4 - Saveurs givrées de l'été
Un stand de glace : check. Un faux marchand : check. Les prototypes des produits de la gamme « saveurs givrées de l'été » : check. Fond ensoleillé : check. Mannequins : en cours de maquillage... Il leur faudra des patins à roulettes. Ça ferait un peu Los Angeles.
« Excusez-moi ! »
J'interpelle l'accessoiriste pour lui faire part de ma demande et heureusement pour moi, il a bien des patins à roulette vintage adapté aux tailles des mannequins. Il a vraiment une grande panoplie d'objet type plage et me rassure sur le professionnalisme de cette boite à laquelle nous avons fait appel pour ce shooting.
— Par contre, il faudra voir avec Andréa. Pas sûr que ça lui plaise les changements de dernières minutes.
— Je vais entamer des négociations alors. Je suis sûr qu'elle approuvera mon idée !
— Euh... J'en doute fortement. Vraiment. Mais allez-y, bon courage !
Bon, ça va aller. Je vais calmement et sans bégayer lui annoncer ce changement. D'ailleurs... Où est-elle ? Je ne l'ai pas croisée depuis que je suis arrivée.
Je m'en vais parler aux mannequins avant de revenir sur le plateau et remarque un homme en train de régler le pied d'un appareil photo.
— Excusez-moi monsieur, commencé-je peu sûre de moi, vous êtes l'assistant d'Andréa ? Vous savez quand elle arrive ?
— Il est déjà là.
— Hein ?
L'homme se tourne vers moi en rehaussant ses lunettes d'un doigt et en me regardant d'un air dédaigneux familier...
OH NON. NON NON NON. Putain de non.
— C'est moi Andréa. Andréa Simon.
— ...E-Enchanté, bégayé-je.
NON NON NON ! Pas lui ! C'est quoi ces gens qui ont des prénoms de fille ?! Andréa c'est mixte ?! Depuis quand ?! Mais pourquoi on ne me dit rien ! Pourquoi il ne s'appelle pas Simon Andréa ?! C'est beaucoup plus logique comme décision ! Pourquoi ces parents ont-ils voulu autant foutre la merde dans le cerveau des gens ?! Quelle bande de chieurs, comme leur fils !
— Vous êtes ? demande-t-il en soupirant et en me regardant de haut.
— ...Floriane Maillard, réponds-je d'une petite voix, chargée de communication de Go Shape!.
— Ok. On m'a dit que vous vouliez des patins à roulettes pour les mannequins ? C'est non. J'ai déjà fait tous mes réglages à partir de leur taille initiale. Donc non.
— ...Bien. Très bien.
Ce connard d'Andréa arque un sourcil avant de retourner vers son matériel de photographe.
Bravo Flo, tu t'es écrasé comme une crêpe devant lui !
L'avantage, c'est qu'il ne semble pas m'avoir reconnu. En Floover, mon béret et mes lunettes me protègent bien mais je suis surprise que le son de ma voix ou ma morphologie ne lui dise rien... Ou alors je bégayais trop.
Je soupire un grand coup avant de sortir mon smartphone et de commencer à prendre des photos du décor et des accessoires sous le regard de jugement de monsieur Simon.
Ça promet d'être une longue journée...
🍔🍔🍔
Andréa Simon est un chieur perfectionniste. Clairement. Je suis sûr que dans une autre vie, il était dictateur.
Plusieurs heures sont déjà passées depuis notre rencontre « professionnelle » et ce photographe me fatigue déjà à un point... Mais pas seulement moi, toute l'équipe.
Et cela se ressent sur le moral des mannequins.
Je déteste faire ça, mais je vais devoir intervenir si je ne veux pas que ce shooting photo ne foire.
« Est-ce qu'on ne prendrait pas trente minutes de pause ? » m'écrié-je avec assez de force et d'aplomb pour que tout le monde m'entende. Le soulagement se lit sur le visage de tous ceux me regardant. Tous sauf celui d'Andréa qui a l'air blasé.
Toute l'équipe va profiter du catering payé par la boite alors que je fais l'effort de rejoindre mon nouveau pire ennemi pour tenter de négocier.
— Monsieur Simon ? l'interpellé-je doucement. Je peux vous faire une suggestion ?
— Vous voulez les patins à roulettes c'est ça ? me répond-il en fixant l'écran de son appareil.
