6 - The Naked Man
Inspire. Expire. Fais partir ta colère. Inspire. Expire.
Je regarde à nouveau mon smartphone : 10h30. Mes yeux se posent comme la veille au soir sur le nom « Simon » du 53 rue de la République avant d'appuyer sur l'interphone.
J'ai tout fait pour ne pas revenir ici mais mon patron ne m'a pas trop laissé le choix et a insisté sur le fait que « maintenant, j'étais une adulte ». Ça veut dire quoi ? Que lorsqu'on est enfant, on a le droit de ne pas faire des choses ? Que l'adulte ne doit jamais se défiler ? C'est totalement stupide comme raisonnement...
« OUI ? » s'exclame une voix féminine sortant de l'interphone.
« Euh... C'est bien chez Andréa Simon ? Je... euh... Je suis ici pour récupérer des ph- »
Je n'ai pas eu le temps de finir ma phrase que le bruit d'ouverture de l'entrée me coupe. Je pénètre dans la cour intérieure de l'immeuble avant d'entendre une porte et de constater que c'est celle en face de moi qui s'ouvre.
La mannequin d'hier, ses cheveux roux à peine peignés, passe sa tête dans l'embrasure de la porte et me fait signe de venir.
Je déglutis en avançant timidement dans la cour puis pénètre dans l'antre du dragon avant d'être choqué par la taille indécente de l'appartement.
Une immense pièce, du parquet au sol, une cuisine américaine avec un grand îlot central et ouvert sur un coin salle à manger. Des paravents séparent cet espace d'un autre où plusieurs lampes et objets de décors sont soigneusement disposés : un lieu de travail pour le photographe qui semble absent.
La mannequin disparaît de ma vue en rejoignant une autre pièce avant de revenir avec son sac et ses talons pour s'affaler dans le canapé contre un des paravents.
Je bascule un pied sur l'autre, pas du tout à l'aise par les secondes s'écoulant trop lentement à mon goût.
« C'était qu- »
...
Andréa Simon. La tignasse frisée en pétard, un début de barbe mais surtout... nu. COMPLÈTEMENT NU. BORDEL DE MERDE.
Le photographe plisse les paupières et ne semble pas me reconnaître, à nouveau.
Ne baisse pas les yeux vers son engin. Ne baisse surtout pas les yeux Flo sinon l'image restera gravée dans ton esprit à jamais.
« ...Ah oui, merde. Je reviens. » dit-il d'un ton tellement décontracté que ça en est rageant.
MERDE. J'AI BAISSÉ LES YEUX ! JE L'AI VU ! SA BITE ET SON CUL !
— Est-ce que vous savez où je peux trouver de la javel ? demandé-je à la mannequin en me massant les tempes. J'en ai besoin pour mes yeux.
— De quoi ?
— Laissez tomber...
Je pousse un long soupir mais reste paralysé au milieu de la pièce, serrant la sangle de mon sac à main de plus en plus. La mannequin passe devant moi pour retourner dans ce que je suppose être une chambre, avant de revenir et de me dire poliment « au revoir » en quittant l'appartement.
Non pitié, ne me laisse pas seule avec ce chieur dont le corps nu sera maintenant à jamais gravé dans ma foutue mémoire !
Un raclement de gorge me fait sursauter alors qu'Andréa Simon, enfin habillé d'un pantalon, d'un t-shirt bleu marine et de sa paire de lunettes, arrive devant moi. Son air dédaigneux, sa signature, me sonde quelques interminables secondes avant de s'illuminer.
— Ah ça y est ! Oriane Gaillard de chez Go Shape!
— ...Floriane. Floriane Maillard.
— Vous êtes en retard, je vous ai attendu hier.
— Vous ne m'avez donné que l'adresse, pas un mot de plus.
— Et ? Vous avez eu peur, c'est ça ? Besoin d'être accompagné pour venir ici ?
Je te hais Andréa Simon. Je déteste cette façon que tu as de me parler comme si j'étais une chose insignifiante dans ton monde.
— Est-ce que je peux avoir les photos ? réussis-je à articuler malgré ma gêne et ma haine dissimuler dans mon esprit.
— Ouais... Vous n'avez jamais vu un homme nu ?
