Chapitre 5

Je fixe la vitre sale de ma fenêtre. Non, de la fenêtre. Ce n'est pas la mienne. Ce n'est pas ma chambre, ni mon lit et encore moins mon chez-moi. Je soupire. Chez moi la fenêtre n'aurait pas de barreaux. Le temps me paraît long. Long et répétitif. April est assise sur le petit fauteuil crème posé près du lit. Lit sur lequel je suis assise, adossée contre le mur. La froideur de ce dernier transperce le fin tissu de mon tee-shirt, me donnant la chair de poule. Je descends mon regard sur la demoiselle aux cheveux blancs. Elle feuillette un magazine datant de quelques années, une sucette d'un rouge chimique à la bouche. Elle a préféré rester avec moi, pour me "tenir compagnie". Je me doute que c'est plutôt pour éviter que je fasse une connerie dont j'ai le secret ou ne m'emporte. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé dans le couloir, je me rappelle juste être partie en vitesse et m'être assise par terre. Je me suis ensuite assoupis. Rêvant. J'essaye de m'en souvenir, d'un détail ou quoi, de savoir pourquoi j'ai pleuré. Mais rien à faire. Je ne sais pas pourquoi je m'en préoccupe autant. C'est juste un rêve. Je cligne des yeux et soupire, avant de m'affaler un peu plus, fermant les yeux. J'entends April tourner la page de son magazine. Elle décroise les jambes, provoquant le léger frottement du tissu noir de son jean. Au bout de quelques minutes, ma respiration devient plus lente, plus calme. Je perçois de moins en moins les légers bruits qui fleurissent autour de moi. Alors que je songe à me laisser aller dans un sommeil réparateur, la porte s'ouvre dans un grand fracas. J'entrouvre les yeux en grimaçant.
Et je m'y attendais. Oui, je m'attendais à ce que le groupe d'infirmière et de médecins débarque dans la chambre. Mais pas si tôt. Et encore moins en pleine après midi. Et pourtant ils étaient là. Devant elle, à la regarder d'un air suspicieux. L'un d'eux se démarque du groupe en s'avançant vers elle. Il s'agit d'une femme, elle doit avoir la trentaine, des cheveux blonds coupés au carré et des yeux marron. On peut clairement apercevoir un décolleté plongeant entre les boutons détachés de sa blouse. Mon regard descend, passant de ses jambes halée et nues à ses escarpins à talons haut noirs. Un gloss rosé brille sur des lèvres, assortis au blush qui colore légèrement ses joues. Je la hais déjà. Enfin, tout du moins son style vestimentaire. Elle s'approche lentement de moi, comme l'on s'approcherait d'une bête dangereuse. Je lance un regard à April, qui a l'air surprise. Mais également en colère, a en croire ses sourcils froncés. Elle lance pourtant d'un ton faussement aimable, un bonjour sonore. La petite infirmière blonde de tourne immédiatement vers elle.

- oh. Bonjour. Êtes vous Mlle. Bloyd ?
- elle est là. C'est moi. Que lui voulez vous ?
- suivez moi mademoiselle Bloyd. Et... seule.

Je hausse un sourcil, étonnée de la requête. Je m'avance d'un air que j'espère indifférent, lançant un léger sourire à April. Celle ci se pose lentement sur le coin du lit, les sourcils toujours froncés. La jeune femme m'attend dans le couloir. Elle me tend une main qui se veut chaleureuse. Main que je sers, affichant un sourire trop large pour être vrai. J'attaque la première.

- vous avez quelques chose à me dire ?
- en effet. Nous sommes au courant pour votre petit incident de ce midi.

Elle parle d'une traite, presque mécaniquement, ponctuant le mot "accident" grâce à des guillemets fait avec son i d'ex et son majeur.

- oh, bien. Et ?
- nous vous avons assigné un professionnel pour vous aider.
- hum. Un psy.
- c'est à peu près cela, oui.
- je suppose que je suis obligé d'y aller ?
- bien évidemment.
- quand ?
- tous les jours pour l'instant. Nous changerons peut être les séances celons vos... progrès.
- hum.

J'acquiesce, avant de lui tourner le dos et de repartir dans ma chambre. Un psy. Et puis quoi encore ? Une vieille fille ou un vieil homme qui vous fixe durant des heures, pour finalement en arriver à la conclusion que si vous n'aimez pas les artichauts c'est car vous avez été traumatisé par le déménagement soudain de votre voisin quand vous aviez six ans. Une arnaque pure et dure oui. Je décide d'assister à une ou deux séances puis d'arrêter. C'est ce que j'ai toujours fais. Je n'aime pas les psy. Quelles personnes un minimum équilibrées mentalement pourrait décider de faire de son métier l'étude de jeunes gens à problèmes. Ah oui, j'aurais presque pu oublier. Nous ne sommes pas dans un établissement normal. Donc la société juge comme normal les personnes qui cherchent à connaître le degré d'anormalité d'autres personnes. Et ce sont ces mêmes personnes qui pensent différemment qui sont jugés d'anormaux. Cherchez l'erreur. J'ouvre ma porte, blanche, et pénètre dans la chambre levant les yeux au ciel. Les quelques médecins précédemment présent ne sont plus ici. April me saute dessus, délaissant son magazine, qui n'a pas changé de page depuis mon départ, sur le lit. Elle va droit au but. Comme toujours.

- alors ? Elle te voulait quoi celle la ?
- un psy. J'ai un putain de nouveau psy.
- tu le vois quand ?
- demain matin.
- détrompe moi si je fais erreur, mais tu compte aller seulement aux premières séances ?

Je lui souris d'un air entendu. Sa réaction à elle m'étonne. Au lieu de sourire avec moi, elle lève les yeux au ciel et soupire.

- Alex. Tu devrais aller à ces séances. Si le personnel pense que tu en as besoin, cela pourrait te faire du bien.

Là c'est moi qui ne comprends plus rien. Pour quelles absurdes raisons April souhaiterait que j'aille à ces séances ? Les autres séances auxquelles j'aurais dus aller et ou je ne suis évidement pas allé ne lui posaient aucuns problèmes. Je l'a regarde en levant un sourcil, mon sourire s'abaissant lentement.

- April ? Pourquoi tu veux que j'y aille ?
- Alex, le prends pas mal, vraiment. C'est juste que... tu pourrais au moins y réfléchir.

Elle me fixe d'un regard presque implorant. Alors je soupire et m'affale sur mon lit.

- ça ne peut pas me faire de mal d'y réfléchir, je suppose.

Maintenant c'est à elle de sourire et de se laisser tomber à ma suite sur le matelas trop mou. Elle attrape du bout des doigts son magazine précédemment délaissé et le pose devant nous.

- tu sais que le quiddich est classé comme sport ? Genre y a des compet' et tout.
- serieux ?
- oui c'est page 12.
- April. On s'inscrit direct.
- t'as un Nimbus 2000 toi Alex ?
- hum, et bien, y a une serpillière dans le placard de la salle de bain je crois.

Nous passons l'après midi ensemble, dans ma chambre, à parler et rire. Nous partons dîner ensemble, rejoignant P.J et Tyler. Une fois le couvre feu venu, la blanche est obligée de rejoindre sa chambre à elle. Oui, un couvre feu. Une autre absurdité à rajouter à la liste déjà longue

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