« Eh oh ! Floriane ! Ce n'est pas encore le week-end ! »

Je sursaute, comme si je venais de me réveiller, et regarde mon patron avec un air perdu.

Avant de me rendre compte que nous sommes en réunion et que c'est à moi de parler.

Je tousse légèrement avant de me lever et de faire mon speech en ne manquant pas de bégayer à certains moments, surtout quand Agathe me dévisage. Je termine maladroitement ma présentation et suis soulagé que Nina reprenne le flambeau.

Lorsque la réunion se termine, Patrick me retient dans la salle, surement pour m'engueuler. Sauf qu'il n'arrête pas de hausser les sourcils, attendant que je parle.

— Alors ? commence-t-il. Malgré la fatigue, on passe du bon temps ?

— Hein ?

— Tu sais, à force de caresser ton cou au même endroit et même si tu détaches tes cheveux, on la remarque. Ta trace « d'acte charnel ».

Par réflexe, je passe à nouveau ma main là où Andréa aime sauvagement imposer sa marque.

— Tu es crevée, tu sembles physiquement souffrir le martyre et ton esprit est ailleurs... Est-ce que tu vas dans des boites sadomasochistes ?

— HEIN ?! Tu penses vraiment que je suis comme ça ?!

— Ou alors tu te tapes un homme brutal qui t'en fait voir de toutes les coul- Attends.

Patrick fronce les sourcils avant de sortir son smartphone et de répondre à un appel. Un appel du diable en personne l'ayant entendu.

« Oui Andréa ! Oui. Non c'est bon, elle m'a fait un débriefe. Je suis avec elle d'ailleurs. Ce n'était pas évident mais vous avez fait du bon boulot ensemble et j'espère que tu voudras à nouveau travailler avec nous !... Oui. Bien sûr ! Le lancement de « Saveur givrée » est prévu dans quelques jours, on fait une petite fête la semaine prochaine dans un bar avec toute l'équipe, si tu veux venir... Oui. Ok. Ahah !... Hein ? D'accord, je te la passe. Flo, Andréa Simon veut te parler. »

Je saisis le téléphone de mon patron, la mine interrogative avant de prononcer un faible « Allo ».

« Je suis sûr que tu es en train de penser ''putain d'Andréa'' à cause de ce que je t'ai fait hier soir dans les loges ».

Je rougis instantanément en entendant sa voix et détourne les yeux de Patrick qui commence à me fixer étrangement.

— Que voulez-vous monsieur Simon ? tenté-je d'un ton professionnel.

— Te taquiner alors que ton patron t'écoute. Te faire repenser à ta provocation d'hier que tu dois surement regretter maintenant.

— Très bon shooting hier. Une vraie alchimie entre les mannequins.

— Entre ton corps et le mien plutôt... Je pensais en arrêter là avec toi mais te prendre est plutôt plaisant. J'aime me battre contre toi et gagner.

— Je ne me souviens pas de ce moment...

— Je vais te le rappeler : ma langue goûtant ta peau, ma main agrippant tes fesses, mes hanches frappant les tiennes, mon s-

— Monsieur Simon, l'interromps-je sentant que ma peau devient cramoisie, n'y aurait-il pas un autre moment pour parler de cela ?

— Hmm... Je suis pas mal occupé en ce moment mais si tu passes chez moi dimanche vers minuit, je pourrais te débarrasser de tes pantoufles de verre ma petite Cendrillon.

Andréa domine trop notre « relation », il est temps de changer les règles.

— Non.

— ...Comment ça « non » ?

— Je n'accèderais pas à votre requête monsieur Simon. Je ne suis pas à votre disposition. Soit vous vous trouvez quelqu'un d'autre pour cette mission, soit vous jouez selon mes règles. Ce sera tout. Bonne journée.

Je raccroche, les joues en feu et le regard de Patrick me jugeant silencieusement. Je lui tends son portable et commence à me masser le cou.

Grosse erreur. Très grosse erreur.

Les yeux de Patrick s'agrandissent significativement avant de laisser apparaître un grand sourire sur son visage.

