Partie XII
Os écrit par taemots.
Pas de prévention particulière.
「 Baisers Sucrés 」
1st Act
La nuit était déjà tombée sur la totalité du pays et c'était le vendredi soir. Les personnes ayant quitté leur lieu de travail avaient déjà trouvé occupation, et le jeune enseignant n'échappait pas à la règle. Il avait troqué son accoutrement de professeur d'histoire pour une tenue plus appropriée au lieu habituel où il se rendait à chaque fin de semaine.
Kim Taehyung était un homme très discret, et il mettait un point d'honneur à ce que sa vie privée reste bien dans le domaine « secret ». Même son meilleur ami, Hoseok, ne savait pas ce qu'il faisait le vendredi soir après leur longue semaine à l'université. Le jeune homme pouvait tout lui dire, mais il était hors de question que ce dernier sache à propos de ses entrevues nocturnes au club Delisium.
Alors, comme à son habitude, le jeune professeur âgé de vingt-six ans franchit les portes de l'établissement à vingt heures quarante. On pouvait dire qu'il était réglé comme du papier à musique lorsqu'il s'agissait de son rendez-vous avec l'homme de ses désirs les plus fous.
Taehyung entra dans le hall où plusieurs personnes étaient déjà assises pour discuter, manger et déguster leurs boissons alcoolisées. Il observa un instant les lieux, à la recherche d'une tête brune au corps à faire damner la plus pure des âmes. L'enseignant ne venait pas pour se détendre au bar et boire des litres d'alcool. Non, ce n'était pas ce qui l'intéressait. S'il venait au Delisium, c'était pour le garçon de salle, et uniquement pour lui. Cet adonis prodige de ses doigts, de sa langue, de son corps. Cet homme qui acceptait de jouer un rôle de lapin sans poser de questions.
Lorsque ses prunelles se déposèrent sur l'objet de ses recherches, le cœur de Taehyung se mit à battre la chamade. Il sentit peu à peu la chaleur envahir ses membres, son sang pulser dans ses veines suivant le rythme imposé par l'organe cardiaque. Le regard désireux du blondin détailla sans retenue le serveur en plein travail à une table remplie de clients.
Ce qu'il avait hâte. Taehyung était impatient de voir l'uniforme flanqué au sol, remplacé par le bel ensemble qu'il aimait tant voir sur lui. Rien que d'imaginer le pompon rose surplombant les formes avantageuses des fesses du garçon, le jeune instructeur se retint d'aller le voir lui-même et de l'emmener directement dans leur pièce privée.
Mais, attendre était ce qui le réjouissait le plus. Patienter sous le supplice de ses envies, imaginer à chaque seconde écoulée les gestes gracieusement désordonnés que ferait le corps de son soupirant. Approcher le paroxysme de ses fantaisies lorsque son esprit succombera à l'appel de l'indécence. Il finit par décrocher son regard du garçon de salle pour le poser sur une toute autre personne : le maître des lieux, celui à qui Taehyung pouvait faire confiance, celui qui lui permettait de réaliser sans retenue ses fantasmes les plus capricieux jusqu'à minuit pile. Cet homme n'était autre que Kim Seokjin.
Dès lors que les iris du ténébreux se plongèrent dans ceux du professeur, c'était le signal pour que Lyssa, déesse de la folie, lâche les rênes qui retenaient jusque-là, les démons. Dans un moment, Taehyung donnera vie au prince des ténèbres sommeillant en lui.
L'éphèbe quitta le comptoir du bar pour se diriger vers lui. Détenant le Delisium depuis pas mal de temps, Seokjin, âgé de trente ans, revêtait plusieurs casquettes : celle du directeur, celle du manager, celle du barman, celle du videur quand certains clients devenaient un peu trop perturbateurs, celle du collègue et enfin, celle du business man. Il était agréable de faire affaire avec ce dernier. Ayant reçu un héritage beaucoup trop important, Taehyung ne se voyait pas le dilapider autrement qu'en le dépensant pour ses penchants interdits. Il avait donc acheté le silence du gérant du Delisium, ainsi que l'exclusivité totale sur l'un de ses employés.
Le jeune homme à la chevelure d'une nuit sombre d'hiver arriva à la hauteur du garçon aux cheveux miel.
« Bonsoir Tae, ta semaine s'est bien passée ? demanda l'aîné des deux d'une voix posée.
— Bonsoir hyung, on va dire que oui même si c'est tout à fait le contraire.
— Je vois. Jeongguk ne va pas tarder à finir son service. Va donc l'attendre dans la chambre, le renseigna Seokjin d'un fin sourire presque bienveillant.
— D'accord, merci hyung.
— Ah et Taehyung ? l'interpella le directeur des lieux tandis qu'il se dirigeait vers la suite.
— Oui ?
— Tout se termine à minuit. C'est la règle. »
Taehyung opina du chef, enregistrant une énième fois l'information dans son cerveau avant de continuer sa marche jusqu'à la chambre que son aîné avait fait aménager pour que ses serveurs puissent se reposer au cas où leurs heures de travail se prolongeaient.
Depuis que Taehyung se rendait au Delisium, il n'avait jamais vu d'autres employés que Jeongguk et Jimin. Parfois, il se demandait bien pour quelle raison Seokjin les avait choisis et pourquoi celui-ci tenait tant à ce que toutes choses cessent à minuit pile. L'enseignant se posait beaucoup de questions lorsqu'il en avait le temps. Lorsque son cerveau n'était pas trop préoccupé par les images du corps fascinant du bellâtre brun.
Enfin arrivé dans la pièce des péchés, Taehyung se déchaussa avant de s'aventurer un peu plus loin dans la chambre. La couleur violette du néon frustra le jeune homme, l'obligeant à aller vers les commandes de l'objet pour en changer le coloris vers du rose et ainsi, il se sentit un peu plus à l'aise. En attendant Jeongguk, il décida d'aller chercher une bouteille de champagne au frigo pour préparer deux coupes afin de commencer la soirée sur une bonne note. Les verres remplis, posés sur la table, le jeune blond partit s'asseoir sur le canapé pour patienter le plus calmement qu'il le pouvait. Il admirait alors la vue sur Séoul lorsque le bruit de la porte d'entrée retentit.
Son cœur tambourina dans sa poitrine comme un névrosé. Taehyung ne posa pas son regard sur lui, pas maintenant, pas alors qu'il n'était pas vêtu de la tenue qui lui avait été exigée de mettre. Alors, le jeune homme aux cheveux miel laissa son regard sur les illuminations de la ville.
« Bonsoir Taehyung, tu vas bien ? demanda la douce voix de son serveur préféré. »
Malgré le timbre mélodieux du jeune garçon, cette sonorité qui le mettait dans tous ses états à chaque fois, Taehyung ne répondit pas. Parce qu'il ne voulait pas voir l'employé, il ne voulait pas parler au serveur, mais à son petit lapin rose. C'était lui qu'il voulait voir, c'était avec lui que l'autre voulait discuter et apparemment, Jeongguk avait fini par le comprendre car la porte de la salle de bain s'ouvrit et se referma aussitôt.
Agir de la sorte avec le plus jeune l'embêtait, le traiter aussi vachement comme si sa personnalité n'avait aucune importance, mais il n'y pouvait rien. Il ne pouvait plus contrôler sa folie lorsque Lyssa était pleinement maîtresse de lui et de son identité. Elle allait finir par le faire interner un jour ou l'autre, mais pour l'instant, Jeongguk rassasiait la faim des démons.
Cinq minutes s'écoulèrent avant que l'ouverture du loquet ne se fasse entendre à nouveau. Taehyung tourna alors le regard vers son petit lapin rose, son sourire élargissant son visage. Enfin, il était revenu pour jouer avec lui. Revigoré comme jamais, le professeur détailla Jeongguk de haut en bas, passant de son serre-tête à oreilles de lagomorphe au poil rosé, à son choker rosâtre au bout duquel une fine laisse pendait, à la ceinture qui ceignait sa taille et d'où un pompon rose surplombait son fessier.
Ce fut dans cet accoutrement que Jeongguk se présenta à son aîné, complètement nu, uniquement habillé de ces accessoires. Taehyung n'attendit plus et vint rejoindre son lapin au plus vite. Il le prit dans ses bras, humant son odeur pour s'en imprégner afin de l'aider à patienter jusqu'à la semaine suivante.
« Ah Jeongguk, qu'est-ce que tu m'as manqué, si tu savais, se lamentait Taehyung dans les bras du brunet.
— Toi aussi Taehyung. »
L'autre l'avait entendu. Il était éveillé pour prendre possession de Taehyung et comme toujours, le faible esprit du jeune homme perdit face à la puissance démoniaque du prince des ténèbres.
Enfin, c'était à son tour de jouer.
« Qui ça ? soudainement, la voix du blondinet devint plus dure, aux connotations plus dangereuses.
— Je veux dire TaeTae. Toi aussi tu m'as manqué TaeTae, se reprit rapidement le plus jeune.
— Je le savais, Gukkie. »
D'un sourire sardonique, ledit TaeTae glissa le bout de ses doigts sur le dos de son amant, se délectant des frissons qu'il provoquait sur la peau du jeune homme. Il vint ajouter à ça, sa langue qu'il fit glisser le long de son cou, continuant sa route sur son torse, son ventre. Les genoux posés au sol dans l'alignement du corps de son adonis, le professeur laissa le bout de son muscle venir retracer les veines palpitantes du sexe de son homologue. Quémandeur, le brunet vint appuyer sur le haut du crâne de son aîné. Un réflexe de trop au goût du blond. Comme punition, il refusa de faire quoi que ce soit d'autre et se releva pour faire face à Jeongguk, le visage bien moins accueillant.
« J'ai passé une semaine affreuse, buvons avant, l'invita le professeur en le tirant à l'aide de la laisse vers le canapé.
— Oui TaeTae. »
Le blondin le fit asseoir sur le tissu duveteux du canapé, tandis qu'il rebroussa chemin vers la table pour prendre les deux coupes de champagne. Il retourna s'asseoir auprès de Jeongguk, lui tendit sa boisson avant de s'abreuver d'alcool. TaeTae ferma les paupières, laissant le champagne s'infiltrer peu à peu dans son sang, inhibant ses dernières formes de lucidité. Une fois les yeux ouverts, le regard qu'il déposa sur Jeongguk fut bien plus annonciateur de danger que les précédents.
Lyssa avait enfermé la partie saine d'esprit à double tours pour laisser place au jeune souverain de l'obscurité, le meilleur ami du petit Lapin Rose. Et cette facette luciférienne du jeune homme était celle que préférait la déesse, parce que ce prince des ténèbres régnait avec frénésie.