J'écarquille les yeux devant le hors-sujet et surtout en me rappelant à nouveau de sa récente nudité.
— Je ne vois pas le rapport av-
— Vous avez l'air gêné. Timide. Pourtant ce n'est pas vous, Oriane.
— ...C'est Floriane, reprends-je en tentant de garder mon calme. Et qu'est-ce que vous connaissez de moi ?
— Je vous ai vu à nue.
— ...Pardon ?
— Les photos que j'ai prises de vous révèlent beaucoup sur qui vous êtes vraiment. En tout cas, sur qui vous voulez être.
Le sourire malin d'Andréa m'énerve plus que toute autre chose et je ne peux me retenir de rouler des yeux avant de soupirer.
« Monsieur Simon, tenté-je avec un ton professionnel, je n'ai pas toute ma matinée et j'ai du travail qui m'attend. Est-ce que vous pourriez me donner les photos, je vous en prie ? »
Je lui tends mon petit disque dur et il me fait signe de l'attendre sur l'un des tabourets du bar de sa cuisine alors qu'il se dirige vers un autre espace de la pièce ressemblant à un bureau.
Profitant de ce moment de répit, je sors mon smartphone et commence à lire les commentaires de ma dernière photo foodporn avant de jeter un coup d'œil aux tendances du moment.
Je n'arrête pas de scroller lorsque je sens une présence mais surtout un parfum mentholé derrière moi.
« C'est tendance hein ? Le foodporn. » chuchote-il presque à mon oreille alors que je sursaute.
— En effet, réponds-je timidement.
— C'est dingue que des photos comme ça aient autant de succès...
— J'en déduis que vous n'aimez pas ça.
— C'est plus compliqué. Je comprends la démarche et je dois vous avouer qu'il m'est déjà arrivé de saliver devant ce genre de photo mais pour moi, ces amateurs devraient apprendre à faire de meilleure photo.
Piqué au vif, je laisse Floriane de côté pour que Floover nous défende.
— Le côté « amateur » rajoute quelque chose en plus à la photo.
— Tous ces filtres, ces effets de saturation...
— C'est du foodporn. On peut facilement faire un parallèle avec les vidéos pornographiques : généralement sur un site, vous avez le choix entre des vidéos amateurs, parfois de qualité médiocre mais quelques fois de bonne qualité, et entre les vidéos professionnels. Ce qui excite le plus des gens, c'est le côté amateur car il les rapproche de la réalité. Pas de scénario ou alors minime, on va directement dans l'action ! Pour les pros c'est aussi d'une très bonne qualité mais c'est trop irréel, personne ne reproduit ce genre de chose dans la vraie vie et certaine sur parfois en accès payant premium. Pour moi, le foodporn sur Instagram apporte autant voir plus de plaisir pour les yeux que l'art culinaire des magazines et livres de cuisine.
Andréa me fixe depuis maintenant un petit moment sans rien dire, comme s'il digérait mes paroles, avant de sourire en coin avec un air espiègle sur le visage.
« J'aime bien vous entendre parler de pornographie, mademoiselle Maillard. »
Mes joues s'empourprent alors que Floover se fait éjecter par la Floriane timide toujours gênée.
« Mais je pense que ces « influenceurs » se prennent trop pour des stars. De vrais gamins... L'autre fois j'en ai croisé une, une chieuse. Elle se sentait tellement importante que si je ne m'étais pas retenu, je lui aurais donné la fessée pour qu'elle arrête de faire l'enfant pourri gâtée. »
...La fessée ? Andréa voulait me donner... la fessée ?!
Je récupère en coup de vent mon disque dur en évitant de croiser son regard mais surtout pour ne pas qu'il fasse de remarques sur mon teint rouge tomate. J'agrippe à nouveau la sangle de mon sac et le salut d'un ton peu assuré avant de quitter l'appartement du photographe perplexe à cause de ma réaction soudaine et inexpliquée.
Putain d'Andréa Simon !
Alors, qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?
De l'arrivée de Floriane chez Andréa ? ANDREA NU COMME UN VER ? De leur discussion sur le foodporn ?
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La photo foodporn du jour 😋🍔
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