50 - Video Game Lover
[Point de vue de Tristan Ferrer]
« Tu viens prendre un café, Tristan ? »
Je retire mon casque, levant les yeux vers Lucie, ma voisine de bureau. Je hoche simplement la tête, embarquant avec moi mon portable. Nous retrouvons tous les deux un autre collègue, Yassim, chargé de communication.
Cela fait trois mois que je suis chez Feel.cie et, même si l'ambiance est moins cool que chez Go Shape!, les gens y sont tout autant passionnés et sympathiques. Je prends plaisir à travailler pour un produit que je peux soutenir honnêtement et je me sens épanouie.
Et mon patron ne m'appelle pas le « rookie ».
« Aaah j'avais vraiment besoin d'une pause ! » s'exclame Lucie en sortant son café de la machine.
Nous continuons à parler boulot malgré tout jusqu'à ce que Yassim m'interpelle :
— C'est bien toi qui étais chez Go Shape! avant ?
— Oui, pourquoi ?
— On en parlait en réunion com', ils sont en train de petit à petit changer leur image et je trouve ça intéressant. Il parait en plus que leur équipe de communication est vraiment petite mais très active ! Tu les connais bien ?
— Oh oui très bien, mon travail était lié à leur service. Beaucoup de stagiaires et alternants mais l'équipe commence à devenir plus importante, plus stable.
— On pourrait arrêter de parler travail deux secondes les gars ? nous interrompt Lucie en train de fixer son téléphone. On mange où ce midi ? J'ai chopé une adresse sur l'instagram de Floover : pizza italienne authentique à 10€, vous m'en direz des nouvelles ! Vous êtes chaud ?
— Tu vas faire exploser les coutures de ton jean, Lulu ! s'exclame Yassim avant de se prendre un coup de coude dans le ventre.
— Si c'est une fois de temps en temps ça va ! Alors ? Yass ?
— Ok pour moi, j'ai envie de gras en ce moment.
— Tristan ? Pourquoi tu souris bêtement ?
Parce que la vie s'amuse à me rappeler chaque jour que la femme que j'aime est incroyable.
— Désolé mais ce midi je suis pris.
— Ta copine ? Est-ce que tu vas enfin nous la montrer ? Parce que quand tu parles d'elle, Yassim ne te croit pas.
— Oh la balance c'te Lulu !
— Pourquoi tu ne me crois pas ? demandé-je en arquant un sourcil.
— C'est juste que tu as l'air de passer beaucoup de temps à jouer aux jeux vidéo d'après ce que j'ai compris donc je me suis dit que...
— Quoi ? Qu'un gamer ne pouvait pas avoir de copine dans la vie réelle ?
— Mais non enf-
— Grillé Yass ! s'exclame Lucie fière d'elle. Elle est comment ta copine, Tristan ?
Elle est gentille, belle, hilarante, maladroite, abonnée aux quiproquos, parfois complexée par son corps et puis parfois pas du tout, mauvaise perdante, courageuse, tellement mignonne quand elle se cache derrière ses mains pour cacher ses joues rouges, agaçantes quand il s'agit de nourriture, sensuelle et sexy, sans gêne quand elle pisse la porte ouverte...
« Comme un dé de jeu de rôle. Elle a énormément de facettes et je ne sais jamais à quoi m'attendre avec elle mais j'aime ses défauts autant que ses qualités. »
L'heure du déjeuner. Je regarde mon portable en souriant comme un abrutit alors que Lucie et Yassim se rapprochent de mon bureau, un air suspect sur le visage. Je m'apprête à leur demander ce qu'ils manigancent lorsque la sonnerie de mon téléphone les fait sursauter et que le nom affiché agrandit mon sourire.
— Allo ? Je cherche à joindre un fier représentant de la Horde ?
— Pouvez-vous me le décrire ?
— Un grand roux séduisant aux yeux verts hypnotisant et qui aurait besoin de se nourrir un peu plus. Vous pouvez lui dire que sa petite-amie l'attend à l'entrée ?
— Je vous l'envoie tout de suite, mademoiselle !
J'entends le petit rire de Floriane de l'autre côté avant qu'elle ne raccroche. Je me lève de mon siège et percute presque mes collègues qui commencent à me suivre à la trace, curieux de découvrir pour la première fois ma copine.
Lorsque nous arrivons au rez-de-chaussée, je traverse rapidement le hall, tentant de les semer, en vain. J'arrive hors du bâtiment, le soleil me forçant à plisser les paupières pour retrouver celle que j'aime lorsque des mains viennent me cacher la vue.
Un parfum que je reconnais entre mille, des doigts avec lesquels j'ai joué de nombreuses fois et une voix que j'adore faire monter dans les aigus quand nous sommes seuls.
« Je pensais que ce serait facile mais la vache, t'es hyper grand ! » me murmure-t-elle à l'oreille avant de retirer ses mains et me laisser la contempler.
La voilà. Celle que j'ai toujours refusé d'appeler Flo jusqu'à ce que je lui donne mon cœur et mon corps. Celle pour qui j'ai joué au masochiste pendant des semaines, rageant chaque soir de ne pas l'avoir à mes côtés et de l'avoir laissé à un autre.