TaeTae déposa les deux coupes vides sur la petite table près de lui, puis ordonna à son joli lapin rose de monter sur ses genoux. Jeongguk ne broncha pas et s'exécuta sans la moindre objection, au plus grand plaisir du jeune professeur. Le plus âgé positionna ses mains de part et d'autre du fessier du noiraud, tandis que ses lèvres vinrent capturer celles de son cadet.
Dans cette cage froide, Taehyung observait la scène d'un air courroucé. Il avait beau se battre avec virulence, il ne sera jamais aussi fort que son jumeau maléfique. Ce dernier devenait plus imbattable à chaque embrassade luxurieuse avec le brunet. Tout en abandonnant peu à peu l'espoir de vaincre la créature qui le possédait à cet instant, Taehyung se laissa glisser contre les barreaux de sa prison d'ivoire sous les rires pernicieux de ses démons personnels.
⁂
Les yeux du second garçon de salle suivirent la trajectoire que prit son collègue de travail, accompagné par monsieur Kim, menant tout droit vers l'une des chambres privées afin de passer leur soirée du vendredi soir. Contrairement à son ami, il allait devoir attendre encore quelques minutes pour que son Prince à lui ne vienne au club.
En temps normal, celui qui faisait battre son cœur comme un fou arrivait bien plus tard, après vingt heures. Alors, en l'attendant, Jimin rêvassait sur le comptoir du bar à présent que tous les clients étaient servis et que tout avait été fait, son patron Seokjin avait pris soin de faire le reste des corvées pendant que lui servait une table.
Les pensées du céruléen étaient tournées vers une seule et même personne. Vers lui. Hoseok. Ce bel apollon avait attiré son regard dès que ses pieds avaient foulé le sol du Delisium et lorsque ses billes onyx avaient croisé les siens, Jimin sut immédiatement qu'il n'allait pas pouvoir l'oublier.
Plusieurs fois, il s'était résigné à cette attraction beaucoup trop inexplicable, sauf qu'il ne pouvait rien y faire : Jung Hoseok était ce genre de personne qui donnait envie d'affronter le monde entier en s'adonnant à des pratiques sexuelles toutes plus excitantes au fil du temps. Jimin en était accro.
Il avait accepté de chuter avec cet ange maudit, sans hésitation.
Lorsque Hoseok avait demandé à Seokjin les services extras qu'offrait la maison pour ses plus fidèles clients, pour les plus riches surtout, le bleuté pensa alors que son collègue avait une nouvelle fois réussi à charmer quelqu'un sans fournir un seul effort. Cependant, son patron lui apprit que c'était lui et non Jeongguk qui intéressait le professeur de musique. Jimin n'en avait pas cru ses oreilles. Il ne voulait surtout pas l'admettre.
Juste imaginer l'idée que l'amoureux des mélodies partageait son attirance lui donnait un étrange goût dans la bouche. Il était heureux que ce soit le cas, mais il ne comprenait pas. Hoseok avait l'air si inaccessible, si indéchiffrable, si mystérieux.
Les minutes s'écoulèrent à une vitesse si lente que le garçon aux cheveux bleus se voyait perdre espoir. Les portes du club s'ouvrirent, laissant un vent froid s'engouffrer dans les lieux. Puis le bruit de chaussures claquant contre le sol atteignit ses oreilles. Il reconnaîtrait cette démarche entre mille. Jimin leva lentement le regard vers l'allée rouge et ne fut pas surpris de tomber sur l'homme de ses désirs.
Il quitta le comptoir sans attendre l'accord de son patron et se précipita vers Hoseok pour l'emmener avec lui en direction de leur chambre. Une chance que son aîné avait prévu deux grandes suites lors de la création du Delisium. Jimin stoppa leur course pour insérer la clef dans la serrure d'une main légèrement tremblante.
« Mon petit Ange est aussi pressé que ça ? murmura l'instituteur dans son oreille, venant réduire l'espace entre leurs deux corps. »
L'épiderme de Jimin se remplit de frissons sous les mots du rougeâtre. Il sentit les doigts d'Hoseok venir se plonger dans ses cheveux avant de les glisser le long de son cou, puis de son dos pour finalement plaquer ses mains sur sa taille. Le bleuâtre n'arrivait plus à réfléchir, c'était devenu bien trop difficile pour lui. Hoseok le mettait carrément dans tous ses états.
Au bout de quelques minutes de caresses, Jimin dut reprendre un peu de contenance pour ouvrir la porte afin qu'ils puissent entrer tous les deux dans la chambre. Kim Seokjin avait bien fait les choses, l'isolement de la pièce permettait à quelqu'un de crier sans que l'on ne l'entende de l'autre côté des murs.
Souvent, les employés du bar se faisaient la réflexion que si un massacre avait cours à l'intérieur de ces deux pièces, jamais personne ne pourrait le soupçonner.
Ainsi, bien que Jimin savait ce qu'il se passait dans la salle d'à côté, il fut rassuré de ne rien entendre d'équivoque.
Alors qu'il venait de refermer la porte à clef, Hoseok sauta sur lui, le plaquant contre celle-ci. Les lèvres de l'enseignant l'embrassaient vigoureusement tandis que ses doigts lui retiraient ses habits un par un. Ne contrôlant plus rien, le plus jeune se laissa faire, totalement à la merci de son amant.
« Oh Jimin, ce que tu m'as manqué, ce que ton corps m'a manqué, souffla le plus grand dans le creux de son oreille, entre deux baisers. »
Le céruléen n'eut le temps de ne rien répondre qu'Hoseok l'emmena sur le lit après l'avoir totalement déshabillé. Un dernier bécot échangé, une dernière caresse sur son torse et Jimin sut ce qu'il allait lui arriver dans peu de temps. Il vit son aîné se redresser pour aller chercher les accessoires qu'il avait lui-même payés il y a quelque temps. Le rougeâtre revint avec eux et glissa le choker rouge autour du cou du garçon dans sa tenue d'Adam, puis le bandeau de la même couleur sur ses yeux et enfin, il lui lia les mains au-dessus de la tête à l'aide d'une corde qu'il fit passer entre les barreaux du lit.
Durant une minute, Hoseok observa celui qu'il appelait son Ange, soumis à son contrôle total. Il ne pouvait pas s'empêcher d'adorer cette vision, et savoir que lui seul en avait le droit le faisait jubiler.
De sa fine dextre délicate, il attrapa le plumeau rouge et doucement, laissant le temps s'écouler et par la même occasion faisant grimper l'attente de Jimin, il le fit glisser sur l'épiderme fragile du serveur. Aussitôt, ce dernier se cambra sous l'effet de la douceur, mais il le fit encore plus quand les plumes passèrent lentement sur son membre. Le prédateur continua peu à peu sa torture en lui écartant les jambes sans ménagement pour venir se placer entre ses cuisses, sans pour autant commencer un quelconque va-et-vient. Hoseok attendait toujours que son cadet atteigne le paroxysme de la frustration avant de le pénétrer avec une suavité infinie.
Alors, comme à chaque fois que Jimin se tordait sous les caresses du plumeau, l'ancien musicien échangea l'objet contre un autre plus petit : un morceau de glaçon frais. Il le fit coulisser sur les lèvres charnues de l'ange aux cheveux cobalt pour ensuite venir le passer sur ses tétons dressés, lui arrachant un gémissement bruyant.
De ses yeux sombres fous de désir, Hoseok remarqua les frissons se dessiner sur la peau presque mate de son amant soumis à la luxure. Une envie de l'embrasser sauvagement le prit, et ce fut ce qu'il fit sans attendre plus longtemps. : il plaqua ses lèvres avides de sensations lubriques contre celles de son homologue, gonflées par le plaisir et les milliers de ressentis qui l'assaillaient.
Les baisers s'enchaînaient, rendant leur échange de plus en plus désordonné. Hoseok mordit la bouche de Jimin tant il voulait le goûter de toutes les façons possibles ; l'embrasser le rendait fou, au point de perdre son self-contrôle.
Sous l'effet de l'échange langoureusement onctueux, Jimin souleva son bassin, heurtant l'intimité de son aîné. Aussitôt, Hoseok mit fin à l'union de leur bouche. Voyant que le glaçon avait fondu entre leurs deux corps, le rougeâtre passa à la troisième étape pour amener son Ange là où il le voulait. Il s'éloigna donc un peu de l'homme de ses désirs pour exécuter son jeu favoris : tout en observant ses réactions, il mit en position un anneau autour du sexe du plus jeune.
« Tu as été sage aujourd'hui, mon Ange ? demanda le plus grand en se retirant du matelas, la mini-télécommande en main.
— Non, mon Amour.
— Et pourquoi ça ? continua-t-il en mettant en action le premier mode, qui eut l'effet d'un électrochoc chez Jimin.
— Parce que... soupira le torturé avant de gémir, parce que j'ai eu des pensées impures.
— Sur quelqu'un d'autre que moi ? l'interrogea Hoseok prêt à appuyer sur le numéro cinq en guise de châtiment.
— Non, mon Amour, il n'y a... il n'y a que toi, souffla le jeune homme entre deux soupirs d'aise.
— Je préfère ça, répondit le rougeâtre en actionnant le mode numéro deux. »
Ce qu'Hoseok adorait particulièrement chez le plus jeune, c'étaient ses réactions physiques. Alors que l'anneau continuait de stimuler le pénis de son amant, ce dernier plia ses orteils dans un gémissement incontrôlé. Il savait que Jimin n'en avait plus pour longtemps, alors il stoppa net les vibrations en voyant les tremblements du corps de l'azuré.
« Ah hyung, prends-moi maintenant, je n'en peux plus, quémanda le jeune homme sous l'emprise de ses envies. »
À l'entente de ses mots, le sang d'Hoseok ne fit qu'un tour. Jimin n'avait pas le droit de l'appeler hyung, pas dans cette situation et il le savait ! Le professeur le lui avait ordonné dès le départ de ne l'appeler que par « mon Amour », alors pourquoi l'avait-il désobéi ? C'était là que Lyssa propagea son venin. Ce poison dangereux aux notes étonnamment sucrées le rendait déraisonnable.
En proie à ses furies lucifériennes, Hoseok retira l'anneau et le jeta loin sur le matelas, avant de positionner vulgairement le plus jeune sur son flanc droit, lui donnant accès à son postérieur. Énervé, le rougeâtre partit prendre le fouet qu'il n'utilisait qu'en cas exceptionnel, comme celui-ci. Lorsqu'il revint vers le lit, Jimin avait changé de position pour se mettre à quatre pattes, les cordes ne devaient pas être assez serrées pour qu'il puisse le faire.
Ayant le bandeau sur les yeux, le céruléen ne voyait rien venir et malheureusement pour lui, car son aîné donna un premier coup de fouet sur ses fesses, le faisant crier de douleur.
