13 - La tanière du loup

« D'accord. Dès qu'il y a un changement dans ton emploi du temps qui peut perturber le planning, tu m'envoies un mail ou un sms. »

Andréa hoche la tête avant de refermer l'écran de son ordinateur portable, de poser ses lunettes et de rejoindre sa cuisine sans un mot.

Je referme mon dossier, contente d'avoir pu accomplir cette tâche ce soir, lorsque je regarde la pendule accrochée à son mur et constate qu'il est déjà 23h30 passé... ce qui fait gargouiller mon ventre comme jamais.

Je me masse les tempes avant de ranger mes affaires et de le rejoindre dans la cuisine alors qu'il débouchonne une bouteille de vin rouge. Il pousse un verre devant moi puis sort une assiette et des couverts, toujours sans rien dire et avec une expression encore jamais vue chez lui. Le calme avant la tempête.

— Je vais rentrer, dis-je en ayant perdu toute mon assurance de début de soirée. Je suis crevée et je travaille demain.

— Comme moi mais je ne pense pas qu'il soit sage que tu repartes le ventre vide alors qu'il crie famine.

— J'ai des réserves de gras, il s'en nourrira !

— Mais moi j'ai une tarte salée dans mon frigo qui attend de toucher les lèvres d'une femme gourmande.

— Tu parles vraiment de la tarte, monsieur le pervers notoire ?

Andréa arque un sourcil avant de se retourner et de me servir de ladite tarte lardons/poireaux. Ce n'est pas le genre de mélange que j'apprécie généralement mais j'ai tellement faim que je ne rechigne pas et n'attends pas mon hôte pour commencer à manger.

« MMMMM ! Bordel Andréa, c'est bon ! » m'écrié-je avant de voir son air lubrique et son mordillement de lèvre, surement pour retenir un rire moqueur. Je l'ignore en le regardant avec autant de dédain que possible et continue à manger.

— C'est toi qui as fait ça ? demandé-je en finissant mon assiette.

— Tu crois vraiment que j'ai le temps de cuisiner ? Et que je cuisine aussi bien ? Je me fais livrer par mes contacts.

— Un photographe culinaire qui n'a pas le temps de cuisiner. C'est ironique.

— On parle de tes deux boulots miss foodporn ?

Je me contente de hausser les épaules en continuant à l'observer : Andréa est, mis à part son métier particulier, un homme normal. Il a ses défauts et... bon, j'ai besoin de temps pour trouver ses qualités. Mais il est loin d'être parfait, d'être le genre d'homme dans les films romantiques qui sont beaux, musclés, attentionnés, dévoués à l'héroïne et, dans le cas présent, bon cuisinier. Le genre... Sébastien.

Seb est le cliché de l'homme dont rêveraient toutes les femmes sauf moi. Car moi, à côté d'autant de perfection, je ne me sentirais jamais à la hauteur. Honteuse et avec une peur de salir l'image d'un homme comme lui, autant désirable.

« Je suis sûr que tu es en train de penser à une connerie dans le genre pizza avec des fraises tagada dessus, dégoulinant de chocolat fondu et saupoudré de morceaux de pop-corn écrasé ! Dégueulasse. »

Encore un point qui fait qu'Andréa est tout sauf l'homme parfait. Et surtout, tout sauf un homme fait pour moi !

Après ce court repas, je termine mon verre de vin et l'aide à débarrasser avant de saisir mes affaires, mon smartphone et de, cette fois-ci, vraiment partir.

— Bon, on a bien travaillé. Merci pour le diner.

— Et comment tu vas rentrer chez toi alors qu'il n'y a plus de métro à cette heure-ci ?

— J'ai un smartphone et Uber. Bienvenue dans le XXIème siècle papy !

— Tiens... attends deux secondes, il y a un truc sur la coque de ton téléphone.

— Ah bon ?

J'ouvre ma main pour l'observer jusqu'à ce que subitement, Andréa attrape mon téléphone, appuie sur le bouton pour l'éteindre et le jette loin derrière lui.

