46 - La liberté en cadeau
À l'amour, à l'amour
À l'amour c'est quand je t'aime
À l'amour c'est quand tu m'aimes
Sans me le dire
Sans te le dire
« Est-ce que vous pouvez changer de musique s'il vous plait ? » demandé-je en reposant ma tasse de thé dans une coupelle de porcelaine.
La grand-mère de Sébastien, Marie-Christine ou « Mamie gâteau » comme l'appelle Seb, continue de taper du doigt sur la table et relance le même morceau lorsqu'il se termine, pour mon plus grand malheur de récente célibataire.
Toujours coincée dans la phase post-rupture, je passe mon deuil sentimental avec mon meilleur ami de toujours qui a décidé de nous amener un samedi matin chez sa grand-mère pour venir récupérer de vieilles affaires à lui.
— Comme tu as grandi Oriane ! s'exclame-t-elle un peu trop fort à cause de ses problèmes d'audition. La dernière fois que je t'ai vu tu étais petite comme ça ! Tu es toujours aussi bien en chair !
— Merci... ? C'est toujours Floriane par contre.
— Quand est-ce que vous vous mariez toi et mon petit fils ?
— Mamie arrête, répond Sébastien en arrivant dans le salon avec un gros carton qu'il pose à ses pieds. Floriane et moi, nous ne sommes qu'amis. J'ai bien tenté de la charmer mais elle n'a pas le béguin pour ton petit-fils préféré.
— Seb ! Tu es obligé de lui parler de ça ?
— Mon petit Sébastien me dit tout ! Et c'est bien dommage que tu ne lui aies pas dit oui. Tu as déjà un amoureux ?
— J'avais. On s'est séparé le week-end dernier.
— Sérieux ?! s'exclame Seb. Pourquoi tu ne m'as rien dit ?!
—Je comptais le faire aujourd'hui mais pas devant ta grand-mère.
— Vous devez parler entre vous les jeunes, moi, je vais refaire du thé au jasmin.
Sébastien aide sa grand-mère à se lever de son fauteuil et la laisse partir à la cuisine avec la théière avant de s'assoir sur la chaise à côté de moi tout en fouillant dans le carton. Il en sort un album photo poussiéreux qu'il me tend, contenant de vieux souvenirs de notre époque difficile qu'était l'adolescence.
Je nous reconnais avec pleins de boutons, moi ronde comme une boule de bowling et lui avec ses dents de travers. L'âge ingrat et confirmant notre impopularité avec le nombre de photo où nous n'étions que deux, seuls contre le reste du monde.
Pendant ma contemplation de l'album, je raconte enfin à mon meilleur ami, qui insiste de plus en plus, les détails de ma rupture avec Andréa Simon. Après une semaine assez dur à vivre mais où le foodporn m'a réconforté comme jamais, j'arrive à exprimer mes sentiments et repenser à ce souvenir douloureux sans verser une larme.
— ... Et après j'ai regardé Kaamelott avec Nina. Qu'Andréa l'ait appelé exprès pour moi, ça m'a autant surprise que touchée.
— Comment ça se passe pour le boulot entre vous alors ?
— On n'a pas encore repris contact. Je pense que par décence pour mes sentiments, le diable me laisse du temps pour digérer.
— D'accord...
J'observe Sébastien en entendant le ton de sa voix pour le moins étrange, comme s'il me cachait quelque chose.
— Tu as un avis à émettre ?
— Non, se contente-t-il de dire mais toujours d'un air suspect.
—Seb, les meilleurs amis n'ont pas de secret l'un p-
—C'est juste que... m'interrompt-il avant de se racler la gorge. Je me demandais comment ça se passait du coup au boulot entre toi et un autre collègue.
— Quel autr- Ah ! Ah. Tristan.
Celui que j'essaie d'oublier et dont les paroles tournent dans ma tête. Celui que j'évite comme la peste dans les couloirs et qui ne vient plus me voir à mon bureau, se contentant de m'envoyer un mail à la place.
— Pourquoi tu me demandes ça ?
— C'est le seul de tes collègues que je connais bien et disons que lui et moi... On parle régulièrement.
— Et vous parlez de quoi, si ce n'est pas indiscret ?
— Oh de tout et rien... De jeux vidéo... Hm. Bon ok, on parle de toi ! Je suis au courant de pas mal de trucs entre vous, surtout cette fois où je l'ai envoyé à ma place pour te libérer de tes... menottes.
Je cache mon visage dans mes mains par honte en me souvenant de la gêne ressentie face au rouquin mais je ne lâche pas l'affaire, décidé à lui tirer les vers du nez.
— Mais merde Flo ! s'exclame-t-il après mes tentatives. Tu es aveugle ou bien ? Tristan est amoureux de toi !
— « Était amoureux » tu veux dire ?
— Mais non ! Il EST amoureux de toi ! Actuellement ! Dans le présent ! Je n'ai jamais connu un homme aussi mordu de toi !.. Ben ça doit être le premier d'ailleurs. Même moi et mes sentiments à mon retour d'Australie, c'est de la pacotille à côté !
Je sens à nouveau mon cœur faire des siennes en repensant à Tristan, toutes ces paroles qui m'ont autant ouvert les yeux que fait du bien. Cet homme que j'ai rejeté en pensant qu'il était infidèle, un ami et un des rares hommes avec qui j'étais à l'aise...
