Partie XI

OS écrit par Jaykayhayy.
Pas de prévention particulière.


「 Un peu, beaucoup, passionnément... à la folie ! 」


« ... Nos nez se frôlaient, jouaient entre eux ; nos bouches, avides de contact, se taquinaient malicieusement ; ses doigts vinrent s'entrelacer aux miens, plaquant nos mains brûlantes contre le matelas ; et quant à son bassin, il prit place au-dessus du mien, quémandeur, emplissant mon propre corps d'une chaleur explicite qui tirailla mon être.

Ses yeux accrochèrent les miens, brutalement.

Si fort, que j'eus l'impression de m'y perdre.

De perdre tout de moi.

D'en oublier mes valeurs, mes principes, mes ambitions, la raison même de ma présence sur cette terre, si ce n'était pas pour vivre cet instant, protégé du monde par ses bras nus mais pourtant, agressé, me sentant faible face à ses yeux désireux.

Il devenait tout.

Et moi, je ne devenais rien.

Et puis, sa voix, prononçait mon prénom.

« Jungkook ».

Et c'était toujours la partie que je ne pouvais plus imaginer, car j'en ignorais la sonorité.

Était-elle grave, aïgue, suave, rauque, nasillarde, douce, cassée....

Tout lui irait.

Parce que c'était lui.

Oui, dans mes rêves, il chuchotait mon prénom à mon oreille, de manière sensuelle, dans un souffle brûlant ; celui qui me donnerait des frissons et la chair de poule.

Aujourd'hui encore, je me réveillais de mon rêve.

Aujourd'hui encore, j'avais mal.

J'étais fou d'une personne, qui ignorait totalement mon existence.

...Et ça, c'était la pire des douleurs ».


...


Je l'aimais...



...Un peu.



Comment je pouvais en être sûr, alors que je ne connaissais rien de lui ?

Tout simplement, et aussi artificiel que cela pouvait être, c'est son physique que j'aimais, sa beauté, son charme, sa prestance, ce qu'il laissait voir à l'extérieur. De toutes manières, je n'avais pas le privilège de voir autre chose.

Malheureusement, c'est justement cette singularité qui faisait que je n'avais aucune chance. Des dizaines de personnes devaient être à ses pieds, toutes plus belles les unes que les autres, et il n'avait juste qu'à choisir parmi elles, au gré de ses envies.

Et moi, j'étais fou d'une apparence physique. Évidemment, je n'étais pas fier de cet amour superficiel. Mais je n'y pouvais rien.

« Ça ne se contrôle pas ».

Au point d'en rêver la nuit, dans des situations, et positions, de plus en plus folles avec le temps...

Et depuis combien de temps cette phase durait, pour arriver à ce point d'obsession ?

Aujourd'hui, ça allait faire un mois.

Non, vingt-neuf jours exactement. Depuis une heure trente-sept du matin.


_ Tu m'écoutes, au moins ?

Mes yeux suivirent les mains de mon ainé qui bougeait devant mon visage, de manière à capter mon attention. Je papillonnais des yeux, me rendant compte que j'étais encore en train de me prendre la tête avec ça, puis mis du temps à comprendre le contexte.


Il fallut que je remarque l'étagère remplit de livres en arrière-plan pour que je saisisse le lieu, et surtout la raison de ma présence ici. Mais la patience de Jin fut moins forte que mon temps de réaction particulièrement long.

_ Ça suffit, j'en ai marre, je jette l'éponge. Il accompagna ses paroles avec de grands mouvements de bras, tandis que je regardais autour de nous, gêné d'attirer l'attention sur nos personnes, n'étant pas très à l'aise avec le regard des autres. Tu ne fais aucun effort ! Tu prétends que tes résultats ont baissé, mais tu ne fais rien pour y remédier. Et quand j'ai la gentillesse de bien vouloir t'aider, tu rêvasses !

Mon aîné était quelqu'un de très démonstratif, de très expressif, voire presque dans l'excès lorsqu'il s'agissait de s'exprimer. Tout l'inverse de moi donc, qui baissa la tête, jouant avec ma page vierge, honteux.

_ Désolé...

Que pouvais-je dire d'autre ? Ma raison n'était pas valable, et je n'avais aucune autre excuse quant à mon manque d'attention.

Personne n'était au courant.

Je ne voulais pas que ça se sache. Car ce n'était pas normal.


Bien sûr, je n'étais pas idiot. J'étais parfaitement conscient de ce qui m'était arrivé, et en aucun cas je ne le niais, ou l'ignorais. Je n'avais même pas le courage de jouer à celui qui ne comprenait pas, qui ne s'en rappelait pas.

Ce soir-là, j'avais été frappé par la foudre :

Je n'avais jamais ressenti ça pour un homme, et j'aurais souhaité que cela n'arrive jamais.

Tout aurait été si simple.

_ Jungkook.

Prit par mes pensées, je ne m'étais même pas rendu compte de mes yeux brillants, des larmes – ces traîtresses – venaient d'y prendre place traduisant mon mal-être intérieur, venant de me vendre à mon ami dont la voix s'était quelque peu adoucie.

_ Mh ? baillais-je, trouvant en vitesse un prétexte pour essuyer le coin de mes yeux.

Jin soupira. Il était loin d'être dupe, et je le savais.


_ Tu peux me parler, il tenta quand même. Si quelque chose ne va pas.

Ces derniers-temps, j'hésitais.

Durant les quelques jours qui avaient suivi cette soirée, je m'étais renfermé sur moi-même, m'interdisant de parler de ce que j'avais ressenti. Et pourtant, dernièrement, cela me pesait tellement que je me demandais si finalement, tout avouer me soulagerait d'un poids.

Je connaissais mon aîné comme quelqu'un de bon, d'ouvert d'esprit, mais maintenant, je ne savais pas comment aborder le sujet.

_ Ce n'est rien... dis-je en détournant le regard, me détestant momentanément pour ma lâcheté. Je suis juste un peu fatigué.

Grâce à mes cernes – conséquences de mes rêves et pensées récurrentes – cette excuse n'était pas totalement dénuée de sens.

J'étais vraiment fatigué.

Jin soupira de nouveau.

Il savait que je mentais.

Mais comme d'habitude, il ne chercha pas à insister. À la place, il m'informa, véritablement inquiet.

_ C'est bientôt les examens du premier semestre, et j'ai l'impression que plus on s'en approche, plus tu es perdu. Je ne sais plus quoi faire...

J'allais répliquer qu'il ne devait pas se prendre la tête avec ça, qu'il n'y était pour rien et que je ferais mon possible, mais son visage s'illumina comme lorsqu'il trouvait une « bonne idée ».

_ Hey, Jimin ! il cria, et de nouveau, tout le monde se retourna vers notre table tandis que je me cachais avec mon manuel.

Il y eut même des protestations des autres étudiants dans la bibliothèque, et celle du nouveau venu avec.

_ Ne crie pas dans la bibliothèque, le gronda l'interpellé, en se dirigeant vers notre table. Bonjour, Jungkook, me sourit-il.

Je l'aimais bien, Jimin, il était si doux. C'était un garçon qui avait le cœur sur la main, et il était connu pour ça. Ce genre de personne qui te faisait perdre toute confiance en toi lorsqu'il s'approchait trop près, parce que tu souffrais de la comparaison. Il rayonnait.

Et je crois même que si j'avais été une fille, j'aurais eu du mal à ne pas tomber amoureuse de lui.

Enfin, le problème, c'est que j'étais déjà tombé amoureux d'un autre.

_ Qu'est-ce que vous faîtes ? il demanda, en penchant la tête sur le côté pour tenter de lire mon manuel.

_ J'étais en train d'aider Kook avec ses maths, mais monsieur est dans la lune, lui répondit Jin. D'ailleurs, c'est pour ça que je t'ai appelé. Je pensais que tu pouvais-

_ Oh, je vois, Jimin ouvrit les yeux, perspicace. Je suis désolé, j'aurai bien voulu t'aider, mais je suis vraiment nul en maths.

Oh, un défaut.

Cependant, comme s'il m'avait entendu, et après avoir réfléchit quelques secondes, il s'empressa d'être surprenant.

_ J'ai une idée, déclara-t-il en tapant quelque chose sur son téléphone, tandis que Jin et moi-même le regardions curieux.

Nous attendions ainsi cinq bonnes minutes, durant lesquelles nous discutions des cours en général, puis nous nous fîmes interrompre.

_ J'suis là.

_ Ah, t'as fait vite, répliqua Jimin, le seul qui était au courant de sa présence, puisqu'il n'était autre que celui qui l'avait appelé.

