16 - Burger Queen
J'ai l'impression d'être une fugitive. Non, d'être revenue au temps où j'étais étudiante et que je sortais de soirée, affamée. Je m'arrêtais toujours dans un fast-food ou dans un kebab pour me combler totalement.
Et là, je mâche mes frites avec un air blasé, assise en hauteur face à la vitre à observer les passants éclairés par les lumières de la nuit.
« Avec dix kilos en moins »... Oui, je dois perdre du poids. Pas forcément pour être belle, pour ma santé avant tout, mais... Seb sait que je suis complexé alors sous-entendre que je ne suis pas terrible à cause de mon poids, qu'en changeant je serais magnifique... C'est dur à avaler après une journée pareille.
Mon seul réconfort est Floover. On m'envoie de l'amour virtuel à cause de mon rôle de fournisseuse, comme si les gens remerciaient chaque jour Brazzers pour leurs productions...
Je soupire en repoussant mon plateau, lassée de ma vie trop vacillante.
Pourquoi est-ce que le physique importe autant ? Pourquoi est-ce que c'est ce qui nous définit le plus ? Notre personnalité ne peut pas être suffisante ?
*TOC TOC*
Je regarde par la vitre devant moi et manque de cracher mon coca dessus alors que l'homme m'ayant interpellé fait demi-tour pour entrer dans le Burger King. Il s'assoit à côté de moi, tranquillement, limite comme s'il revenait des toilettes, et essuie ses lunettes avec la manche de sa chemise avant d'enfin m'adresser la parole :
— Ben alors ? On cède à la facilité ce soir ? Ce n'est pas très « foodporn », trop classique comme fast-food. Limite tu me déçois.
— Andréa... Pourquoi est-ce que je te croise partout en ce moment ?
— Techniquement, tu me croises partout parce que maintenant on se connait mais sinon je suis sûr qu'en tant qu'inconnu, on s'est souvent croisé. Genre à la salle de sp- Ah non ! C'est vrai ! Tu n'y vas pas ! Trop occupé à prendre des photos comme une amatrice.
Je me contente de soupirer, fatiguée et trop déprimée pour livrer cette bataille avec lui. Mon absence de réponse et mon air las devant mes dernières frites le poussent à me dévisager, l'air grave.
— Tu es déprimé parce que tu es tombée amoureuse de moi et mes coups de reins ? chuchote-t-il en souriant.
— T'es vraiment con Andréa Simon. Ça rime en plus... Con, Simon.
— Qu'est-ce qu'il y a ? insiste-t-il.
— Tu veux vraiment que je me confie à toi ? Un enfoiré de première ?
— Oui comme ça je t'apporte une solution et tu m'es redevable.
— Tu es un être abject. Un diablotin.
— Peut-être, mais je l'assume totalement !
Il arque un sourcil devant moi, attendant que je me livre et, par je ne sais quel maléfice, je cède. Je lui raconte tout, l'altercation avec cette garce d'Agathe, la surprise de Seb mais aussi ma relation avec mon meilleur ami, mes questionnements sur mes complexes et le fait que je ne corresponde pas aux critères de beauté classique.
Andréa est surprenamment attentif et ne fait aucune remarque déplacée comme il en a l'habitude. Son portable a même sonné mais il n'a pas une seule fois regardé son écran. Il m'écoute vraiment.
Après avoir fini mon monologue, je prends une gorgée de coca et attends sa réaction.
— Ton ami, Seb, il t'a dit que tu serais parfaite avec dix kilos en moins ? Il est vraiment con.
— Il a raison aussi... Ce serait pas mal que je perde ces dix kilos pour ma santé. Après, est-ce que ça va me rendre plus belle...
— Tu es déjà magnifique, je ne vois pas en quoi ce serait mieux.
Je bug. Andréa en profite pour me piquer du coca alors que son aveu commence à tourner dans ma tête.
— ...Je suis magnifique ? répété-je en rougissant. Si c'est une de tes ruses pour m'amener dans ton lit... !
— Je suis toujours franc, tu devrais le savoir maintenant. Et de toute façon entre nous c'était un one shot.
— ...Tu penses vraiment que je suis belle ? Avec tout mon gras ?