« NON MAIS ÇA NE VA PAS ?! » m'écrié-je en courant jusqu'à l'impact. Je suis soulagé de voir que l'écran n'a rien mais la colère me gagne lorsqu'il met plus de temps que prévu à s'allumer.

Je me relève d'un coup et, en me retournant, me cogne contre le torse d'Andréa s'étant approché sans un bruit. Je le regarde avec toute la haine du monde, les sourcils tellement froncés que j'en ai mal à la tête alors que son air fier de lui me fait serrer les poings.

— Qu'est-ce qui ne va pas chez toi ?! m'écrié-je à nouveau. C'est quoi ton putain de problème ?! Tu ne peux pas te retenir un instant de me faire ch-

— Tu es sexy quand tu te mets en colère, m'interrompt-il avec un sourire en coin.

J'en ai le souffle coupé tellement je ne m'y attendais pas.

— Est-ce que tu as fait ça exprès pour que je reste ici ? demandé-je d'une plus petite voix mais toujours irritée.

— Exactement.

— Tu es en train de me séquestrer alors. C'est quoi la prochaine étape, me violer ?

Et, comme si le mot lui avait fait l'effet d'un coup de poing au visage, son air fier disparaît pour se transformer en autre chose...

Il passe nerveusement sa main dans ses cheveux frisés en fronçant les sourcils et le voir devenir soudainement moins sûr de lui, gêné et plus « fragile » me surprend tellement que je ne me rends pas compte que je me mords la lèvre.

« Pardon. Je vais t'appeler un taxi. Je te rembourserais les dégâts si ton portable ne fonctionne plus. » se contente-t-il de dire d'une petite voix en sortant son téléphone de sa poche.

Il a l'air... vulnérable ? Moi, Floriane Maillard, ai fait perdre son assurance à ce chieur d'Andréa Simon en le rejetant ? Et si... Et si Andréa était comme moi ? Non... Si Andréa était exactement ce que je cherche à devenir ? S'il se réfugiait derrière une personnalité construite de toute pièce pour éviter de souffrir ? Comme moi qui veut devenir plus Floover que la timide Floriane pour arrêter d'avoir mal lorsque l'on me critique et de pouvoir rembarrer sans gêne les autres. Peut-être que je réfléchis trop mais... il me semble avoir vu un instant de la fragilité chez cet homme que rien ne semble pourtant atteindre.

Sortant enfin de mes réflexions, je remarque qu'il fait tout pour éviter mes yeux alors que je me tiens devant lui, très proche.

Son odeur mentholée atteint mes narines et sa voix grave en train de me commander un taxi commence étrangement à me faire frissonner.

Est-ce que j'ai trop bu ? Pourtant je n'ai pris qu'un verre de vin...

« L'adresse ? C'est au 53 rue de la République, merc- »

Andréa n'a pas le temps de finir sa phrase que j'ai déjà attrapé son téléphone pour le jeter loin derrière moi, comme il l'a fait pour le mien. Simple vengeance. Ses yeux s'ouvrent en grand et je sens qu'il est à deux doigts de m'insulter lorsque je le fais taire.

Comment ? En l'attrapant par le col de sa chemise blanche pour mieux l'amener à mes lèvres.

Un baiser rapide, bref, mais qui me fait frissonner avant de lui chuchoter :

« Je te hais, Andréa Simon. »



Bon... Est-ce qu'on peut parler de l'affront d'Andréa ? Il a quand même balancé un téléphone en arrière comme si c'était un linge sale, jdis ça jdis rien.

Sinon, qu'avez vous pensé du chapitre ? Des réflexions de Flo sur Andréa et du fait qu'elle ait craqué ? Je ne vous fait pas attendre plus et vous laisse lire la suite bien citronné 😏

N'hésitez pas à voter pour ce chapitre et à me donner votre avis en commentaire, ça me fait toujours plaisir !

Photo Foodporn du jour 👌 :

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