Jin et moi tournions la tête en même temps, mais cependant, notre réaction fut fondamentalement différente. Il le pointa du doigt, tandis que je me paralysais dans un premier temps, avant que mon instinct ne m'indique de baisser la tête, comme si ce geste pouvait me gommer de l'espace.

Je devais encore rêver, ce n'était pas possible autrement.

_ T'es le gars qui m'a sauvé la dernière part de pizza à la soirée de Nam' ?

_ Certainement, il pouffa, amusé de cette information qu'il venait apparemment d'apprendre.

Sa voix.

Je restais bloqué, le regard sur ma feuille, n'osant même plus relever la tête.

C'était le troisième mot que j'entendais de sa bouche, et il était accompagné d'un petit rire. Pourtant, sa voix était la parfaite combinaison de la force et de la douceur.

_ Ton prénom, déjà ? sa voix s'amusa à flatter mes oreilles, comme si ce n'était pas déjà assez.

_ Seokjin. Mais tu peux m'appeler Jin, il répondit, puis continua, d'une voix reconnaissante, mais surtout avec des mots exagérés. Et celui de mon sauveur ?

J'avais l'impression d'être totalement transparent, tant je ne faisais aucun geste, et aucun bruit. Pourtant, à sa question, je ne pus m'empêcher de déglutir. J'allais enfin avoir une information supplémentaire. Un prénom à poser sur son visage parfait.

_ Taehyung.

Taehyung.

Quel beau prénom.

Il seyait parfaitement à celui qui hantait mes nuits, depuis que j'avais eu le malheur de le croiser.

Mais alors que j'espérais que celui-ci, après être gentiment venu se présenter, fasse demi-tour afin que je puisse de nouveau être à l'aise, Jimin contrecarra mes plans.

_ J'ai un service à te demander. Jimin lui adressa, en passant son bras autour de ses épaules.

_ Ça dépend.

Taehyung était méfiant, mais en même temps, à la manière dont il regardait le blond à ses côtés, il était difficile de croire qu'il pouvait lui refuser quelque chose.

_ Mon ami a du mal avec les maths... Il expliqua la situation, sans détours. Et comme t'as de supers notes, j'me demandais si tu pouvais pas l'aider quelques temps, au moins histoire de lui faire passer son semestre tu vois ?

Le châtain avait écouté sans le lâcher du regard, et puis, fatalement, il avait reporté son attention sur notre table pour voir de quel ami il parlait.

Moi donc.

_ Il parle de lui. Jin roula des yeux au ciel en me désignant, voyant que je n'étais même pas capable de me dénoncer tout seul.

Et voilà, il avait attiré son attention sur moi. Il ne fallut pas beaucoup de temps avant d'avoir une réaction.

_ Oh.

C'était le premier son qui était sorti de sa bouche, lorsqu'il avait enfin remarqué ma présence. Et moi, je ne lui avais toujours pas adressé un regard, ayant bien trop peur qu'il puisse lire en moi. Ce qui serait très dangereux si l'on prenait en compte tous les rêves que j'avais fait de lui.

Cependant, je ne pus me retenir, lorsqu'il prononça la question, non, l'affirmation suivante.

_ Tu es Jungkook, n'est-ce pas ?

Il... Il me connaissait ?

Je relevai vivement la tête, tombant sur son visage angélique penché vers le mien, détaillant mes traits comme s'il essayait véritablement de me reconnaître, de m'analyser. Moi, je papillonnais des paupières ; d'abord surprit ; ensuite confus.

_ Comment...

_ Je vais te donner mon numéro. Il ne me laissa même pas finir, arrachant un morceau de ma feuille, et m'empruntant un stylo pour m'écrire la suite de chiffres qui me permettrait de le joindre.

Envoies-moi un message quand tu as besoin d'aide, d'accord ?

Alors... C'était vraiment bon ? Il acceptait aussi simplement que ça ? Son arrivée et notre interaction avaient été tellement rapide que j'avais du mal à le croire. Et puis ce scénario était vraiment précipité, digne d'une romance pour adolescents.

Malgré tout, je hochais la tête, perturbé, tout en attrapant le papier qu'il me tendait.

_ Merci Tae' ! Jimin le remercia, véritablement heureux d'avoir fait une bonne action. Bon, on va vous laisser bosser, à plus tard les gars !

Jin les salua en retour, tandis que mes yeux vides s'accrochaient au numéro comme pour m'assurer qu'il était bien réel.

Ma situation était tout de même ironique :

Le problème, devenait la solution.


...


Se rapprocher de quelqu'un pour qui on a une folle attirance physique de manière amicale, c'est la pire des erreurs. Évidemment, dans cette histoire, j'avais foutu les pieds dedans, et même jusqu'aux cuisses.

Taehyung et moi avions passé beaucoup de temps ensemble. D'abord pour des cours particuliers, ensuite, pour des passions que nous avions en communs – comme s'il ne m'intéressait déjà pas assez.

Si bien, que nous étions devenu amis ; du moins, il définissait notre relation comme ça.

Au début, ce n'était pas facile : j'avais eu beaucoup de mal à être naturel, à m'ouvrir et surtout à ne pas être mal à l'aise en sa présence. Mais avec le temps, j'avais appris à apprécier cette chance, celle de pouvoir lui parler, le côtoyer, l'observer de près.

J'arrivais plus ou moins à me comporter naturellement avec lui, à sourire, à rire et à aligner correctement mes mots.

Cependant, je ne savais pas ce qui était le moins douloureux entre cette situation, et celle d'avant, qui consistait à lui être totalement inconnu.


Car je l'aimais, Taehyung...

...Beaucoup.


Et comme si son physique parfait ne suffisait pas, il avait fallu que j'aime aussi son caractère.

Cette ellipse était le résultat de notre rapprochement, d'une amitié à sens unique : pure d'un côté, dévastatrice de l'autre... Mais alors que je croyais pouvoir être fort, pouvoir la vivre ainsi et supporter ma condition, un autre facteur entra en jeu...

Je courrais dans les couloirs, mes jambes tapant le sol de manière violente et brutale, mais déterminées, forçant les étudiants à se décaler sur le côté, me lançant des regards parfois surpris, parfois énervés.

Mais aussi curieux que cela pouvait l'être, je m'en foutais pas mal, des regards sur moi, en ce moment précis.

Tout ce que je voulais, c'était voir Taehyung.

Ma respiration était irrégulière, mes cheveux désordonnés par cette course, lorsque j'ouvris brutalement la porte du club de couture que fréquentait le châtain à cette heure-ci, le jeudi soir.

_ Tae' !

J'attirais l'attention des étudiants présents. Enfin sûrement. Parce que le seul que je captai, ce fut celui de mon aîné préféré, assis à une planche de travail, en pleine confection d'une pièce. Voyant mon état, il se leva aussitôt, alerté, puis se dirigea vers moi.

_ Qu'est-ce qui se passe ? Il me demanda, ses yeux inquiets jonglant entre les miens, simplement satisfaits d'enfin le voir.

Il était si doux. Il me reposait. Je me sentais bien, lorsqu'il était là.

Je repris mon souffle, m'appuyant sur mes genoux, puis je relevai le visage vers le sien, souriant de toutes mes dents.

_ J'ai réussi ! je m'exprimais. J'ai eu la moyenne, je passe le semestre !

Sa réaction se décomposa en trois moments.

D'abord, la confusion.

Puis, l'assimilation.

Et enfin, la joie.

Seulement, s'il y avait une chose que j'avais bien appris de Taehyung, en passant ces derniers temps à le fréquenter, c'était sa facilité à approcher les autres. Il avait tendance à exprimer ses émotions, de manière très tactile. Je n'en avais jamais été la victime, puisque nous n'en avions pas eu l'occasion, mais je l'avais remarqué lorsqu'il était avec Jimin – d'ailleurs, je ne comptais plus le nombre de fois où j'avais ressenti de la jalousie à son égard.

Mais je n'eus pas le temps de me reculer, qu'il m'attrapa les bras pour me tirer vers lui, enfermant mon corps dans une forte étreinte.

_ C'est génial Kook ! il me cria l'oreille.

Et ce fut là que tout se bouleversa. Moi qui croyais avoir appris à gérer cette amour pour lui, je comprenais que je m'étais trompé. Il avait suffit d'un seul contact pour me le rappeler.

J'étais complètement ballant dans ses bras, entre le rêve et le cauchemar, la paralysie et l'extase.

La peur, et la folie.

Mes sentiments pour lui avaient pris le dessus.

Et ce n'était plus vivable.