— Flo, tu es magnifique avec tes formes. Tu es un peu comme une déesse grecque, genre Aphrodite. Tes courbes appellent au désir et peuvent rendre fou n'importe qui. Vraiment. Tu vois, là, rien que d'en parler j'ai un début d'érect-
— TAIS-TOI ANDRÉA ! m'écrié-je pour l'interrompre.
Son rire résonnant dans tout le fast-food m'énerve et me gêne... et pourtant je ne peux résister et me mets à rire avec lui. Et ça fait un bien fou.
Andréa Simon me trouve... magnifique. Et c'est un photographe qui voit défiler des mannequins tous les jours. Et en plus il est sincère. C'est fou.
Il s'arrête de rire en me regardant d'un air taquin avec un sourire en coin.
— Quoi ? demandé-je en rougissant de plus belle.
— Avoue-le.
— De quoi ?
— Que tu es en train de tomber amoureuse de moi et mon charisme.
— T'as vraiment un grain Andréa. Vraiment ! Ce n'est pas parce que je suis flattée par ton compliment que je vais tomber subitement amoureuse. On n'est pas dans un roman d'amour.
— Dommage, j'aurais eu plaisir à te briser le cœur.
— Et voilà ! L'homme abject est de retour !
— Je t'aurais tellement torturé... J'étais tellement heureux de balancer ton foutu téléphone hier soir !
— Ouais merci, j'ai bien vu ton petit sourire de sadique. Mais moi aussi j'ai pris mon pied.
— Tu parles de sexe ou du fait d'avoir balancé mon téléphone ?
Je me contente de sourire malicieusement avant d'attraper mon plateau et de le vider à la poubelle. Andréa répète sa question alors que je commence à partir et il se décide à me suivre en attendant une réponse.
Il continue à me suivre alors que mes petits talons marquent le béton jusqu'à ce qu'il m'attrape par le poignet et me force à lui faire face.
— Est-ce que ça t'a plu, hier soir ?
— Qu'est-ce que ça p-
Je m'interromps moi-même en réfléchissant à pourquoi est-ce qu'il insiste là-dessus.
Pour flatter son égo ? Surement mais... s'il y a bien quelque chose que j'ai appris avec Andréa, c'est qu'il semble cacher ce qu'il ressent vraiment donc... Est-ce que savoir que ça s'est bien passé le rassure ? Que même s'il s'y est pris assez fort, j'ai quand même pris du plaisir ?
— Tu peux me répondre là ? insiste-t-il. Parce que c'est hyper ch-
— J'ai pris mon pied, l'interromps-je en tentant de cacher ma gêne en détournant les yeux. J'ai aimé coucher avec toi. C'était rapide, limite brutale mais c'était vraiment, vraiment bon. Satisfait ?
Andréa me fait un grand sourire avant de s'approcher très près de moi et de me chuchoter :
« Tu penses sérieusement que j'en doutais ? Évidemment que tu as pris ton pied avec moi, petite pucelle. »
Je le frappe à l'épaule alors qu'il continue à sourire et que je regrette ma franchise.
— Est-ce que ça va mieux ? J'ai réussi à te changer les idées ?
— Étrangement, oui.
— Tu me dois un truc alors. Ne t'inquiète pas, je trouverais bien quelque chose de sadique à te faire faire.
— J'ai déjà peur... Mais merci Andréa, vraiment.
Il me fait un clin d'œil avant de redresser sa sacoche et de me faire un bref salut de la main pour partir dans la direction opposée à la mienne.
Andréa Simon est, certes un chieur et à la morale discutable mais il m'a bien changé les idées. Il est capable d'être à l'écoute alors que je pensais qu'il était du genre à parler tout le temps de lui. Et puis... Il trouve que je suis « magnifique ».
J'ai encore du mal à le croire mais si ce n'était pas le cas, il n'aurait pas couché avec moi, n'est-ce pas ?
Alors ? Est-ce que ce court moment au Burger King vous a plu ?
Andréa qui tente de remonter le moral de Flo, c'est chou ❤️
On se retrouve jeudi prochain pour la suite et en attendant n'hésitez pas à voter et donner votre avis en commentaire !
😋😋😋 (déso pas déso)
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