« Combien de fois vais-je devoir te le dire, Jimin ? Je ne suis pas ton hyung ici ! Je suis ton Amour ! Tu entends ? s'acharna Hoseok, en lui assénant un deuxième coup.
— Pardon, mon Amour. Arrête s'il te plaît, s'excusa le bleuté en encaissant la douleur comme il le pouvait.
— Tu sais que tu mérites cette punition, non ? Tu le sais, n'est-ce pas mon Ange ? réitéra le rougeâtre, claquant une troisième fois les lanières en cuir du fouet contre sa peau.
— Oui, p-pardon mon Amour, j-je ne le ferai plus, avança le plus jeune d'une voix brisée. »
Alors qu'il allait abattre une nouvelle fois le fouet, Hoseok s'arrêta dans son geste lorsqu'il entendit un sanglot du serveur. Il ne voulait pas lui faire de mal, il l'aimait. Il l'aimait plus que tout, alors pourquoi ne le voyait-il pas ? Pourquoi ne le comprenait-il pas ? Le plus âgé n'avait pas voulu le fouetter en venant ici, mais Jimin avait désobéi à sa règle, il devait le punir, et le plus jeune le savait. Voyant les rougeurs sur la peau de son fessier, le professeur en conclut que c'en était assez pour la punition. Par conséquent, le jeune homme jeta au loin l'objet, avant de venir poser des bisous papillons sur les fesses callipyges du serveur comme pour se faire pardonner.
« Excuse-moi d'avoir fait ça, mais il le fallait, tu comprends ?
— Oui mon Amour, j'ai désobéi. Je devais être puni, répondit le plus jeune entre deux reniflements, soulagé que ce soit terminé.
— Ne m'oblige plus à refaire ça. Je n'aime pas te faire du mal.
— Oui mon Amour.
— Tu as toujours envie de moi ? s'inquiéta Hoseok en venant le baisoter le long de sa colonne vertébrale.
— Oui mon Amour, toujours, souffla délicatement Jimin, apaisé par les doux baisers de son aîné au caractère impétueux. »
Ravi d'entendre ça, Hoseok prit alors le lubrifiant pour en mettre vigoureusement sur ses doigts et introduit son index dans l'anus de Jimin. Ce dernier grimaça légèrement au contact frais et invasif du doigt lubrifié, mais quand le rougeâtre vint prendre en bouche son sexe, toutes ses pensées s'évaporèrent. Tout n'était plus que luxure et décadence.
⁂
2nd Act
Sept jours s'étaient à nouveau écoulés et comme à chaque fin de semaine, Taehyung se rendait au Delisium pour y retrouver son réconfort. Seulement, il était tôt pour se rendre au club, sa journée de cours s'étant terminée en avance. Mais Jeongguk lui manquait. Son corps, ses lèvres, sa douceur, ses expressions pleines de plaisir, ses câlins, tout ça lui manquait même si ce n'était pas lui, à proprement parler, qui en profitait.
Le professeur décida alors, tout en entrant chez lui, qu'il s'y rendrait même s'il n'était que deux heures de l'après-midi. De toute manière, il était persuadé que cela ferait plaisir à son serveur préféré, car Taehyung savait qu'il lui manquait aussi et pas uniquement l'autre. Alors le blondinet se rendit à sa chambre, fouilla dans ses affaires pour en retirer un pantalon en feutre ainsi qu'une chemise blanche souple et à peine transparente.
⁂
Il arriva au Delisium aux alentours de deux heures quarante-huit, et fut accueilli par la douce chaleur qui englobait l'endroit. La clientèle de l'après-midi était bien plus abondante que celle durant la soirée puisque le club revêtait une image de restaurant. C'était à ces moments que Seokjin remplissait la caisse de son bar de manière légale. Le sourire aux lèvres, le jeune professeur s'aventura vers le comptoir où s'affairait un Jimin totalement concentré dans ses breuvages.
« Bonjour Jimin-ah, se présenta le professeur en prenant place sur un des tabourets.
— Oh, bonjour Taehyung ! Jeongguk aura un peu de retard. Il aurait dû prendre son service il y a une heure, mais il a eu un imprévu, expliqua le garçon de salle de façon si rapide que le blondinet eut du mal à tout comprendre.
— Oh, d'accord, je vois. Est-ce que tu pourras lui dire que je l'attends dans la chambre ?
— T-tout de suite ? bégaya Jimin, son assurance semblait l'avoir quitté.
— Eh bien oui, elle n'est pas libre ? demanda Taehyung, sur ses gardes.
— Euh, c'est-à-dire que... Et bien que...
— Bonjour mon cher Tae, comment vas-tu aujourd'hui ? intervint Seokjin en arrivant à l'improviste.
— Ça va. Mais, la chambre n'est pas libre ?
— Pas pour l'instant. Que dirais-tu de goûter à notre moelleux au chocolat et aux fraises ? C'est la maison qui offre, suggéra le patron, un sourire avenant au visage. »
Taehyung ne répondit pas tout de suite. Il examina un instant le regard de Jimin et fut surpris d'y voir une certaine... peur ? Alors qu'il allait se mettre à parler, le serveur fuya le comptoir et partit il ne savait où. L'enseignant porta son regard sur son aîné et eut du mal à déchiffrer une quelconque émotion. Jin semblait fermé comme un coffre-fort. C'était étrange. Quelque chose n'allait pas, il le ressentait au plus profond de lui. Mais que pouvait-il bien se passer ?
« Alors, tu en veux ? réitéra Seokjin.
— Euh, non, ça ira. J'attendrai Jeongguk ici.
— Tu es sûr de ne rien vouloir ? insista le grand noiraud.
— Juste un verre d'eau alors, finit par choisir Taehyung, non sans être un tantinet agacé.
— Je te donne ça tout de suite. »
Le blondin observa le bar dans son entièreté, et mis à part des clients qui mangeaient, Jimin qui prenait commande et Seokjin derrière le comptoir, il n'y avait aucune trace du jeune homme qui lui faisait perdre la raison. Alors pourquoi avait-il l'intuition que quelque chose se passait sous ses yeux, sans qu'il ne sache ce que c'était ? Le propriétaire du bar lui glissa son eau et lui fit la conversation pendant un long moment. Taehyung n'était pas dupe, il savait que son aîné essayait de le divertir, alors tout en se méfiant, il commanda un autre verre du même breuvage.
⁂
« Et c'est comme ça que j'ai voulu créer ce bar ! termina Seokjin, après un long monologue.
— Il est seize heures trente hyung, où est Jeongguk ? demanda l'enseignant, devenu légèrement irritable.
— Tu me cherchais Taehyung ? lança une voix venant de derrière lui. »
Le concerné se retourna vivement, soulagé de voir son brunet préféré avec cet éternel sourire angélique peint sur les lèvres. Le professeur l'aimait, ça oui, il l'aimait comme un fou. À un tel point que ça l'effrayait. Parce qu'il y avait lui, cet autre-lui qui dévorait son âme avec lenteur. Si Taehyung aimait le jeune brun, TaeTae adorait l'anéantir. Le faire sentir comme s'il n'était qu'un simple objet de plaisir. Taehyung ne se sentait pas prêt à lui faire face. C'était encore trop tôt, il avait encore trop peur.
Pourtant, à cet instant précis, la seule chose qu'il aurait voulu faire était de serrer ce bel adonis tout fort contre lui, mais à la place, Taehyung emmena son brunet vers la chambre sans demander l'avis de qui que ce soit. Le garçon de salle se laissa tirer malgré tout et ne broncha aucun mot, même en étant à l'intérieur de la suite. Le plus âgé rapprocha leurs deux corps, effaçant ainsi la distance entre eux. Il avança son visage près du cou de son brunet et fut agréablement surpris d'humer l'odeur du shampoing qu'utilisait Jeongguk après chacune de leur relation charnelle.
Mais Taehyung le sentit s'éveiller. Au fil des secondes, il percevait la puissance de TaeTae prendre possession de son corps, de son âme. Il se cramponnait au plus jeune de toutes ses forces, malheureusement il ne put résister une seconde de plus et de nouveau, le professeur se retrouva devant lui.
TaeTae le fixait de ses yeux profondément noirs, un sourire sardonique sur le visage et derrière ce prince des ténèbres, il y avait Lyssa. Elle les observait de son trône d'ivoire, attendant le moment propice pour disperser son venin.
L'un était éteint, survivant comme il le pouvait. L'autre se nourrissait des peurs, des angoisses, de la faiblesse du premier. Et comme à chaque fois, TaeTae eut le dessus sur Taehyung et le posséda, l'envoyant de nouveau dans sa prison d'argent. Le professeur assista à la scène, à genoux sur le marbre froid.
TaeTae ouvrit les yeux d'un sourire triomphant. Il huma le parfum du serveur, il s'enivra de son odeur. Il approcha ses lèvres de la naissance du cou de Jeongguk, prêt à y laisser une nouvelle trace indélébile, mais il remarqua le fond de teint maquillant l'épiderme de son favori. Aussitôt il se recula, instaurant une distance de sécurité.
« Gukkie, sois mignon et va te changer, ordonna TaeTae sans plus de cérémonie. »
De là où il se situait, le professeur remarqua le regard perdu de Jeongguk, comme s'il cherchait ses mots, alors Taehyung commença à paniquer pour le brun. Que s'était-il passé pour que son coup de cœur soit effrayé ?
TaeTae s'impatienta et partit lui-même dans la salle de bain. Il alluma l'interrupteur et lorsque ses yeux tombèrent sur le costume de son lapin rose, déchiré par endroits et l'une des oreilles du serre-tête cassée, il vit rouge. Ce dernier prit le costume avec fureur, la colère dévalant ses veines. En revenant vers Jeongguk, l'autre vit sa tête baissée vers ses chaussures. Il voyait son anxiété. Fou furieux, il balança avec acharnement les habits vers le jeune homme.
« Qui a fait ça ? hurla l'alter-ego, les poings tremblants.
— P-pardon TaeTae, murmura Jeongguk d'une voix à peine audible.
— C'est toi qui as fait ça Gukkie ? C'est toi qui l'as détruit ? rugit le blondin, empoignant fermement la chemise du serveur et le plaqua violemment contre le mur.
— N-non hyung, c-ce n'est pas moi, avoua-t-il faiblement.
— Alors qui ? Jeongguk, dis moi cette putain de vérité que tu me caches depuis le début ! s'énerva encore plus le blond.
— U-un cl-client. »
Ce fut comme un électrochoc. Une claque forte et brûlante.
Taehyung vit son alter-ego relâcher Jeongguk et s'éloigner de ce dernier, une colère terrible s'emparant de lui. Alors que l'enseignant s'inquiétait du sort de son brunet, une tempête s'éleva ici bas, déchaînant les démons. TaeTae semblait sur le point d'exploser sa rage et Lyssa le voyait tout autant que le professeur.