Je tremblais presque, ma gorge était si serrée que j'avais du mal à respirer, et mes yeux étaient dilatés. J'étais incapable de lui rendre ce câlin qui pourtant, était à la base de tous les rêves que j'avais pu faire à son sujet.

Il me rendait fou.

Il se recula un peu, caressant délicatement ma nuque pour me détendre – il avait dû se rendre compte que j'étais tendu – puis essaya d'intercepter mon regard, en vain, puisque je le détournais sans cesse.

Puis, il dû comprendre mon malaise, puisqu'il me lâcha complètement, fronçant tout de même les sourcils.

_ Je... Je regardais son cou, conscient que je devais faire mauvaise impression, d'autant plus que je l'avais pas encore remercié. Merci pour les maths, d'avoir pris le temps de m'aider. C'est grâce à toi si j'ai réussi... Je ne t'embêterais plus au deuxième semestre , alors ne te force pas à venir me parler ou quoi, je-

_ Tu lui donnes pas ton cadeau, Tae' ?

Je m'étais fait couper par un autre élève, qui n'était d'autre que la voix à la teinte malicieuse de Jimin.

Celui-ci était accoudé à un bureau, sa main maintenant sa joue, tandis qu'un sourire amusé déformait ses lèvres.

_ Mais tais-toi, tu gâches la surprise ! Il se retourna vers lui, faussement énervé.

Je regardais leur échange, confus, tandis que Taehyung me fit dos pour aller récupérer quelque chose sur sa table de travail. Puis il refit le même trajet, mais cette fois-ci pour me le tendre.

_ Je ne pensais pas que tu aurais les résultats aussi tôt... Il commença, tout en se grattant la nuque, un peu gêné. Mais je savais que t'y arriverais, et je voulais te faire un cadeau pour te récompenser. Comme c'est l'hiver, j'avais pensé à une écharpe, pour ne pas que tu attrapes froid. C'est pas de la super qualité, et ce n'est pas parfait, mais j'y ai passé du temps. Prends-là, s'il te plaît.

Je pris l'écharpe dans mes mains, n'ayant toujours pas comprit ce qu'il venait de faire.

_ C'est vrai ça. Yoongi, que je connaissais que de nom, rajouta. Il est vraiment pas doué, et il s'est coupé à maintes reprises, mais il voulait vraiment te faire plaisir, et y a passé toute la nuit dernière-

_ Tais-toi !

J'entendis des rires extérieurs, et le début d'une petite dispute entre les deux, mais j'étais beaucoup trop concentré sur l'écharpe que je tenais pour tout assimiler.

Il m'avait vraiment fait une écharpe ? Pour ne pas que j'attrape froid ? Je ne pus empêcher un sourire niais et satisfait de prendre place sur mon visage, un peu rougi.

_ Merci ! je les coupais. Merci, vraiment, c'est parfait.

J'avais de nouveau leur regard sur moi, mais en silence cette fois-ci. Taehyung analysa mon visage, puis se racla la gorge.

_ Ok, mais je dois juste te prévenir sur un petit truc, que ce soit clair pour toi.

Mes yeux rieurs devinrent bien rapidement confus.

_ Oui ? Je ne pouvais m'empêcher d'être nerveux.

Il était magnifique, lorsqu'il était sérieux. Ses yeux semblaient autoritaires et déterminés, ses sourcils étaient froncés et son nez froissé... J'eus du mal à l'admirer discrètement, et je remerciais les autres de n'avoir jamais fait de remarques à ce sujet.

_ Ce que t'allais dire tout à l'heure, il développa. On est amis, maintenant. Alors ne crois pas que je ne vais plus t'embêter au semestre deux. Je le ferais. Et encore après.

Et sa promesse me fit aussi de mal que de bien. Il continuerait d'être présent, mais en tant qu'ami...

_ C'est de l'harcèlement. Remarque de Yoongi, encore.

Je n'écoutais plus Taehyung qui se retourna vers lui, répliquant à son sarcasme d'une manière faussement énervé. Je le regardais simplement, son profil rieur, ses yeux plissés, ses cheveux châtains et ondulés qui retombaient parfaitement sur son front.

Oui, j'étais fou de lui.

Et, dans cette ambiance bruyante mais joyeuse, je tournai la tête en sentant un bras entourer mon épaule. Je remarquai bien rapidement qu'il s'agissait de Jin – tout comme le fait que son toucher ne me faisait absolument rien ressentir.

_ C'est le moment pour moi de vous annoncer qu'on part en voyage, les enfants.


...


Le trajet dans la voiture n'avait pas été très long. L'endroit où nous emmenait l'ainé de la bande – composée de ce qu'il avait nommé ses amis les plus proches – n'était pas très éloigné de notre ville.

Pour faire simple, il nous emmenait dans un des chalets de ses parents, à la montagne. Et si nous avions tous été très heureux de nous y rendre en ces vacances d'hiver, je n'étais pas au mieux de ma forme.

Le problème : encore et toujours, Taehyung.

Enfin, non, il fallait que j'arrête de me voiler la face : le problème, c'était moi.

Moi, mon amour fou pour lui, et en premières loges, ma jalousie.

J'avais passé la totalité du trajet, la tête contre la vitre à observer le paysage, triturant mon écharpe dans ma main. À mes côtés se trouvait Hoseok, un gars sympathique qui n'avait pas arrêté de danser sur la musique, et qui se trouvait être l'un des meilleurs amis de Yoongi, qui assis à sa droite avait passé la totalité du trajet à dormir.

Aux sièges avants se trouvait Jin, le conducteur de l'espace, et à ses côtés Namjoon, son meilleur ami, qui lui lisait un livre en anglais.

Et enfin, derrière nous, il y avait Jimin et Taehyung. Eux, ils avaient chanté. Tout le long. Avaient beaucoup discuté aussi, et s'était assoupis l'un contre l'autre, selon les dires de mon voisin de siège.

Quant à moi, j'avais juste essayé d'ignorer leur proximité, leur entente. Les deux étaient, et ça sautait aux yeux de n'importe qui ne les connaissant pas forcément, ce qu'on pouvait appeler des âmes sœurs.
Je n'avais pas ma place à leurs côtés, et donc, le plus juste pour moi était de subir leur complicité.

Voilà en quoi ce voyage n'allait pas être des plus agréables, même si je comptais bien en profiter au maximum.

Nous étions tous sortis de la voiture, laissant nos bagages derrière nous alors que nous courrions comme des enfants vers le chalet pour voir l'intérieur. Spacieux et très chalet, je n'en attendais pas moins de la part de mon vieil ami dont les parents possédaient de nombreuses propriétés aux quatre coins du pays.

Après nous avoir fait visité, nous nous étions retrouvés sur les canapés du salon, chocolat chaud en main, afin de parler d'un sujet important.

_ Un tirage au sort, c'est plus marrant ! Hoseok affirma, en parlant de la répartition dans les chambres.

Je trouvais aussi que c'était une bonne idée. Peut-être parce qu'au fond de moi, je croyais à la chance. Il y avait trois chambres en tout : une avec un lit double, une seconde avec trois lits séparés, et la troisième avec deux lits.

Forcément, j'avais un ordre de préférence bien précis.

La meilleure option serait de me retrouver dans la chambres à deux lits simples avec Taehyung. Ainsi, j'aurais des prétextes pour lui parler et passer du temps seul avec lui.

Quant à la pire, ce serait de me retrouver dans la chambre au lit double... Avec Taehyung. Tout simplement parce que je ne me faisais pas confiance, et que je ne pensais pas pouvoir supporter aisément une telle proximité.

Je serrais mon écharpe dans mes bras, comme si celle-ci me prêterait chance, durant tout le long du jeu de hasard.

Et puis...

- Ok, donc ça nous fait : Yoongi, Jin et Namjoon dans la chambre 2 ; Jimin et Taehyung dans la chambre 3, et donc Jungkook et moi-même dans la chambre une. Hoseok, en maître de cérémonie, nous annonça.

J'avais la chambre avec le lit double... Mais pas Taehyung.

Non, celui qui l'avait, encore, c'était Jimin, et je forçais à croire que ce n'était pas le destin.

_ Ça te va, Jungkook ? Hoseok me demanda, un sourire doux aux lèvres.

Je cachais ma déception en lui rendant son sourire. Après tout, il m'avait l'air gentil, et peut-être que sa bonne humeur et son énergie me remontrait le moral.

_ C'est parfait, je lui répondis. C'est une bonne occasion pour apprendre à se connai-

_ J'ai besoin de dormir en serrant quelqu'un, me coupa Taehyung, en faisant la moue, les yeux dans le vide.

