28 - Dame nature et girouette

Les règles. Cadeau empoisonné de Dame nature. La première fois, on est contente de les avoir parce qu'on se sent enfin devenir « femme ». Toutes les fois suivantes, on vit l'enfer, même si cela nous rassure sur le fait qu'il n'y ait aucun enfant indésirable dans notre corps. Mais quelle souffrance, mes amies...

La douleur varie selon les femmes : certaines auront juste un petit mal de tête quand d'autres n'auront même plus la force de se lever. Actuellement, je ne souffre pas assez pour rester au lit mais trop pour être productive. Je bénis donc les dimanches, merci seigneur!

Est-ce que c'est le syndrome prémenstruel qui m'a poussé à me prendre la tête avec Andréa ?

Je finis d'enfiler ma serviette, remonte ma culotte et sors enfin des toilettes de l'appartement de Sébastien, ce dieu grec qui me connait comme personne et qui a saisi, pendant la nuit du samedi à cause de mes gémissements, que j'allais perdre tout mon sang.

Dès ce matin il a filé à la supérette pour me prendre le nécessaire à temps et pour cela, je lui dois beaucoup. Au moins une pizza végétarienne.

Lorsque j'arrive dans la salle à manger, Seb est déjà dernière les fourneaux à nous préparer ce qu'il appelle le « déjeuner du réconfort » : du poulet et des frites, tout simplement. Une sorte de madeleine de Proust nous faisant remonter à nos années collège bien moroses.

— Tu vas vraiment manger du poulet ? demandé-je en m'installant à la table.

— Poulet végétal au blé. On ne dirait pas comme ça mais c'est tout aussi bon que du vrai.

— Je te crois...

— Ne t'inquiète pas, je ne vais pas encore tenter de te convertir. Ça s'est trop mal passé l'autre fois. J'ai toujours été maladroit mais avec toi c'est décuplé fois mille.

— Hm.

Sébastien se frotte la nuque avant de me servir. Il s'installe un peu gêné devant moi et commence à manger mais pose rapidement sa fourchette.

— Désolé pour ce que j'ai dit l'autre fois Flo... J'ai tenté de t'imposer mes sentiments alors que tu ne ressens pas la même chose que moi.

— Je voulais simplement le retour de mon meilleur ami, murmuré-je.

— Et moi je voulais plus... Pardon. Ça fait un peu mal de se faire friendzoner tout de même !.. Mais bon, je comprends. Je ne reviendrais plus là-dessus. Un autre homme est dans ta vie maintenant.

— Pas vraiment non...

Je remplis ma bouche de frites, comme pour m'étouffer, sous le regard dubitatif de mon ami.

Est-ce que je dois lui parler d'Andréa alors qu'il ressent quelque chose pour moi ? Ce serait cruel de ma part... Autant rester vague.

— Je ne suis pas en couple.

— Mais ce type que tu fréquentais ?

— Même pas un sex friend. Rien. Juste trois fois suffisantes. Je n'ai plus envie de le voir.

— Alors c'est à cause de lui que tu es arrivé en larme chez moi hier ? Il t'a fait du mal ?

— C'est moi qui me suis fait du mal en voulant plus. En espérant quelque chose de lui...

— Tu es amoureuse, Flo ?

Je recrache presque le morceau de poulet dans ma bouffe avant de tousser fort.

— Moi amoureuse de lui ?! m'exclamé-je. Faut pas déconner.

— C'est ce que tu disais pour Cédric Dubois en troisième. Ensuite tu m'as forcé à lui donner ta lettre de déclaration et je me suis pris un pain dans la gueule.

— C'est vrai que ça n'avait pas arrangé ta dentition cette histoire. Je m'en voulais tellement.

— Est-ce que je dois aller voir le gars que tu aimes pour me prendre un nouveau coup dans ma nouvelle dentition ?

Je ne peux retenir un rire malgré la douleur dans mon bas-ventre lorsque mon cœur s'emballe soudainement quand Sébastien me regarde le plus sérieusement du monde. Cherchant une réponse franche à sa question dans mes yeux que je me contente de détourner avant de me concentrer silencieusement sur mon assiette.

Seb... Comment est-ce que j'aurai fini si tu n'avais pas fait autant partie de ma vie ?



« Bon alors, mademoiselle Maillard ! On change de contraception ? ENFIN un petit ami dans votre vie ? Ce serait bien de perdre du poids parce que vous êtes stable depuis 4 ans. Niveau IMC vous êtes en surpoids ! Heureusement que vous avez une « grande » taille et que votre poids s'étale ! Il faut faire attention à vous, manger plus de légumes et tout le blabla de d'habitude.

Bon, concernant la contraception c'est ok, le stérilet est bien en place ! Merci de m'avoir emmené rapidement vos résultats d'analyse. Vous avez un petit utérus mais ne vous inquiétez pas que ça va changer quand vous aurez des enfants ! D'ailleurs j'espère vous revoir pour le retirer avant les cinq prochaines années ! Il serait tant de se trouver un poseur de graine ! »

Je sors de chez mon gynécologue avec une nouvelle contraception en place et respire enfin après toutes ses familiarités.

Tout ça parce que c'est lui qui s'occupait de ma mère quand elle était enceinte de moi ! Je ne suis plus un petit embryon et tu n'as pas à me dire comment je dois vivre ma vie !