Alors il y en avait d'autres ? Il y avait d'autres personnes qui profitaient de son Gukkie, de son Lapin Rose ? Son cœur lui fit tellement mal, comme si quelqu'un venait de lui déchirer le torse pour lui écraser l'organe vital. Taehyung ne supportait pas cette douleur, ses yeux commencèrent à se brouiller de larmes et sous ses émotions en plus de celles du prince qui devenaient de plus en plus incontrôlables, il sombra en pleurs lorsque TaeTae frappa dans le mur, juste à côté du visage de Jeongguk.
« Combien ? demanda-t-il d'une voix franche et rude.
— Deux, osa répondre le brunet.
— Alors tu fais ta pute à longueur de temps, pendant que moi, je crève toujours d'impatience de te retrouver en fin de semaine ? Tu aimes ça ? Te faire baiser comme si tu ne valais rien ? lui cracha le démon au visage, faisant souffrir le professeur de ses paroles.
— Ma pute ? Me faire baiser comme si je ne valais rien ? répéta Jeongguk, l'air soudainement en colère. Mais va te faire foutre Taehyung ! s'écria le serveur en repoussant brutalement son homologue. »
L'instituteur cria de désespoir. Jeongguk ne comprenait pas que ce n'était pas lui qu'il parlait, comment pourrait-il ?
Le plus jeune s'apprêtait à le quitter, la main sur la poignée de la porte. Mais TaeTae le rattrapa tout en se laissant imbibé du venin de Lyssa. Il l'embrassa de toutes ses forces, puis, de façon plus désordonnée, ce dernier ouvrit la chemise du serveur sans son autorisation. Il la lui retira sèchement, avant de lui déboucler la ceinture et de dézipper son jeans pour le faire glisser sur ses cuisses. L'alter-ego de Taehyung retourna Jeongguk et le bloqua face contre le mur, l'empêchant de bouger ou de partir en le retenant par le bras. Déchaîné, il fit descendre le boxer du brunet et ses pupilles noires comme son âme se posèrent sur les traces rouges qui tachaient la jolie peau laiteuse de son Gukkie. Sans prévenir, il vint claquer son épiderme de manière brutale et sans retenue.
« C'est ce qu'il te fait ce fils de pute ? Il te donne la fessée ? fulmina TaeTae, la voix dangereuse et bestiale.
— H... hyung... arrête, s'il te plaît, implora le serveur d'une voix faible.
— Et il te fait quoi l'autre connard ? Il te prend à sec ? Tu veux que je le fasse Jeongguk ? Tu veux que je te baise violemment contre ce mur ? balança-t-il avec véhémence, l'esprit contrôlé par sa rage.
— Tae... Taehyung, arrête, s'il te plaît, continua de supplier Jeongguk, les larmes coulant à flot.
— Tu ne veux pas ? Peut-être qu'il t'appelle « sa chienne » pour qu'après tu frottes ton cul contre sa petite bite ? C'est comme ça que vous le faîtes ? Allez, Jeongguk, dis-moi tout ce qu'ils te font et je te prouverai que je suis celui qu'il te faut. »
Mais le prince des ténèbres n'eut que des sanglots en réponse. Et bien qu'il en voulait à la terre entière, ça lui fissurait légèrement la pierre qui lui servait de cœur d'agir de la sorte avec Jeongguk, celui-ci ne le méritait peut-être pas.
Au fond, Taehyung s'en doutait qu'il n'était pas le seul, mais ça, TaeTae ne pouvait pas le concevoir. Ça le foutait en rage de savoir que c'était le cas et qu'il y avait deux heures de ça, Jeongguk faisait l'amour avec quelqu'un d'autre que lui. Ça le rendait fou de savoir qu'un autre avait posé ses mains sur son Lapin Rose, ses lèvres sur cette bouche carmine, qu'un autre avait osé entrer son sexe en lui. Ça le mettait tellement en rogne que le professeur avait peur que son alter-ego puisse tuer ces deux autres hommes. Il en serait capable.
Jeongguk était à lui, mais bien plus que tout, il était son Gukkie. Son petit lapin rose. Il était à lui, et un de ces connards avait bousillé son joli costume. Cet enfoiré s'en était pris à Lapidoux et personne n'en avait le droit. Plus maintenant !
« Tae... tu peux me lâcher, s'il te plaît ? Tu me fais mal, demanda le plus jeune tout bas. »
TaeTae ne l'écouta pas et retourna Jeongguk face à lui. Il ne manqua pas de voir les innombrables larmes qui avaient dévalé les joues du serveur, les rendant rouges et humides. Taehyung se détestait d'en avoir été en partie la cause, mais c'était plus fort que lui, c'était quelque chose qu'il ne pouvait pas contrôler.
« Pardonne-moi Gukkie, TaeTae a été méchant avec toi. Promis, je ne t'en veux plus, mais tu dois arrêter de voir ces autres hommes, d'accord ? Je te rachèterai un costume, énonça-t-il d'une voix bien plus calme, venant caresser du bout des doigts la joue humide de son favori.
— Je m'en fiche Taehyung, j'en ai marre de tes conneries. J'en ai marre que tu me considères comme ton lapin personnel. Fous-moi la paix et choisis une autre personne pour satisfaire tes folies, répondit Jeongguk d'un air las, rejetant les caresses du blond.
— Quoi ? Non, c'est toi qui doit l'être. C'est toi et personne d'autre. Je te promets Lapidoux, je serai plus gentil, clama l'alter-ego, apeuré.
— Moi, c'est Jeongguk ! Pas Lapidoux. Laisse-moi tranquille maintenant ! s'écria Jeongguk en le repoussant pour se rhabiller et quitter la chambre. »
TaeTae, révulsé, fixa la porte par laquelle le jeune homme venait de sortir. En une seconde, il se retrouva dans le royaume des ombres. Son aura dominante étouffa les lieux, même Lyssa n'arrivait pas à rester indifférente. Le prince s'avança vers la cage qui retenait le professeur. Il soupira de désespération en voyant les larmes humaines du garçon.
« Arrête de pleurnicher, c'est affligeant, proféra l'alter-ego.
— Pourquoi lui as-tu fait ça ? s'enquit Taehyung, dévasté.
— Il nous a trahis ! s'écria TaeTae, il ne mérite pas que tu t'en fasses pour lui.
— Non. Il ne m'a pas trahi. Je l'aime et s'il faut que je t'anéantisse pour le protéger, je le ferai, assura le professeur, enhardi par une soudaine détermination. »
Le prince ricana, amusé par l'élan de courage que Taehyung semblait avoir. L'alter-ego luciférien entra finalement dans la cage pour affronter celui qui l'empêchait de prendre le contrôle, une bonne fois pour toute.
« Toi, m'anéantir ? Tu n'y arriveras pas. Tu es bien trop faible pour ne serait-ce que l'imaginer, chuchota le souverain, amer.
— Oui. Ça fait trop longtemps que tu existes, il faut que je t'élimine, persista le professeur.
— Et comment tu le feras ? Tu as besoin de moi pour survivre, tu as toujours eu besoin de moi.
— Non. Tu mens, tu n'es pas réel. Tu n'es que le fruit de mon imagination, une simple entité malveillante, rétorqua le blondin avec haine.
— C'est vrai. Mais comment tout ça s'est créé, tu t'en souviens ? articula le prince, rappelle-toi ce qui est arrivé à Lapidoux. »
Taehyung fixa les billes noires du démon. Les mots de l'autre résonnèrent dans sa tête, suivant le rythme des allers-retours d'un boomerang aussi incisif qu'un couteau à la lame tranchante. Il tomba à genoux et se recroquevilla contre le marbre.
Aussitôt, ses souvenirs d'enfance refirent surface, le plongeant une nouvelle fois dans la cave, avec Lapidoux dans les bras. Il entendit de nouveau la dispute de ses parents causée par sa faute, encore et toujours de sa faute. Il revit son père descendre les escaliers et s'approcher de lui, claquant sauvagement sa main sur sa joue.
« Fils indigne ! Tu n'es qu'un vaurien ! Tu ne mérites même pas de vivre sous mon toit ! Cent-cinquante-mille wons, putain de merde ! Par ta faute, je vais devoir cent-cinquante-mille wons à cet enculé de Jisong ! Incapable ! »
Et à chaque exclamation, une claque venait. Toujours plus forte, toujours plus haineuse. Taehyung se revit en train de protéger Lapidoux des coups de son père. Si lui se faisait frapper, tant pis, mais sa peluche devait être en sécurité. Une énième claque s'abattit sur sa joue, et le professeur revit l'homme le relever et prendre son doudou de sa main grasse.
« Tu as gardé cette saloperie alors que je t'avais demandé de la jeter ? hurla son géniteur, furibond.
— P-pardon p-papa.
— Regarde-le bien, Taehyung, parce que c'est la dernière fois que tu le vois ! fulmina monsieur Kim, en projetant son fils à terre. »
Les larmes lui brouillant la vue, Taehyung n'eut d'autre choix que d'assister de nouveau à cette scène : Lapidoux dans les mains de son paternel, un briquet positionné juste en dessous de son corps, puis les flammes dévorant lentement son meilleur ami. Celui-ci fut jeté dans la poubelle, et tandis que le garçon regardait, impuissant, le feu consumer ce qu'il restait du pauvre lapin, son père cracha d'une voix venimeuse :
« Que ça te serve de leçon ! Tu ne mérites aucun ami, pas même ce fichu cadeau de ce petit con d'Hoseok. »
L'homme partit en martelant le sol de ses chaussures vernies. Le petit Taehyung attendit là, agenouillé au sol de la cave, les yeux rivés sur les restes de son Lapidoux, brûlé de toute part. Son meilleur ami n'était plus qu'un tas de cendres. Il venait de perdre celui qui l'aidait à tenir, celui qui lui permettait de rester courageux et vaillant. Celui qui lui tenait compagnie le soir, lorsqu'un orage éclatait ou encore quand son père rentrait bourré, et qu'il prenait un malin plaisir à maltraiter sa mère. Taehyung venait de perdre à jamais celui qui gardait ses plus profonds secrets, ses rêves les plus inavouables. Il venait de perdre celui qui l'aimait le plus dans ce monde, avec Hoseok.
Ce fut à ce moment que l'enseignant le vit : TaeTae. Il se tenait à la droite du petit garçon. Des volutes noires se dégageaient de l'entité, elle avait une aura plus sombre que les ténèbres. Taehyung observa la scène et il remarqua la deuxième présence, tout au fond de la cave, qui admirait les deux enfants. C'était elle, Lyssa. Depuis le départ, elle se trouvait à ses côtés, planifiant sans doute le moment où la déesse viendrait l'empoisonner.
Taehyung délaissa la femme pour se reconcentrer sur les deux petits garçons. Son alter-ego vint prendre la petite main de l'enfant pour attirer son attention.