Je captai son regard, et ce fut le premier échange visuel que nous partagions depuis notre arrivée ici, lui étant bien trop occupé à câliner son meilleur ami. Et justement, bien vite, il détourna le regard lorsque celui-ci l'appela.

_ Tu viendras dans mon lit, le rassura Jimin, tout en lui caressa la nuque, et ce fut à mon tour de détourner le regard, en serrant les points.

Forcément, et c'était tout à fait normal. Jimin était adorable de lui proposer, d'autant plus que dans un lit simple, ils seront encore plus proches...

Je devais arrêter de ne penser à ça.


...


Hoseok était si drôle.

C'était vraiment quelqu'un qui savait mettre à l'aise, et qui se liait d'amitié avec autrui en très peu de temps. Pour ma part, une soirée à ses côtés avait suffi. Après le repas, nous étions tous fatigués, et étions allés dans nos chambres après nous avoir souhaité bonne nuit – Taehyung m'avait affectueusement frotté les cheveux, et je n'avais pas pu m'empêcher de sourire comme un idiot.

Puis, avec mon nouveau colocataire de chambre, nous avions pas mal discuté. De tout et de rien. De films de super-héros que nous apprécions, de notre nourriture préférée, de notre famille, de choses basiques que nous avions en commun et qui nous avaient permis de mieux nous connaître...

Si bien que j'avais l'impression d'être son ami depuis de bonnes années, ce qui autorisait la blague.

_ Vous avez bien dormi ? nous demanda Jin en croquant dans une galette de riz soufflé, alors que Hoseok et moi apparaissions dans la cuisine.

Nous étions apparemment les derniers à nous lever. Ce n'était pas étonnant puisque nous avions beaucoup tardé la veille, nos discussions passionnantes nous conduisant à l'insomnie.

_ Bof. Jungkook ne m'a pas laissé dormir...

_ Dit-il. Je roulais des yeux au ciel, et je fus moi-même étonné de mon aisance avec lui.

Mais alors que je pensais que le sujet était clôt, attrapant une pomme verte appétissante et m'apprêtant à croquer dedans, une voix rauque et matinale me coupa dans ma démarche.

_ Ah ? Taehyung ne me lâcha pas des yeux. Et on peut savoir pourquoi ?

Je ne savais pas si ses mirettes exprimaient simplement de la curiosité, mais dans tous les cas, son regard sur moi était si intense qu'il me déstabilisait. Heureusement, Hobi répondit à ma place... toujours avec une pointe d'humour.

_ Il en pas l'air à première vue, mais il est plutôt bavard, le Jungkook, ricana-t-il. Et puis... dormir dans le même lit qu'un gars torse nu aussi bien foutu... J'en suis encore tout émoustillé.

_ Ne dis pas n'importe quoi , rouspétai-je, en m'asseyant à ses côtés, tout en refermant par réflexe ma chemise de nuit que j'avais enfilé à la va vite avant de descendre.

Les autres se mirent à rire face à ses propos et ma gêne évidente. Oui, je dormais torse nu, même en hiver, car je ne supportais pas avoir un t-shirt sur le corps. Je me sentais plus libre ainsi.

_ Bien sûr qu'il est beau mon Kook, termina Jin en avalant la fin de son café. On dirait pas comme ça, mais c'est un sacré bonhomme.

_ Ça suffit.

J'avais terminé la conversation, n'aimant vraiment pas être au centre de l'attention.

En fin de matinée, nous étions allé chercher du matériel pour skier.

Nous avions ainsi passé la journée dehors, certains à profiter de la montagne pour faire une randonné, d'autres à simplement visiter les alentours pour observer le paysage... Il n'empêche que cette journée avait été rafraichissante et revigorante pour tous.

Nous étions à présent devant le chalet, sur la terrasse, et je regardais, amusé, Namjoon et Jin se battre comme des enfants pour avoir la luge. Il était aux alentours de dix-huit heures lorsque Hoseok, Yoongi et Jimin partirent occuper les salles de bains disponibles de chacune des chambres pour faire leur hygiène personnelle.

Soudainement, une masse froide me transperça le cou, à travers mon écharpe, et je me crispai sur place. Mais alors que je pensais rêver, un petit rire qui ne m'était pas inconnu parvint à mes oreilles.

_ Hey ! Je me retournais, me levant pour lui faire face. Tu trouves ça drôle ?

J'essayais de paraître convaincant, mais je ne pus m'empêcher d'être attendri lorsque je fis face à Taehyung.

_ Oui ! Celui-ci se mordit la lèvre pour s'empêcher de sourire, véritablement amusé.

Je secouais la tête négativement, ne trouvant rien à répondre. Seulement, j'avais bien une idée de vengeance derrière la tête.

_ T'es-tu déjà lavé, Tae' ? Je demandais, avec la première question qui m'était venu pour l'occuper.

_ Non. Il fronça les sourcils, ne comprenant pas ce changement d'ambiance. Jimin prend tout son temps... Pourquoi ? Bizarrement, il se montra curieux.

Discrètement, pas par pas, je me reculai pour que mes mains puissent accéder à la rambarde enneigée qui encadraient la terrasse du chalet.

_ Comme ça...

Il remarqua maintenant que je m'étais éloigné, et chercha à se rapprocher, en quête de proximité.

_ Que fais-tu, Jungkook ? Il sembla se rendre compte que je ne me comportais pas naturellement – mais bon, il devait avoir l'habitude.

Seulement, il fut rapide, et avant même que je ne fasse un geste, il vint attraper mes hanches de manière à les bloquer contre la rambarde.

Mon cœur s'accéléra et mon ventre se réchauffa, tandis son visage vint prendre place en face du mien, son souffle froid glaçant presque mes lèvres.

_ Arrête de m'échapper. Il soupira, et je perçus une pointe de douleur dans sa voix.

Cependant, je choisis de l'ignorer, pour ma propre santé mentale, et de mettre mon plan à exécution.

_ D'accord. Je souriais, malicieusement, et il fronça encore les sourcils.

_ ... D'accord ? Il déglutit presque, comme si ma réponse lui avait fait comprendre autre chose, comme si l'on s'était mal comprit.

Pour la première fois, ma main vint se poser sous son visage, délicatement, afin de le relever. Cependant, j'avais sous-estimé cette sensation, et j'eus du mal à m'empêcher de caresser sa mâchoire. Je jouais à un jeu dangereux avec moi-même et mes limites. Je fus surpris de le voir fermer les yeux, en toute confiance, et cela ne m'aida pas à me forcer à reculer.

Puis, mon autre main attrapa la boule de neige que je venais de former, et je réussis à la passer sous le col de sa doudoune, appréciant son cri de surprise face à cette froideur. Je profitais évidemment de cette faille pour m'enfuir de ses mains, sautant par-dessus la rambarde et atterrissant dans la neige.

Là, je le regardai, en contre-plongée, satisfait de moi-même.

_ C'est pour ça que je t'ai demandé si tu t'étais lavé...

Il haussa les sourcils, surprit de mon audace, puis un sourire noir, mauvais, affreusement attirant vint prendre place sur ses lèvres.

_ As-tu déjà mangé, Jungkook ? Il me demanda, ironiquement, et je compris évidemment ce que ça présageait, jusqu'à qu'il me l'explicite en un mot : Cours.

Il ne me laissa pas de temps d'avance, et sauta aussitôt par-dessus la rambarde pour me rejoindre, tandis que j'avais déjà commencé à détaler en riant à gorge déployée.

Je passais en courant devant nos deux aînés qui semblaient s'être mis d'accord pour faire de la luge chacun leur tour, tandis qu'ils virent Taehyung à mes traces quelques secondes après.

Arrivé un moment où je n'en pouvais plus, ou je ralentissais contre ma propre volonté, et où, dans un élan d'espoir, je me retournai pour négocier, pour m'excuser, et ainsi éviter qu'il ne me fasse manger de la neige. Mais le châtain ne m'en laissa pas le temps, il me plaqua dos contre le sol, m'empêchant toute tentative de fuite.

Aussitôt, il commença prendre de la neige autour de nous et à l'approcher de mon visage, taquin, alors que j'essayais tant bien que mal de me débattre, tournant la tête sur le côté pour ne pas lui faire face.

_ Arrête ! Je m'écriais, non sans rire.

_ Tu m'as cherché, tu m'as trouvé. Il se défendit, attrapant mon menton pour forcer mon visage à lui faire face.

_ C'est toi qui a commencé ! Je répliquais tel un enfant, lorsque je rencontrais ses yeux.

Et puis, forcément, il y eut cet échange visuel.

Nos yeux étaient rieurs tandis que notre respiration était courte. Curieusement, sa main se baissa, et il lâcha la neige qu'il avait dans sa paume de gant, la posant finalement à côté de ma tête pour se maintenir.

