Chapitre 1
Je tape du bout des ongles sur la table, provoquant de légers bruits secs. Le professeur continu de parler, se rendant bien compte que plus personne ne l'écoute, mais lui, il s'en moque. A la fin du mois il sera payé. Qu'il nous enseigne quoi que ce soit, ce n'est pas l'important. L'important c'est de nous donner une illusion de normalité. Nous faire croire que tout va bien, que nous sommes des personnes normales, dans une université normale, qui vivons une vie normale. La normalité. Je n'aime pas ce mot. Il est trop prétentieux. Qui peut dire que telle ou telle chose est normal ? Qui a décidé qu'avoir une maison était normal ? Que d'avoir un seul bras était anormal ? Être normal c'est rentrer dans une norme. La norme que nous impose la société et que les gens suivent. En quoi, nous les désignés comme anormaux, ne sommes pas normaux ?
Car pour tous les gens, tous ceux qui sont là à nous juger, qui nous traite comme si nous étions dangereux, c'est ce que nous sommes. Différents. Étranges. Anormaux. Peut être le sommes nous.
Ou peut être bien que nous sommes normaux au fond. Que ce sont les autres qui sont anormaux.
La normalité, quel étrange concept. Qui a envie d'être normal ? Personne, et pourtant tout le monde. Car c'est rassurant, d'être du bon côté du miroir. Malgré ce que les gens disent, ils ne souhaitent pas être différent. Car la différence est signe d'inconnu, et l'inconnu, ben ça fait peur.
- arrête.
Je stoppe mes pensées et me tourne vers mon voisin de table, P.J. De son vrai prénom Paul Jean. Oui, il y a des Jean Paul, et bien lui c'est Paul Jean. Il faudrait se plaindre à ses parents, ce sont eux qui ont choisit de l'appeler ainsi.
- tes ongles. Le bruit, c'est stressant.
- ah ouais.
Je soulève ma main et la pose à plat sur ma cuisse. Elle dégage une légère chaleur qui s'introduit sous le tissu de mon jean pour chauffer ma peau. P.J me remercie d'un sourire. Il est tout le temps de bonne humeur. Avec ses yeux noisettes, ses cheveux châtains et ses grains de beauté, il est plutôt mignon. Lui il ne se rappelle pas très bien ce qu'il c'est passé, on lui a dit qu'il avait tenté d'assassiner sa colocataire. La raison de l'absence de souvenir serait dut à la drogue qu'il aurait ingurgité peu avant. Si sa vie a prit un tournant aussi peu respectable c'est surtout dut à son enfance. Une mère alcoolique et un père ayant l'alcool violent.
Il se remet à écouter la fin du cour. Moi je n'ai qu'une hâte, c'est la sonnerie. Elle ne devrait pas tarder d'ailleurs. Elle sonne toutes les heures, et le midi à 12h05 exactement. Jamais une minute de retard ou d'avance. Il est moins trois. Je fixe l'aiguille de la montre, qui avance toutes les secondes. Le cadran me renvoie mon reflet, des cheveux mélangeant des nuances de rouge et de roux, détachés et en bataille, une bouche semi-ouverte et des yeux verts dans lesquels se reflètent ma montre. J'attrape une de mes mèches entre mon index et mon pouce et la contemple. Quelques fourches pointes en son bout et la couleur s'y assombrit, laissant réapparaître sur certains cheveux une couleur noire. Ma couleur naturel. Il faudrait que je me les coupes bientôt. Je me demande si un carré m'irait bien. La sonnerie retentit dans la salle, bientôt recouverte par le bruit des chaises raclant le sol. Tout le monde sort bruyamment. Je reste derrière la porte, attendant mes amis. P.J est le premier à me rejoindre. Bientôt suivit de April et Tyler. April Newell, 1m73, cheveux blancs, 95c, yeux bleus pour 59kilos. C'est vraiment une jolie fille et tout les spécimens mâles se tentent à l'aborder. Elle les a tous repoussé, sauf un. P.J. Ils sortent ensembles depuis maintenant trois mois, et filent le parfait amour. A vous dégoûter des câlins. Quand à Tyler, il est plutôt grand, fait de la musculation, a un tatouage sur le biceps droit, des cheveux noirs continuellement en bataille et des yeux marron. Son passe temps favoris, se battre. Quand on peut, il m'apprend à me battre. J'aime bien me défouler. Il a un comportement plutôt froid à première vue, et il est totalement violent. Il peut se battre n'importe où, n'importe quand, pour n'importe quoi. Il aime ça presque autant que boire. C'est sûrement pour cela qu'il a atterrit ici. À force de tabasser