« Qui es-tu ? demanda le garçonnet.
— Ton nouveau meilleur ami. »
Ainsi, Taehyung comprit ce qu'il s'était passé cette nuit-là. Lapidoux n'existait plus pour le protéger du monde affreux que lui décrivait son père, alors sa conscience avait développé une deuxième identité pour l'aider à survivre. Mais son géniteur était mort, le professeur savait qu'à présent, il n'avait plus rien à craindre de la vie et de ses émotions. Il comprenait enfin que son amour pour Jeongguk était sa guérison.
La cave se brouilla dans une nuée de brume et il se retrouva dans le royaume de son alter-ego. Les ténèbres n'existaient plus, Lyssa avait disparu en même temps que les démons. Il n'y avait plus que de la lumière et de l'or autour de lui. C'était somptueux et magnifique. Taehyung observa les alentours pour chercher TaeTae et il le trouva dehors, allongé sur l'herbe fraîche en compagnie d'un lapin. Il annonça un pas hésitant vers eux, ne sachant pas à quoi s'attendre.
« Je te vois imbécile, tu peux avancer. Je ne vais pas te manger, plaisanta l'autre d'une voix plus douce, plus joyeuse.
— Tu as changé, lui fit remarquer le professeur.
— Les cheveux noirs, c'est démodé apparemment, répliqua-t-il. »
L'ancien prince des ombres s'était métamorphosé en un ange bien plus accueillant que le démon qui sévissait auparavant. La chevelure de TaeTae brillait sous la lumière du soleil, ses teints argentés nous poussaient à vouloir les effleurer. Non seulement la couleur de sa tignasse avait changé, mais aussi son accoutrement : le costume des ténèbres était remplacé par un simple pull en laine blanche, accompagné d'un pantalon du même coloris.
« Le royaume n'est plus le même, c'est toi qui l'a remodelé ?
— C'est vrai que j'ai eu le temps de passer un diplôme d'architecte, ironisa le bel ange. Non Taehyung, tu t'es simplement pardonné.
— Me pardonner ? De quoi ? lui demanda le blondin. »
TaeTae se leva du sol pour faire face à son alter-ego.
« De ne pas avoir protégé Lapidoux. Tu ne comprenais pas encore que ce n'était pas de ta faute si la folie de ton père avait débordé cette nuit-là. Tu t'en es tellement voulu que ta conscience a créé ce royaume des ombres pour t'aider à survivre. Contrairement à ce que tu crois, je n'ai jamais été mauvais, lui expliqua l'autre.
— Mais tes agissements envers Jeongguk prouvent le contraire, rétorqua Taehyung.
— Je sais. Sauf que ce n'était pas ma colère que j'exprimais, c'était la tienne. Toutes tes mauvaises émotions, c'était par moi qu'elles s'extériorisaient. Toute cette rancœur qui te bouffait, toute cette culpabilité accumulée, énuméra TaeTae. Elles te rongeaient l'âme. Alors, parce que tu aimes Jeongguk, tu te punissais en lui faisant du mal.
— Tu veux dire que tout ça, c'était de ma faute ?
— Non Taehyung. Tout ça, c'est la faute de ton père. En te privant de la seule marque d'affection, il t'a condamné à refuser toute sorte d'amour. »
Le jeune homme assimila les dires de son alter-ego. Il comprenait enfin que durant tout ce temps, cet individu malfaisant qu'était son père avait réussi à lui bousiller la vie. Malgré sa mort, il arrivait encore à avoir une emprise sur Taehyung. Mais plus maintenant, à présent il savait que l'amour ne lui était pas interdit.
« Il reste tout de même quelque chose que je ne saisis pas, est-ce que je suis fou ?
— Ça, c'est la question à un million. Faut être sacrément perché pour se créer tout un monde dans sa tête, se moqua TaeTae. Maintenant, tu dois retourner auprès de Jeongguk et tout lui expliquer. Il ne doit pas rester sur cette image de toi. Et puis, tu ternis l'atmosphère de mon royaume avec tes mauvaises ondes. »
Taehyung sourit pour la première fois face à son alter-ego. Alors qu'il se dirigeait vers le château d'or, TaeTae énonça d'une voix sincère :
« N'aie pas peur d'aimer Taehyung, tu as le droit à l'amour comme tout le monde et soit heureux, parce que je déteste porter du noir. »
Le jeune enseignant hocha positivement de la tête, tout en s'engouffrant dans le château, avant que celui-ci ne s'efface comme par magie.
⁂
Lorsqu'il entendit la porte s'ouvrir, Taehyung réalisa enfin où il se trouvait. Il avait quitté le royaume de sa conscience comme lui avait suggéré son alter-ego. Toutefois, il se demandait s'il allait le revoir, un jour ou l'autre.
« Tae ? souffla une voix bien différente de celle de TaeTae. Oh mon dieu, Taehyung, qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? demanda la personne qui venait de s'agenouiller à côté de lui, tout en le prenant dans ses bras.
— Gu-gukkie ? murmura Taehyung.
— Oui TaeTae, c'est moi, tout va bien, le rassura ledit Gukkie.
— Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
— Je n'en sais rien, quand je suis revenu, tu étais au sol.
— J'ai dû faire un malaise, s'enquit-il. »
Le professeur se releva à l'aide du plus jeune. Debout sur ses pieds, le blondin fit face à son homologue. C'était le moment de tout dévoiler à Jeongguk, alors il les emmena jusqu'au canapé.
« Pardonne-moi de t'avoir appelé Lapidoux tout à l'heure et pour tout ce que j'ai pu te dire. Mais je dois t'avouer pourquoi, dit Taehyung d'un ton monotone.
— Qu'est-ce qu'il s'est passé, Tae ? Qui est Lapidoux ? demanda le serveur en venant caresser du bout des doigts la chevelure du professeur. »
Ce fut ainsi que Taehyung raconta toute l'histoire à Jeongguk, de son enfance maltraitée jusqu'à l'apparition de TaeTae. Il lui déballa les mauvais souvenirs avec son père, comme celui de la perte de son lapin. Il lui confessa aussi le rôle de ce dernier dans sa vie, de ce qu'il représentait. Il continua à lui dépeindre certaines bribes de son passé, comme le jour où sa mère et lui avaient décidé de s'enfuir de la maison pour aller chez sa grand-mère, mais que son père avait fini par le savoir et les avait ramenés de force chez eux. Ou encore celui avec Hoseok, bien plus joyeux, quand ils avaient mangé une glace ensemble après l'école avec la mère adoptive de celui-ci.
Taehyung avait choisi d'être transparent, de se mettre à nu psychiquement. Il démontrait enfin ce qu'il se cachait derrière la raison de sa folie, répondant ainsi à chaque question muette que s'était posée le brun. Jeongguk l'écouta attentivement, sans oser prendre la parole une seule fois. Il resta silencieux et berça Taehyung tout du long.
⁂
Hoseok quittait le travail avec l'énorme envie de souffler, de se lâcher. Il était frustré à cause de ces abrutis qui ne comprenaient rien à rien. Il lui fallait voir Jimin, et maintenant ! Celui-ci était le seul à pouvoir le calmer, à l'apaiser. C'était son Ange, après tout. La personne qu'il aimait plus que tout, bien qu'il n'arrivait pas encore à se l'admettre et à se l'avouer. Il desserra sa cravate avant de la retirer de son cou, cette merde l'étouffait. Elle serait mieux autour des poignets de son bleuté. Ce fut donc avec cette idée en tête qu'il démarra en trombe en direction du Delisium.
Sur le trajet, le rougeâtre se fit la réflexion qu'il n'avait pas vu Taehyung cette après-midi et il lui avait manqué durant la pause. Leur amitié était ce qu'il lui restait de plus cher dans ce grand bordel qu'était sa vie. Le professeur d'histoire était sans doute l'ancre qui lui permettait de ne pas trop sombrer dans les profondeurs de ses abysses. Il se fit la note mentale de l'appeler à la fin de la soirée. Mais pour le moment, c'était la raison de ses envies les plus folles qui primait : Park Jimin.
Il se gara sur le parking du club, avant de descendre de sa voiture pour se rendre à l'entrée du Delisium, Il avait hâte, tellement hâte de pouvoir retrouver son corps auprès de celui du céruléen. L'enseignant voulait retrouver ses lèvres et embraser son être entier par sa chaleur naturelle. Il voulait que Jimin le supplie de lui faire l'amour, de l'aimer et de le rendre si heureux qu'il ne verrait que lui. Alors, le rougeâtre entra dans le bâtiment avec la ferme intention de prendre en otage l'amour de sa vie. Il balaya du regard l'entièreté de la salle, mais quand ses iris tombèrent sur son objet de convoitise, Hoseok se glaça sur place.
Il le voyait se faire embrasser, toucher par cette femme, ses mains descendre sur ses fesses bien rebondies. À cet instant, la douce voix de Lyssa lui murmura : « Mais que fait Jimin ? Pourquoi se laisse-t-il faire par cette pétasse trop maigrichonne ? À mon avis, il t'a remplacé par elle. »
Le rouquin en eut assez. Il ressentit la colère vibrer dans ses veines, pulsée sauvagement par les battements de son cœur déchaîné. D'un pas ferme, Hoseok s'avança vers Jimin et la jeune femme tatouée d'un serpent longeant sa cuisse. Il repoussa brutalement l'inconnue, tellement fort qu'elle se claqua le dos contre le mur.
« Hy-hyung.. ? Qu'est-ce que.. qu'est-ce que tu fais là ? demanda fébrilement Jimin. »
Hoseok lui jeta un regard noir, brûlant de haine. Et sans aucune honte, il leva sa main pour l'abattre contre la joue de la jeune femme.
« Allez trouver un autre homme à baiser. Celui-ci est déjà pris, gronda le musicien d'une voix calme, dangereuse. »
Le rougeâtre reporta son regard vers le plus jeune et le tira jusqu'à leur chambre sans se retourner une seule fois. Comment Jimin avait-il pu lui faire ça ? Pourquoi ? Ne lui donnait-il pas assez de plaisir ? Ne le satisfaisait-il pas correctement ? Tellement de questions sans réponses que ça lui en donnait l'envie d'hurler.
Arrivés dans la pièce désirée, Hoseok tira violemment Jimin, le faisant tomber au sol. Il ferma la porte à clef afin de s'assurer de ne pas être dérangé par qui que ce soit. On pouvait voir dans ses yeux sombres une flamme aux allures dangereuses danser. Le jeune homme était fou. Fou de savoir qu'une autre avait pu toucher son Ange. Il fallait le nettoyer, le laver de tout souillage. Alors il l'emmena dans la salle de bain après l'avoir relevé du sol.