J'étais si bien en cet instant que j'en oubliais notre position, et le fait que je devais être mal à l'aise en sa présence.

J'aimais ce moment.

Seulement à nous deux.

Il était si beau, au-dessus de moi.

Sa main vint approcher mon visage, et dans un geste délicat, il retira la neige qui avait élu domicile dans mes cheveux, suivant du regard la chute de la poudre jusqu'au sol.

Moi, j'en profitais pour l'observer d'aussi près.

Mais il attrapa bien vite mes yeux qui détaillaient son visage, jonglant de l'un à l'autre dû à notre faible proximité, et ce fut encore un moment durant lequel, sans mots, nous nous exprimions sensiblement.

Et je crus rêver – j'avais eu tellement de faux espoirs – lorsque ses yeux quittèrent les miens pour descendre un peu plus bas...

Et puis, comme dans mes rêves les plus fous, au moment le plus important, je me réveillai, et me retrouvais frustré. Ce fut Jin qui s'en chargea, dans le monde réel :

_ À table ! Nous entendîmes, en arrière-plan.

...


Je me sentais étrange.

Entre la satisfaction, et la gêne.

Nous étions rentrés, sans nous adresser un mot, et pourtant, Taehyung avait été particulièrement tactile lors du repas. D'abord, en s'asseyant à côté de moi, et ensuite, en me touchant sans cesse, grâce à de petits prétextes qu'il inventait au fur et à mesure. Il avait bien sûr également parlé avec les autres, profité avec Jimin, mais c'était comme si toute son attention m'était réservée.

Et comme toujours, mon cœur faisait des siennes. Était-je heureux de toute cette affection, qu'il fasse enfin attention à moi depuis le début du séjour, ou au contraire, est-ce que cela était négatif pour mon pauvre cerveau qui se faisait des films ?

Ce soir, nous avions décidé de nous rendre dans des sources chaudes, dans l'hôtel d'une petite ville voisine. Nous étions actuellement avec Hoseok dans les couloirs des vestiaires, avec pour habit une seule serviette autour de notre taille – bien que nous avions gardé un short de bain en dessous.

_ Jin a réservé un compartiment j'crois. Il ne voulait pas éblouir les autres clients avec sa beauté, truc comme ça.

Je ricanais, ne doutant pas une seule seconde qu'il s'agissait là des paroles de mon aîné.

Et puis, bien vite, nous ouvrîmes la porte indiquée, reconnaissant les voix de nos camarades – peu discrets – et le bruit de l'eau. De la fumée floutait la pièce, et je ne pus m'empêcher d'expirer d'aise lorsque la chaleur lourde vint assommer mon corps, détendant automatiquement mes muscles.

Je n'avais même pas vu Hoseok déposer sa serviette sur l'un des casiers, et courir vers le bain, jusqu'à sauter dedans pour faire une bombe, éclaboussant tous les autres qui se plaignirent aussitôt.

_ Quel gamin... j'expirais, faussement agacé lorsque j'arrivais derrière lui.

Ce fut ma remarque, pourtant chuchoté, qui attira l'attention de tous. Je n'étais pas particulièrement mal à l'aise, jusqu'à ce que je perçoive le regard insistant de Taehyung sur moi. Enfin, plutôt, le fait qu'il me détaille de la tête aux pieds, en insistant particulièrement sur mes cuisses et mes abdominaux.

Je ne savais pas ce qu'il pensait, et n'importe qui pouvait me juger, mais lui, le fait qu'il puisse le faire, avoir des pensées sur mon physique et à mon égard, ça me mettait mal à l'aise. Peut-être qu'au fond de moi, je ne voulais pas le décevoir...

_ Et beh, on nous a pas menti sur la marchandise, lança vulgairement Jimin, prenant un malin plaisir à me gêner encore plus.

_ J'ai l'impression d'être une fragile brindille, ajouta Namjoon, en comparaison, ce qui fit rire tout le monde.

_ Taisez-vous bon sang. J'avais fini par dire, mal à l'aise avec leurs compliments, mais surtout pour me cacher le plus rapidement possible des yeux de celui qui hantait mes nuits.


...


Je me réveillai, les rayons du soleil tapant violemment contre ma paupière endormie, ce qui me fit me tourner dans l'autre sens, comme pour lui échapper. Je remarquais que le lit était vide, et je me questionnai donc sur l'heure tardive qu'il devait être. Doucement, je plissai un œil, puis l'autre, pour avoir une vue sur le réveil qui traînait sur la table de nuit.

Il était onze heures passées.

Le bain de nuit d'hier soir m'avait fait un bien fou, au point que je m'étais endormi serein et détendu, jusqu'à ne me réveiller que maintenant. Cela faisait longtemps que je n'avais pas aussi bien dormi, sans avoir des pensées destructrices envers celui qui m'appelait son ami.

Enfin, je venais d'échouer en y pensant maintenant.

Je me redressais en position assise, m'étirant et soupirant, tandis que je décalai l'écharpe – de Taehyung – qui me servait de doudou sur mon coussin. Je me glissai ensuite sur le bord de lit, puis tâtonnai le sol à la recherche de mon t-shirt noir et large et que je trouvai assez vite.

Un peu plus tard, je descendis les escaliers dans l'idée de rejoindre la cuisine, cherchant à grignoter quelque chose, et je fus surpris que le chalet soit aussi calme. C'était étrange, si on prenait en compte ses occupants.

Cependant, en me rapprochant de la cuisine, j'entendis des bruits de verre, ce qui m'indiqua qu'il restait encore une personne.

Évidemment, je reconnus aussitôt cette silhouette élancée dans ce t-shirt et ce short large, et ses cheveux longs, bouclants jusqu'à la base de sa nuque. Taehyung était occupé à faire la vaisselle, sûrement de son petit déjeuner, et j'hésitai entre faire demi-tour discrètement pour ne pas avoir à lui faire face, où l'interpeller.

Ce fut finalement lui qui choisit pour moi, lorsqu'il se retourna pour s'essuyer les mains dans un chiffon.

_ Jungkook ? Il haussa un sourcil, surprit de me voir, avant de m'offrir un sourire matinale des plus rafraîchissants. Bonjour, tu as bien dormi ?

Je le fixais, absolument charmé par la vision qui m'était donné de voir de si bon matin, laissant carte blanche à mon imagination concernant notre relation, puis je me rappelai finalement qu'il attendait une réponse.

_ Oui... Je répliquai, tout en prenant place sur l'un des tabourets pour lui faire face. Où sont les autres ?

Pas que je voulais qu'ils soient là, mais je devais admettre que trouver Taehyung tout seul dans la cuisine, sans Jimin dans les parages, relevait du miracle.

_ Partis skier, j'crois. Il me confia, tout en déposant une assiette de pancakes devant moi, et je l'en remerciai d'un geste timide de la tête.

J'acquiesçais, comprenant que tout comme moi, le châtain avait dû se lever il n'y a pas bien longtemps, et se trouver abandonner par nos aînés. Mais pour combien de temps ?

_ Ça veut dire... commençai-je, en me raclant la gorge.

_ ... Qu'on se retrouve tout seuls, termina-t-il, posant s'accoudant sur le bar en m'observant manger.

J'écarquillai les yeux, ne m'attendant pas à ce qu'il complète ma pensée, et me creusai le cerveau pour trouver quelque chose à dire, n'importe quoi, mais qu'il n'y ai plus ce silence malaisant et pesant.

Mais j'oubliais qu'il s'agissait de Taehyung, et qu'il s'arrangeait toujours pour me détendre, pour me mettre à l'aise.

_ C'est cool, on va pouvoir bosser tes maths, comme avant.

Il plaisanta, riant tout seul de sa blague, tandis que je finis par relâcher la pression, et rouler des yeux au ciel.

_ Je pensais plutôt à une journée jeux vidéo, films et chill...

Je répliquais, sérieusement, et ça le fit rire également.

_ Adjugé. Il passa à côté de moi, me frottant les cheveux comme à son ancienne habitude qu'il avait fini par perdre dès lors que nous nous étions éloignés. Je t'attends sur le canap'.


...



J'avais oublié ce que ça faisait, de passer un moment seul avec lui.

Nous nous étions éloignés depuis le début des vacances, tout simplement parce n'ayant plus les cours de maths particuliers en sa compagnie, nous n'avions pas beaucoup de prétextes pour nous retrouver à deux. La plupart de temps, il y avait les autres, et la même majorité de celui-ci, il ne se séparait pas beaucoup de son âme sœur, comme j'aimais bien l'appeler.