Je fronce les sourcils, perdu dans mes souvenirs de lui mais aussi sur mes sentiments lorsque la grand-mère de Seb revient dans le salon en déclarant :
« Tu devrais faire une liste. Quand j'étais jeune j'ai hésité entre deux hommes et j'ai fait une liste de tout ce que j'aimais chez eux, ce que je détestais et ce que je savais d'eux. Après avoir fait ma liste, je n'ai eu qu'à les revoir pour savoir pour qui mon cœur balançait et c'est comme ça que j'ai choisi le grand-père de Sébastien. »
Mais moi je n'ai pas besoin d'être sûr que j'aime Tristan, j'ai besoin de me convaincre du contraire ! Que ma décision de le rejeter n'était pas la pire des bourdes du siècle !...
Je vois Sébastien approuver en hochant la tête lorsque je reçois un SMS... d'Andréa Simon.
Avec une adresse et un horaire.
Que me réserve encore cet enfoiré d'Andréa Simon ?
Plus tard dans la journée, aux alentours de 19h, Sébastien et moi décidons d'aller au rendez-vous. Pourquoi avec Sébastien ? Peut-être parce que j'avais peur de revoir Andréa seule mais surtout parce que mon meilleur ami tient tout de même à donner une droite à l'homme qui m'a fait souffrir.
— T'es sûr que c'est ici ? Cet endroit est un peu glauque.
— C'est bien là.
Nous regardons la grande porte de garage en bois devant nous, hésitant à entrer dans le lieu inconnu lorsqu'un homme habillé d'un polo et d'une écharpe nous passe devant, nous dévisage étrangement et pousse la porte pour entrer dans ce qui semble être un hangar.
Seb et moi haussons les épaules, prenons notre courage à deux mains et entrons dans le lieu qui dès les premiers pas, nous surprend : une galerie photo.
Un hangar avec des espaces séparés par de faux murs et où de nombreuses photos sont accrochées, chacune ayant un éclairage précis selon le photographe. Nous regardons le panneau informatif nous signalant une exposition collective avec pour thème très générique : la liberté.
Nous commençons à déambuler dans l'espace en suivant le parcours comme les autres personnes présentes et entendons des bribes de conversations nous signalant que ce soir est le premier et dernier jour de cette exposition éphémère. Éphémère, car elle sera aussitôt remplacée demain.
Je marche jusqu'au fond de la pièce, curieuse de ce qu'Andréa avait à me montrer lorsque j'arrive dans un espace entouré d'un grand rideau noir et dont une lumière s'échappe. Je rentre dans le cocon crée par le rideau alors qu'une lumière blanche provenant de spots s'allume à l'intérieur entouré de paravents rouges.
« Oh mon dieu. »
Je retiens mon souffle devant le spectacle qui s'offre devant moi.
Accroché sur chaque paravent, des photos de moi. Ces photos qu'Andréa a prises de moi depuis la première fois où l'on s'est officiellement rencontré sur le shooting Go Shape! jusqu'à celle sur la terrasse de la salle de mariage où je me sentais si seule sans lui.
Des souvenirs immortalisés par son appareil.
Certaines photos dont je ne soupçonnais pas l'existence comme l'une d'elles où l'on me voit endormie dans son lit, les cheveux en bataille. Une autre où je suis en Floover, souriant en voyant ma part de pizza arriver. Et encore tellement d'autres qu'il m'a déjà montré.
« Flo c'est... magnifique. Tu es magnifique ! » me murmure Seb étant rentré dans le cocon après moi.
J'approuve en silence, les yeux émerveillés par le spectacle que m'offre mon ex-copain que je prends comme un « cadeau de rupture » pour un nouveau départ.
Je me tourne enfin vers le dernier paravent dénué de photo mais où un miroir me fait face. Je m'approche pour lire le texte accroché à côté tout en retenant les larmes d'émotions.
« La photographie permet de rendre visible l'imperceptible. Ici, j'ai voulu révéler une femme qu'au quotidien nous pouvons trouver banale, mais qui a plus à offrir que n'importe quel mannequin superficiel avec qui j'ai travaillé.
Une femme peut être heureuse, angoissée, timide, exténuée, sensuelle, colérique, provocante, triste, désintéressée, amoureuse... Autant de mots que j'ai voulu représenter avec une personne. Une femme très importante pour moi.
Une amie précieuse, une âme sœur créatrice, une amante surprenante, une collègue farouche... Une femme qui a compté, qui compte et qui comptera toujours dans ma vie.
L'exposition de ce travail est spontanée et imprévue, comme elle. Un travail important pour moi car je veux lui offrir la plus belle des choses : la liberté.
Ce miroir, c'est toi. Libre. Femme qui a affronté le meilleur et le pire en me rencontrant, moi qui t'en ai fait baver jusqu'à la fin, j'espère que ce jour puisse symboliser un nouveau départ dans ta vie.
Une vie où je souhaiterais à l'avenir faire partie en tant qu'ami. Ami sadique et méchant mais ami fidèle sur qui tu pourras compter.
Si envisager une amitié avec moi t'est insupportable, je te souhaite d'être heureuse dans ta nouvelle vie.
À toi, Flo.
Ma miss Foodporn Lover.
- Andréa Simon »
🍩 CHAPITRE SUIVANT DÉJÀ DISPONIBLE ! 🍩
Ce chapitre sonnerait presque comme une fin... Mais ce n'est pas encore le cas ! Qu'en avez-vous pensé ?
Andréa vient d'offrir le plus beau des cadeaux de ruptures pour Flo. Comme quoi, le diable a bien un cœur ! Est-ce que Flo va mieux comprendre ses sentiments ? Va-t-elle accepté son amitié ?
Et qu'en est-il de notre rookie absent depuis plusieurs chapitres ? Est-ce que Flo va-t-elle enfin s'expliquer avec lui avant qu'il ne parte au loin ?
Si ce chapitre vous a plu, n'hésitez pas à voter et donner votre avis en commentaire !
L'amour, l'amour, l'amour - Moulouji, Bon Entendeur
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