des vauriens ou des ados pré-pubert cela finir par payer. Rien a dire, je l'adore. Une fois au complet nous partons poser nos sacs avant d'aller manger. April et P.J sont main dans la main et arborent chacun un sourire béât. Je met deux doigts dans ma bouche et lève les yeux au ciel, sous le regard amusé de Tyler. Nous prenons chacun notre repas avant de passer par la case médicament. Oui, chaque personnes de l'établissement se voit confier une liste de médicaments. Apparement afin de calmer les envie meurtrières. Une énième touche d'anormalité à ajouter au tableau. Il en faudra bientôt un autre. Nous filons nous asseoir à une table et entamons nos assiettes. Au menu, tomate ou carottes en entrée, suivis de riz avec de la viande ou du poisson et des yaourts ou des pommes en dessert. Je plonge ma fourchette dans l'ensemble orange qui devrait être des carottes tout en regardant Lola poser son plateau avec bruit sur la table. Lola est l'auteure indirecte, selon elle, de l'homicide de son ex. Elle est petite, mesure 1m63, a des formes, de courts cheveux blonds, des yeux bleus glaciers et un teint de porcelaine, des joues légèrement rosées et des lèvres peintes en carmin. Elle est vraiment jolie, mais cache son corps sous des vêtements amples. Elle n'aime pas son corps et préférerait être toute mince. Elle entame un discours sur la nourriture peu saine et sans goût que l'on nous sert.
- c'est vraiment immonde, qui peut avaler ça ?
- pas moi en tout cas.
Nous nous tournons pour apercevoir Jess. C'est une brune à la peau chocolat et aux lèvres pulpeuses. Il lui arrive d'avoir de légères crises de violence. Elle est ici car elle a tabassé une autre fille. Assez violemment pour la faire atterrir à l'hôpital.
- oh, salut Jess, t'étais pas là ce matin ?
- hey comment ça va Alex ? J'ai eu quelques complication.
Complication. C'est le terme que l'on emploi ici pour dire que les gens en blancs sont passé faire un coucou. Le personnel hospitalier de l'établissement. Et un coucou non chaleureux, évidement. Il arrive qu'ils vous réveille en pleine nuit, et vous demande de les suivre. Vous devez vous allonger sur une table froide métallique, il vous font respirer quelque chose et vous vous réveillez quelques heures plus tard.
- tout va bien dans le meilleur des mondes.
- t'as pensé à faire ironie comme seconde langue ?
- vaguement mais ils m'ont pas accepté comme prof.
- qui veux être prof ?
Nous demande April, les lèvres encore humide et les joues rosies.
- tu le saurais si tu avais arrêter ta pelle avec P.J.
- roh, Jess, si on a même plus le droit de s'embrasser un peu. N'est ce pas ma puce ?
April quand à elle glousse légèrement avant de replonger sa langue dans la cavité buccale de son petit ami.
- overdose.
- écœurant.
- tout bonnement baveux.
- à vous dégoûter d'être en couple j'vous jure.
Chacun s'en donne à cœur joie, sous les regards que nous lance les deux tourtereaux. Vous nous prenez peut être pour des tues l'amour, mais attendez d'avoir des gens qui s'embrassent et se câlinent à longueur de journée devant vous.C'est tout proprement écœurant. Ne vous avisez pas de penser que je les envie ou quoi que ce soit d'aussi... Idiot. Je ne vois vraiment pas ce qu'il y a de tellement excitant au fait d'être en couple. De vouloir aimer quelqu'un. Cela ne sert tout bonnement à rien. L'amour. Quand vous aimez quelqu'un vous devenez faibles. Vous vous prenez d'envie de protéger cette personne. Vous lui attribuez votre confiance et lui pardonnez l'impardonnable. Qui peut bien rêver d'éprouver ce genre de chose, franchement ? Pas moi.
Je sors de mes pensées et me concentre de nouveau sur la conversation. Lola, Jess et April sont entrain de débattre sur les biens faits des différentes marques de cosmétiques, tandis que les garçons finissent de manger en levant les yeux au ciel.
Une fois dehors, nous nous emparons d'un banc autour duquel nous nous asseyons, tournant le dos aux vieux bâtiments hospitaliers. Lola, April et P.J posent leurs fesses sur l'herbe fraîchement coupée, tandis que Tyler, Jess et moi nous assirent triomphant sur le vieux bois du banc. Les conversations reprennent tranquillement, sous le léger vent d'automne et le soleil d'octobre.
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