LE SECRET DE LA PÂTE À PEUTE
Il existe dans le village de Prostipeute, à l'ouest de la Bielle, une spécialité culinaire séculaire au secret bien gardé : le peute, gâteau en forme de petit bibendum grossièrement esquissé, et préparé grâce à une pâte spéciale. On ignore si le peute s'appelle ainsi en hommage à la ville, ou si c'est en mémoire de son créateur, un marmiton du Moyen-Âge qui s'appelait Peute (et aurait au passage contribué à fonder la ville, d'où le fait qu'elle porte en partie son nom – en revanche, personne ne sait vraiment d'où vient le « Prosti »).
Le peute est un petit pâté anthropomorphe qui ressemble à un soufflé mais reste mou, à mi-chemin entre la génoise et le blob, comme une meringue imparfaitement cuite, et qui bouge un peu spontanément, grâce à une levure spéciale dont Peute avait le secret et qui s'utilise encore de nos jours dans le village, dont la demi-vie perdure au-delà de la cuisson. On a ainsi vu des petits peutes tomber de la table et partir en courant, mais comme ils sont gros et tout boursouflés, ils ne courent pas vite et on peut facilement les attraper pour les manger.
Le dernier descendant de Peute, Jean-Peute Peute, continue de les fabriquer mais refuse d'en livrer le secret. « Il faut absolument qu'une femme m'épouse, dit-il, sinon je n'aurai pas de fils et le secret de la pâte à peute sera perdu pour l'éternité ! » Mesdames, à bonne entendeuse !
À noter que le nom « pâtisserie » viendrait à l'origine de « pâtapeutisserie », le nom original de cette activité culinaire, que l'usage aurait simplifié au fil des siècles pour le rendre plus aisé à prononcer. Merci, l'usage.
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