40 - Gestion de crise
« Bon ben avec ça, la campagne de pub va bien fonctionner. Qu'est-ce que tu en penses Flo ? »
Je réponds sans grande conviction à Nina alors que nous revenons de notre pause déjeuner ensemble. Maintenant qu'elle sait que je suis Floover, je n'hésite pas à lui faire profiter de bonnes petites adresses pendant qu'elle m'initie doucement aux animes.
— Ça va ? Tu cherches quelqu'un ?
— Non, j'évite quelqu'un.
— Et moi j'aurais voulu éviter quelqu'un, me répond-elle en me désignant Patrick du menton.
Notre patron nous salut brièvement avant d'entrer dans l'ascenseur avec nous, un mini-silence s'installant entre nous jusqu'à ce qu'il pousse un soupir et que par politesse je lui demande ce qui le tracasse en espérant que ce ne soit pas lié à Nina ou sa famille.
— Mon repas m'a énervé, répond-il d'une voix irritée. Ce rookie je te jure...
— Tristan ? m'étonné-je d'une voix trop aiguë à mon goût.
— Ouais, il m'a demandé de déjeuner avec lui pour parler boulot mais à la fin du repas, il m'a donné ça.
Patrick sort de la poche de sa veste un papier blanc et l'agite en l'air avant de le tendre à Nina qui n'hésite pas à le lire.
— ...Sérieusement ?
— Quoi ? l'interrogé-je. Qu'est-ce que c'est ?
— C'est une lettre de démission. Tristan s'en va.
...Quoi ?
— Il s'est fait recruter par Feel.cie. Ça me fait chier parce que le patron est un pote et je pensais qu'il me l'annoncerait plus tôt mais apparemment le rookie n'a accepté leur offre que ce matin même. Il va partir pour Nantes juste après la fin de sa période de préavis.
— Tristan qui part bientôt... répète Nina en sortant de l'ascenseur à notre étage. Du jour au lendemain en plus... C'est bizarre.
— Il ne m'en a pas dit plus mais il a l'air bizarre depuis ce matin. Il avait de ces cernes aussi !
— Peut-être des raisons familiales ? De couple ?
Je déglutis, les laissant parler lorsque nous arrivons dans l'open-space et qu'un coup de poing sur un bureau fait sursauter tout le monde.
« Putain de merde ! Foutue ligne de code à la con ! » s'écrie Tristan en se levant de son bureau et en balançant son casque.
Il se tourne vers nous, ses yeux verts rempli de colère mais évitant mon regard. Ses cheveux roux sont en bataille, comme s'ils les avaient frottés par nervosité toute la matinée, et sa chemise blanche n'est pas repassée.
Bref, il a une dégaine de lendemain de cuite alors que la vraie raison vient de moi et mon rejet d'une liaison avec un père de famille.
— Tristan, commence Patrick avec sa voix « gestion de crise », je pense que tu devrais rentrer chez toi aujourd'hui. Tu as l'air à cran.
— Qu'est-ce qui te fait dire ça ? ironise-t-il.
— Même en colère, je ne t'ai jamais vu t'énerver autant. Qu'est-ce qu'il y a ? C'est parce que vous n'avez toujours pas couché ensemble Flo et toi ?
Patrick, accompagné de Nina et d'autres collègues, rigole doucement à la blague/remarque qui était pour moi toujours un mystère. Depuis peu, on nous associe tous les deux sans savoir pourquoi et je sens en voyant mes collègues que ce n'est pas anodin.
« Est-ce que je te demande devant tout le monde si tu te tapes Nina ? Non ? Ben mêle-toi de ton cul alors ! »
Malaise intense dans tout l'open-space.
Certains comme moi ont la bouche grande ouverte quand d'autres sont en mode « pause » et ont stoppé leurs activités en entendant la cinglante réplique du développeur. Je vois même du coin de l'œil qu'Agathe a passé la tête hors de son bureau, n'en croyant pas ses oreilles.
Nina est livide, Patrick complètement bugué et Tristan le colérique range ses affaires dans sa sacoche en silence avant de quitter l'open-space. Même en passant à côté de moi, pas un regard.
Oua... Jamais je n'aurais pensé que notre erreur d'hier soir puisse avoir autant d'impact. Je refuse qu'il se passe quelque chose entre nous mais pourtant, qu'il ne m'adresse pas un regard, comme si j'étais invisible, m'a fait horriblement mal au cœur.