J'ai décidé de changer de contraception dès la première fois avec Andréa. La pilule n'étant pas faite pour une tête en l'air comme moi, j'ai opté pour la « facilité » : le stérilet. Cette petite ancre à poser une fois et à ne retirer que quelques années après. Une tranquillité mais qui ne me sera peut-être pas utile si je ne couche plus avec un homme...

Andréa...

Je soupire en me caressant le cou alors qu'il n'est plus marqué. Une habitude développée à chaque fois que je pense à ce connard. Un connard qui sait bien s'y prendre... Mais un connard !

Qui est passionné par son travail et en parle comme un enfant... Mais toujours un connard. Oui.

Flo, ne t'enlève pas de la tête qu'Andréa Simon est un c-

Je m'arrête devant la vitrine de la boulangerie, les yeux grands ouverts : c'est lui. Enfin non, ce n'est pas lui, il n'est pas là. Je veux dire que « c'est son travail ».

Des photos de pâtisseries sont exposées dans ce qui semble être une boulangerie renommée, surement passée dans une émission télé, et dont je reconnais étrangement la patte visuelle.

Oui, j'en suis sûr. J'ai déjà exploré son book attentivement et j'admire même une vingtaine de ses photos : ce sont bien les siennes. Et la signature en tout petit en bas me le confirme.

Pourquoi est-ce que le destin fait tout pour me le mettre devant le nez ? Peut-être que c'est comme il l'a dit, peut-être que j'ai toujours vu ces photos sans y prêter attention. Peut-être que l'on s'est croisé mille fois dans la rue sans se capter (et ce ne serait pas étonnant vu que nous ne sommes pas des dieux/déesses grecs). Peut-être qu'on a fait les mêmes choses, mangé dans les mêmes restaurants aux mêmes moments sans pour autant se remarquer.

Ce n'est pas le destin, ce n'est pas particulier, c'est juste qu'auparavant lui et moi nous ne nous étions pas remarqué parce que nous ne sommes pas remarquables comparé à notre entourage lumineux.

Je repense soudainement à son expression perdue lorsque je suis partie du restaurant. Il était irrité, pas en colère mais plus dans l'incompréhension de ma réaction. Et l'avoir pour une fois déstabilisé lui et son air fier de lui, ça m'a fait du bien.

Je suis certaine que le dominer serait plus jouissant que n'importe quel burger saturé de gras !

En attendant, je suis seule et peut-être amoureuse. Seule et prête à enfiler ma nouvelle tenue pour cette traversée du désert (dans ma culotte) qui m'attend.

« Floriane ? »

Je sursaute, persuadé que le diable a entendu mes pensées, lorsque mes yeux se lèvent vers un homme que je mets quelques secondes à reconnaitre.

— Tristan ? m'étonné-je en baissant les yeux vers la petite fille rousse dont il tient la main. C'est... bizarre de te voir sans tes habituelles chemises. Ça change. C'est quoi ce symbole sur ton sweat ?

— Le symbole de la Horde.

— La quoi ?

— C'est un m-

— PA ! s'exclame la petite. FAIM ! FAIM !

Je retiens un rire et fond presque par tant de mignonnerie se dégageant de sa fille tirant sur son jean. Le grand rouquin se baisse à son niveau avant de frotter sa petite chevelure et de l'embrasser sur la joue, la priant d'être patiente, lorsqu'elle se met à sautiller sur place.

« MAMAN ! FAIM ! FAIM ! »

Une grande brune aux cheveux courts et ondulés sort de la boulangerie avec un éclair au chocolat dans la main et commence à mimer un avion atterrissant dans la main de sa fille.

Je ne me serais jamais douté que Tristan avait déjà une petite vie de famille alors qu'il a... Quel âge à Tristan ?

— Excusez-nous, commence la brune en me souriant, elle a toujours faim ma petite frimousse !

— Sarah, je te présente Floriane Maillard, une de mes collègues.

— Enchanté ! C'est v-

— ENCORE ! s'écrie la petite coupant sa mère.

La femme de Tristan s'excuse alors que la mignonnerie prend encore plus de place dans mon esprit quand je vois le rouquin attraper sa fille pour la porter sur ses épaules, faisant d'elle la reine du monde.

Et à ce moment-là, le sourire du jeune père totalement gaga fait tambouriner mon cœur et réveille en moi un de ces désirs qui ne vient que lorsque je regarde trop de comédie romantique : l'envie d'avoir une famille.

Ou du moins de connaitre leur bonheur à deux, avec ou sans l'enfant au milieu.

Floriane Maillard : experte pour passer d'une idée à l'autre. D'une envie de plan cul à un désir d'être en couple ! Décide-toi pour de bon ma pauvre fille ! Une vraie girouette !



Alors ? Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? Des attentions de Sébastien envers Flo et son désir de renoncer à elle ? 

De la découverte progressive des sentiments de Flo envers Andréa ? Est-ce qu'elle va se décider à y prendre conscience et si oui, comment pensez-vous qu'elle agira par la suite ?

Si ce chapitre vous a plu, n'hésitez pas à voter et donner votre avis en commentaire ! On se retrouve jeudi prochain pour un autre plat savoureux et le retour de ce foutue Andréa Simon !

Photo foorporn du jour 🍕:

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