« Ho-Hoseok hyung, calme-toi, s'il te plaît, implora Jimin d'une voix fébrile. »
Cependant, Hoseok resta muet et, tandis qu'il planta ses iris noirs dans ceux apeurés de Jimin, il ouvrit l'eau sur le corps du plus jeune. L'azuré lui cria de fermer le robinet, affirmant que le liquide était beaucoup trop froid.
Alors Hoseok tourna le mitigeur du côté chaud. En attendant que le liquide devienne bouillant, il retira les vêtements souillés de son bien-aimé, les jeta à la poubelle malgré les questions de Jimin, et quand l'eau fut assez chaude à son goût, le rouquin remit le plus jeune sous le jet. Il prit ensuite la bouteille de gel douche parfumé à la vanille d'un geste brusque, pour la vider à moitié sur le corps brûlant du céruléen.
« Hoseok, mais merde, qu'est-ce que tu as ? Réponds-moi !
— Elle t'a aussi souillé ton éducation, cette salope, fit-il comme simple remarque. »
C'était comme si Hoseok ne l'écoutait pas. Le rougeâtre n'entendait plus rien. Il ne voyait que les traces laissées par les mains de la jeune femme. Il ne percevait que les vestiges néfastes Jimin et ces dernières salissaient son bel Ange.
Lyssa se glissa derrière lui, chuchotant une litanie morbide à l'oreille. Elle sentait sa haine, sa peur, son désarroi. Hoseok était à deux doigts de se laisser corrompre et il suffit qu'elle plante ses griffes dans son cœur pour qu'il abandonne et laisse la Furie prendre son contrôle.
Les émotions exacerbées, il ne pouvait pas laisser passer ça, son trésor devait être nettoyé de toutes saletés alors il frotta le savon sur tout le corps du bleuté malgré ses nombreuses protestations. Le plus jeune ne le laissait pas faire, il se débattait de toutes ses forces. Par conséquent, Hoseok retira la cravate de sa poche de pantalon avant de venir attacher les mains de son vis-à-vis à la colonne de douche, de façon à ce qu'il ne puisse plus l'empêcher de le laver. C'était pour son bien, en plus ! Il devait le comprendre. Le musicien s'assura que le morceau de tissu était bien serré avant de revenir poser ses dextres sur le corps nu du jeune homme.
Au fur et à mesure des frottements, la peau originairement mate du serveur devenait rouge cramoisi. Jimin avait terriblement mal et son épiderme le brûlait. Et ce ne fut qu'à la vue de cette couleur que Hoseok se sentit satisfait. Cela voulait dire que son Ange était purifié de tout immondice. La Furie était rassasiée.
Alors, il détacha délicatement les poignets du céruléen et le sortit de la douche pour le sécher. Mais le serveur le repoussa, le traitant de malade mental. Hoseok secoua négativement la tête. Non, il n'en était pas un. C'était faux ! Il voulait juste le purifier.
« Pourquoi tu dis ça, mon Ange ? Je t'ai lavé parce que cette démone t'a souillé. J'ai fait ça pour ton bien, pourquoi tu ne le comprends pas ? s'enquit doucement Hoseok.
— Hyung, ma peau me fait mal ! Elle est tellement sensible que j'ai peur de me sécher ! Et pourquoi tu as frappé cette inconnue ? Ton père ne t'a jamais appris qu'il ne fallait pas violenter une femme ? s'écria Jimin en s'éloignant de plus en plus de sa personne.
— Retire ça ! Retire ce que tu viens de dire ! ordonna le plus âgé, en venant serrer la gorge du serveur.
— D'a...d'accord. Excuse-moi, réussi à articuler le serveur en essayant de se libérer de sa prise. »
Le rouquin écarquilla les yeux en voyant le visage de son serveur devenir rouge sous l'effet de suffocation. Hoseok se dégoûtait, il était devenu comme lui. Il était devenu aussi ravagé que son père.
Durant toutes ses années, il avait tout fait pour éviter de lui ressembler. Le jeune homme s'était fait la promesse de ne pas suivre les pas de son géniteur et voilà qu'il en était au même stade que lui : utiliser la violence contre l'amour de sa vie. Parce qu'ils étaient tous les deux comme ça, ils se transformaient en monstres sous l'effet dévastateur de la jalousie, du pouvoir démoniaque de Lyssa.
« Pardonne-moi, Jimin, pardonne-moi, récita Hoseok comme une litanie. »
Le rougeâtre s'agenouilla au sol, posant ses mains sur son crâne au niveau de ses tempes, en répétant toujours ses excuses au serveur. Il aimait Jimin, du plus profond de son cœur et c'était peut-être ça qui l'effrayait autant.
Car l'amour le rendait fou. L'amour ne lui permettait pas de discerner la réalité de son imagination dangereuse. Jimin aurait beau lui dire toutes les vérités qu'il voudrait, Hoseok ne le croirait jamais. Car pour lui, il n'y avait que sa vision des choses qui comptait. Et pourtant, il aimait tellement Jimin que s'il devait s'en éloigner, il en mourrait. Il en oublierait de respirer.
« Hyung, qu'est-ce qu'il se passe ? souffla le plus jeune en se rapprochant de lui, non sans appréhension.
— J'ai peur, Jiminie.
— Tu as peur de quoi ?
— De moi, avoua-t-il en plongeant ses prunelles remplies de larmes dans celles, surprises, de Jimin. »
Et pile à ce moment-là, Hoseok craqua. Il pleura comme un petit garçon, il pleura comme il aurait dû le faire le jour où son père s'était fait embarquer par la police pour avoir tué sa mère sous les coups et les mots durs. Il pleura comme il aurait dû le faire le jour où il avait vu le corps inerte de sa génitrice se faire enlever par les scientifiques de la police. Il pleura et s'effondra dans les bras de Jimin. Le même à qui il avait fait du mal, à qui il avait fait peur.
Hoseok laissa tout sortir. Il raconta tout à son homologue, sans oublier de lui évoquer ses envies de suicide. Il lui expliqua tout, d'à quel point ça avait été dur pour lui de se faire des amis, de se faire accepter parmi les enfants de l'orphelinat. D'à quel point ça avait été un soulagement d'apprendre que son père était mort en cellule, d'à quel point ça avait été dur d'aller voir sa mère au funérarium en sachant ce qu'elle avait vécu alors qu'il n'avait pas su la protéger, même s'il n'était âgé que de sept ans. D'à quel point il s'en voulait d'avoir eu envie de mourir alors qu'il s'était fait adopter par une famille bien plus aimante et adorable que la sienne. D'à quel point il avait pu trouver en son meilleur ami Taehyung, un havre de paix, une sérénité qu'il cherchait depuis tant d'années.
Hoseok se dévoila, sans laisser une quelconque partie de lui de côté, et il se rendit compte que cela le libérait d'un énorme poids. Jimin le laissa parler, sans le couper une seule fois, tout en lui faisant de douces et légères caresses dans les cheveux, amoindrissant ainsi ses sanglots et sa douleur.
⁂
3rd Act
Séoul, printemps 2020, appartement de Kim Taehyung et Jeon Jeongguk, 02 :55
Il n'y avait aucun bruit dans le logement, hormis le grésillement incessant du frigo. Les lumières étaient éteintes et dans la chambre principale, il y avait ce couple enlacé dans les draps défaits de leur lit. Des vêtements semblaient avoir été déposés au sol à la hâte, comme si dans ce lieu, quelque chose de secret, d'interdit s'était passé.
Le dos de Taehyung était collé au torse du brun devenu noiraud, ses mains se cramponnant à celles de son amant. Une atmosphère chaleureuse planait dans la pièce, la lumière de la Lune passait à travers les stores pour venir caresser le couple avec tendresse.
Les petits ronflements des deux hommes présents sur le lit emplissaient le lieu. Et si on se concentrait assez, on arrivait à entendre les battements des cœurs qui s'unissaient dans un même rythme. Rien n'aurait pu entraver cette image idyllique et paisible. Tout était parfaitement à sa place, tout était comme il devait être.
Seulement, le téléphone se mettant à sonner sur la petite table de nuit de Jeongguk en avait décidé autrement, réveillant ainsi les deux hommes. Le propriétaire de l'objet de malheur tendit le bras pour l'attraper en grognant. D'un œil à moitié ouvert, il vit rapidement que c'était un appel, mais ne fit aucunement attention au nom de l'interlocuteur.
« Allô ? dit-il en apportant le cellulaire à son oreille.
— Guk, c'est Jimin. Je suis désolé de t'appeler aussi tard. Mais j'ai besoin de toi.
— Qu'est-ce qu'il y a ? C'est Hoseok hyung ? demanda précipitamment le jeune noiraud, à présent réveillé.
— Non ! Cet imbécile est tranquillement en train de dormir ! C'est Saejin, elle n'arrête pas de pleurer, je... je ne sais pas quoi faire, aide-moi, supplia le plus âgé visiblement dépassé par la situation.
— OK, calme-toi, j'arrive dans dix minutes. »
Jeongguk raccrocha et se leva malgré tout du lit, sous le regard interrogatif de son petit-ami.
« Qu'est-ce qu'il se passe ? prononça d'une voix enrouée l'argenté, anciennement blond.
— C'est Jimin, il a besoin de moi. Saejin n'arrête pas de pleurer et il panique. Tu sais comment il est avec elle, déclara simplement Jeongguk tout en remettant son pull par-dessus son t-shirt.
— Saejin doit faire une poussée dentaire, comme la dernière fois. Pourquoi il ne le comprend pas ? Je lui ai déjà dit que sa fille était précoce ! ronchonna Taehyung tout en se levant à son tour.
— Je le sais, mais c'est Jimin. C'est un vrai papa poule quand il s'y met.
— Et hyung, il dormait je présume ? marmonna le professeur d'histoire en enfilant son pull.
— Comment tu le sais ?
— L'intuition et sans doute parce que je sais comment fonctionne mon meilleur ami. »
Le couple quitta l'appartement aux alentours de trois heures du matin pour se rendre chez leurs meilleurs amis.
Un an auparavant...
Taehyung était nerveux. Ça pour l'être, il était sur le point d'imploser ! Cela faisait exactement trente-six minutes qu'il attendait Jeongguk, dans le café que le brunet lui avait donné rendez-vous.
Depuis leur fameuse entrevue au Delisium qui s'était transformée en une après-midi confession, Taehyung n'y avait plus mis les pieds, du moins dans cette chambre. Mais comme Seokjin insistait sans arrêt à ce qu'il revienne au bar juste pour boire un verre, il avait fini par accepter.
Désormais, lorsqu'il faisait face à Jeongguk, il ne savait plus comment se tenir, ni quoi dire. L'assurance dont il a fait preuve lorsqu'il devait affronter l'identité sombre de son alter-ego l'avait quelque peu abandonné. C'était souvent le serveur qui devait faire le premier pas si ce dernier voulait qu'une discussion se fasse entre eux.