« Alors Maillard ? On déprime tellement que ton seul remède ce soit moi ? »
Je souris faiblement à Andréa alors qu'il photographie le gâteau au chocolat d'un grand pâtissier de la ville. J'avais besoin de lui parler après le travail mais surtout, après l'échec et l'erreur d'hier soir alors il m'a invité à venir dans le restaurant d'un chef étoilé.
— J'ai bientôt fini, me dit-il en faisant des réglages sur son appareil. On va chez toi ou chez moi après ?
— Chez m-.. toi, réponds-je finalement en ne voulant pas me souvenir à nouveau de la soirée avec Tristan.
—Monsieur Morin, votre gâteau est vraiment magnifique ! déclare-t-il lorsque le pâtissier en chef rentre dans la pièce. Comme toujours en fait.
— Merci monsieur Simon, répond-il humblement. Qui est cette jeune femme avec vous ?
— Ah ! C'est Floriane Maillard, ma copine...
Je retiens mon souffle en attendant la fin de sa phrase.
— ...Copine dans le sens « amie », rectifie-t-il à mon plus grand malheur. Je viens de finir, je range mon matériel et je vous montre déjà un aperçu des photos avant traitement.
Andréa me fait un clin d'œil avant de finir son travail pendant que je l'attends dans l'entrée du restaurant. Vingt minutes plus tard, nous voilà en direction de chez lui dans un Uber payé à ses frais.
« Quand j'ai dit ''copine'' au chef Morin... » commence-t-il en caressant le cuir du siège de la voiture, « Je me suis justifié parce que toi et moi, ce n'est pas clair. Je pensais qu'on aurait le temps d'en parler hier soir mais avec mon travail... bref. »
J'aimerais lui dire que je lui en veux mais je sais déjà qu'il va me sortir une réplique « Classic Andréa » qui va me fatiguer alors que les derniers événements avec Tristan m'ont épuisés.
— Qu'est-ce que tu veux de moi, Andréa ? demandé-je cash en sortant du Uber.
— Tu sais déjà ce que je veux, répond-il en se plantant devant moi avant de glisser sa main autour de ma taille. Tout. Je te veux toi toute entière.
Comment ne pas fondre en l'entendant dire ça ?
Nous arrivons dans son appartement et j'ai à peine le temps de poser mes affaires et d'aller me rafraîchir dans la salle de bain que je sens ses deux mains caresser mes hanches avec envie. Je ne peux retenir un sourire en voyant son reflet dans la glace.
— Enfin tu retrouves ton sourire, me murmure-t-il à l'oreille avant de la mordiller. J'avais peur que tu sois trop déprimée pour jouer avec moi.
— Depuis quand Andréa The Devil Simon s'inquiète réellement pour moi ?
— Depuis qu'il hésite à te présenter comme sa petite-amie.
Mon cœur rate un battement alors que son air supérieur mais néanmoins affectueux se reflète devant moi. Ses mains continuent à me caresser et je sens ses lèvres embrasser mon cou avant de s'y attarder un peu trop à mon goût pour que ce soit innocent.
Il se détache de moi, un grand sourire malsain sur le visage, alors que je vire au rouge en voyant le suçon qu'il m'a fait.
— Ça, c'est ma vengeance pour l'autre fois où j'étais chez toi. Personne ne marque Andréa Simon.
— Mais quel gamin celui-là... !
— Alors ? Qu'est-ce que toi tu veux de moi, Flo ?
— Qu'entre nous ce soit... Hmm... Arrête avec tes doigts...
— Allez, finit ta phrase.
Je sens qu'il brise toutes mes défenses de ses doigts agiles en à peine quelques secondes et, lorsque je sens qu'il va passer la dernière barrière qu'est ma culotte, je me décide enfin à avouer mes sentiments.
Quitte à en souffrir d'être amoureuse de lui, autant qu'il soit au courant.
— J'aimerais qu'on soit ensemble. Officiellement. J'ai envie de plus avec toi.
— Tu vas souffrir, j'espère que tu en es bien consciente.
— J'accepte toutes les conditions.
Et je suis même sûre que j'arriverais à te faire changer petit à petit, foutu Andréa.
🥞 CHAPITRE SUIVANT DÉJÀ DISPONIBLE 🥞
Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? De la démission de Tristan et de sa crise de colère ?
De l'attitude d'Andréa qui s'ouvre au couple avec Flo ? Est-ce que Floriane va réussir à changer Andréa avec le temps ?
On se rapproche de plus en plus de la fin ! J'espère que ce chapitre vous a plu, n'hésitez pas à me le faire savoir en votant et/ou avec un commentaire !
Photo foodporn du jour :
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