Il a compris. Fais chier. Pourquoi mon patron comprend toujours tout ?

Patrick ne dit rien et me fait signe de disposer alors que son sourire reste collé sur son visage. Je fuis presque la salle de réunion pour me réfugier dans mon bureau, espérant qu'il ne m'en parlera jamais.

Pas que j'ai honte de coucher avec Andréa Simon mais... En fait si, j'ai honte parce que c'est un chieur perfectionniste qui se croit supérieur à tout le monde.

« Floover ! Ça fait longtemps ! »

Une influenceuse que je connais depuis quelques années, « Healthfoodies », spécialisé dans le foodporn « sain et végétarien », vient me faire une bise chaleureuse avant de replacer mon béret grenat qui tentait de s'échapper.

— Tu n'aurais pas perdu du poids ? Est-ce que tu es allé dans ce restaurant que je t'ai envoyé par message ? Tu as vu leurs desserts au chocolat ?! Bon, bien sûr je n'ai pris que des desserts aux fruits mais j'ai cru que j'allais mourir tellement j'ai aimé !

— Non je n'ai pas eu le temps, le boulot et tout le reste... Mais j'irai ! Tu peux me redonner l'adresse ?

La pile électrique devant moi sort rapidement son téléphone de son tablier avant de m'envoyer un message via Instagram. Je la remercie d'un pouce en l'air avant de me reconcentrer sur ma tâche : faire un plat visuellement bandant.

J'ai été invité à un atelier de cuisine géré par une chaîne de restaurant et sous la direction d'un chef cuisinier. Notre but aujourd'hui, à moi et aux autres « instagrameurs » est de créer un plat simple mais nous représentant nous et notre communauté.

Autant dire que le mien fait jalouser les autres. J'ai voulu faire simple : des crêpes. Mais des crêpes recouvertes de beaucoup de sauce au chocolat avec des copeaux de noix de coco, de sucre glace et de framboise. Un plat simple, un peu gras mais excitant. Un peu comme moi actuellement.

Même si je déteste Andréa, coucher avec lui me fait du bien mentalement. Physiquement c'est un peu plus compliqué vu son côté sauvage...

Ses petits compliments sur mon physique qu'il trouve « magnifique » alors que j'aie des formes, sa façon de me toucher, de m'embrasser comme s'il me désirait depuis des jours, etc. Tout ça me donne l'impression d'être belle malgré mes défauts physiques, d'être intéressante malgré mon caractère complexe et surtout d'être désirable.

Peut-être que c'est Andréa qui a un problème ?

« C'est très beau visuellement... Floover c'est ça ? » me demande le chef alors que je hoche la tête avec un grand sourire.

— C'est Simon qui va être content, poursuit-il.

— ...Simon ? demandé-je en commençant à perdre mon sourire.

— Oui, monsieur Simon va photographier les plus beaux plats et faire un parallèle entre les photos « instagram » et la photographie culinaire.

— Encore un moyen pour prouver qu'il est supérieur... marmonné-je.

— Ah ! Le voilà ! Et il est venu avec sa copine !

... SA QUOI ?

Andréa arrive dans la grande cuisine aménagée pour l'atelier, le bras autour des hanches d'une femme asiatique sublime et surement mannequin. Ils sourient tous les deux à pleines dents alors que mes mains resserrent la moitié de noix de coco a porté.

Lorsque son regard se pose sur moi, son sourire disparaît automatiquement. Même s'il m'a vu peu de fois dans mon attirail de Floover, il n'a aucun mal à me reconnaître moi et mes formes.

Alors comme ça Andréa Simon a une copine et couche avec moi pour passer le temps quand elle n'est pas là... D'accord. D'accord. D'accord !

Alors, qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? De la discussion téléphonique entre Flo et Andréa ? De la découverte de Patrick ? Mais surtout de l'arrivée d'Andréa avec sa copine mannequin ? Je sens déjà les foudres de Flo s'abattre sur lui !

Comme d'habitude, n'hésitez pas à voter et donner votre avis en commentaire si ce chapitre vous a plu ! On se retrouve jeudi prochain !

Photo foodporn du jour 🥞 :