34 - Le vrai amour

J'ai exaucé le souhait du Diable et ai joué avec sa fourche jusqu'à ce qu'il soit satisfait et que mon ventre crie famine.

Et maintenant, je vis la situation la plus étrange de ma vie.

— Chocapic ou Golden Grahams ? me demande Adam d'une voix enroué.

— Golden, réponds-je après mettre raclé la gorge en tuant les dernières lueurs de féminité chez moi devant cet adolescent.

Assise sur l'un des tabourets de la cuisine, en face d'Adam, je suis simplement vêtue d'un t-shirt trop large appartenant à Andréa et de ma petite culotte. Rien d'autre. Et le jeune Adam semble complètement s'en foutre.

Le photographe sous la douche, je me retrouve pendant d'interminables minutes devant l'adolescent, le silence seulement interrompu par le craquement des céréales dans nos bouches.

— Donc... Tu vas à un mariage, c'est ça ?

— Ouais, se contente-t-il de répondre.

— Vu les goûts de ton cousin, il va pouvoir te trouver un smoking de qualité aujourd'hui.

— Et donc toi, tu te tapes bien Andréa, c'est ça ?

— Ouais, réponds-je sur le même ton monocorde qu'il avait employé.

— J'espère pour toi que tu n'es pas stupide.

Je finis ma bouchée, avalant le lait et les céréales avant de touiller le contenant de mon bol en fixant le blond.

— Pourquoi ? réponds-je d'un air légèrement irrité.

— Je dis ça pour toi mais j'espère que tu n'es pas assez conne pour tomber amoureuse de mon cousin. Que t'es plus intelligente que toutes les autres filles.

— Q-Quoi ? Non je ne suis pas... Je suis intelligente.

— Tant mieux pour toi. Parce qu'Andréa ne tombe pas amoureux. Jamais. En tout cas, ce n'est jamais arrivé et ça ne risque pas.

Il y a un début à tout, j'ai envie de dire...

« — T'as vraiment un grain Andréa. Vraiment ! Ce n'est pas parce que je suis flatté par ton compliment que je vais tomber subitement amoureuse. On n'est pas dans un roman d'amour.

— Dommage, j'aurais eu plaisir à te briser le cœur. »

En me rappelant soudainement d'une conversation que l'on a eue, je manque de renverser mon bol et le rattrape de justesse alors qu'Adam me regarde l'air perplexe.

« Magnez-vous le cul ! » s'écrie Andréa en entrant dans le salon, les cheveux encore mouillé mais déjà habillé et prêt pour sortir.

Je sursaute lorsqu'il caresse mon épaule nue de ses doigts avec douceur avant de me faire un baiser sur le front. Je rougis comme une tomate, fixant un Adam aussi choqué que moi par le geste étrangement tendre de son cousin.

— T'es malade ? lui dit-il avec de gros yeux. Tu vas bientôt mourir ?!

— Ça s'appelle « entretenir une femme pour avoir tout ce que l'on désire ». Apprends des meilleurs !

— Hey ! m'exclamé-je en l'entendant rire alors qu'il allume sa Nespresso pour se faire son café. Comme si avec cette petite attention j'allais t'accorder quelque chose !

— QUOI ?! crie-t-il par-dessus le bruit assourdissant de sa machine.

— RIEN !

Adam roule des yeux en nous regardant et commence à rouler sa clope pour son après petit-déjeuner lorsque je remarque qu'il n'arrête pas de remettre ses longs cheveux blonds en place quitte à s'énerver tout seul.

— Tu vas venir avec moi au mariage, Flo.

— QUOI ?!

— J'AI DIT QUE TU ALLAIS... ATTENDS C'EST FINI !

Je dégage volontairement mes oreilles, pas certaine de vraiment avoir compris sa proposition qui, à bien y réfléchir, ressemblait à un ordre.

Andréa prend son café, le pose à côté d'Adam toujours en train de rouler, et s'assoit à côté de lui sans me quitter des yeux. Il redresse ses lunettes et me fait son sourire dédaigneux habituel avant de ressortir :

— Je veux que tu viennes au mariage avec moi Flo.

— C'est une demande ou un ordre ? Si c'est un ordre tu peux aller te faire foutre foutu Simon.

— J'ai dit que je venais accompagner et je n'ai pas eu le temps de trouver quelqu'un d'assez potable.

— Oh c-

— Dans le sens pas ultra bonne comme un mannequin qui ferait de l'ombre à la mariée et pas conne comme la pluie ou moche comme un poux.

— Ah ouais d'accord, réponds-je en lui faisant un doigt d'honneur qui étire son sourire. La semaine prochaine c'est ça ? Il faut que je regarde mon emploi du temps, que je trouve une robe, que j-

— Pour les billets de train c'est bon, pour l'emploi du temps je sais que tu ne fais rien, ne mens pas. Pour la robe on y va maintenant. Faut qu'on trouve un costume pour Adam.