— Effectivement... Je pense que ce serait pas mal, que ça dynamiserait le tout et ce serait surtout bon pour les vidéos que je vais prendre pour nos réseaux sociaux.
— Des vidéos avec un petit truc comme ça... Ça va être dégueulasse. Bien pixelisé comme il faut !
— Croyez-le ou non, ça fait authentique.
Il semble tiquer sur mon dernier mot employé et relève la tête de son appareil avant de passer une main dans ses cheveux bruns frisés.
— Authentique ? Vous êtes sûre de la définition de ce mot ?
— J'ai employé authentique plus pour dire... « home made ». Nous offrons toujours la perfection à nos consommateurs mais ce genre de vidéo sur les réseaux donnent un côté « fait à l'arrache mais pro » qui donne l'impression aux gens qui nous suivent que nous sommes une marque cool, détendue, qui ne se prend pas la tête et qui est tendance.
— Du coup, vous voulez vraiment les patins à roulettes ?
— S'il vous plait monsieur Simon.
— Vous me faites bien chier avec vos conneries mais ok, c'est bon. Je vais refaire mes réglages.
— Merci !
Je ne peux m'empêcher d'afficher un grand sourire devant lui, signe de ma victoire sur ce chieur. Si j'avais l'audace de faire ma danse de la joie, je la lui montrerais sans hésiter pour me moquer de lui.
Le reste du shooting se passe beaucoup mieux, l'équipe est plus détendue, les mannequins s'amusent comme des enfants avec les patins et j'ai pu faire de très bonne vidéo, y compris un live Facebook d'une trentaine de minutes sur notre page.
Les retours apparaissent déjà sur toutes les plateformes et, même si j'avais des doutes pour Snapchat, mon patron a eu raison de miser dessus car la communauté s'est un peu agrandie.
« Mademoiselle Maillard, vous ne voulez pas faire une photo ? » m'interpelle un des techniciens alors que les mannequins sont en pause.
Je prends mon air gêné et refuse en secouant des mains jusqu'à qu'il me traîne sur le décor de plage artificiel et me tende une fausse glace.
— Écoutez, je ne suis pas sûr qu-
— Soyez naturel, me demande au loin Andréa d'un ton plus doux qu'à son habitude. Prenez la pose mais pas trop et souriez. Est-ce que quelqu'un peut lancer la playlist « Fresh Summer » ?
Je ne le vois pas à cause de la lumière des projecteurs mais je sens le regard d'Andréa Simon à travers l'objectif. Il m'observe, il attend. Puis une série de déclencheurs commence à me donner un certain rythme, une envie de bouger et surtout, me détend. Une cadence un peu comme celle qu'il avait avec son appareil lors de notre rencontre.
Je me laisse entraîner par la musique et le bruit régulier en faisant plusieurs poses. Moi qui déteste que l'on me photographie à cause de mon complexe sur mes formes, je n'y pense presque plus et me contente de m'imaginer sur une plage à Los Angeles.
« C'est bon. »
La voix redevenue rude d'Andréa me sort de ma rêverie alors que certains membres de l'équipe m'applaudissent. Les mannequins reviennent prendre leur place alors que je tente de cacher le rouge de mes joues.
En voyant Andréa Simon reprendre son travail avec eux, je comprends un peu mieux pourquoi il est considéré comme bon photographe dans le milieu : il arrive à mettre facilement à l'aise ses modèles en un instant. Même si je ne l'ai pas directement vu, il semble être un autre homme derrière son objectif.
Pendant quelques minutes, j'ai eu l'impression de ne plus être Floriane la coincée. J'étais Floover mais sans son déguisement. Juste Flo.
Alors, qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?
Oui, j'ai joué un peu avec vous rapidement en faisant croire qu'Andréa serait une femme lambda alors que c'est le "papy chieur" du chapitre deux ^^" Il y aura bientôt un casting photo pour ceux que ça intéresse, soyez patient !
D'ailleurs que pensez-vous d'Andréa Simon ? De leur nouvelle conversion avec Flo qui ne reconnait pas ? (surtout parce qu'il s'en bat un peu les couilles xD) De ce qu'à ressenti Flo pendant le shooting ?
Je rappelle que les prochains chapitres sortiront par deux (pour l'instant) le jeudi !
Si ce chapitre vous a plu, n'hésitez pas à cliquer sur la petite étoile et à donner votre avis en commentaire !
La photo foodporn du jour (pour les amoureux de l'avocat) 😋🍔
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top