Enfin bon, toujours est-il que je venais de passer la journée avec, et cela n'avait fait que confirmer mes sentiments.



Je l'aimais, Taehyung...

...Passionnément.


Et aujourd'hui encore, j'avais l'impression d'avoir franchi une étape, un pallier dans cette folie amoureuse...

Si au début de la journée, je n'étais pas particulièrement à l'aise, je m'étais débloqué en jouant aux jeux vidéo en sa compagnie, après l'avoir battu à plat de couture, et qu'il ne commence à se rapprocher de moi pour me déconcentrer et me faire perdre, parfois en me chatouillant, parfois en essayant d'attraper ma manette.

Et, en cette fin d'après-midi, les gars n'étaient toujours pas rentrés, et la fatigue commençait à se faire ressentir pour nous. Moi, j'avais fait un pas énorme, puisqu'en ce moment même, nous regardions un film depuis le canapé, collés l'un à l'autre.

Sa tête était posée naturellement sur mes cuisses, concentrée à observer l'écran, tandis que je lui caressais le crâne, passant mes doigts entre ses mèches. Bien évidemment, je ne suivais pas du tout le film, moi. Je regardais son profil, conscient de mon privilège, et de ma bravoure soudaine.

J'aimais ce moment, je me sentais si bien que je voyais pas comment comparé d'autres moments heureux de ma vie à celui-ci. De toutes manières, je ramenais tout à Taehyung, et je n'y pouvais rien : mon cerveau et mon cœur s'étaient épris de lui, sans me demander mon avis. Mais si je pouvais profiter de ce genre de moments avec lui, combien même son cœur ne battait pas aussi vite que le mien en cet instant, alors, j'en serais déjà heureux – même si une part de souffrance était inévitable.

Peut-être que je pourrais faire taire mes sentiments, et simplement profiter de lui en tant qu'ami ?


...


« ...Ses lèvres parcoururent mes cuisses, les effleurant tout d'abord, puis déposèrent des baisers par endroits, jusqu'à ce que une pulsion lui fasse mordre une partie unique, sauvagement. Ma tête partit en arrière accompagnée d'un gémissement de douleur, tandis que je me retenais sur mes coudes sur le matelas.

Je sentis la chaleur de sa bouche contourner l'endroit fatidique, et je lâchai un râlement en attrapant ses cheveux, tirant dessus de manière à exprimer ma frustration. Il remonta à mon bassin, décalant l'élastique de mon caleçon pour en embrasser la limite de la lisière, puis s'occupa ensuite de mon aine, qu'il lécha avant de la mordiller et d'y laisser une marque volontaire.

_ Pitié... Je soupirais, les yeux larmoyants.

Son rire sadique parvint à mes oreilles, puis il s'attaqua à mes abdominaux, qu'il embrassa un par un, gourmand, tandis que je ne lâchais pas son crâne du regard, n'ayant accès qu'à la racine de ses cheveux longs. Il dériva ensuite à ma taille, qu'il mordit également à plusieurs reprises, puis vint embrasser mes côtes délicatement dans un contraste qui ne fit que démultiplier la sensation.

_ Taehyung...

Enfin, il arriva à la fosse entre mes deux pectoraux, qu'il lécha longuement, avant d'arriver à mon visage et de me faire face. Mes mains, qui malmenaient ses cheveux, vinrent glisser sur ses joues que j'attrapais en coupe afin de bien intercepter ces yeux de démon...

_ Tae, s'il te plait. Je quémandai en remontant mon bassin vers le sien...

_ Jungkook... Jungkook...

...Jungkook ! »

Je me redressai en position assise, transpirant, haletant et évidemment avec un certain problème au niveau du bas ventre. Je venais encore de rêver. Seulement, comparé aux autres fois, je ne me réveillai pas seul. Et contrairement à ce que j'aurais pu croire, ce n'était pas mon colocataire de chambre.

Non, il s'agissait directement du concerné, et ce fut en partie pour ça que j'eus du mal à sortir de mon rêve, à comprendre que j'étais maintenant passé dans la réalité.

Et puis, soudainement, je paniquai. Depuis combien de temps était-il là ? Qu'est-ce qu'il avait vu ? Mais surtout qu'avait-il entendu ? Du moins grave... mes gémissements, au plus grave, son prénom ?

Je rougissais, attrapant aussi la couette pour cacher mon érection, mais également mon torse nu. Je me sentais si démuni, face à ses yeux.

_ Qu'est-ce que tu fais là ? Les larmes de honte aux yeux, je lui demandais, un peu plus méchant que je ne le pensais.

_ Les gars m'ont demandé de venir te réveiller... m'expliqua-t-il. Je ne pensais pas que tu... hum, je suis désolé, je voulais pas déranger, je... rejoins-nous dès que tu auras... enfin, dès que tu peux. Il semblait encore plus gêné que moi, d'avoir assisté à ça, alors que j'avais juste envie de m'enterrer.

Puis il se leva, et disparut de la chambre, fermant la porte derrière lui.

Je prenais mon visage entre mes mains, assimilant au fur et à mesure ce qu'il venait de se passer.

_ Putain...

Je venais de faire un rêve érotique, de Taehyung à deux doigts de me faire une fellation... Et dire qu'hier soir encore, je pensais pouvoir passer au-dessus de tout ça... J'avais faux : je ne pourrais jamais le voir comme ami. Je transformais tous nos moments complices d'amitiés, comme celui de la veille, en des moments charnels, intimes et sensuels. J'avais honte de moi, de l'imaginer comme ça, dans son dos, et contre son gré.

J'avais l'impression d'être un fou, encore.

Et c'est donc à partir de là, que j'avais décidé que je n'étais pas capable, non, que je n'avais pas le droit de le côtoyer, si c'était pour salir notre relation qu'il pensait sincère et pure.


...


Et c'est ce que j'avais fait. L'ignorer. C'était ce qu'il y avait de mieux à faire, du moins, avec du temps, peut-être qu'il oublierait, et que moi aussi. De toutes manières, j'étais incapable de le regarder maintenant.

Enfin, ça, c'était ce que je croyais, tel l'idiot que j'étais.

Je limitais le plus possible nos contacts et j'évitais toute conversation dont il faisait parti. Je ne lui avais pas accordé un seul regard au repas du midi, et j'avais passé l'après-midi seul avec Hoseok, ce qui m'avait permis d'oublier un peu l'incident de du matin – dont je ne lui avais pas parlé, d'ailleurs.

Mais ce que je n'avais pas prévu, c'était que Taehyung ne soit pas de mon avis.

Alors que je sortais de ma salle de bain, pour me rendre dans le salon, je croisai le châtain dans le couloir qui menait aux escaliers.

Enfin plutôt, il m'attendait, les bras croisés et adossé contre la porte de sa chambre.

_ Oh. Il mima la surprise. Bonjour, Jungkook.

Je continuai de marcher ne lui adressant pas un regard, croyant pouvoir m'en sortir aussi facilement.

_ Bonjour... Je murmurais tout de même, en accélérant le pas.

Seulement, ce que je n'avais pas prévu, ce fut sa main qui attrapa mon biceps, m'empêchant d'aller plus loin.

_ Quand on parle à une personne, la moindre des choses, c'est de la regarder, il m'intima. Je me sentis prisonnier par sa main, mais aussi par son charisme qui resplendissait dans le silence pesant du couloir. Alors, bonjour, Jungkook.

Il était apparemment déterminé à me faire la conversation : tout ce que je ne voulais pas.

_ Pourquoi tu me dis bonjour, je répliquais puérilement, regardant ailleurs. On est déjà le soir-

_ Peut-être parce que je ne t'ai pas vu de la journée ? Que tu l'as passé avec Hoseok alors que vous vous connaissez depuis une semaine même pas, et que tu m'ignores en plus de ça ? Vous nous cachez quelque chose ?

Je haussai les sourcils, surprit qu'il me parle de ça. Je n'étais pas en colère contre lui, j'avais juste peur et je voulais simplement le protéger de mes pensées déplacées à son égard, en étant distant avec lui. Mais s'il commençait à m'accuser de ce ton, surtout sur des choses qu'il avait lui-même à se reprocher, je n'allais pas être gentil longtemps.

_ Et toi ? J'eus un rire moqueur. Tu passes ta vie avec Jimin et personne ne te pose de questions. Alors laisse-moi tranquille, je fais ce que je veux.

Mais alors je pensais qu'il abandonnerait, et que j'avais bien répondu, j'entendis son fameux rire sarcastique. Celui que j'avais eu très peu l'occasion d'entendre. Il se pencha à mon oreille, et sa voix me donna des frissons tandis que je déglutis, paniqué de ce rapprochement.

