Il n'en resterait qu'une



« Il faut que je me calme, chut, doucement. Tout est derrière moi. »

Elle regarda avec haine le commissariat, alors que la lune semblait défier le monde par sa couleur, trop rouge pour être bienveillante. Marie explosa en sanglots. Minuit et elle était loin de chez elle, avait tué deux personnes en une journée, et son angoisse montait au fil et à mesure que Némésis devenait elle.

Et elle prit la décision. Soudain, elle marchait vers quelque chose, releva la tête et sécha ses larmes, gonfla la poitrine pour se donner, ou donner au monde, l'illusion d'une quelconque assurance. Elle avait peur, ne pouvait le laisser paraître. Elle regrettait déjà, sachant qu'elle ne pourrait plus regretter ensuite. Elle calma son pouls, laissa le froid l'envahir, elle se sentait bien. Peu de passants demeuraient encore dans ces rues, elle réussit à l'apprécier. Elle était heureuse, enfin épanouie, bien, puisqu'elle avait décidé de l'être, pour ces dernières heures. Peu importe que Némésis l'envahisse, puisqu'elles mourraient. Ensemble, comme jamais différenciées.

La lune rousse, lune des sorcières, éclairait le pont, seul pont de la ville, à sa périphérie. Némésis et Marie se tenaient près de la balustrade, prêtes à la sauter. Être l'une ou l'autre ne les sauverait pas dans la chute et le choc sur le fleuve cinq mètres plus bas leur serait fatal. Marie se laissa aller à une dernière crise de larmes, furieuse de cet acte pourtant nécessaire, dernière solution lorsqu'il n'y en a plus. Elle souffla un instant, hésita. Némésis compris. La balustrade d'un pont, une fille en pleurs et l'odeur d'une nouvelle mort, imminente, elle lutta pour reprendre le corps. Ses genoux ployèrent, il n'était plus question de mort des deux mais de la mort d'une seule.

« Tu es mauvaise. Tu es mauvaise et j'ai dû tuer sous tes ordres. Tu as gâché toutes les opportunités que je t'ai donné, tu as perdu la trace de tes géniteurs sans même te venger d'eux ! Petite princesse, tu mourras et je mènerais une vie, enfin, pour moi. Alors meurs gamine, meurs ! »

La tête contre la barrière, Némésis répétait une incitation à la mort, son corps convulsant de manière étrange. Les deux femmes semblaient se livrer un combat sans pitié, dans un corps trop petit pour une bataille. Les lampadaires s'étaient éteints, inutile face à la forte luminosité de la lune, plus grande qu'à son habitude. La nuit des fous. Seule la voix de Némésis perçait le silence ainsi que le passage de rares voitures. De temps à autres, Marie reprenait le dessus, mais sa voix plus faible ne lui donnait pas l'avantage, son monstre hurlant à pleins poumons. Il n'en resterait qu'une.

Les lampadaires éclairaient de nouveau le pont et une jeune femme était agrippée au grillage de sécurité, la tête sur le sol et les genoux contre elle, haletante. Il faisait froid, et elle s'était relevée, souriante, joyeuse. Lentement, délicatement, elle avait pris soin de retirer son manteau, pour le laisser au sol.

« Voici une tombe à ta hauteur ! Avait-elle lâché avec un rire mauvais. C'est l'heure de ma renaissance ! »

Le jour succéderait à la nuit dans quelques heures et la jeune femme disparut dans la nuit noire.

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Fin. Merci beaucoup d'avoir lu cette petite nouvelle, n'hésitez pas à laisser un commentaire pour dire ce que vous en avez pensé (ou si vous êtes très minutieux, même revenir sur certains passages que vous avez, ou non, aimés, pour dire plus précisément vos pensées). voilà, voilà, merci encor, pensez à laisser un petit vote au guide avant de partir!

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