Elle porte sa fameuse jupe bordeaux que j'aime tant, un débardeur marinière, un béret noir et des lunettes de soleil : tout son attirail de Floover, prête à me faire découvrir un nouveau lieu.
— J'espère que tu aimes manger italien, me dit-elle toujours sur la pointe des pieds.
— Tes talons sont plus hauts que d'habitude ? remarqué-je. Tu te sens complexé à mes côtés ?
— Mais non crétin, c'est pour que ce soit plus facile !
— De quoi, « plus facile » ?
Soudain, Floriane attrape de ses deux mains le col de ma chemise bleu marine, me tirant jusqu'à ses lèvres pour un baiser. Un baiser que j'éterniserais bien si je ne savais pas que mes collègues nous espionnaient.
— Tu sais que je pourrais dévorer tes lèvres comme la plus appétissante des pâtisseries mais je dois t'informer que mes collègues sont en train de jouer les voyeurs.
— Oh zut ! dit-elle avant de cacher ses joues rouges derrière ses mains. Pourquoi tu ne me l'as pas dit avant ?!
Tellement craquante ...
Je fais signe à Lucie et Yassim qui font mine de ne plus regarder dans notre direction jusqu'à ce que ça soit gênant et qu'ils viennent à notre rencontre. Je lui présente mes deux collègues jusqu'à ce que la phrase qu'il attendait enfin sorte de ma bouche :
— Et je vous présente Flo, ma petite-amie. Vous voyez, elle est bien réelle, en chair et en os.
— Bien en chair, ajoute-t-elle en riant. Mais pourquoi tu insistes sur ça ?
— Il y a un vieux cliché qui subsiste comme quoi les gamers n'ont pas de copine tellement ils passent de temps à jouer à la console.
— Ah ! Pourtant il y a aussi un cliché qui dit que tu dois être tout pâle, boutonneux, les cheveux gras, très gros ou très mince, avec des lunettes et puceaux aussi, non ? Tu ne remplis aucune des cases... Moi qui me réjouissais de dire à tout le monde que mon copain est un geek !
Floriane rigole à sa propre plaisanterie, suivie de mes collègues et de moi-même. Ils échangent quelques banalités avec elle puis nous laissent partir déjeuner.
Arrivés à sa table favorite au Chat Stupide, nous parlons du travail, de sa soirée avec Nina et de la mienne avec Sébastien et enfin d'un sujet qui aurait pu être tabou entre nous :
— Andréa n'est pas encore revenu d'Italie ? lui demandé-je.
— Si, il y a deux jours. Je le vois samedi midi, tu peux venir si tu veux. Enfin si ça ne te dérange pas... J'ai toujours peur que ce soit bizarre entre vous...
— C'était gênant au début mais j'ai beaucoup parlé avec lui avant son départ et ça va. Sincèrement. Je comprends ce lien entre vous et surtout tout ce qu'il t'a apporté. Je pense même que je lui dois quelque chose.
— Ne lui dit pas ça, il va vraiment te demander quelque chose sinon !
— T'inquiète pas, je l'ai cerné. Et puis j'ai confiance en toi, je sais que tu ne retomberas plus dans les griffes du diable.
— Oh ça oui ! Andréa et moi à ce niveau-là c'est bien finit à tout jamais ! Et puis...
— Oui ?
Floriane s'approche pour me chuchoter à l'oreille, alors que ses joues se teintent de plus en plus en rouge : « Tu es bien plus délicieux que lui. »
J'arque un sourcil, un sourire se dessinant sur mon visage en lui faisant remarquer qu'elle devrait peut-être arrêter d'utiliser des mots liés à la nourriture quand elle parle de sexe, ce qui la fait rire.
— Je veux bien venir samedi mais à condition que j'amène moi aussi mon « Andréa Simon ».
— Parce que tu connais quelqu'un d'aussi insupportable que lui ? C'est possible ça ?
— Oui, ma sœur.
— Deux diables à la même table, je sens que le repas va être intéressant !
Oh oui, une rencontre qui risque d'être aussi captivante qu'un match de Super Smash Bros. Melee !
— Tu pourras me rejoindre ce soir après ta partie avec Seb ? me demande-t-elle soudainement en changeant de sujet.
— Oui pourquoi ?
— J'ai une surprise pour toi.
— Alors n'oublie pas de mettre les clés des menottes pas loin de tes mains.
Je rigole devant sa tête toute gênée avant de lui murmurer à nouveau combien je l'aime, et combien je suis heureux qu'elle soit sincère avec elle-même, heureux d'être à ses côtés et heureux de partager sa vie entre deux photos foodporn et deux parties de partie de jeux vidéo.
Et voilà le dernier chapitre bonus de cette histoire qui se conclu entre Tristan et Flo, épanouis et amoureux !
Qu'en avez-vous pensé ? Est-ce que vous trouvez cela intéressant d'avoir enfin un peu du point de vue du rookie ? Cette fin peut annoncer une suite à la Video Game Lover, je l'avoue, mais pas pour le moment ;)
J'espère que ce chapitre vous a plu et si c'est le cas, n'hésitez pas à voter et à me donner votre avis en commentaire !
A la prochaine !
- Anthéa Viki
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top