_ Mais la différence, c'est que moi je ne bande pas en dormant avec.

Oh, le salaud, il avait osé.

Je le repoussais brutalement, me sentant sans armes et démuni, mes mains au niveau de ses épaules.

_ T'es vraiment-

Et puis, je compris.

Il cherchait à me faire réagir. Je le compris lorsque nous échangions un vrai regard pour la première fois de la journée, et qu'il me sourit narquoisement, fier de son coup.

J'essayai de tourner la tête en me rendant compte que j'étais tombé dans son piège, mais il m'attrapa brutalement la mâchoire, me forçant à lui faire face de nouveau.

_ C'est bien ce que je pensais... Il me susurra, et je ne l'avais jamais vu aussi manipulateur.

_ Lâch-

_ Mon regard. Il me coupa, approchant encore son visage du mien comme pour m'intimider, appuyant encore sur mon menton, le paralysant entre ses doigts puissants. Pourquoi évites-tu mon regard ?

J'allais étouffer. Je n'arrivais plus à respirer, c'était trop pour moi. Trop intense, trop stressant.

_ Lâche-moi ! Je hurlai dans une pulsion de courage.

J'avais paniqué, et je m'étais éloigné, poussant sur son torse avec toute la force que j'avais, jusqu'à cogner son dos violemment contre la porte de sa chambre. Il grimaça de douleur en fermant les yeux, et mon cœur se serra à l'idée que je pouvais lui avoir fait mal.

Cependant, je ne l'avais pas blessé physiquement.

Ce fut son regard, qui me le fit comprendre.

Je venais de le blesser lui tout entier, à cause de mon amour aveugle pour lui.

_ Tae', je-

_ C'est tendu ici, qu'est-ce qu'il se passe ?

Hoseok et Jimin venaient de monter les escaliers en courant après mon cri, et assistèrent à cette fin de scène.

_ Rien. Taehyung me lança un regard noir, puis appuya sur la poignée de sa porte. Y'a rien. Bonne nuit tout le monde.


...


Je me détestais.

J'étais allongé dans mon lit, serrant mon écharpe entre mes bras, le regard dans le vide.

_ Tu ne veux vraiment pas manger ? Hoseok me demanda en sortant de la salle de bain.

_ Non, pas faim.
Je répliquai, d'une voix monotone.

Je l'entendis soupirer, puis peu de temps après, je sentis le matelas d'à côté s'affaisser.

_ Écoute, Jungkook. Je ne sais pas si c'est ma place de te dire ça, parce qu'on se connaît depuis pas très longtemps tous les deux, mais je vais le dire quand même.

_ Mh... Je marmonnais, le visage étouffé dans mon écharpe.

Il soupira de nouveau, n'étant pas certain de mon niveau d'écoute optimal, mais se lança. Et directement.

_ Tu es fou amoureux de Taehyung.

_ Mh... Quoi ? Je relevai la tête pour lui faire face, n'étant pas certain d'avoir bien entendu.

_ Et n'essaye même pas de le nier. D'un point de vue extérieur, c'est cramé que tu l'aimes. Tout le monde le sait, sauf encore et toujours, le concerné lui-même. Et puis, je te rappelles que tu dors toutes les nuits en serrant dans tes bras l'écharpe qu'il t'a offerte...

J'écarquillai les yeux, ne m'attendant pas à ce genre d'arguments. Oh et puis merde, je n'avais rien à dire pour le contrer, et au point où j'en étais...

_ Pour l'instant, tu ne m'apprends rien de nouveau... Je murmurais, en fermant les yeux.

Il soupira de soulagement, apparemment satisfait que j'en ai conscience : c'était déjà une grande étape que de s'en rendre compte, mais pour moi, il n'avait jamais été difficile de l'admettre : j'étais raide dingue de lui.

_ Bon, alors je ne vais pas t'apprendre non plus que tu souffres de ta situation. Je vais plutôt jouer le rôle de l'ami un peu idiot et gentil qui va te conseiller d'aller le voir, et de tout lui avouer. Parce que là, ça empiète sur le voyage, mais aussi sur ta vie en général. Tant pis si ça change votre amitié, puisque de toutes manières, elle est déjà abîmée. Alors c'est peut-être superficiel comme conseil, et surtout plus facile à dire qu'à faire, mais je t'en supplie, pour ton bien, pour son bien, pour vous deux, va lui parler.

Je ne répondis rien.

Car au fond de moi, je savais qu'il avait raison.


...


_ Non mais tu te fous de moi ?

Je rentrai dans ma chambre, tandis qu'il me suivait, claquant la porte derrière lui, victime de son énervement à mon égard.

J'enlevais mon écharpe – la sienne – et la déposais délicatement sur le dossier de la chaise, puis je me retournai pour faire face à ses traits durs et crispés.

Effectivement, peut-être que j'étais allé le chercher dans sa chambre, sous une pulsion, alors qu'il était en train de jouer à un jeu avec Jimin. Et peut-être que j'avais insisté pour qu'il m'accompagne.

_ D'abord tu m'ignores, ensuite tu m'évites, et maintenant tu viens me gâcher le séjour ? C'est quoi la prochaine étape ? Jungkook, tu te prends pour qui ?

Je l'écoutais crier, croyant être confiant, malgré le fait j'étais assez – horriblement – nerveux.

_ Tu étais avec Jimin, comme d'habitude... Et je voulais te parler seul à seul-

_ Jimin est mon meilleur ami, j'ai le droit d'être avec lui, non ? C'est quoi ton putain de problème ? Je pensais qu'on était amis aussi !

Amis.

Je baissai les yeux, un sourire triste aux lèvres, pensant à toutes les phrases que je pourrais lui répondre si je n'étais pas un lâche.

« Je ne veux pas être ton ami ».

_ Je veux bien être tolérant, gentil, tout ce que tu veux, parce que je t'apprécie beaucoup, mais il y a des limites à ta connerie !

« Je veux être tellement plus ».

Je me sentais exploser, petit à petit. Et le fait qu'il ne cesse de crier sans me laisser m'expliquer empirait les choses. Pourtant, je voulais bien faire. Tout lui dire, tout lui avouer, mais s'il continuait comme ça, je risquais simplement de faire quelque chose de regrettable. Peut-être n'était-ce pas le moment. Peut-être j'aurais dû attendre qu'il finisse sa partie avec Jimin, et ne pas le déranger avec des choses aussi futiles que mes sentiments.

_ Si je te dérange, ne te force pas à rester, je peux très bien vivre sans toi.

Quel con. Ce n'était pas ce que je voulais dire.

« Je peux vivre malheureux sans toi, mais j'ai besoin de toi pour être heureux ».

Il haussa les sourcils, véritablement surprit de ma prise de parole, puis eu un rire mauvais.

_ D'accord. Il acquiesça, faussement compréhensif. Maintenant, j'ai compris, je vais te laisser tranquille, comme tu le souhaite. Mais que ce soit clair pour nous deux : ne viens plus jamais me chercher.

Puis, il fit demi-tour.

Et c'est en le voyant partir vers la porte, presque définitivement, que je me rendis compte de la situation, de tous ce que je perdais en étant aussi lâche et hypocrite. Les larmes dévalaient mes joues, et je retins de justesse un reniflement.

Et je ne sais pas ce qu'il me prit soudainement, cette pulsion incontrôlable, qui changea du tout au tout ma manière d'être en quelques secondes à peine.

La folie.

Oui, c'était ça, je crois bien que j'étais fou à courir derrière lui ainsi.

Mes jambes bougeaient toutes seules, sans que je ne puisse les contrôler. Et puis, entendant mes bruits de pas – de course – tapant contre le sol en des effluves de désespoir, il se retourna, se crispant en me voyant déjà aussi proche, prenant peur aussi peut-être. J'attrapai sa nuque, pour la centième fois si l'on comptait tous mes rêves délirants où je pouvais faire tout ce que je voulais.

Enfin, je l'embrassai.

Contre son gré, mais je l'embrassais.

Je ne réussissais plus à faire taire ce désir, c'était trop difficile.

Putain... Je l'embrassais... Cela résonnait dans ma tête, au même titre que je n'arrivais pas à m'arrêter de pleurer pour ce que je lui faisais subir.

Lui, ne bougeait pas ses lèvres. Ses mains étaient ballantes, tandis que les miennes avaient pris possession de ses joues en coupe, pour que je puisse avoir un meilleur angle, penchant mon visage et tirant sur ses lèvres afin d'approfondir notre baiser, de le rendre plus fiévreux, moins sage.

