours de déprime.

Le fait que mon ennemi, ce chieur d'Andréa Simon, ai découvert la vérité sur moi m'a mis un coup. J'ai imaginé mon monde s'écrouler et décidé de faire la morte en attendant les dommages collatéraux.

J'espère qu'il n'a pas trop été un enfoiré... Et merde, j'ai pleuré devant lui ! Fais chier.

Comment j'en suis arrivé là ?

Je me regarde dans le miroir des vestiaires de la salle de sport alors que les bonasses qui ont déjà un corps parfait me dévisagent. Je tire sur mon débardeur pour cacher mes formes, en vain.

J'ai l'impression que tout le monde me regarde. Que je suis une baleine nageant au milieu d'un banc de poisson, de dauphins sveltes. Non pas une baleine... un lamantin ? Ou un lion de mer ? Un truc bien fat mais qui arrive à bouger sa graisse partiellement.

Je rejoins Seb sur un des tapis de course tout en fixant le sol, de peur de repérer un de mes collègues qui auraient la bonne idée de venir s'entraîner un dimanche.

Il s'occupe de régler la machine pour moi et, lorsqu'il s'éloigne, je baisse discrètement la vitesse du tapis pour marcher rapidement au lieu de courir.

Je viens à contrecœur, je ne pas vraiment faire du sport ! Faut pas déconner !

Alors que je marche rapidement depuis une quinzaine de minutes, la musique à fond dans mes écouteurs et mon esprit divaguant sur plusieurs théories de fin d'une de mes séries, je vois un homme que je connais bien passer devant moi : mon boss.

Patrick ne m'a pas remarqué tellement il semble plongé dans une conversation avec un autre homme encore plus musclé que lui et ce constat me rappelle que mon entourage est trop parfait pour que ça soit réaliste. Comme si j'évoluais dans une dimension parallèle.

Tout mon entourage est parfait, sauf moi.

Je soupire avant de relever la tête... et d'avoir un « eye contact » avec l'homme en face de moi. Qui me regarde avec de gros yeux. Et dont je peux maintenant facilement reconnaître la tignasse brune.

Andréa putain de Simon. Encore. Il est partout. Si ma vie était une histoire, mon auteure serait une sadique qui me déteste.

Je n'arrive pas à détourner les yeux des siens et nous continuons à courir en nous fixant, la respiration saccadée pour ma part.

L'ami de mon patron lui tapote l'épaule, ce qui le fait se décrocher de moi et titille ma curiosité alors que je coupe le son de ma musique pour les écouter.

— Pat, parle assez fort l'homme trop musclé, tu m'avais demandé de te le présenter officiellement : Andréa Simon, un pote que j'ai rencontré en soirée et qui s'est chargé de faire les photos de promo pour ma salle de sport.

— Alors c'est vous Andréa... commence Patrick alors que le concerné quitte son tapis de course. Patrick Bourbon, dirigeant de la marque Go Shape!. On a fait appel à vous pour notre prochaine campagne, « Saveur givrée de l'été ».

Mon patron lui serre la main alors qu'Andréa me regarde du coin de l'œil, comme s'il savait que je les « espionnais ». Je baisse la tête instinctivement en faisant mine de fixer un point imaginaire.

— Vos photos sont vraiment belles, continue Patrick, vous apportez une très belle vision des choses rien qu'avec une image !

— Je suis flatté monsieur Bourbon.

— Appelez-moi Patrick ! Et celles que vous avez prises de Flo... Floriane Maillard, vous vous souvenez ? Je ne devrais pas l'avouer mais c'est un peu ma petite protégée.

— Ah oui ? demande Andréa un sourire malicieux sur les lèvres alors que je rougis de l'aveu de mon patron. Pourquoi ça ? Elle semble peu sociable.

— Ce n'est qu'une protection chez elle. Quand on l'a connait vraiment, on passe de bons moments avec elle !

— J'aimerais bien passer du bon temps en sa compagnie alors...

Le sous-entendu fait rire mon patron qui tapote l'épaule d'Andréa avant de lui chuchoter quelque chose à l'oreille et de repartir s'entrainer avec son ami qui par déduction est le gérant de la salle, donc celui à cause de qui j'ai été forcé de venir.

Cette conversation entre eux m'a un peu surprise. Je pensais qu'Andréa Simon avait déjà avoué à mon patron sa découverte sur Floover (même si Patrick est déjà au courant).

J'ouvre Instagram après une longue absence et, au lieu de voir des commentaires et messages se moquant de moi et de ma véritable identité... rien. Juste des messages de gens accros demandant quand sera la prochaine photo/lieu culte que je mettrais en avant.

J'arrête mon tapis et descends, la respiration saccadée et des perles de sueur coulant dans mon dos alors que je n'ai fait que 20 minutes de marche rapide. Je vois en face de moi qu'Andréa m'imite et, pour éviter une confrontation, je fuis au fond de la salle du côté des tapis en mousse.

Mais ce chieur me suit à la trace. Je fais mine de m'étirer alors qu'il se plante devant moi, une mine dubitative sur le visage.

— Ce n'est pas bien d'écouter aux portes, dit-il avant de m'imiter.

— Ce n'est pas bien de suivre une femme avec un air lubrique, c'est du harcèlement.

— Comme le regard appuyé. Tu vas avoir une amende de 90€ pour m'avoir maté sur ce tapis tout à l'heure.

— C'est une fake news et en plus, je ne vous matais pas ! réponds-je en m'empourprant. Et depuis quand on se permet autant de familiarité ?

— Depuis que tu m'as vu nu.

— Est-ce que vous pouvez chuchoter ? Je n'ai pas envie que l'on croit qu'il y ait un truc entre vous et moi.

— Tutoies-moi comme quand Floover me parlait alors.

— Ok, c'est bon !

Je lui tourne le dos, énervé par sa confiance en lui mais surtout pour m'étirer les jambes.

« Je n'ai rien dit. »

Je me retourne vers lui, un air surpris sur le visage alors qu'il me regarde avec une expression que je ne pensais pas voir chez lui : de la sincérité ?

— Je n'ai rien dit à personne pour ta double identité. Online tu es Floover et IRL tu es Floriane, c'est ça ?

— Pourquoi tu n'as rien dit ? C'est bien ton genre de faire chier les gens dès que l'occasion se présente ! Surtout que tu détestes Floover.

— « Détester » non, je ne l'apprécie vraiment pas. Genre chaque parole sortant de ta bouche me donne la nausée.

— Abrège, Simon.

— Je n'ai rien dit par curiosité. Pas parce qu'imaginer ta réputation s'écrouler me ferait me sentir coupable, bien au contraire, mais parce que je suis intéressé par la façon dont tu oscilles entre Floover et Floriane. Comment tu gères ces deux aspects de ta vie... Et puis...

— Et puis ?

— J'ai envie de coucher avec toi.

Alors ? Que pensez-vous du la phase déprime de Flo ? Des efforts de Seb pour la remotiver ? De son nouvel échange avec Andréa (putain de) Simon ?

Comme d'habitude si vous avez aimé ce chapitre n'hésitez pas à voter et donner votre avis en commentaire ! Le suivant est déjà disponible et je suis en cours de réflexion sur la sortie des chapitres (un le mardi/un le jeudi), à voir !

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