— Et pense à l'emmener chez le coiffeur aussi.

— Eh oh je suis là hein ! dit-il en claquant d'un doigt.

— Elle a raison cousin. Si tu veux les faire toutes tomber dans tes filets, il va falloir qu'on te transforme en beau gosse pour ce mariage. Pas de protestation, c'est compris ? Tu me fais confiance ?

L'adolescent pousse un long soupir avant de regarder le Diable et serrer la main qu'il lui tend.

Je viens en quelques minutes de m'incruster à un mariage et m'apprête à passer la journée avec Andréa Simon pour relooker son cousin aussi agaçant que lui.

La vie est vraiment pleine de surprise à ses côtés !



« Regarde-moi ce beau blond ! Avoue que si t'avais été adolescente en même temps que lui, tu aurais craqué Flo ? »

J'observe de la tête au pied le jeune Adam dont les longs cheveux ont disparu, disparition lui donnant assurément plus de charisme et un air presque charmeur à la « Andréa Simon », le tout faisant ressortir ses très beaux yeux bleus.

Adam tourne doucement sur lui-même, très gêné dans son smoking et évitant son reflet dans le miroir. Andréa regarde les autres costumes à disposition en les comparant alors que j'en profite pour m'approche de l'adolescent pour le rassurer :

— Tu es très bien comme ça, Adam. Comme l'a dit ton idiot de cousin, tu vas toutes les charmer.

— Je m'en fiche de ça, répond-il en se frottant la nuque. Mais... Tu le penses vraiment ?

Je lui souris sincèrement et le tourne vers le miroir pour qu'il affronte la nouvelle image de lui lorsque je me souviens soudainement de la phrase de Tristan :

« S'aimer soi-même c'est ça, le vrai amour. »

Le blond répond à mon sourire lorsqu'Andréa revient avec un autre smoking dans les mains, lui priant de l'essayer à nouveau pour comparer. Lorsqu'il disparait dans la cabine d'essayage, Andréa se tourne vers moi, un air malicieux qui ne m'inspire pas confiance sur la face.

Soudain, il sort de derrière son dos un cintre d'où est suspendue une robe couleur bleu pastel et m'indique la cabine d'à côté d'un balancement de tête.

— T'es sérieux, Simon ?

— On ne peut plus sérieux.

— Je ne sais pas qui t'a donné ça mais les vêtements ici coûtent beaucoup trop cher pour mon salaire ! Primes de Floover comprises !

— Aujourd'hui, c'est moi qui paye. Et puis c'est moi qui insiste pour que tu viennes donc je te dois bien ça.

— T'es vraiment pas croyable toi, réponds-je en lui arrachant la robe des mains pour aller l'essayer.

Il y a quelque chose de changé dans son attitude... Ou c'est moi qui interprète tout différemment comme je suis consciente de mes sentiments ? J'ai l'impression qu'il est plus... appréciable.

J'enfile la robe en faisant attention à ne pas l'abimer et constate avec surprise qu'elle est pile à ma taille.

Comme si Andréa me connaissait assez pour... Non. Peut-être ?

Même si la robe me va comme un gant, je me tortille le bras pour fermer complètement la fermeture éclair dans mon dos et suis obligé de sortir de la cabine pour demander de l'aide à Andréa qui ne peut s'empêcher de se moquer de moi.

Lorsque que je me retourne face à lui, les mains sur les hanches comme si j'allais l'engueuler, ce dernier s'arrête de sourire. Il arque un sourcil et se met à tourner autour de moi comme s'il me jugeait, ce qui commence, avec son silence, à m'irriter.

— Bon crache le morceau Andréa ! m'exclamé-je. C'est la couleur, c'est ça ?

— Non, je suis juste déçu.

— Ah... Ben au moins tu vas économiser de l'argent. Je comptais m'acheter une robe chez H&M de toute faç-

— Déçu parce que je vais passer toute la journée à travailler, prendre des photos de tout le monde, et ne profiter de toi qu'à moitié alors que tu seras splendide.

Je bug. Le sourire mauvais d'Andréa s'étire de plus en plus et me fait malgré moi rougir de plus belle.

J'ai envie de tout lâcher maintenant, de lui dire que j'ai craqué...

« Alors ? » murmure-t-il. « Je t'ai fait tomber amoureuse de moi ? Tu es prête à ce que je te fasse réellement souffrir ? »

Je t'aime et je te hais d'avoir raison, foutu Andréa Simon.



Alors ? Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? Du petit-déjeuner gênant entre Flo et Adam ? De la réflexion de ce dernier sur son cousin jamais amoureux ?

Du comportement d'Andréa dans ce chapitre ? Des sentiments de Flo ? Est-ce qu'elle va vraiment souffrir ou Andréa est en train de tomber dans son filet ?

Si vous avez aimé ce chapitre, n'hésitez pas à voter et donner votre avis en commentaire ! On se retrouve mercredi prochain pour la suite !

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