_ Je suis désolé... Je pleurai contre ses lèvres. Je n'arrive pas à m'arrêter. Je chuchotai entre deux soupirs d'aises, mes yeux alternant entre sa bouche et ses yeux confus.

Je ne veux pas te perdre.

Je devais tout lui dire, maintenant. Il le méritait, et surtout, c'était un poids trop lourd à supporter pour moi.

Je me reculai, mais avant même qu'il ne puisse m'engueuler, m'accuser, s'énerver, ma paume vint se poser sur sa bouche, pour me laisser une chance de déballer tout ce que j'avais sur le cœur.

_ Je t'aime.

J'avais posé ces trois mots, parce qu'ils me paraissaient les plus adaptés pour résumer ce que je ressentais envers lui. Cependant, ce n'était pas assez. Ils n'étaient pas assez forts, et j'avais besoin de lui dire, avant même de le laisser réagir.

_ Je t'aime, voilà. Je t'aime depuis la première fois que je t'ai vu. Un coup de foudre, qu'on appelle ça, je n'ai jamais réussi à le contrôler. Depuis le début, depuis l'écharpe, depuis les cours de maths, non, depuis la soirée de Nam' où l'on ne s'était même pas adressé la parole. Et ça me fait mal, parce que toi, tu ne ressens rien d'autre que de l'amitié pour moi. Je baissai le regard, un peu honteux. Et j'ai tellement souffert de cet amour ; hier matin, c'est de toi dont je rêvais, mais il y a eu tellement d'autres fois aussi, où j'ai rêvé de toi, de moi, de nous deux, à m'en rendre malade, à en pleurer, parfois à en rire de pitié tant cette attirance est ridiculement exagérée. J'eus un sourire faux, triste, et mes yeux vinrent intercepter les siens. Tu me rends dingue, j'ai l'impression d'être fou à t'aimer autant, et c'est sûrement ce que je suis, mais je voulais que tu sois au courant... Et pour répondre à question de hier : oui, je n'arrive plus à te regarder, parce que à chaque fois, ça me fait mal de ne pas pouvoir être plus proche de toi. Cette folie me ronge, alors ce que je voulais te dire ce soir, c'est d'arrêter de me donner de l'attention, parce que ça me donne de l'espoir, et j'ai l'impression qu'à force, mon cœur va exploser.

Je m'arrêtai dans mon monologue, la respiration courte, en larmes, mais au moins, beaucoup plus léger.

Je l'avais fait.

C'était dit.

_ Voilà, maintenant, tu peux rejoindre Jimin.

Je chuchotai, enlevant ma main de sa bouche, presque heureux. Puis je cherchai à me reculer, pour le laisser partir, mais une poigne vint attraper ma nuque, m'immobilisant.

_ Putain, Jungkook.

Il grogna soudainement.

_ Je suis déso-

En usant de la force, il me poussa vers l'arrière, jusqu'à ce que mes mollets ne touchent le bord du lit, et ne me force à m'y asseoir.

_ Tu croyais vraiment que j'allais partir après ce que tu viens de faire ?

Je paniquai en le regardant depuis ma position, faisant face à ses yeux assombris.

Aucune expression ne couvrait son visage, ou du moins, celle qui s'y rapprochait le plus était la colère.

Je fermai les yeux en le voyant s'approcher, tremblant, prêt à subir ce qu'il voudrait me faire, puisque après tout, je l'avais quand même embrassé de force. Mais tout ce que je sentis fus son souffle à mon oreille.

Puis, quelques secondes de suspens affreuses après, sa voix adoucie.

_ Espèce d'idiot, me chuchota-t-il.

Et je rouvris un œil, ne m'attendant pas à cette tournure. Mon cœur battait si fort dans mes tempes que j'avais du mal à parfaitement entendre. Quant à ma vision, elle était brouillée à cause des larmes qui obstruaient mes yeux. J'étais si fragile dans mes émotions à ce moment-là que j'étais à la limite de faire un malaise.

Et enfin, il mit fin à mon supplice. Ses lèvres vinrent embrasser mes joues avec douceur, les séchant, passant de l'une à l'autre avec une tendresse que j'avais maintes fois imaginé de sa part.

_ Tu me rends fou aussi. Il chuchota contre ma pommette droite, l'embrassant dans un baiser lent et appuyé.

Il se recula, pour m'offrir un petit sourire, puis ricana.

_ Et bien ? Tu n'as plus rien à me dire, après tout ça, mon ange ? Il caressa ma joue de son pouce, délicatement.

Je n'arrivais pas à le croire. L'acceptation. Le surnom. C'était encore un rêve ?

_ Pince-moi, s'il te plaît. Je répliquai sérieusement, presque apeuré par cette tournure trop rapide pour moi, presque irréelle.

Il se stoppa dans son geste, fronçant les sourcils, puis ses yeux en amandes – que j'aimais tant – vinrent se plisser en une expression rieuse.

_ Je m'attendais à plein de demandes, mais pas celle-là, il pouffa. Mais ce n'est pas un rêve Jungkook. Je t'aime comme un fou. J'ai envie de te serrer si fort en ce moment, et de t'étouffer avec cet amour.

_ Fais-le, je répliquai aussitôt, n'y pensant pas à deux fois. S'il te plaît. Serre-moi fort.

Il n'y réfléchit pas deux fois avant de se pencher sur moi, et de nous emmener dans une chute. Mon dos rencontra le matelas délicatement, et aussitôt, mes mains vinrent encercler son dos, pour le rapprocher de moi le plus possible. Quant à lui, ses dextres vinrent encadrer mon visage, et sa tête fit face à la mienne, ses yeux brillants retraçant chaque détail de celle-ci.

Nous nous sourions, d'un sourire si simple, si sincère, si amoureux.

Et lentement, il vint cueillir mes lèvres dans une pulsion incontrôlable, dans un baiser auquel je répondis aussitôt en croisant mes bras autour de ses épaules, souriant contre ses lèvres. J'avais encore du mal à y croire, certes, mais cela ne m'empêcha pas de profiter de ce qu'il voulait bien m'offrir.

Je lâchais une petite plainte lorsqu'il se recula, ce qui le fit rire, mais ce fut pour mieux revenir lorsqu'il lécha mes lèvres, m'incitant à les entrouvrir. Aussitôt, sa langue caressa la mienne avant qu'elles ne se cherchent furieusement, s'enroulant langoureusement, traduisant l'intensité de l'amour que nous éprouvions l'un pour l'autre.

_ Oh putain- nous entendîmes à travers le baiser, mais nous nous en foutions. Faîtes comme chez vous, je ne fais que passer.

Hoseok était rentré dans notre chambre, et avait chantonné en allant chercher quelque chose dans la salle de bain. Je lui fis un pouce en l'air avant de passer cette même main dans la chevelure douce de mon châtain, qui mordilla ma lèvre sensuellement, me procurant des frissons et une chaleur insoupçonnée dans tout mon corps.

_ J'suppose que j'peux couper le jeu, Tae', lança Jimin, amusé et accoudé à la porte de ma chambre.

Je caressai lentement la nuque de Taehyung pour l'inciter à se reculer, n'étant pas spécialement à l'aise d'avoir des spectateurs.

_ Enfin. Là, ce fut la voix blasé de Yoongi qui apparemment venait de comprendre la situation rien qu'en passant dans le couloir. Tu me dois dix balles, Nam'.

_ Zut. Nous entendîmes Namjoon jurer, juste avant que Hoseok ne referme la porte, nous laissant de nouveau seuls tous les deux.

On échangea un regard mi-confus, mi-amusé, mais ce fut la voix criarde du propriétaire de la maison qui nous acheva.

_ Et surtout, protégez-vous ! On entendit à travers la porte, la voix de Jin, évidemment.

_ Ils sont cons. Taehyung pouffa contre la peau de mon cou, en me serrant encore plus dans ses bras, m'emprisonnant un peu plus, comme si c'était possible.

Je me sentais si bien, dans sa prise. Si léger, soulagé du poids de mon amour, de ce secret, mais en même temps, assommé par le poids de son corps...

Et maintenant, je pouvais le dire haut et fort :

J'aimais Taehyung...

...À la Folie.


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Et voici le onzième one shot de ce recueil. Nous nous rapprochons de la fin ! Le suivant sera posté dans le week-end et le dernier la semaine prochaine. Je n'ai pas vraiment respecté le "un os tous les deux jours" mais je n'avais pas pensé à la reprise des cours et du travail et mes partiels m'ont pris plus de temps que je ne le pensais... m'enfin, j'avance quand même !

N'hésitez pas à laisser un petit mot pour l'auteur ! 

À très vite pour une nouvelle folie...

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