Depuis ses révélations, Taehyung se sentait très vulnérable auprès du plus jeune, malgré les nombreuses fois où celui-ci lui avait assuré que cela ne le dérangeait en rien de rejouer au Lapin Rose durant leurs épanchements sexuels. Mais le professeur n'arrivait plus à l'accepter. Il ne voulait plus redonner vie à son côté maléfique, TaeTae lui avait explicitement avoué que cette entité sombre était le résultat d'une culpabilité sans fond.
Alors le jeune enseignant eut pris la décision d'arrêter ces jeux sexuels et de commencer, si l'employé du club le voulait bien, une histoire sérieuse et sincère.
Taehyung avait tourné et retourné le sujet dans sa tête, s'était posé un milliard de questions et néanmoins, une seule et même réponse lui semblait être la bonne. Il aimait Jeongguk. Il l'aimait bien plus qu'il n'avait pu adorer Lapidoux et s'il voulait construire quelque chose avec le brunet, il fallait mettre les points sur les I et faire table rase du passé.
Il était clair que Lapidoux resterait éternellement incrusté dans sa mémoire et dans son cœur, tout comme le souvenir de TaeTae. Mais cette peluche faisait partie de son passé, au même titre que son autre-lui. Un temps révolu bien qu'il fut douloureux et dévastateur. Jeongguk était celui qui l'amènerait vers une situation plus saine, de moins déséquilibré et de moins destructeur. C'était sa décision et si son cadet refusait, alors il saura à quoi s'en tenir.
Le tintement de cloche retentissant à l'entrée du café captura l'attention de Taehyung, perdu dans ses pensées. Une tête qu'il connaissait faisait son apparition, mais elle avait changé : la couleur de ses cheveux avait laissé place à un noir corbeaux magnifiquement attirant. Bien plus majestueux que la noirceur du feu le prince des ténèbres.
La bouche de Taehyung s'ouvrit en deux, tandis que ses orbes noisettes admirèrent le bellâtre qui venait de faire son entrée. Jeongguk était magnifique. Incroyablement beau et séduisant. À ce moment exact, toute personne normalement constituée aurait pu tomber sous son charme. L'historien en était le premier. L'ébène sourit, faisant ressortir ses dents de lapin avant de prendre place sous les yeux amoureux du professeur.
« Bonjour hyung, désolé pour le retard, mais je suis passé chez le coiffeur, s'enquit le jeune homme en retirant sa veste pour la déposer sur le dossier de la chaise.
— Cette couleur te va extrêmement bien, avoua Taehyung sans pouvoir se retenir.
— Merci. La tienne aussi te va comme un gant, le complimenta Jeongguk en montrant d'un coup d'œil sa chevelure devenue argentée.
— Oh, merci. »
Taehyung sourit bêtement en venant entortiller une mèche de ses cheveux sous le compliment. La couleur d'argent lui avait été perçue comme une évidence lorsqu'il dut choisir. C'était son moyen de se rappeler Taetae et par quelles étapes il a dû passer pour en arriver là.
C'était étrange. Pour la première fois de sa vie, il se sentait heureux. Il se sentait pousser des ailes, là, en compagnie du serveur. Mais le professeur se ressaisit lorsque Jeongguk lui demanda pour quelle raison il l'avait fait venir.
« Euh si... Si je t'ai donné rendez-vous, c'était pour te demander quelque chose. Tu as le droit de refuser, je ne t'en voudrais pas, déclara l'argenté en joignant ses mains sous la table, un tic qu'il avait pour s'aider à rester concentré.
— Je t'écoute hyung, souffla Jeongguk, non sans être légèrement piqué de curiosité.
— Comme tu le sais, je n'ai jamais vraiment compris ce qu'était l'amour, ni même de quoi ça en avait l'air entre deux personnes saines d'esprit. Pourtant Jeongguk, lança Taehyung avant de fixer ses orbes dans celles attentives de son cadet, avec toi j'ai la sensation de le vivre. De vivre ces sentiments dont parlent les livres à l'eau de rose, des films auxquels je ne comprends jamais rien, il fit une pause pour s'humidifier les lèvres, puis reprit, je suis conscient de ne pas avoir débuter correctement avec toi. Je sais que j'ai eu une période excentrique et je suis suivi maintenant. Alors oui, tu m'as pardonné, mais je te le redemande une nouvelle fois, parce que j'y tiens, s'enquit-il plein de sincérité, tu es le seul à qui je le dirai, tu es le seul à qui je veux le déclarer. Jeongguk, je t'aime. Bien plus que tout, bien plus que n'importe qui et si tu m'en donnais la chance, je te prouverai que ma seule folie désormais, sera de te rendre heureux. »
La gorge du plus âgé le brûla légèrement, mais il s'en fichait. Il s'était dévoilé une seconde fois, sauf que cette fois-ci, Taehyung ne ressentait aucune douleur à son cœur contrairement à la première fois. Les yeux de l'argenté se posèrent sur le noiraud, attendant patiemment sa réponse. En observant les billes onyx du serveur, on pouvait y voir un tas d'émotions, la surprise prédominante mais il y avait aussi un sentiment qu'il n'arrivait pas à reconnaître. Soudainement, le courage qu'avait su rassembler Taehyung lui fila entre les doigts, au fur et à mesure que Jeongguk continuait à jouer au roi du silence.
Deux minutes — ou alors trois ? — s'étaient écoulées avant que Jeongguk ne se mette à parler pour le plus grand soulagement de Taehyung.
« Avant de te donner ma réponse, je veux que tu me dises quelque chose.
— Quoi donc ?
— Pourquoi moi ?
— Je n'en sais rien. Pourquoi toi et pas un autre ? Sûrement le destin, je dirais. Au fond, je ne pourrai pas te dire la raison. Je sais juste qu'il n'y a que toi qui réussit à me stabiliser, à faire de moi une personne qui aime. Une personne humaine, répondit Taehyung avec transparence.
— Je vois. »
L'argenté espérait sincèrement que sa réponse serait celle que Jeongguk voulait entendre. Pour dire vrai, il le vivrait mal si le noiraud décidait de ne pas donner suite à ses sentiments, mais c'était la vie et si le plus jeune ne voulait pas de lui dans la sienne, alors il devait s'y faire.
Taehyung commençait peu à peu à perdre espoir, son sourire s'amenuisant au fur et à mesure des secondes. Alors, quand deux grandes dextres vinrent entourer son visage et que deux lèvres se posèrent délicatement sur les siennes lui donnant le plus beau baiser de son existence, Taehyung crut rêver. Les lippes du noiraud se détachèrent des siennes, laissant un vide froid sur la bouche du professeur.
« T'as de la chance que je t'aimais déjà bien avant que tu me révèles ton T.D.I.
— Qu...Quoi ? bégaya Taehyung sous la surprise.
— Ce jour-là, j'avais mis fin à mes contrats avec les deux autres clients. C'est pour ça que mon costume s'est fait casser et déchirer, mais tu n'as pas voulu, enfin il n'a pas voulu me laisser m'expliquer. Il a tout de suite tiré des conclusions hâtives, sans chercher à comprendre, avoua Jeongguk d'un air nostalgique. J'ai eu peur de lui, je ne te le cache pas. Il était dérangé, mais je m'en fichais parce que je te trouvais si...énigmatique, si singulier Taehyung. Tu me plaisais tellement que je m'en foutais de jouer au Lapin Rose pour que tu daignes me parler.
— Oh mon Dieu... Jeongguk, soupira le jeune professeur sous le choc, les larmes brouillant sa vue.
— Alors oui, sur le moment, je t'en ai voulu parce que je ne savais pas que c'était lui. Ses insultes et sa façon de réagir m'ont brisé le cœur, j'ai voulu partir et ne plus jamais revenir auprès de toi, mais je n'ai même pas pu faire un pas de plus quand je suis sorti de la chambre, déclara le nouveau noiraud, les yeux fixant la table en relatant l'anecdote, j'avais besoin de toi autant que tu avais besoin de moi pour te libérer.
— Pardonne-moi Jeongguk, souffla l'argenté entre deux sanglots. »
Jeongguk se leva de sa chaise et vint se placer aux côtés de Taehyung pour le prendre dans ses bras. L'enseignant s'insultait intérieurement, comme un grand imbécile, s'il n'avait pas été faible face à son paternel, jamais Lyssa ne l'aurait empoisonné. Jamais son alter-ego maléfique n'aurait vu le jour. Il répétait ses excuses au serveur, mais ce dernier lui disait d'arrêter de pleurer, de se calmer et que tout était arrangé maintenant.
Au bout d'un moment, ils sortirent du café, main dans la main, et se rendirent tous les deux à l'appartement du plus âgé. Ils firent l'amour plusieurs fois cet après-midi là, se montrant l'affection qu'ils avaient l'un pour l'autre. Se promettant de ne plus jamais laisser la jalousie prendre le dessus dans leur relation.
Séoul, appartement de Jung Hoseok et Park Jimin, 03 :10
Jeongguk tambourina à la porte du logement. Elle s'ouvrit sur Jimin et la petite Saejin dans les bras. Le couple entra dans l'appartement, laissant le papa adoptif refermer la porte derrière eux.
« Taehyung, si t'allais réveiller ton super meilleur ami, tu seras un réel amour, souffla Jimin, totalement épuisé.
— Je m'en charge, Minie ! »
Après le départ de l'argenté, Jeongguk se tourna vers son meilleur ami dont les yeux étaient fatigués, ses cernes prenaient de plus en plus de place sur son visage. Le noiraud posa le regard sur sa filleule, toujours en pleurs. Il la prit dans ses bras, déchargeant de ce fait son ami qui s'écroula dans le canapé.
« Oh mais pourquoi ces grosses larmes Saejin ? Parrain est là maintenant, calme-toi. »
Le noiraud caressa le dos de la petite fille, tout en la berçant contre lui. Il se mit à chantonner pour détendre le bébé dans ses bras et tandis qu'il réussissait à calmer les pleurs de Saejin, Taehyung apparut avec Hoseok à ses côtés.
« T'es vraiment qu'une quiche comme père ! murmura Taehyung à l'intention de son meilleur ami.
— Ah la ferme toi ! Je t'ai déjà dit que j'ai le sommeil lourd ! se défendit Hoseok à voix basse.
— Regarde l'état de ton homme ! Il est épuisé et a besoin de repos, donc monsieur-le-sommeil-lourd va passer le reste de sa nuit à s'occuper de sa fille, pendant que son mari va aller dormir ! le sermonna faiblement Taehyung en glissant la petite Saejin dans ses bras.
— D'accord, d'accord ! Je vais m'en occuper, répliqua le nouveau brunet en continuant de bercer sa fille, mon cœur, va te reposer dans le lit, dit-il à Jimin qui plongeait déjà dans le canapé. »
Le deuxième papa ouvrit un œil et se leva du fauteuil, puis tout en remerciant les garçons d'être venus l'aider, s'en alla dans sa chambre. Jeongguk partit chercher un médicament pour faire passer la fièvre de sa filleule dans la salle de bain, tandis que les deux meilleurs amis s'installèrent dans le salon.
« Tiens, mets-lui ça, ça fera baisser sa température pour la nuit. Mais il va falloir prendre rendez-vous avec le pédiatre pour voir si elle n'a rien de plus, lui expliqua Jeongguk en revenant de la salle de bain.
— Oui, chef, c'est compris.
— On va vous laisser alors, prends bien soin d'eux, soupira le parrain avant de se diriger vers la porte d'entrée.
— Merci Guk, s'enquit Hoseok en se relevant avec sa fille dans les bras.
— C'est mon rôle de parrain. Ah et hyung ?
— Oui ?
— Jimin a besoin de toi. S'il te plaît, allège-le un peu plus. Il est exténué, mais jamais il ne te demandera ton aide, je le connais.
— Je te le promets, allez-y à présent. »
Le couple fit alors ses au revoirs avant de quitter l'appartement de la petite famille Jung-Park. Hoseok s'en alla dans la salle de bain afin de mettre le suppositoire à Saejin, puis il ressortit avec elle et tous les deux s'allongèrent dans le canapé. Tout en administrant des caresses dans le dos de sa fille, le brunet se mit à repenser à ces mois qui s'étaient écoulés à vive allure.
Un an auparavant...
Il y avait un beau soleil dehors. Ses rayons lumineux recouvraient toute la ville et notamment la petite terrasse où se trouvait Hoseok. Il sirotait un jus de citron en attendant la personne de son rendez-vous, qui n'était autre que Jimin.
Depuis leur dernière entrevue au Delisium, le plus jeune insistait pour qu'ils se voient plus souvent. Le fait qu'Hoseok lui révèle qu'il avait peur de lui-même parce qu'il était effrayé à l'idée d'avoir la même particularité que son père possédait concernant les effets de l'amour sur sa propre personne, le serveur tenait à lui démontrer le contraire le concernant.
Et ce rendez-vous faisait partie de ces nombreux rencards qu'ils faisaient régulièrement sous les demandes capricieuses du plus jeune. Cependant, cette fois-ci, son cadet était en retard et Hoseok ne savait pas pourquoi.
L'azuré ne lui avait envoyé aucun message, ne lui avait passé aucun appel pour le prévenir de son retard ou d'une éventuelle absence. Alors l'ancien rouquin devenu brun attendit patiemment l'arrivée de son serveur préféré. Il avait eu du temps pour réfléchir sur ses positions concernant Jimin, il était clair comme de l'eau de roche qu'Hoseok éprouvait de l'amour pour lui.
C'était bien ça qui l'effrayait, mais le plus jeune lui assurait qu'il n'était pas comme son père, que s'il avait agi comme ça la dernière fois c'était parce que sa jalousie l'avait possédé et qu'il avait simplement laissé parler sa colère. Hoseok ne le croyait pas pour autant, il s'en voulait toujours du comportement qu'il avait eu, ce jour-là, au Delisium. Ça allait être bien compliqué pour le musicien de se défaire de cette image de lui, cependant quand il se trouvait avec Jimin, tout s'envolait : ses doutes, ses peurs, ses questions, ses incompréhensions. Tout était plus simple avec le barman, tout était beaucoup plus supportable.
Alors qu'il avait bu la dernière goutte de son jus de citron, une tête blonde apparut devant lui avec le sourire de son bien-aimé. Jimin avait dit au revoir au bleu pour laisser son côté ange ressortir. Hoseok le trouvait magnifique comme ça, irrésistible et totalement angélique. Prenant place face à lui, son cadet semblait encore plus somptueux, le plus âgé n'arrivait pas à décrocher le regard de son vis-à-vis, il lui était impossible.
« Alors, tu aimes ? demanda Jimin d'un air enjoué.
— Tu es... Tu es magnifique, vraiment, souffla le brunet du bout des lèvres.
— Toi aussi, ta couleur n'est pas mal, le complimenta en retour son cadet.
— Mon meilleur ami m'a conseillé de faire orange, mais je voulais changer de couleur de manière plus radicale, expliqua-t-il en se repositionnant sur sa chaise.
— Toi aussi tu as eu l'idée d'y aller avec ton meilleur ami alors... j'peux savoir qui c'est ? Tu me parles souvent de lui, mais je ne l'ai jamais rencontré, proposa le nouveau blond en posant ses coudes sur la table. »
Hoseok baissa le regard sur les avant-bras de son homologue, se faisant la réflexion que c'était vrai. Il lui parlait souvent de Taehyung, de comment il était important dans sa vie, mais jamais ils ne s'étaient rencontrés. Peut-être qu'il pourrait organiser une sorte de rendez-vous où lui aussi pourrait enfin faire la connaissance de celui qui hantait les pensées de son meilleur ami. À cette idée, Hoseok releva le regard pour le plonger dans les billes bleues de son cadet. Ses yeux aussi avaient changé ?
« À une condition alors, rétorqua le brunet attirant l'attention de son semblable.
— Tout ce que tu désires bellâtre, murmura Jimin sensuellement, faisant chavirer le cœur du plus âgé.
— Pardonne-moi pour de vrai. Pour la dernière fois au Delisium. Je sais que tu m'as déjà dit que c'était du passé, mais j'y tiens Jimin. Je ressens le besoin de te dire que je m'en veux terriblement, je ne pensais pas être aussi dangereux que mon père, aussi fou que lui. Je-
— Arrête ça tout de suite, maugréa le blond d'une voix ferme, combien de fois vais-je devoir te dire que tu n'es pas comme lui ? Bon sang, Hoseok, arrête de te comparer à lui et sois toi-même ! se fâcha-t-il pour de bon.
— Mais je-
— Non hyung ! Ça suffit. Tu n'es pas comme lui. Tu ne le seras jamais et tu sais pourquoi ? Parce que ce jour-là, c'était de ma faute. Si je n'avais pas laissé cette femme profiter de moi pour qu'elle ne fasse pas de procès à Jin hyung, alors tu n'aurais pas agi comme ça. Et puis, je t'aime malgré ton grain de folie. Je t'aime alors que je devrais te fuir, peut-être que moi aussi je suis fou, le coupa Jimin une seconde fois. »
Le plus jeune se leva de sa chaise et vint se placer sur les cuisses du brun, sous les regards interrogateurs et jugeurs des gens autour d'eux. Hoseok ne sut pas quoi dire, il laissa le blondinet faire ce qu'il voulait, le cœur battant à mille à l'heure. Et l'instant d'après, les lèvres du serveur se posèrent sur celles du brun, répandant leur chaleur et leur tendresse.
Ce fut la goutte de trop ou alors ce qu'il lui fallait pour comprendre à quel point Jimin le rendait faible, à quel point il devait se trouver auprès de lui pour respirer normalement. À la fin de leur baiser, le blondinet colla leurs fronts ensemble, laissant leurs émotions redescendre et retrouver une certaine stabilité.
« Je t'aime comme un fou, Jung Hoseok et s'il faut que je devienne timbré pour que tu te sentes mieux, alors je le ferai. Je m'en fiche totalement, parce que tant que je suis avec toi, tant que je peux t'embrasser, te toucher, t'aimer, alors plus rien ne m'importe. »
Hoseok n'eut pas les mots pour répondre, il ne les avait jamais eus pour être honnête. Il ne le montrait que par les actes. Alors, pour répondre à la déclaration de Jimin, il l'embrassa langoureusement en y faisant passer tous les sentiments qu'il ressentait.
À cet instant, Hoseok comprit qu'au fond, ce qu'il avait pris pour de la folie, n'en était pas réellement. C'était de l'amour, du pur, du vrai, pas de l'obsession maladive, pas de haine incontrôlable et surtout pas de violence. Il comprenait à présent que son père n'avait jamais aimé sa mère, qu'il ne l'avait jamais aimé lui. Il comprenait qu'en réalité, Monsieur Jung était le seul fou de la famille.
⁂
Dans un petit restaurant chaleureux et familial de la galerie marchande, Taehyung et Jeongguk attendaient impatiemment Hoseok. Ce dernier leur avait demandé de le rejoindre à cet endroit car il avait quelque chose d'important à leur dire, du moins à l'argenté car le noiraud lui était encore inconnu.
Leurs boissons chaudes dans leurs mains, ils patientèrent en discutant de sujets variés jusqu'à ce que deux personnes entrent dans le restaurant, attirant leur attention. C'étaient Hoseok et Jimin, ils semblaient tout aussi surpris et subjugués qu'eux. Le brun avança le premier, peu après suivi par le blondinet.
« Alors c'est lui ton fameux Jeongguk ? demanda Hoseok en jetant un regard vers le noiraud.
— Et lui, la fameuse personne qui a su te faire perdre la tête ? s'enquit Taehyung, assez amusé de la situation.
— Le monde est petit à ce que je vois, lança Jimin en prenant place après avoir dit bonjour à ses deux amis.
— Très petit, en effet, poursuivit Jeongguk. »
Ainsi, Taehyung et Hoseok comprirent tous les deux qu'ils se cachaient le même secret depuis des mois et que, finalement, ils savaient bien tenir leur langue dans leur poche lorsqu'il le fallait.
⁂
Quelques mois après la rencontre officielle, Taehyung avait déménagé pour vivre avec Jeongguk dans un appartement modeste, mais chaleureux et rempli d'amour. Hoseok avait demandé la main de Jimin et par la suite, ils avaient fondé leur famille en adoptant une jolie petite orpheline d'où avait été recueilli le musicien. Ils l'avaient nommée tous deux Saejin, l'enfant représentait leur nouvel univers.
⁂
Une folie peut apparaître inopinément ou être déjà présente. Elle peut être insidieuse ou alors carrément explicite. Les folies de Taehyung et de Hoseok prenaient leur source dans leurs souvenirs d'enfance, là où tout avait basculé pour eux. Mais s'il y a bien une folie qu'aucun d'eux, Taehyung, Hoseok, Jimin et Jeongguk, n'ont pas réussi à éviter, c'est bien celle de l'amour.
──── ● ────
Un TDI est un trouble dissociatif de l'identité (ou trouble de la personnalité multiple). Si ce sujet vous intrigue, je vous invite à consulter des thèses libres disponible sur internet.
Et voici une douzième folie, thème encore non abordé dans ce recueil. N'oubliez pas de laisser un petit message à l'auteur qui sera ravie de vous lire et de vous répondre !
On se retrouve mercredi pour une autre folie...
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